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herlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
a
M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme l’un des hérit
2
rément purement littéraire : une leçon d’énergie.
Il
se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquié
3
ittéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’
avoir
pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que
4
la recherche de la vérité. Dès son premier livre,
il
s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le te
5
s son premier livre, il s’est montré tout entier,
il
a bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes
6
on premier livre, il s’est montré tout entier, il
a
bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes g
7
quée encore et nuancée jusqu’à l’ennui. La guerre
a
donné le coup de grâce à cet esthétisme énervant qu’on appelle symbol
8
esthétisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et
elle
a donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sort
9
tisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et elle
a
donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sortie
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de l’après-guerre. ⁂ Deux philosophies, affirme-t-
il
, se disputent le monde. L’une vient de l’Orient, et insinue dans le m
11
utre philosophie est celle de l’antique Rome, qui
a
inspiré le catholicisme, la Renaissance, le traditionnisme et le nati
12
r M. de Montherlant comme pour Maurras, est ce qu’
il
importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, rien d’
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arquons toutefois cette séparation, que Maurras n’
a
pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le
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n’est décidément pas philosophe. Peut-être ne lui
a-t
-il manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le co
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t décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t-
il
manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le collè
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manqué pour le devenir que le temps de méditer :
il
a quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a sai
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nqué pour le devenir que le temps de méditer : il
a
quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a saisi
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llège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’
a
saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit coups de griffes
19
es et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ».
Il
n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d
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chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’
a
pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une
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de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas
eu
le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une façon
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façon obsédante, le rythme de la guerre. Du moins
a-t
-il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bou
23
n obsédante, le rythme de la guerre. Du moins a-t-
il
ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bourge
24
autres du guerrier et du bourgeois. Dernièrement,
il
abandonna le stade et rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœur
25
où nous vivons tous. Écœuré du désordre général,
il
cherche des remèdes, et nous tend les premiers qui lui tombent sous l
26
ent être administrés ensemble. L’opération faite,
il
a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours
27
être administrés ensemble. L’opération faite, il
a
pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours d
28
faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’
a
pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement
29
. « On se fait son unité comme on peut », avoue-t-
il
franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une mêm
30
on unité comme on peut », avoue-t-il franchement.
Il
me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la
31
erlant est justement un des premiers Français qui
ait
compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le style e
32
eut oublier la partie doctrinaire de cette œuvre,
elle
ne lui est pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que va
33
on idées générales, et j’avoue bien volontiers qu’
il
n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde
34
désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine
a-t
-il touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à
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ignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-
il
touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à so
36
’air et le sol, dieux rivaux, se le disputent, et
il
oscille entre l’un et l’autre. Ainsi mon art, entre terre et ciel. Ma
37
e et posée, est pleine du désir de l’air. Danse-t-
il
sur une musique que je n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en
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accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’
elle
n’est plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps
39
. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui.
Il
dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévo
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qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. »
Ils
disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en v
41
n peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’
elle
sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’en pense M. de
42
pense M. de Montherlant. Et voici, ô paradoxe, qu’
il
rejoint Kant, Kant qui écrit : « C’est sur des maximes, non sur la di
43
C’est sur des maximes, non sur la discipline, qu’
il
faut fonder la conduite des jeunes gens : celle-ci empêche les abus,
44
es filles assez fortes pour pouvoir tout lire, et
il
n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait a
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es assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y
aura
plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler un
46
e. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuise-t-
il
pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qualités, le
47
puise-t-il pas à combattre certaines faiblesses :
il
développe ses qualités, le reste s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Month
48
e s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui
a
quitté le stade, se rendra mieux compte à distance de la contradictio
49
bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’
il
sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais enfin
50
etenue de l’âge mûr, cette « limitation » que lui
ont
enseigné le sport et les anciens. J’admets que ses « idées générales
51
catholique. Et son lyrisme, encore un peu brutal,
il
saura le dompter, et atteindre au classicisme véritable. Voici un con
52
tructeur, un entraîneur, et qui joue franc jeu. S’
il
faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Saluo
53
jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons qu’
il
observera les règles. Saluons-le donc du salut des équipes avant le m
54
ntherlant légitime une telle « simplification ».
a
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] M. de Montherlant, le sport et
55
cisme de David et d’Ingres, les peintres français
ont
accompli, durant le xixe siècle, une exploration merveilleuse dans l
56
s à leur point de départ. Mais leurs recherches n’
ont
pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus c
57
part. Mais leurs recherches n’ont pas été vaines.
Ils
en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus conscients de leurs m
58
(contrairement à ce que pense souvent le public),
ils
préparent l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili a mis en évi
59
nt l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili
a
mis en évidence cette courbe de la peinture moderne avec une netteté
60
ief remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on
a
pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la fa
61
intre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili. Est-
il
besoin de souligner l’importance de telles prises de contact entre ar
62
Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
a
Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mène
63
eaucoup d’antérieures protestations belliqueuses.
Il
nous montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec
64
titude est responsable de ces carnages ». Naguère
il
était des premiers ; il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour
65
e ces carnages ». Naguère il était des premiers ;
il
s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun,
66
il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour
avoir
contemplé Verdun, en tête à tête avec le génie de la mort. Mais alors
67
gendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’
ils
trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranimons
68
e vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase,
il
justifie son livre : « Ranimons ces horreurs pour les vouloir éviter,
69
irent » du front dans notre paix lassée, ne prend-
elle
pas une pathétique signification ? Pourtant ici encore transparaît un
70
ontraires s’unissent dans la grandeur. La paix qu’
il
appelle, c’est autre chose que l’absence de guerre, c’est une paix qu
71
travaillerait le levain des vertus guerrières. «
Il
faut que la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souven
72
paix, c’est vers de plus sereines exaltations qu’
il
va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antiqu
73
sereines exaltations qu’il va porter son ardeur.
Il
va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rom
74
ent lorsqu’on parle de cette œuvre : je ne sais s’
il
faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou da
75
dans la guerre. Que de sacrifices ne lui devra-t-
il
pas offrir ainsi les romans « intéressants » ou « curieux » ; le « gr
76
sme » à la Chateaubriand, voire à la Barrès, dont
il
est capable et qu’il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle
77
and, voire à la Barrès, dont il est capable et qu’
il
lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple inté
78
e vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’
il
veut rester digne de son rôle et vraiment le coryphée d’une génératio
79
, flamme d’une pureté si rare en notre siècle, qu’
elle
paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la moleste ni ne l’av
80
ie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie.
a
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Henry de Montherlant, Chant fu
81
a significative pauvreté idéologique et morale qu’
il
révèle. Le style brillant et elliptique qui tend à devenir notre ponc
82
a pensée. D’autant plus que les rares passages où
il
expose directement les principes de sa « révolution » semblent au con
83
e philosophie ou de psychanalyse. Ces principes ?
Ils
se laissent hélas résumer en un court article de dictionnaire : « Sur
84
ue ou morale. » (p. 42). Le surréalisme ne serait-
il
donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tout !
85
méthode des textes généralisée ? Point du tout !
Il
paraît qu’il est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable.
86
textes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’
il
est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable. Mais par que
87
icheries plus ou moins conscientes M. Breton peut-
il
préconiser l’existence d’une littérature fondée sur de tels principes
88
enait, qui écrivit : « Quand les livres se liront-
ils
d’eux-mêmes, sans le secours des lecteurs ? Quand les hommes se compr
89
s des lecteurs ? Quand les hommes se comprendront-
ils
individuellement ? » Que M. Breton donne des « recettes pour faire un
90
sie pure. Les beautés que j’y vois ne me seraient-
elles
perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidence entre l’unive
91
voir que M. Breton serait un très curieux poète s’
il
ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persua
92
l ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où
il
voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée non corrigé
93
tte mystification : la plupart des surréalistes n’
ont
rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en do
94
nt rien à dire, mais savent admirablement parler.
Ils
érigent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée h
95
Ils érigent donc en doctrine leur impuissance. «
Il
n’y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de
96
igent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y
a
pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de métaph
97
pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-
ils
de métaphores comme d’autres de raisonnements. Plaisante ironie, si c
98
otestation contre nos poncifs intellectuels. Mais
elle
risque bien de nous en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud
99
dre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont
ils
se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté »
100
s, c’est que — pour reprendre un mot de Cocteau —
ils
« embaument de vieilles anarchies ». L’ironie qui sauva Dada du ridic
101
vrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922.
Il
contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’est contenté de n
102
s le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en
a
connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se
103
ents. Le miracle, c’est que le plus sauvage génie
ait
choisi un être de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer.
104
le rebute pas. Une divine violence le travaille.
Elle
jaillira enfin, dans l’éblouissement d’Arles, jusqu’au jour où cette
105
nsomption frénétique terrassant un corps minable,
il
ne restera plus que les flammes, les soleils et aussi les grimaces de
106
et aussi les grimaces de douleur de ses tableaux.
Il
faut louer Paul Colin de n’avoir rien caché des médiocrités de cette
107
ur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’
avoir
rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui suive
108
motif à l’admiration que tout le lyrisme dont on
a
voulu charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherch
109
harger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’
a
pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion de
110
M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle.
Il
nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne du
111
r scientifique, « Prix Goncourt », curieux homme.
Il
se livre à des travaux de précision : il calcule un plan, un poème. I
112
x homme. Il se livre à des travaux de précision :
il
calcule un plan, un poème. Il écrit un livre sur Einstein, des articl
113
vaux de précision : il calcule un plan, un poème.
Il
écrit un livre sur Einstein, des articles sur Valéry, St John Perse.
114
la liquidation des questions traitées est rapide,
elle
est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry,
115
e telle platitude est presque indispensable, mais
il
s’en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en tr
116
inertie du peuple qui donnait tant de mal lorsqu’
il
fallait l’éveiller, l’entraîne au-delà du but. Le Tarramagnou voit so
117
ramagnou voit son œuvre sabotée par des meneurs ;
il
tente en vain de ressaisir les foules : déjà elles huent sa modératio
118
; il tente en vain de ressaisir les foules : déjà
elles
huent sa modération. Alors il va se jeter au-devant des troupes accou
119
es foules : déjà elles huent sa modération. Alors
il
va se jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la p
120
s il va se jeter au-devant des troupes accourues,
il
meurt en clamant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand r
121
accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre
avait
là les éléments d’un grand roman : autour d’un sujet de vaste envergu
122
le richesse psychologique. En fermant le livre on
a
presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il
123
En fermant le livre on a presque l’impression qu’
il
a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de s
124
fermant le livre on a presque l’impression qu’il
a
réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de sty
125
sion qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-
il
? Un style ? L’absence de style, n’est-ce pas le meilleur style pour
126
ues. Chef-d’œuvre ou pas chef-d’œuvre d’ailleurs,
il
reste que le Tarramagnou est un livre émouvant, d’une saine puissance
127
nou est un livre émouvant, d’une saine puissance.
Il
reste que Lucien Fabre a tenté, et en somme, réussi, une entreprise b
128
d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre
a
tenté, et en somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jour
129
our provoquer cette confrontation seulement qu’on
a
imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de
130
seulement qu’on a imaginé un péril oriental, car
il
semble bien que dans le domaine de la culture le péril n’existe que p
131
renouveau, c’est à quelques savants européens qu’
il
le devra, tandis que d’un mouvement inverse, le christianisme débarra
132
e et les Gandhi, demi-européanisés. Ceci convenu,
il
faut reconnaître que l’enquête des Cahiers du Mois donne un fort inté
133
sentation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’
as
qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’i
134
Orient…, toi qui n’as qu’une valeur de symbole »,
a
dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il s’agit, et Jean Schlumberger
135
ymbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’
il
s’agit, et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est
136
rabie, Indes et Chine sous une dénomination qui n’
a
de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un class
137
ation qui n’a de sens que par rapport à l’Europe.
Il
serait vain de tenter un classement parmi les réponses d’une extraord
138
sance de choix », dans le génie d’abstraction qui
a
produit la géométrie grecque. D’autres attribuent cette supériorité a
139
tes ces opinions ; et ceux qui avouent n’en point
avoir
, sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conclusions ou int
140
utes les réponses, conclusions ou interrogations,
ont
le défaut de n’être pas suffisamment motivées par des faits et des do
141
’éducation historique des peuples chrétiens qui n’
ont
pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la re
142
on historique des peuples chrétiens qui n’ont pas
eu
de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion
143
qui, eux, apportent des documents, savent de quoi
ils
parlent, ils se récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain gr
144
ortent des documents, savent de quoi ils parlent,
ils
se récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiri
145
avent de quoi ils parlent, ils se récusent lorsqu’
il
s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos, a trouvé la formu
146
agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos,
a
trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement p
147
ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous
aurons
entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « conscie
148
t un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’
a
peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci p
149
st fait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-
il
. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce
150
érieur, — ce fou que nous portons tous en nous, —
il
l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablemen
151
r, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’
a
isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement da
152
us, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis
il
l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouv
153
il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’
a
poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve êt
154
un absolu qui se trouve être le néant. Pour finir
il
« l’écrabouille ». L’expérience est terminée. Artificielle comme tout
155
st terminée. Artificielle comme toute expérience,
elle
n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’e
156
ration ; mais, puissante de sûreté et d’évidence,
elle
a cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie
157
n ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle
a
cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie d
158
dition Fischer passait pour « la centrale où l’on
avait
concentré la dynamite internationale qu’Ibsen voulait placer sous les
159
gite l’Allemagne nouvelle — et peut-être parce qu’
il
sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son s
160
rce qu’il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei
a
gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses
161
gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on
a
pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quel
162
l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’
il
vient de parcourir quelque superficialité, du moins faut-il le louer
163
e parcourir quelque superficialité, du moins faut-
il
le louer d’avoir conservé une vision générale de notre temps et un év
164
elque superficialité, du moins faut-il le louer d’
avoir
conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’im
165
oman sans exposer et discuter toutes les idées qu’
elles
illustrent. Les personnages discutent certes, mais leurs actions sont
166
et les fuites les plus folles hors de la réalité,
ils
forment un cortège pittoresque et désolant à celui qui, revenu de l’é
167
œuvre « d’importance européenne », croyez-vous qu’
il
aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un somme
168
xemplaires ne suscitent un intérêt très profond :
elles
nous transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problè
169
être celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-
il
pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels, très réels,
170
réels, de la réalité la plus intime, de celle qu’
ils
se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être…
171
e ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’
ils
veulent être, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu de
172
dello, s’ils veulent être, subissent, une fois qu’
ils
sont, le grand malentendu de la personnalité. Tandis que chez Unamuno
173
esque inhumaine torture et conduit au crime. Et s’
ils
s’imposent comme types, c’est encore et uniquement par leur obsédante
174
impression de grandeur désolée qu’un Greco. Mais
il
n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation
175
sion de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y
a
pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de bar
176
nsée française (octobre 1925)k Peut-être n’est-
il
pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau cha
177
Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’
il
vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme e
178
ns l’époque romantique un témoin dont le jugement
eut
« l’autorité d’un verdict essentiellement chrétien sur le mysticisme
179
iellement chrétien sur le mysticisme naturiste ».
Il
ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à déc
180
ur ce qui concerne le Vinet juge des romantiques,
il
n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines
181
qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’
a
pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines crit
182
oncerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas
eu
trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critiques.
183
nes critiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’
il
n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légère
184
ritiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’
ait
été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement l
185
sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi
il
insiste sur le fait que Vinet se déclarait « un chrétien sans épithèt
186
se déclarait « un chrétien sans épithète ». Croit-
il
éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien n’e
187
éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-
il
pas que rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces r
188
n dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’
avait
trouvé. Mais sa position purement chrétienne — un mysticisme de cadre
189
isme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle,
il
n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que ce
190
nges pour assembler un sourire ». Comme Max Jacob
il
lui arrive de situer une anecdote purement poétique dans un monde qu’
191
r une anecdote purement poétique dans un monde qu’
il
s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du m
192
que dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal,
il
est parfois facile : la description du monde qu’il invente nous lasse
193
l est parfois facile : la description du monde qu’
il
invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourta
194
scription du monde qu’il invente nous lasse quand
elle
ne l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l
195
ez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’
ont
enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-il influence ou seuleme
196
e l’ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y
a-t
-il influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des
197
ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-
il
influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des ca
198
nfluence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’
ils
sortent des cafés littéraires, nos poètes respirent le même air du te
199
Leur originalité se retrouve dans la manière dont
ils
tentent de fuir l’inquiétude où ils baignent. Celui-ci vient à peine
200
manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où
ils
baignent. Celui-ci vient à peine de quitter l’air dur des pampas. « L
201
e, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho
a
dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers int
202
s les étoiles. J’avoue que l’univers intérieur où
il
lui arrive de graviter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On
203
tte libération, un Yeats, un A.E., bien d’autres,
ont
su payer de leur personne. Effet, puisque l’héroïsme d’une révolution
204
que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car
elle
veut éviter l’emballement et conserver dans l’admiration son sens cri
205
et ses commentaires parfois un peu copieux ; mais
elle
a la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit
206
s commentaires parfois un peu copieux ; mais elle
a
la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit d
207
rète (décembre 1925)n La Révolution russe va-t-
elle
usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec ses é
208
avec ses écumeurs ? Déjà un Mac Orlan, un Kessel
ont
donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme
209
t tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon
a
même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction françai
210
s commençons aujourd’hui un roman bien différent,
a
vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une vill
211
romantisme, dans le détail de la vie d’une ville.
Il
sait qu’un grand mouvement est la résultante de millions de petits. V
212
les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur
a
dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église,
213
femme, la vertueuse Véra avec un des Anglais) :
Ils
s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Ma
214
Anglais) : Ils s’embrassaient comme des gens qui
auraient
eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si f
215
: Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient
eu
faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort
216
rkovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’
il
avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la
217
vitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’il
avait
peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin po
218
’il avait peur de trébucher et de faire du bruit.
Il
songea : — C’est la fin pour moi. Puis : — Quelle imprudence ! Avec l
219
lumière et peut-être du monde dans l’appartement.
Il
avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se tra
220
ière et peut-être du monde dans l’appartement. Il
avait
si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna ju
221
ment. Il avait si froid que ses dents claquaient.
Il
quitta sa fenêtre, se traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné du rédui
222
olant sa patrie. Une effroyable acceptation, mais
elle
peut se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne déterm
223
dre logique ne détermine l’avenir le plus proche.
Il
n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possi
224
ique ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y
a
pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilité
225
d’explosion. Le géant russe est un enfant : va-t-
il
rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lu
226
Le géant russe est un enfant : va-t-il rire, va-t-
il
pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chos
227
rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ?
Il
sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empire. Il le r
228
de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empire.
Il
le renverse, pour voir. Pendant qu’il est encore ébahi du fracas, le
229
t l’empire. Il le renverse, pour voir. Pendant qu’
il
est encore ébahi du fracas, le juif survient avec une méthode simplif
230
ages le suggèrent de toute la force du trouble qu’
ils
créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secr
231
des « Amis de la pensée protestante ». M. Guisan
avait
choisi un sujet qui permet de façon particulièrement frappante la com
232
es. Primitivement, le Saint est un homme que Dieu
a
mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend l’appe
233
un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’
il
serve. Mais très vite on étend l’appellation de saint à ceux qui par
234
souplesse dont fait preuve l’Église d’alors quand
il
s’agit d’adapter des traditions antiques au dogme en formation. Au Mo
235
é en Christ. — Comment l’Église catholique réagit-
elle
? En codifiant l’état de choses antérieur. Donc l’Église continue à f
236
ontinue à faire des saints, tandis que ce terme n’
a
plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ?
237
là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’
avoir
méconnu l’élément de grandeur morale que les saints maintiennent dans
238
dèle de la vocation, le protestantisme affirme qu’
il
existe divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’est sacrifiée au
239
te, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’
il
n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protest
240
me ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y
a
pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantism
241
iaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestants,
il
existe des saints dans le protestantisme. Mais il n’est pas de fin au
242
il existe des saints dans le protestantisme. Mais
il
n’est pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence
243
imites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens,
il
ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il f
244
s ce sens, il ne peut exister de saint véritable.
Il
n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignemen
245
ns, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y
a
pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement de J
246
de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais
il
faut être parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle est la pens
247
t l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’
a
voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer co
248
estantisme. La place nous manque pour louer comme
il
conviendrait la clarté d’un exposé solidement documenté, et le scrupu
249
ule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’
il
n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit animé par une foi agissa
250
époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On
a
mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court
251
fini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui
ont
perdu la croyance en un bonheur possible ou désirable subissent cette
252
ressaisissement profond et la ruine. Mais certes,
il
est temps qu’une lueur de conscience inquiète quelques chefs, montre
253
els. Il y a encore les hommes politiques, mais on
a
si souvent l’impression qu’ils battent la mesure devant un orchestre
254
politiques, mais on a si souvent l’impression qu’
ils
battent la mesure devant un orchestre qui, sans eux, jouerait aussi b
255
ssi mal. Quant aux meneurs de l’opinion publique,
il
est trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en géné
256
nion publique, il est trop tard pour les éduquer,
il
faudrait balayer. Je parle en général, sachant bien qu’un Romier, un
257
us les partis, on comprendra ce que je veux dire.
Il
faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écri
258
ttre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains
ont
perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouv
259
à l’action, c’est encore pour cultiver leur moi.
Ils
y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle révél
260
vélation ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’
ils
ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude fonciè
261
tion ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’ils
ont
peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière,
262
tantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès.
Il
leur manque une certitude foncière, une foi en la valeur de l’action.
263
une foi en la valeur de l’action. C’est pourquoi
ils
ne peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est
264
à leurs tentatives morales, si singulières soient-
elles
— dont le grand public reste le témoin souvent sceptique ou railleur.
265
s dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’
il
n’existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ».
266
: c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide :
ils
ont construit des édifices très différents de style, et dont les faça
267
’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils
ont
construit des édifices très différents de style, et dont les façades
268
vec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’
a
rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs aut
269
viction ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant :
ils
ne sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est
270
ci la conception même de la littérature, telle qu’
elle
apparaît chez les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’il fau
271
les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’
il
faut préciser. L’éthique et l’esthétique convergent dans la littératu
272
uvrir des possibilités neuves, — pour le libérer.
Il
n’est pas question de rechercher ici les origines historiques d’une c
273
e s’y appliqua dans un de ses derniers articles2.
Il
rendait responsable de tout le « mal », le romantisme — et c’est plus
274
le romantisme — et c’est plus que probable. Mais
il
en tirait une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le
275
ndamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là :
il
est vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’elle seule perme
276
vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’
elle
seule permet la suivante qui peut-être retrouvera une nouvelle face d
277
être l’épigraphe de toute la littérature moderne.
Il
n’a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience
278
l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’
a
pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. I
279
de sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout
a
été essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne
280
ela fait à Dieu », disait Drieu la Rochelle. Mais
il
faudra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, e
281
udra bien se remettre à manger, tout de même nous
avons
un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution toujours
282
ntaires la matière de quelques pamphlets par quoi
il
se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme o
283
pamphlets par quoi il se raccroche au monde. Mais
il
a touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement
284
phlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il
a
touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement qu
285
des derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune,
il
n’a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans
286
derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’
a
pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la b
287
point d’y percevoir comme un appel du Dieu perdu.
Il
avoue enfin la cause secrète des inquiétudes modernes : la perte d’un
288
te des inquiétudes modernes : la perte d’une foi.
Il
a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut
289
des inquiétudes modernes : la perte d’une foi. Il
a
besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-ê
290
s : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu, mais
il
attend en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je suis médiocre
291
suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’
il
est trop attaché encore à se regarder chercher, absorbant son attenti
292
ant son attention dans une sincérité si voulue qu’
elle
va parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes mala
293
isolé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’
il
en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pas de peind
294
n’en finissent pas de peindre leur déséquilibre.
Il
serait temps de faire la critique des méthodes et des façons de vivre
295
des façons de vivre autant que de penser qui les
ont
amenés aux positions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dan
296
ments mêlés de la personnalité. Toute tendance qu’
ils
découvrent en eux est non seulement légitime à leurs yeux, mais « tab
297
on et folie, etc. Si je les cultive simultanément
il
est clair que les tendances négatives l’emportent, il est plus facile
298
st clair que les tendances négatives l’emportent,
il
est plus facile et plus enivrant de se laisser glisser que de constru
299
’est justement de quoi se glorifient ses tenants,
ils
y voient la suprême liberté. Le désir se précisait en moi de commettr
300
cte vraiment indéfendable de tout point de vue… J’
avais
goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chériss
301
es à mépriser les longues vies heureuses que nous
avions
jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les
302
réalité morale absolue que certains d’entre nous
eussent
acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
303
pour marquer l’aboutissement d’une évolution qui
a
son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, l
304
e gratuite que prétendent mener les surréalistes,
il
n’a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des r
305
tuite que prétendent mener les surréalistes, il n’
a
fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roman
306
ose ; à la merci des circonstances extérieures qu’
il
méprise toutes également ; n’attendant rien que de ses impulsions et
307
cidité parfois douloureuse ses propres actes dont
il
s’étonne mais qu’il se garde de juger5. Il y a véritablement une litt
308
ureuse ses propres actes dont il s’étonne mais qu’
il
se garde de juger5. Il y a véritablement une littérature de l’acte gr
309
lité qu’on renoncera à la vertu, sous prétexte qu’
elle
pousse à l’orgueil ; c’est par sincérité qu’on mentira, puisque parfo
310
n excès toute chose, au-delà de toutes limites. «
Il
n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette f
311
toute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y
a
que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur
312
jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’on
ait
perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ense
313
des actes, rêves éveillés, tout cela ne dérive-t-
il
pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le rythme des jours
314
pe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’
ont
pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plus i
315
s de notre psychologie. Images des surréalistes —
ils
l’indiquent eux-mêmes —, calembours, expression métaphorique et symbo
316
re d’avant-garde est fille de la fatigue. La Muse
a
trop veillé. L’amour moderne, nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, tro
317
gues est cet état presque inhumain de celui qui n’
a
pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automa
318
elle d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout.
Il
ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort pour se li
319
ne génération de cobayes » remarque Paul Morand.)
Il
faut agir, ou bien être agi. Donner une conscience à l’époque, ou se
320
ner une conscience à l’époque, ou se défaire avec
elle
et dériver vers un Orient d’oubli — (mais avant de s’y perdre, quelle
321
es, quels Niagaras 9 !) Quelques jeunes hommes l’
ont
compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils sav
322
garas 9 !) Quelques jeunes hommes l’ont compris.
Ils
sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour
323
sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ;
ils
savent que pour lutter il faut des armes et ne méprisent pas la cultu
324
nt pas de la Société ; ils savent que pour lutter
il
faut des armes et ne méprisent pas la culture ; sans autre parti pris
325
res de langage et maîtres de leurs corps exercés,
ils
savent qu’il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il
326
et maîtres de leurs corps exercés, ils savent qu’
il
n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de lib
327
tres de leurs corps exercés, ils savent qu’il n’y
a
de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté q
328
a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’
il
n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur
329
nsée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y
a
de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effor
330
lles ; et leur effort est de retrouver ces lois ;
ils
ne craignent pas de choisir parmi leurs instincts, ni de les améliore
331
nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur
a
l’eau claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente
332
leur misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’
ils
s’en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant s
333
ui multipliant ses douleurs en les lui nommant »,
ils
décrivent le tourment dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais
334
dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais qu’
ils
sachent, quand viendra le moment, détourner les yeux de leur recherch
335
de leur recherche pour contempler un absolu ; qu’
ils
osent se faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut mie
336
faire violence pour se hisser dans la lumière. «
Il
vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord que les grands traits d
337
présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1.
Il
ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques.
338
u. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’
ils
écrivent des odes civiques. Mais que nos moralistes — presque tous le
339
t de penser en fonction du temps présent, soit qu’
ils
veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer totalement.
340
s ? Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’
ils
ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une man
341
Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils
ont
fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière
342
gir sur l’époque, c’est une manière d’agir contre
elle
. 2. « La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’ét
343
ise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. «
Il
s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. »
344
ahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle, s’
il
voulait…) o. Rougemont Denis de, « Adieu, beau désordre… (Notes sur
345
a mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve
a
rêvé une histoire de passion mystique et de crime, intense et tragiqu
346
tant d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel.
Il
l’a transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un so
347
d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel. Il l’
a
transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un songe,
348
aisement d’une vieillesse au soleil. Jouve semble
avoir
hésité entre plusieurs styles de roman. Un chapitre d’observation psy
349
tous les actes une signification plus profonde. (
Il
serait aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de f
350
onde. (Il serait aisé de montrer quel parti Jouve
a
su tirer des complexes de famille freudiens, ou d’analyses de démence
351
s tout cela est sublimé dans un monde poétique où
il
paraît inconvenant d’introduire le jargon de la science moderne.) Si
352
6)q Un artiste de grand talent à qui la guerre
a
fait perdre le goût des théories d’écoles et de quelques autres plais
353
aux prises avec une petite cité patricienne dont
il
devra portraiturer les gentilshommes archéologiques et les vieilles d
354
te de ses péripéties. Quel dommage que l’auteur l’
ait
alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût
355
éologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui
eût
gagné à être mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de M
356
s à Sainte-Croix, mais à Aubonne. Un plein succès
a
répondu à cette innovation. Le sujet de la première partie des confér
357
iences faites pendant le réveil de la Drôme, dont
il
est l’un des artisans les plus actifs. Pour remplacer un travail prom
358
deux ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont
il
a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlère
359
x ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il
a
eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent
360
ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a
eu
l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’
361
issionnaire dans ces milieux, comme M. Terrisse l’
avait
fait le soir avant pour les milieux d’ouvriers noirs au Cap. Sans tou
362
de partis, avec une passion contenue d’hommes qui
ont
vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies,
363
vec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui
ont
souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, J
364
e mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond
ont
su arracher leurs auditeurs de leur lit de préjugés pour les placer v
365
trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’
a
pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus aé
366
éré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’
il
pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands recouvren
367
avec la muse, parce que c’est dimanche, parce qu’
il
pleut et qu’on s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire est mo
368
plètement résolu dès les premières pages, mais qu’
il
faut louer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-je que l’abu
369
emières pages, mais qu’il faut louer Mme Rivier d’
avoir
posé courageusement. Dirai-je que l’abus des points d’exclamation — t
370
t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’
il
ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son
371
Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il
ait
trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvr
372
étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau
a
réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de criti
373
e Secret professionnel, etc.) Sans doute faudrait-
il
préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’éca
374
nnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce qu’
il
entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il ne
375
re, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
il
ne le conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite qu
376
volonté de construire jusque dans le grabuge, qu’
il
aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau
377
’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’
il
se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incont
378
e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète.
Il
ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce
379
sse de beaucoup les limites de cette école, et qu’
il
eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices po
380
de beaucoup les limites de cette école, et qu’il
eut
le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiq
381
’audace est de se vouloir plus juste que bizarre.
Il
sait bien d’ailleurs que les miracles les plus étonnants sont ceux de
382
t bien la nouveauté de son théâtre et de l’art qu’
il
défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de la
383
r la pédale à la poésie. (« Le poète ne rêve pas,
il
compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine luisante et tou
384
e précision, d’élégance mécanique et de rapidité.
Il
lassera, parce que c’est toujours le même déclic. Cocteau le sait, et
385
s le même déclic. Cocteau le sait, et pour varier
il
tire tantôt à gauche tantôt à droite, sur Barrès, sur Wagner, sur que
386
je le crains, pour renaître catholique.) Certes,
il
bannit le charme et toute grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal
387
e grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal, si
elles
sont sans parfum, ne se faneront pas. t. Rougemont Denis de, « [Co
388
sont encore à des symboles équivoques et, quoi qu’
ils
en disent, « artistiqués », — ils n’osent plus le mensonge de l’art,
389
ues et, quoi qu’ils en disent, « artistiqués », —
ils
n’osent plus le mensonge de l’art, et pas encore la vérité pure — Cre
390
ue de sa génération. Terrible aveu d’impuissance,
il
n’a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, av
391
sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’
a
plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec s
392
la triste profession est de détruire le désir qu’
elle
excite par curiosité passagère, il monologue. « Oui, je le redirai, t
393
le désir qu’elle excite par curiosité passagère,
il
monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais furent prétextes à m
394
dont la pauvreté le rejette dans une angoisse qu’
il
nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est constructif
395
e désordre. Une intelligence parvenue au point où
elle
« ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une
396
ntelligence parvenue au point où elle « ne semble
avoir
rien d’autre à faire que son propre procès », une intelligence qui s
397
ectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel.
Il
en est peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-nous la force e
398
s cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore
avait
-il le courage de prier… u. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Re
399
s sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-
il
le courage de prier… u. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René
400
nt — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’
il
puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de li
401
és de Janson, de Brémond, j’en sais plusieurs qui
ont
ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui
402
les. Mais ce qui est peut-être plus important, on
eut
l’impression, durant les discussions entre de Saussure et Bertrand, q
403
s objections que chacun se faisait à part soi, qu’
ils
incarnaient les voix contradictoires d’un débat que tous menaient en
404
ine forêt, où Henriod debout sur un tronc coupé n’
eut
pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des discuss
405
, vint annoncer qu’on était libre — comme si on l’
avait
attendu pour le manifester ! — et qu’il suffisait de souscrire à la b
406
i on l’avait attendu pour le manifester ! — et qu’
il
suffisait de souscrire à la brochure de la conférence3 pour savoir to
407
re de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’
ai
pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom
408
que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3.
Il
suffit encore : f 2.50, nom et adresse. f. Rougemont Denis de, « L’
409
u aux charmes troubles et inhumains de la nature.
Il
s’agit de créer à notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la g
410
est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’
avoir
pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentemen
411
n’avoir pas été animée de l’esprit de géométrie…
Elle
use et conduit lentement l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle
412
lentement l’usure des milliers d’êtres humains ».
Elle
n’est plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, n
413
image puissante qui actionne notre esprit » après
avoir
été créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de
414
vilisation sous cet aspect comme sous les autres,
il
nous faut mieux que des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et
415
n en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’
avoir
trouvé la formule même de tant d’aspirations modernes. Voici sans auc
416
pre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’
ont
osé. Créer un espace architectural lumineux à la place de nos cités c
417
ficiellement : nous comprenons que nos œuvres, si
elles
furent faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la
418
— ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’
ai
un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autr
419
irez qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? —
Ils
me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le
420
le monde, — les choses, les faits, la vie, comme
ils
disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on
421
asard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’
il
n’est que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. I
422
e sauter follement d’une habitude dans une autre.
Il
ne me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni,
423
détenir un secret très simple, et un peu narquois
ils
me considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le m
424
d de tous les plaisirs, cette envie de rire quand
il
m’arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à ple
425
e force aveugle de violence s’était levée. Ce fut
elle
qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde au
426
squement les éléments désaccordés de ce moi que j’
avais
tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers jours
427
e voici devant quelques problèmes dont je sais qu’
il
est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feind
428
rétendre les résoudre, mais que je dois feindre d’
avoir
résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base.
429
i s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’
aurai
garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me
430
arde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’
a
que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
431
nt. En priant, je m’arrête parfois, heureux : « J’
ai
donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne fau
432
i ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’
il
ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienn
433
re arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout. S’
il
est une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui prépa
434
lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord.
Il
ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce
435
peut dicter que les gestes les plus favorables. J’
ai
d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela se
436
n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’
ils
sont naturels : la nature est un champ de luttes, de tendances vers l
437
s’oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’
elle
ne permet que des associations suivant les directions de moindre rési
438
is d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme
elle
veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble social et dans la m
439
oyer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais
il
y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur un
440
t s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’
ils
viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! R
441
ésirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’
ils
l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens, j’é
442
er, c’est se surpasser). J’entends des phrases qu’
il
ne faut pas encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais q
443
écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites
elles
prennent un caractère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en m
444
rites elles prennent un caractère de certitude qu’
elles
n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancie
445
les prennent un caractère de certitude qu’elles n’
avaient
pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Q
446
ème, hors la religion. Un système n’est pas vrai,
il
est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications
447
qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez
a
donné la première œuvre importante du mouvement de construction et de
448
s d’aujourd’hui. La « critique philosophique » qu’
il
voudrait inaugurer « ne se contenterait pas d’étudier les œuvres pour
449
ais tâcherait d’épouser le dynamisme spirituel qu’
elle
révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a to
450
les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez
a
tout le talent qu’il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voic
451
nivers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’
il
faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voici enfin un critique q
452
eprises par les générations précédentes. Parce qu’
elles
se sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pa
453
s se sont souvent enlisées dans leurs recherches,
il
ne les condamne pas d’un « Jugement » sans issue sinon vers le passé
454
é catholique ; mais tenant compte de leur effort,
il
puise dans l’échec même de leurs analyses les éléments de sa synthèse
455
ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes,
il
était temps que l’on dénonce la confusion romantique de l’art avec la
456
morale et l’esthétique modernes. Et à ce propos,
il
faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide,
457
ne autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’
il
est bien établi que les lois de la vie sont essentiellement différent
458
tiellement différentes des lois de l’œuvre d’art,
il
ne s’en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication dir
459
un moyen de connaissance personnelle. Après quoi
il
écrit : « II y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se
460
issance personnelle. Après quoi il écrit : « II y
a
, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’e
461
oir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’est-
elle
pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici une
462
me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’
il
nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’il la condamne
463
raiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’
il
la condamne plutôt, à cause des confusions qu’il y décèle. Le meilleu
464
’il la condamne plutôt, à cause des confusions qu’
il
y décèle. Le meilleur morceau du livre est l’essai sur Proust et sa t
465
ité — « mosaïque de sensations juxtaposées » — qu’
il
définit sa propre théorie de la « garantie des sentiments », où l’on
466
» — que la psychologie freudienne et proustienne
a
porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newm
467
e et proustienne a porté à un point si dangereux,
il
nous propose l’expérience d’un Newman, les exemples d’un Meredith et
468
les exemples d’un Meredith et d’un Stendhal, qui
ont
su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la v
469
théorie assez proche du cubisme littéraire, et qu’
il
serait bien utile d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui s
470
le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’
a
pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme
471
es à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme :
il
est parfois agaçant de pressentir sous l’expression trop technique ou
472
philosophes, et trop philosophe aux littérateurs.
Il
manque à M. Fernandez un certain recul par rapport à ses idées, on le
473
n peu gauche encore dans les positions conquises.
Il
n’empêche que son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il
474
livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’
il
propose quelques directions très nettes de synthèse. Avec une œuvre c
475
e sens envahi par un rythme impérieux au point qu’
il
faut que certaines voix en moi taisent leur protestation, étouffées p
476
aussi. Le sujet était périlleux : si particulier,
il
prêtait à des abus de pittoresque, de couleur locale, de détails tech
477
tions nécessaires, défauts auxquels Montherlant n’
a
pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne d
478
els Montherlant n’a pas toujours échappé, mais qu’
il
domine dans l’ensemble et entraîne dans l’allure puissante à la fois
479
uissante à la fois et désinvolte de son récit. On
a
souvent parlé d’excès de lyrisme à propos des premiers ouvrages de Mo
480
a vie animale. Et n’est-ce pas justement parce qu’
il
est poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une
481
t n’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’
il
peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle palp
482
vie anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’
il
s’accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en
483
récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’
elle
. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne
484
e sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’
il
sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment
485
en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’
elle
va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aim
486
qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire,
il
peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les vic
487
le horreur sacrée. Voici Alban devant une bête qu’
il
devra combattre le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! » Il l’a
488
re le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! »
Il
l’apostrophait ainsi tout bas, sur un ton révérenciel, et comme on dé
489
ière descendante, les prunelles laiteuses du dieu
avaient
un reflet bleu clair, soudain inquiètes à l’approche de l’inconnu. N
490
complissant sa destinée. Quelques secondes encore
elle
cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendiren
491
t d’un câble de navire qu’on serre sur un treuil.
Elle
arriva avec emphase à la cime de son spasme, comme l’homme à la cime
492
e l’homme à la cime de son plaisir, et comme lui,
elle
y resta immobile. Et son âme divine s’échappa, pleurant ses jeux, et
493
ent naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’
avons
-nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est
494
d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂
Il
est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’E
495
défauts qui tueraient tout autre que lui. Certes,
il
ne soulève directement aucun des grands problèmes de l’heure. La viol
496
d avec la vie. Ni métaphysicien, ni logicien, dit-
il
d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste o
497
en, ni logicien, dit-il d’Alban — (de lui-même) —
il
n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idé
498
mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et
il
ne met de la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas di
499
la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’
ai
pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui échapp
500
ntales. Le tragique de la vie ne lui échappe pas.
Il
en parle, il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il est po
501
agique de la vie ne lui échappe pas. Il en parle,
il
le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il est poète : le chan
502
il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’
il
est poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une tell
503
Mais c’est parce qu’il est poète : le chant fini,
il
n’y pense plus. On comprend qu’une telle attitude agace des gens qui
504
hent en gémissant ». Mais cette personnalité dont
il
manifeste avec une magnifique insolence les forces créatrices, ne vau
505
gnifique insolence les forces créatrices, ne vaut-
elle
pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue
506
à force d’y vouloir trouver un sens, ne vaudrait-
il
pas autant s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replac
507
ontractée, par la grâce de l’éternel Désir ? 6.
Il
est curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la th
508
la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je n’
ai
pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraient
509
Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
a
Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont o
510
des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes,
ils
rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient un
511
us la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes
ont
dénoncé certaines des confusions sur quoi se fondent ces poétiques es
512
de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’
il
apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destin
513
rs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz
a
visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux
514
lucide, avec une sorte d’acharnement, comme seul
il
sait l’être aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympa
515
, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous
ont
habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus
516
aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’
avons
lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines pages
517
’est ce qui donne à ses notations tout leur prix.
Elles
ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c
518
uvent le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-
il
s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des
519
me mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car
il
n’est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type
520
de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’
il
dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur para
521
qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’
il
qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfia
522
attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’
il
nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveu
523
sme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». «
Ils
mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs orientaux. De leur
524
flige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-
il
des rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jusqu’à leur mysticis
525
à leur mysticisme, partout c’est une démission qu’
ils
désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. E
526
ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous
avons
fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir
527
oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux,
ils
l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je
528
de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’
ont
rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouv
529
fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en
ont
fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce qui d
530
t menaçant ? Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’
il
éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de T
531
une matière si complexe — sont plutôt optimistes.
Il
ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout qu
532
péril oriental très pressant, ni surtout que nous
ayons
à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulm
533
a nôtre. » La place me manque pour parler comme j’
aurais
voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance mo
534
ar un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-
il
pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’u
535
aine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’
il
s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette
536
ré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’
a
parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir parto
537
parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’
il
fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince
538
s, mais sans jamais s’y perdre ou se confondre en
elles
, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite
539
uite de pages lyriques toujours un peu stylisées.
Il
apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d
540
morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’
il
sait y trouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysem
541
. Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris.
a
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Robert de Traz, Le Dépaysement
542
prairies espagnoles pleines de simple grandeur, j’
ai
supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurologi
543
ires taurologiques avec lesquels, pour communier,
il
faudrait sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais il sera pa
544
sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais
il
sera pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien agaçants pour sa
545
ts bien agaçants pour sa souveraine désinvolture.
Elle
est tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout
546
tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est
elle
avant tout que j’admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur suje
547
ité aux taureaux braves et simplets d’esprit ! Qu’
ils
paissent éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné u
548
nt éternellement dans les prairies célestes, pour
avoir
donné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui
549
la nonchalance des vrais puissants, je compte qu’
il
saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humaines. x. Ro
550
sente au couchant, dans ce corridor de lumière où
elle
accueille le ciel — et derrière, elle devient plus secrète. Vers l’es
551
lumière où elle accueille le ciel — et derrière,
elle
devient plus secrète. Vers l’est, des collines fluides et roses. De l
552
revenaient au pas des Cascine. Vers sept heures,
il
n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait s
553
t au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en
eut
presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur,
554
t arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’
elle
que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un
555
é dans une beauté que saluent tant de souvenirs n’
a
d’autre nom que celui de l’instant, ô mélodieuse lassitude. Vivre ain
556
silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’
a
presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est qu’odeurs, formes m
557
la vie n’a presque plus de sens, comme le fleuve.
Elle
n’est qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sour
558
ne barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux
ont
regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que
559
de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous
a
révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fle
560
nes. Il y avait la vie des hommes pour demain, et
il
était beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxue
561
tous les bruits de la ville en un chant immense.
Il
passe une possibilité de bonheur par personne et les devantures ne ch
562
c’est que le livre soit réellement amusant, et qu’
il
trouve une sorte d’unité vivante dans le rythme des désirs jamais sim
563
aire sourire, on le sent ; pourtant l’on sourit :
il
faut bien croire qu’il y a là un talent, charmant, glacé, spirituelle
564
Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman
a
le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphère trop
565
able… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir,
il
ne sait plus de quels souvenirs ; jusqu’au soir où la douleur nette d
566
Chinois et sympathiser avec son idéal de culture.
Il
n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a
567
et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y
a
pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait p
568
points de vue irréductibles, du moins M. Malraux
a
fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne le paraissent point.
569
lraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’
ils
ne le paraissent point. Et alors le relativisme angoissant qui sembla
570
ord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’est-
il
pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laisser sub
571
n’est-il pas de position plus périlleuse, puisqu’
elle
risque de ne laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la des
572
Avant-propos (décembre 1926)
a
b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de dé
573
lus que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-
il
, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, no
574
et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue
a
sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nou
575
u à refuser de nous affirmer avec une netteté qui
a
pu paraître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous ép
576
ais seulement de retenir sa place au spectacle qu’
ils
offrent et de les considérer avec sympathie. Il est bien facile de s’
577
’ils offrent et de les considérer avec sympathie.
Il
est bien facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se dé
578
oi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on
a
coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de
579
t, peut-être, la considération du « déluge » peut-
elle
faire réfléchir utilement sur ses causes… Nous ne proposerons pas,
580
pressons de vous laisser le soin de juger si nous
avons
de quoi faire les modestes… Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est
581
ns de quoi faire les modestes… Être nous-mêmes,
avons
-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette
582
c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous
aurez
lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique
583
n peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros.
Il
faut que notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comm
584
e par la grâce d’une volonté sans doute divine…
a
. Rougemont Denis de, « Avant-propos », Revue de Belles-Lettres, Laus
585
mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps.
Il
fallait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne veut pas a
586
ertu d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’
elle
est plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’espri
587
probité intellectuelle ou de courage moral, nous
avons
élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous les dé
588
s fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-
elle
consentement immédiat à toute impulsion spontanée (Gide), ou « perpét
589
ou « perpétuel effort pour créer son âme telle qu’
elle
est » (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout conserve
590
’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’
a
pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rien co
591
n personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’
il
voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pour parl
592
arler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous
avons
vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter h
593
us avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse,
il
faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode d’observation
594
ant Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas qu’
il
allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché t
595
faire école. Le fait est que ce geste symbolique
a
déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là même qui aboutit nag
596
enchantés de l’affaire : « Gratuit ! », déclarent-
ils
chaque fois qu’ils ne comprennent pas. Il faudrait s’entendre. Et, ic
597
ire : « Gratuit ! », déclarent-ils chaque fois qu’
ils
ne comprennent pas. Il faudrait s’entendre. Et, ici encore, prenons g
598
larent-ils chaque fois qu’ils ne comprennent pas.
Il
faudrait s’entendre. Et, ici encore, prenons garde de confondre le pl
599
action peut paraître gratuite au lecteur parce qu’
il
ne sait pas tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y a p
600
as tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur,
il
n’y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamai
601
sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y
a
pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais que
602
lativement à un système restreint de références.
Il
résulte de semblables considérations, dans le domaine de la morale, q
603
r à l’acte gratuit une valeur morale en disant qu’
il
révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un
604
peu gratuite que possible, d’un Julien Sorel, est-
elle
moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de
605
vive, un élan vers certain but précis. Ou bien j’
aurais
juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l
606
faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’
a
retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. Second exemple. — J’épr
607
us ou moins fortement des sentiments que je crois
avoir
éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens
608
les sentiments qui se proposaient à mon souvenir
ont
été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou
609
c’est bien le second. La qualité des souvenirs qu’
il
me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur l
610
on sur mon passé, mais sur le moment que je vis1.
Il
est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se
611
, d’Arland, de Soupault et surtout de René Crevel
ont
donné les exemples les plus récents et significatifs ? Tous ces livre
612
le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant. J’
ai
revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recu
613
mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’
ai
cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité,
614
tion de moi-même. Par les fissures, un instant, j’
ai
pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps
615
de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’
il
s’acharne à approfondir — il était venu y chercher quelque raison de
616
Dans la solitude qu’il s’acharne à approfondir —
il
était venu y chercher quelque raison de vivre, il voulait se voir le
617
il était venu y chercher quelque raison de vivre,
il
voulait se voir le plus purement (« cette curiosité donnée comme rais
618
t ce « merveilleux contraire » de l’élan vital qu’
il
nomme élan mortel — générateur de l’incurable tristesse qui rôde dans
619
i rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui. J’
ai
dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il fau
620
du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’
il
faudrait. Faillite de toute introspection, en littérature et en moral
621
moral : je me compose plus laid que nature. Faut-
il
conclure avec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour moi tout
622
il conclure avec Gide : « L’analyse psychologique
a
perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme é
623
our où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’
il
imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée, el
624
r. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée,
elle
ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se r
625
ertaines lois où se retrouve notre individualité.
Elle
nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu d
626
« un perpétuel effort pour créer son âme telle qu’
elle
est ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement,
627
el effort pour créer son âme telle qu’elle est ».
Il
voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’une con
628
e cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’
il
faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites assez
629
n Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2.
Il
ne s’en suit pas que contenue dans des limites assez étroites empiriq
630
une différence. Pourquoi les romanciers modernes
ont
-ils tant de mal à créer des personnages ? C’est parce qu’une sorte de
631
différence. Pourquoi les romanciers modernes ont-
ils
tant de mal à créer des personnages ? C’est parce qu’une sorte de sin
632
e montre clairement. En morale : défaitisme quand
il
s’agit de gestes qui pourraient entraîner des effets imprévisibles, «
633
nt, et, bientôt, incapacité d’agir efficacement. (
Il
faut, pour sauter, une confiance dans l’élan qui échappe à toute anal
634
sonnalité, car l’analyse la plus savante, comme l’
a
fort bien dit Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du moi, mo
635
F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière n’
a
plus rien de spontané. En quoi est-ce encore de la sincérité ? Trop s
636
t sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir.
Il
devient dès lors impossible de faire rien qui ne soit sincère. Peut-o
637
propres mensonges ? Peut-être juste assez pour qu’
ils
vous aident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité qu’on désirai
638
is au point d’oublier la vérité qu’on désirait qu’
ils
cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste
639
s menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est
avoir
toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet
640
ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or,
il
vous tire aussitôt de l’indétermination violente qu’est la sincérité
641
es paraphraser serait d’une ingratitude insigne —
ils
marquent au reste fort bien les jalons de cette recherche) : Puissie
642
nt à toute intervention qui altérerait leur moi ;
ils
ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais immobil
643
nt en tant que personnes. Comment se trouveraient-
ils
, n’existant pas ? (François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau s
644
de M. Godeau serait définie par l’aspect seul qu’
il
souffrirait de garder lui-même à son propre regard. Ainsi la valeur m
645
ard. Ainsi la valeur morale d’un homme équivalait-
elle
à l’illusion qu’il était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel J
646
morale d’un homme équivalait-elle à l’illusion qu’
il
était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’o
647
is si le personnage est maintenu jusqu’à la mort,
il
se confond avec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi, ce jou
648
stre à la sincérité presque pure de cet âge. Mais
il
le faut dépasser.) Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime,
649
................................ Le vent se lève,
il
faut tenter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de ma triste luc
650
ry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’
avais
déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’offrai
651
e fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’
ai
mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies émanait
652
n particulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’
elle
en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je sou
653
lus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’
elle
m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je
654
de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’
il
eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce
655
laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il
eût
été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but
656
isie envers soi-même une volonté — si profonde qu’
elle
n’a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de
657
vers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n’
a
pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de nom
658
de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car
il
n’est peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportab
659
premier exemple, ce serait le récit des gestes qu’
il
m’aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2.
660
er exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’
aurait
fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleu
661
ans notre langage statique. 3. « Et certes quand
il
s’agit de parole ou d’écriture, l’affirmation prouve moins une certit
662
i donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles
ont
un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fon
663
e grande figure aux joues mates, aux yeux clairs.
Il
déplia le journal et se mit à lire les pages d’annonces. On m’apporta
664
d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j’
eus
fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’a
665
jaquettes de couleur pour ma femme… Mais l’homme
avait
posé son journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira
666
on journal. Soudain, portant la main à son gilet,
il
en retira trois dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants, il c
667
nt la main à son gilet, il en retira trois dés qu’
il
jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indécision paru
668
dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants,
il
compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis il reprit les dés b
669
compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis
il
reprit les dés brusquement, et me fixant avec un léger sourire : — Jo
670
ixant avec un léger sourire : — Jouez ! ordonna-t-
il
. La surprise vainquit ma timidité, je pris les dés et les jetai sans
671
idité, je pris les dés et les jetai sans hésiter.
Il
compta de nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagn
672
nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous
avez
gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il
673
rable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur…
Il
saisit son journal. Il en parcourait rapidement les pages, la proie d
674
e vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal.
Il
en parcourait rapidement les pages, la proie d’une agitation visible.
675
pages, la proie d’une agitation visible. Bientôt
il
m’offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommatio
676
fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai.
Il
demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma
677
passionnées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t-
il
, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sa
678
ion j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’
aurais
pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau, d’un
679
pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’
as
pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui
680
allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’
ils
croient lié à la possession, et que j’allais vivre aussi sur le dogme
681
cours de bourse. « Heureux quoique pauvre » comme
ils
disent dans leurs manuels scolaires. Les voler, pour leur apprendre.
682
asse d’impôts immédiatement supérieure à la leur.
Ils
voudraient que leur vie garantît un 5 % régulier de plaisirs, avec as
683
rs d’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout !
Ils
ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale in
684
’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout ! Ils
ont
inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale inconc
685
issance à concevoir un autre bonheur que celui qu’
ils
ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes.
686
nce à concevoir un autre bonheur que celui qu’ils
ont
reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes. Ah
687
is m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse,
ils
n’y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils me jugent et leu
688
n’y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme
ils
me jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les dé
689
isère qui fait des soirs si doux aux amants quand
ils
n’ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent
690
qui fait des soirs si doux aux amants quand ils n’
ont
plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incert
691
incertaines, une tendresse éperdue et la mort. »
Il
ferma les yeux sur des visions. Les lustres doraient un brouillard de
692
ise à notre table, en robe rouge, et très fardée.
Elle
jouait avec la rose. Les dés roulèrent, pour un dernier enjeu. Alors
693
’effeuilla sur les dés, et partit d’un long rire.
Elle
me regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et
694
arrement et j’étais possédé de joies et de peurs.
Il
fallut se lever, traverser le café dans la musique et la rumeur des c
695
e saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’
avais
plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à
696
non qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’
ai
jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-
697
ais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’
a
repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tent
698
ue chose. Je suis plein de rêves, certains soirs.
Il
faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et me regarde
699
rce que je ne suis plus tout à fait le même. Puis
elle
me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant
700
magnifiques et hagardes pourraient enthousiasmer
il
leur réserve mieux encore : après une kyrielle d’injures qui ne font
701
nation d’autres fois si prestigieuse du poète : «
Ils
m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort c
702
d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’
ont
suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux qu
703
te : « Ils m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-
il
; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y
704
plus original de la jeune littérature française.
Il
le proclame « J’appartiens à la grande race des torrents ». Génie iné
705
s à la grande race des torrents ». Génie inégal s’
il
en fut, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s’i
706
des qualités et des défauts pareillement énormes.
Il
faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domi
707
e domination de la langue. Et parmi les modernes,
il
bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarrerie
708
vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On
a
l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de
709
n des plus significatifs du romantisme nouveau. J’
ai
nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendresse
710
rbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’
avait
compté jusqu’alors que d’authentiques avocats et un chapelier dont to
711
et un chapelier dont tous s’accordaient à dire qu’
il
ne péchait que par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc, pr
712
garçon d’une race entre toutes bénie — par qui ?
elle
était anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoi
713
cintillement pudiquement dissimulé. Vers 1 heure,
elle
éclaira d’une rose caresse lumineuse la chevelure rouge d’Urbain, et
714
. « Éternité désaffectée, c’est bien dommage, dit-
il
en s’étirant ; le printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et no
715
ant considérables, au sens étymologique du terme.
Il
loucha vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu’il jeta,
716
s le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu’
il
jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des s
717
symbolique des systèmes, sortit, c’est-à-dire qu’
il
fit un pas dans une direction quelconque. L’étoile pleurait, sentimen
718
vier 1927, l’information suivante : Mardi dernier
a
été célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de
719
de feindre encore ce que le cœur ne ressent plus,
il
suffit de quelques mois aux jeunes époux de la Maladère pour se dépre
720
e meurtrir l’un l’autre. Pourtant, jusqu’au bout,
il
semble qu’un mot, un geste décisif, ou certaine amitié de la saison s
721
issiper le charme perfide qui les tourmente. Mais
il
faudrait d’abord qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mo
722
de qui les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’
ils
se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient poss
723
: son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques,
il
souffre d’une incurable adolescence, d’un défaitisme sentimental qui
724
n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’
il
parvient à une certaine puissance de l’effet, aux dernières pages. Il
725
rtaine puissance de l’effet, aux dernières pages.
Il
règne dans la Maladère une étrange harmonie entre le climat des senti
726
des sentiments et celui des campagnes désolées où
ils
se développent. Paysages tristes et sans violence, autour de ces être
727
res dont la détresse est d’autant plus cruelle qu’
elle
est contenue sous des dehors trop polis. Une fois fermé le livre de B
728
ur vie, ou l’aveu déguisé d’une insatisfaction qu’
elle
leur laisse. Montclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne
729
ontclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels
il
ne tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra
730
aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir, qu’
il
manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le re
731
de ? heureux ? » pour lui, comme pour Barnabooth,
il
s’agit de « déjouer le complot de la commodité ». Mais plus voluptueu
732
lus voluptueux que philosophe, c’est à l’amour qu’
il
ira demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son â
733
notre plaisir, un peu plus viennois que naturel s’
il
parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu’i
734
art comme on fait dans Proust, si les passions qu’
il
nous peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se con
735
sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes.
Il
se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de
736
stingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus.
Il
se connaît avec une sorte de froideur que l’on dirait désintéressée s
737
orte de froideur que l’on dirait désintéressée si
elle
n’avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faibl
738
froideur que l’on dirait désintéressée si elle n’
avait
pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu
739
ner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu’
il
recherche secrètement, parce que de ces « ratages » naît le perpétuel
740
la condition de son progrès moral. C’est ainsi qu’
il
consent, non sans une imperceptible satisfaction, l’aveu d’une fondam
741
où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour n’est-
il
possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténué
742
le qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’
a
pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre,
743
près seulement toutes les morts du plaisir », car
elle
sait « qu’entre les êtres, le bonheur est un lien sans durée. Seules
744
ée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies
ont
un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur c
745
e secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. »
Il
est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de
746
flation littéraire la plus ridicule. Pourtant, qu’
elle
ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est
747
vue de Genève, Genève, février 1927, p. 257. ae.
Il
manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition originale.
748
iste, mais vrai. » (Les journaux.) Mademoiselle,
Il
faut d’abord que je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrir
749
tant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant…
Il
faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : l
750
— et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’
il
fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs
751
qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’
a
pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pa
752
phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous
ai
rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on di
753
es. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’
ai
suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus do
754
t que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous
ai
oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai déc
755
s mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous
ai
revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existiez
756
je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’
ai
découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus d
757
vous existiez en moi, à certain désagrément que j’
eus
de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de l
758
eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’
ai
plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’avais de
759
rage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’
avais
demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en
760
de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter.
Il
m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plu
761
amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en
avait
donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une foi
762
nt les miens plus d’une fois pendant une danse qu’
il
fit avec vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arrac
763
airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’
ils
ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisé
764
s, maintenant, je pense que ces regards croisés n’
avaient
aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait quelque in
765
de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
il
se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je n
766
Même, je fus obligé de confier à un ami que j’en
avais
repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon dé
767
ue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin… J’
avais
soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aube par
768
ophones. Sortie dans un matin sourd, frileux, qui
avait
la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma ta
769
, comme une femme nue dans une chambre étroite… J’
ai
dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la crai
770
s aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous
avais
entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la
771
ndue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’
ai
rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasser
772
ant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-je
elle
y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vi
773
isais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’
elle
, je pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avan
774
e la croise en route dans l’ascenseur descendant…
Il
aurait fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en
775
a croise en route dans l’ascenseur descendant… Il
aurait
fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en face de
776
autobus passaient par groupes. Plusieurs fois, j’
ai
cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avai
777
aître dans la foule qui se précipitait, mais je n’
avais
pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous v
778
femme révélait soudain un trait de votre visage.
Il
aurait fallu courir après celle-là qui venait de tourner à l’angle de
779
mme révélait soudain un trait de votre visage. Il
aurait
fallu courir après celle-là qui venait de tourner à l’angle de cette
780
i venait de tourner à l’angle de cette rue et qui
avait
votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin o
781
l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
Il
n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’ét
782
rieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y
avait
que des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’était penché
783
aurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel,
elle
sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle.
784
frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière
elle
. Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à mes yeux. Une bouc
785
avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que j’
ai
fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telleme
786
l. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’
ai
marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maint
787
arché plusieurs heures avant de retrouver ma rue.
Il
doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans
788
atin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais
il
me semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par
789
orrespond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’
ai
perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décepti
790
is encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous
ai
-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, c
791
ance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu,
il
n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme
792
e que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y
a
plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n
793
u, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin…
Il
faudrait que je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui v
794
sement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme :
il
n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai
795
gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y
aurait
plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom
796
une note d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’
il
n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c
797
te d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’il n’y
a
pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d
798
ir m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en
avoir
plus ou moins consciemment concerté la possibilité. Orphée, par exemp
799
phée, par exemple, serait un poète surréaliste. «
Il
faut jeter une bombe, dit-il, il faut obtenir un scandale. Il faut un
800
poète surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-
il
, il faut obtenir un scandale. Il faut un de ces orages qui rafraîchis
801
e surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-il,
il
faut obtenir un scandale. Il faut un de ces orages qui rafraîchissent
802
r une bombe, dit-il, il faut obtenir un scandale.
Il
faut un de ces orages qui rafraîchissent l’air. » Il prétend « traque
803
faut un de ces orages qui rafraîchissent l’air. »
Il
prétend « traquer l’inconnu ». Sa femme l’accuse de « vouloir faire a
804
t cette phrase, c’est un cheval savant qui la lui
a
dictée : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’est pas u
805
Enfers. » — « Ce n’est pas une phrase, s’écrie-t-
il
, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur du fond de la mort. » Or
806
mme dictées de l’inconscient, au fond desquels on
a
si vite fait de distinguer les quelques préoccupations assez simples
807
a aussi des sortes de calembours… Art chrétien,
a-t
-on dit5. Certes, cette pièce n’est pas dépourvue de certaines des qua
808
agnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’
il
écrivit certains vers qu’on peut lire plus haut : Les anges véritabl
809
t de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’
il
ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques
810
Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où
elle
pèche contre les principes chers à l’auteur du Secret professionnel e
811
é dramatique qui cerne le mystère d’un trait pur.
Il
semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pou
812
le mystère d’un trait pur. Il semble que Cocteau
ait
réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette admirable m
813
emble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’
il
voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guère : je
814
dmirable machine ne m’inquiète guère : je sais qu’
elle
le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me dép
815
m’inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où
il
veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d
816
phée, le mystère ne peut plus dépasser l’auteur :
il
l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau,
817
le mystère ne peut plus dépasser l’auteur : il l’
a
trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’es
818
teur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’
il
faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une pièce
819
somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’
avoir
réussi complètement une pièce, prouvant une fois de plus que l’atmosp
820
atmosphère de l’« art pur » n’est pas respirable.
Il
ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette indispensable « part d
821
ès la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau
a
comprimé des pétales de roses dans du cristal taillé, selon toutes le
822
s règles de l’art, mais que l’essence obtenue, si
elle
est de rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète :
823
M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et même
il
appelait Orphée « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment, nous
824
fin de la semaine. « Messieurs, disait Dardel, y
a
pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvo
825
« Messieurs, disait Dardel, y a pas à tortiller,
il
faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque cho
826
onsabilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’
il
s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper
827
nt en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi là ! »… Est-
il
plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et disert
828
calembours… Pénétrés d’horreur, les bellettriens
avaient
fui. Au détour d’une ivresse, ils rencontrèrent une créature évadée d
829
ellettriens avaient fui. Au détour d’une ivresse,
ils
rencontrèrent une créature évadée d’anciens rêves qui hantait les lim
830
s rêves qui hantait les limbes depuis un an déjà.
Ils
ne tardèrent pas à reconnaître Cinématoma. Naissance de Cinématoma
831
commis au soin d’engendrer cet adorable monstre.
Ils
se réunissent parfois autour d’un feu et le contemplent un certain te
832
io né entre deux cafés-nature, et presque sans qu’
il
s’en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin
833
es. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’
a
pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate que jamais « la Montagn
834
la Montagne » ne saura venir au prophète, même s’
il
se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile con
835
, une idée de génie vint s’asseoir certaine nuit.
Elle
parla par la bouche de Lugin, sa langue dans la langue de Lugin : « L
836
tte martingale avec des surréalistes hétérodoxes.
Il
revint juste à temps pour assister à la cérémonie de la pose du point
837
rassé Potemkine était interdit à l’écran. Pitoëff
avait
prêté un accent, Mme d’Assilva deux actrices, M. Grosclaude son fils
838
et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-
il
de pieds et d’oreillles ? À signaler la fuite de Bec-de-Gaz, lequel s
839
les neiges. Un jour, on s’aperçut que cette chose
avait
recommencé, qu’on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. R
840
ntroversés de l’histoire. L’un de ceux, aussi, où
il
est le plus difficile de rester impartial. M. Lombard, recteur de l’U
841
de l’Université, en introduisant le conférencier,
a
fait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pou
842
ait allusion aux divers points de vue auxquels on
a
pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au p
843
t un des actes les plus vexatoires que l’histoire
ait
enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, vict
844
vexatoires que l’histoire ait enregistrés. Après
avoir
fait un tableau de la France de l’édit, victorieuse dans la guerre de
845
e facilement convaincre. D’ailleurs, les jésuites
ont
déjà réussi à « tourner » l’édit par mille arguties juridiques. Et le
846
ans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons
ont
été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutio
847
Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’
ont
commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de plu
848
s. M. Esmonin s’abstient d’en faire un tableau qu’
il
suppose présent à l’esprit de ses auditeurs. Il termine en citant le
849
u’il suppose présent à l’esprit de ses auditeurs.
Il
termine en citant le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du 16
850
us réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’
il
va consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti pris, si libre et
851
Edmond Jaloux, Ô toi que j’
eusse
aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un ho
852
emple rare d’un homme que son évolution naturelle
a
rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’e
853
rte que l’espèce de romantisme à la Nerval auquel
il
aboutit coïncide avec un mouvement dont lui-même s’est plu à relever
854
les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’
il
vient appuyer de son autorité de critique et surtout de son expérienc
855
se plaisent nos jeunes poètes cosmopolites, mais
il
garde une certaine discrétion, cet air de rêverie d’un homme qui en s
856
rêverie d’un homme qui en sait long… Et, certes,
il
faut être un peu mage pour porter tant de richesses avec cette mélanc
857
l’un de ses personnages pour remercier ; (pouvait-
il
mieux trouver qu’un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois l’o
858
e Jaloux. Et peut-être que la comtesse Rezzovitch
a
rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’a
859
tesse Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais
elle
a dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces
860
Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle
a
dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces co
861
Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’
aura
pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facileme
862
ra pas été tentée de lui faire ces confidences qu’
elle
livre si facilement au héros plus confiant et secrètement incertain d
863
femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’
il
attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la reverra jam
864
attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et
il
ne la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime u
865
onfidence, un baiser, et il ne la reverra jamais.
Il
aime encore sa femme, « mais comme on aime une petite maison de provi
866
me on aime une petite maison de province quand on
a
failli hériter de Chenonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovitch
867
gagne la puissance d’une merveilleuse obsession.
Il
lui écrit de longues lettres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, e
868
l lui écrit de longues lettres, sans les envoyer.
Il
apprend sa mort, et qu’elle l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé,
869
tres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’
elle
l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une
870
ans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’
aurait
peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision pr
871
le l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul,
il
la revoit dans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé
872
ans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux
a
trouvé là un sujet qui convient admirablement à son art, où s’unissen
873
aison ignore ou tyrannise aveuglément, car « nous
avons
dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est p
874
s tromper sur tout ce qui est profond en nous, et
elle
ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un ré
875
mer et celui du roman lyrique, par l’équilibre qu’
il
maintient entre ces deux inconscients : l’époque et l’être secret du
876
nconscients : l’époque et l’être secret du héros.
Il
sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un cadre très
877
nt dessinés un de ces drames tout intérieurs dont
il
dit : « Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres,
878
as la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’
elles
ont fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incomp
879
fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles
ont
fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incompris,
880
touche pour peindre un personnage épisodique : «
Il
confondait la rose et la pivoine, l’orange et l’ananas… »). Une telle
881
s de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que j’
eusse
aimée… », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mars
882
cle (mars 1927)n Surprendre est peu de chose,
il
faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le programme comprenait :
883
e cadavre encore tout chaud ». Affreux. Aussi : «
Elle
mourut. » On voit que cette bande est antérieure à l’époque du long b
884
ons rapides. Un chasseur, toujours sur son toit ;
il
tire sur l’œuf d’où naît une colombe. Chasse. Mais un papillon éclata
885
onnes et suivent à grands sauts lents, solennels.
Ils
revoient la danseuse, font une ronde autour d’une tour Eiffel de bois
886
renversé, maisons obliques, montagnes russes. (J’
ai
regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin l
887
t.) Enfin le cercueil roule dans les marguerites,
il
en sort un chef d’orchestre dont la baguette éteint tous les personna
888
le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît,
ils
n’attendent que le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’
889
danseuse paraît, ils n’attendent que le moment où
ils
pourront se pousser en disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le mome
890
que c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas,
ils
sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous deven
891
certaines théories sur le rêve, le peuple, qui n’
a
pas vu ces dessous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’il f
892
ous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’
il
faut, approuve et dit : « C’est bien ça, c’est comme quand on rêve. »
893
ualifié : c’est peut-être le premier film où l’on
a
fait du ciné avec des moyens proprement cinégraphiques. Ici le geste
894
geste de l’acteur. Un mouvement ne souligne pas,
il
exprime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse
895
e, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on
a
sans cesse envie de crier : « Trop de gestes ! » C’est une question d
896
is ce sont là critiques de style. D’ores et déjà,
il
faut admirer dans les films de René Clair un sens du miracle assez bo
897
une sorcière transforme un homme en chien, cela n’
a
rien d’étonnant au cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne s
898
’est une réalité aussi réelle que celle dont nous
avons
convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » n
899
e n’est peut-être qu’une question d’imagination ;
il
reste qu’un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons
900
Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)ag
Il
faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvelles et leu
901
le équilibre, les tendances que ses contemporains
ont
poussées à l’extrême avec moins de prudence mais aussi de lucidité. S
902
ême temps par cette solution universelle, la foi,
il
résume en lui cette inquiétude qui fait la grandeur et la misère de l
903
fait la grandeur et la misère de l’époque — et qu’
il
avoue préférer à une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse ne
904
nte, où sa jeunesse ne verrait qu’une abdication.
Il
décrit la « génération nouvelle » avec une intelligente sympathie et
905
aits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops
a-t
-il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditio
906
de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t-
il
trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditions
907
décisif, des conditions de la vie moderne.) Après
avoir
défini quelques « positions en face de l’inquiétude », M. Rops consid
908
ites qui s’offrent aux jeunes gens d’aujourd’hui.
Il
constate que l’une (celle de Gide) ne fait que différer notre inquiét
909
e paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’
a-t
-il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprê
910
raît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t-
il
pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprême
911
r en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-
elles
vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant que le chemin qu
912
nquiétude autant que la sérénité… Au reste, n’est-
elle
pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirablement les e
913
conjointes de l’inquiétude et de la foi : « Si tu
as
trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. Rougemont Den
914
inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu,
il
te reste à le chercher encore… » ag. Rougemont Denis de, « [Compte
915
puissance étrangère s’est emparée de mon être et
a
saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire dés
916
saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’
elle
peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéan
917
pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !
Il
n’existe pas de théorie du salut. Il n’existe que des systèmes pour f
918
Attrape ! Il n’existe pas de théorie du salut.
Il
n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineu
919
mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’
il
faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tentés,
920
faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous
ont
en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vous no
921
ire de condamné à mort et à l’éternité. Le diable
avait
pris des avocats dont les plaidoyers, tissus des mensonges les plus b
922
as de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous
avez
dit : « C’est incompréhensible ! » — avec une indignation où j’admire
923
aresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous
ont
délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous
924
les s’efforcent — mais déjà c’est de plus loin qu’
il
les nargue. Il connaît enfin une solitude défendue de tous côtés par
925
— mais déjà c’est de plus loin qu’il les nargue.
Il
connaît enfin une solitude défendue de tous côtés par ses rires scand
926
abiles à l’immobilité miraculeuse des statues7. »
Il
s’agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’un
927
euses, de bravades et de faciles tricheries8 — qu’
ait
connue l’esprit humain. Sens de l’Absolu, sens de la pureté ou fanati
928
tisme de l’esprit. Jusqu’au-boutisme désespéré. «
Il
s’agit de rendre impraticables quelques portes de sortie » ou comprom
929
réalité morale absolue que certains d’entre nous
eussent
acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à
930
de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment
aurions
-nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont
931
sort communément heureux de nos contemporains qui
ont
puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de rejeter définitivement
932
eut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix,
il
n’y a peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine,
933
er. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y
a
peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vo
934
ines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas
eu
d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rir
935
ression plus haute de l’angoisse humaine, et vous
aurez
beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de Paris.
936
, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’
elle
est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’att
937
a notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’
elle
puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fa
938
n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela
eût
un sens, il faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rappo
939
enoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens,
il
faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil
940
r que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’
avoir
pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques gestes encore, int
941
ncore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’
il
lui faut atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon. II Nove
942
l y a un an, tel soir de colère où le thermomètre
eût
indiqué 39° selon toute vraisemblance. Et voici Aragon revêtu d’une d
943
Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragique qu’
il
trouverait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi que l’on arrive à
944
830, une théorie du scandale pour le scandale qui
a
le mérite de n’être pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encor
945
assez fréquent dans les cafés littéraires et dont
il
serait le premier à s’amuser ? Février 1927. Relu Une vague de rêve
946
m revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’
a
jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup q
947
mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’
elle
n’a pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser,
948
qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’
a
pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’
949
qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’
il
symbolise tout cet état d’esprit « bien Parisien » dont de récentes s
950
e craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’
ai
soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité v
951
s toutes — de novembre 1926. 2 mai 1927. « Nous
avons
dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de p
952
s tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et
elle
ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsi
953
revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et
il
m’a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me su
954
s. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
a
paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis d
955
intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’
avons
pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’êtr
956
gés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’
aurais
en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulier impe
957
oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’
il
ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’a dit. Vou
958
ait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’
a
dit. Voulez-vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mai
959
re plaisir… III Il y a des gens qui croient
avoir
tout dit quand ils ont montré à l’origine de telle doctrine mystique
960
Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand
ils
ont montré à l’origine de telle doctrine mystique une exaltation nerv
961
y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils
ont
montré à l’origine de telle doctrine mystique une exaltation nerveuse
962
e exaltation nerveuse ou des troubles organiques.
Ils
opposent à ces « délires » les thèses rassurantes de la « saine raiso
963
si cela ne condamne pas et la santé et la raison.
Il
s’est trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition
964
écarter. Voilà bien leur désinvolture, car enfin,
elle
est déesse. Mais entre leurs mains qu’est-elle devenue ? C’est bien l
965
n, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’est-
elle
devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hui com
966
ns qu’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si
elle
nous apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfo
967
raphiques à la raison ? Eh bien, c’est vous qui l’
aurez
voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. N
968
esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’
il
vous crie : « À bas le clair génie français. » Alors la voix de Rimba
969
» Alors la voix de Rimbardp à la cantonade : Qu’
il
vienne, qu’il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les pl
970
ix de Rimbardp à la cantonade : Qu’il vienne, qu’
il
vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les plus significati
971
Réforme, Karl Marx, la préface de Cromwell. Mais
il
ne s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel dom
972
ci que je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’
ils
aient voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pa
973
ue je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils
aient
voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, com
974
iques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on
a
fait, que c’est très joli de crier merde pour Horace, Montaigne, Desc
975
r Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on
a
entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquiner
976
sprit, on ne va pas s’acoquiner avec des gens qui
ont
fait, il y a 10 ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est-c
977
langue et de crier rouge pour la simple raison qu’
ils
ont dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français » qu
978
ue et de crier rouge pour la simple raison qu’ils
ont
dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français » qui s’
979
e mépris, en prenant le contre-pied de tout ce qu’
il
inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus fran
980
ême est ce qu’il y a de plus français ; que c’est
elle
qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authentiquement, si
981
a quatrième dimension. Aragon et les surréalistes
auront
raison même encore s’ils ont tort, envers et contre toutes les critiq
982
n et les surréalistes auront raison même encore s’
ils
ont tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur a
983
les surréalistes auront raison même encore s’ils
ont
tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur adres
984
pourrait leur adresser, parce que ces « maudits »
ont
la grâce, parce qu’ils sont la vie, même quand ils appellent la mort,
985
parce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’
ils
sont la vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la pa
986
nt la grâce, parce qu’ils sont la vie, même quand
ils
appellent la mort, parce qu’ils ont la passion et l’incommunicable se
987
a vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’
ils
ont la passion et l’incommunicable secret de l’invention. Il nous f
988
e, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils
ont
la passion et l’incommunicable secret de l’invention. Il nous faut
989
sion et l’incommunicable secret de l’invention.
Il
nous faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violen
990
ïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-
elle
pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humai
991
sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous
avions
besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu
992
urt que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. «
Il
s’y retrouve. » Il pense que c’est bien jeune. Et : encore un qui rue
993
Ici le lecteur se rassure. « Il s’y retrouve. »
Il
pense que c’est bien jeune. Et : encore un qui rue dans les brancards
994
disque de gramo comme par hasard nasille : Nous
avons
tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille divagu
995
s, et aussi pourtant des histoires de copains qui
ont
mal tourné, on pensait bien, ah ! cette jeunesse, mais voyons des aff
996
plus sérieuses. Et tout est dit. Ah ! c’est vrai,
il
allait oublier, il y a encore cette histoire, comment dites-vous, sur
997
rité changeante et toujours évidente, de laquelle
il
se demande vainement pourquoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acc
998
nte, de laquelle il se demande vainement pourquoi
il
n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de
999
l-Genève-Fribourg, avril 1927, p. 131-144. p. On
a
conservé la graphie de l’original, sans doute voulue par l’auteur.
1000
et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir.
Elle
était donc venue. Il la suivait entre les devantures qui se passaient
1001
le train bleu d’un désir. Elle était donc venue.
Il
la suivait entre les devantures qui se passaient de l’une à l’autre d
1002
ries de profils jusqu’au soleil toujours de face.
Il
ne vit plus que la foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain l
1003
yeux bleus, son éblouissement. Soudain la voici,
elle
descend à sa rencontre parmi les éclairs d’un luxe mécanique, le visa
1004
d’un luxe mécanique, le visage dans sa fourrure.
Elle
découvre en passant près de lui le sourire d’amitié mortel de tout ce
1005
e d’amitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais.
Il
s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceu
1006
ui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas
elle
. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âm
1007
rrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle.
Il
pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âmes.
1008
e ceux qui vont à la recherche des âmes. Aussitôt
il
téléphone à ceux du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nou
1009
t immédiatement un fauteuil et un violon, pour qu’
il
en joue, au printemps, s’il savait … R.S.V.P. À Max-Marc-Jean J
1010
et un violon, pour qu’il en joue, au printemps, s’
il
savait … R.S.V.P. À Max-Marc-Jean Jacob Reymond. Une étoile à
1011
sa cette main cruelle… et quitta le bal au matin.
Il
neigeait dans les rues sourdes comme un songe de son enfance. Aux fen
1012
e jour tendre paraissait sous l’égide de la mort.
Il
vit des fleurs de son enfance, une églantine, quelques roses, un sour
1013
flocons, plus perfides que des murmures d’adieu.
Il
tomba parmi les statues, dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêt
1014
cide ou la promenade en bateau À Grego More.
Il
disait : « Je suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’o
1015
More. Il disait : « Je suis né pour la mort. »
Il
fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’après-midi, comme un ca
1016
l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil.
Il
respire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des êtres véritables.
1017
eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’
ai
pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cet
1018
i, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’
il
est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui
1019
stes neuchâtelois (avril 1927)k Neuchâtel va-t-
elle
redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons-n
1020
hâtel va-t-elle redevenir le centre artistique qu’
elle
fut au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses f
1021
on est peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’
elle
se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécess
1022
de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir s’
il
est possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances générale
1023
faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-
il
, pour une part, la dispersion des efforts artistiques. Tout ce monde
1024
e, énervante, souvent fatale aux novateurs. Alors
ils
s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus eff
1025
x novateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien
ils
se retirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir m
1026
nt d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’
il
rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde
1027
. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’
il
en faille gémir. Une certaine résistance est nécessaire pour que la f
1028
iques autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui
a
25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres don
1029
ouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en
a
près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être a
1030
arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans.
Il
peignait alors des natures mortes, de petits paysages, il dessinait d
1031
ait alors des natures mortes, de petits paysages,
il
dessinait des nus aux crayons de fard. C’était un peu plus Blanchet q
1032
einte en bleu vif et ornée de surprenants batiks,
il
s’est livré pendant quelques années à des recherches un peu théorique
1033
out est lisse et parfait. Trop parfait seulement.
Il
manque à ces recompositions de la nature, à ces natures remises à neu
1034
, cette tête prisonnière qui regarde ailleurs… Qu’
il
sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’il voit dans la petite
1035
il sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’
il
voit dans la petite cité ouvrière, et c’est merveille de constater co
1036
la vie. La série de gravures sur bois colorées qu’
il
intitule la cité est un petit chef-d’œuvre de réalisme stylisé. C’est
1037
mum d’expression. Cette « simplicité précieuse »,
il
sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’il décore une bannière, f
1038
ité précieuse », il sait la conférer à tout ce qu’
il
touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose une a
1039
», il sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’
il
décore une bannière, fabrique une poupée, compose une affiche ou une
1040
oupée, compose une affiche ou une mosaïque, c’est
elle
qui permettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de c
1041
es. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre qu’
il
glisse si souvent là où on l’attend le moins. Conrad Meili apporte ch
1042
inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui
a
choisi de s’astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout e
1043
et qui tout en s’épurant dans des formes claires
a
su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité comb
1044
rant dans des formes claires a su les renouveler.
Il
nous apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop
1045
bative qui manque trop souvent au Neuchâtelois. S’
il
casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt
1046
nt une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7
il
aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuelleme
1047
une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il
aura
bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuellement, M
1048
lle d’hôtel en collaboration avec Paul Donzé. Qui
eût
cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais au
1049
habiller une idée. Voyez son portrait de Meili :
il
ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans
1050
: il ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais
il
taille ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la
1051
ceau la palpe, la presse, la réduit à la forme qu’
il
voit. Il y a de la sensualité dans l’écrasement de ses couleurs, une
1052
icate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole,
il
peint Florence avec des roses et des jaunes jamais mièvres, sous l’œi
1053
Donzé touché à son tour par la grâce décorative,
il
n’en reste qu’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garç
1054
ique et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais
il
a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la pei
1055
e et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais il
a
toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la peint
1056
s défauts mêmes ou ses fausses négligences ; mais
il
faut pour comprendre cet art emprunter de singuliers chemins d’accès.
1057
ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’
il
est un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant
1058
ires qui s’épanouissent sur les toiles de Meuron.
Il
semble toujours qu’il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où
1059
t sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’
il
peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlen
1060
l semble toujours qu’il peigne entre deux pluies.
Il
aime ces heures où ciel et onde se mêlent, et sait rendre mieux que p
1061
-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux,
il
se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières t
1062
Comme peintre religieux, il se cherche encore. On
a
pourtant l’impression, à voir ses dernières toiles, d’une plus grande
1063
ment on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens.
Il
fut un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le ch
1064
le chef d’une école du gris-noir neurasthénique.
Il
peignait des natures mortes qui décidément l’étaient, à faire froid d
1065
un mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà
il
avait des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà par
1066
mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà il
avait
des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà paraissai
1067
issaient dans les Voix (cette courageuse revue qu’
il
avait fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétu
1068
aient dans les Voix (cette courageuse revue qu’il
avait
fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétueux ré
1069
mble s’être opérée. Humbert est rendu à lui-même.
Il
atteint son équilibre et sa maîtrise avec une toile comme le Potier.
1070
z un Charles Humbert livré à sa fougue originale.
Il
y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint
1071
rles Humbert livré à sa fougue originale. Il y en
a
plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint par lu
1072
le. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud.
Il
suffit de le voir peint par lui-même pour s’en assurer. La tête large
1073
e cou robuste, les mains d’un si beau dessin, qui
ont
du poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression de pu
1074
i semble se faire une volupté de la discipline qu’
elle
s’impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le costume
1075
ient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’
il
le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-
1076
ert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais
il
aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est
1077
u’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’
il
doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens anci
1078
lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit
avoir
faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme
1079
r la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car
il
est artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère
1080
ui s’y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’
il
peint ou modèle, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (elle
1081
e, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (
elle
peint aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce qu’en fait so
1082
voici François Barraud, le plus jeune des frères.
Il
vient apporter des dessins qui ressemblent beaucoup aux petites huile
1083
, très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être.
Il
suivait son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris
1084
it son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’
il
avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour le
1085
son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il
avait
pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour les jeun
1086
u à peu des choses bien curieuses sur son compte.
Il
a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et
1087
peu des choses bien curieuses sur son compte. Il
a
fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et d
1088
. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’
il
se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieuse
1089
n m’assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges.
Il
administre une feuille religieuse. Il déniche à Paris des tableaux my
1090
d’oranges. Il administre une feuille religieuse.
Il
déniche à Paris des tableaux mystérieux qu’il relègue dans son atelie
1091
se. Il déniche à Paris des tableaux mystérieux qu’
il
relègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez un
1092
bjet le plus banal se charge de mystère. Que va-t-
il
se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte prod
1093
e de ces machines à explorer l’au-delà. En vérité
il
faut être sorcier ou artiste pour changer en instruments métaphysique
1094
venir de Charles Harder, qui est mort jeune, sans
avoir
pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûr
1095
mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure.
Il
a laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’u
1096
t jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il
a
laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’un
1097
ne, un sculpteur qui saura s’imposer. Léon Perrin
a
compris tout le parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans
1098
décomposition primitive en plans. C’est ainsi qu’
il
atteint d’emblée dans ses statues à un beau style dépouillé et hardi.
1099
inement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin semble
avoir
évolué vers une plus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à se
1100
n de style donnée par le cubisme aux artistes qui
ont
su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubist
1101
iguë. Notre revue n’est certes pas complète. Mais
elle
a du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des ci
1102
Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle
a
du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des circ
1103
7 sera la première manifestation collective. Est-
il
possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus orga
1104
aussi différentes par leur objet et le domaine où
elles
se réalisent que celles de Le Corbusier8, Meili, Evard, Perrin, manif
1105
, notre but serait suffisamment atteint si nous n’
avions
fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune peinture orig
1106
rmonie des lignes ; où la lumière éclaire plus qu’
elle
ne caresse ; où pourtant les hivers les plus durs réservent des douce
1107
st un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’
a
d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité
1108
ance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge :
il
devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique re
1109
e honte et de douleur. « On vend de l’étoffe… eux
ils
se vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. S
1110
nd de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob
a
renié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le pèr
1111
le père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’
ils
m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur L
1112
Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’
ils
me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit gras
1113
oisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’
avez
assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemont D
1114
René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
ai
Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’inq
1115
aiment ? C’est l’exigence d’une détresse cachée ;
elle
fait bientôt considérer toute joie comme illusoire et livre l’individ
1116
l’individu pieds et poings liés à l’obsession qu’
il
voulait avouer pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serai
1117
’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serait-
elle
à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de c
1118
de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’
elle
s’acharne sur le détail dégoûtant et mesquin de certain milieu bourge
1119
et un sérieux humain qui forcent la sympathie.
ai
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel, La Mort difficile
1120
ves éveillés, entre deux gorgées d’un élixir dont
il
voudrait bien nous faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup
1121
verres, se posent sur les cordes d’une lyre dont
ils
font grésiller l’accord, une patte en l’air, becquètent le cœur d’une
1122
tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’
ai
la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragique
1123
e sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’
il
s’agit de ne pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj.
1124
e dans les idées (mai 1927)al « De quoi s’agit-
il
? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ces deux tentations, cédant
1125
ine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres y
ont
apporté de secrètes complaisances, ou une arrière-pensée d’apologie,
1126
Celui-ci bat sa coulpe avec une saine rudesse. «
Il
s’examine jusqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a est
1127
usqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors
il
a esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’es
1128
u’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il
a
esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’est
1129
les « éclats de l’impuissance ». Un plus délicat
eut
compris que certains des morceaux très divers qui composent ce livre
1130
magnifiquement jetés. Mais cette imperfection, s’
il
ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise q
1131
’il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-
il
avec une franchise qui la rend sympathique. Et puis, tout de même, on
1132
r chez les jeunes écrivains français un homme qui
ait
à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique d
1133
es au sérieux en France par quelques jeunes gens.
Il
faut louer Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est q
1134
e par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’
avoir
échappé au surréalisme en tant qu’il n’est que le triomphe de la litt
1135
r Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’
il
n’est que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su e
1136
le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’
avoir
su en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’au boutisine » qu
1137
et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’
a
appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dép
1138
er. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on
eut
déposé devant Isidore un malaga et une eau minérale devant son étrang
1139
l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’
avais
vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge,
1140
vaient vierge et c’était la joie de leur vie, car
ils
aimaient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant
1141
pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’
elle
ne souffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai
1142
ur qu’elle ne souffrît à cause de moi. Un soir qu’
elle
pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais
1143
quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’
il
a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le len
1144
art d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il
a
de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le lende
1145
ur de la saison. — Au soir, mon père savait tout.
Il
effleura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui so
1146
i souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux
avaient
légèrement blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus disti
1147
endemain, ses cheveux avaient légèrement blanchi.
Il
me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle
1148
talgie. Pour lui, sans doute, j’étais perdu. Mais
il
souffrait d’autre chose encore : il se savait vieux, maintenant. » Je
1149
s perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore :
il
se savait vieux, maintenant. » Je songeais justement à un sourire de
1150
songeais justement à un sourire de mon amie quand
il
voulut m’adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon
1151
’adresser la parole après un silence vertigineux.
Il
vit mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout
1152
nuit et je partais dans une direction quelconque.
Il
advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — J
1153
ar instants l’air de la dernière danse, mais nous
avions
aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop vaste, c
1154
reux — celui justement que j’entrevoyais. » Quand
elle
se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans s
1155
sion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
avait
-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout en mo
1156
le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’
avait
emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des paresse
1157
de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais
il
est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance
1158
et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’
ils
appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. » C’est
1159
Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici,
il
but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il
1160
prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-
il
, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore qu
1161
us vulgaires et des plus généralement répandus, j’
ai
vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions élément
1162
nt le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’
a-t
-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allais o
1163
Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’
ai
pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nom
1164
n parut satisfait de cette dernière plaisanterie.
Il
but avec beaucoup de délicatesse quelques gorgées d’eau minérale. Isi
1165
ins compromettante, sur cette vie dont le récit n’
avait
pas laissé que de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout m
1166
t endroit. « Une chose avant tout me frappe — dit-
il
, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de mauvaise politi
1167
e, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie.
Elle
est sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme un divertis
1168
tre vie. Elle est sans bavures, sans réticences ;
elle
m’apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. E
1169
irer de votre conduite les conclusions morales qu’
elle
paraît impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-je…, de juvéni
1170
l’agressif — effet d’une timidité naturelle dont
il
paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieu
1171
vous dire que si vous me trouvez un peu potache,
il
n’est pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais juste
1172
ache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’
ait
point raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison.
1173
raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’
avoir
raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoi
1174
aussi bien que vous ce que mes principes peuvent
avoir
de « bien jeune », de banal presque, et, pis, d’agréablement paradoxa
1175
aines de mes plaisanteries la dérision secrète qu’
elles
masquent par caprice. ...............................................
1176
e Belles-Lettres sont propres à leur auteur et qu’
elles
n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
1177
Conseils à la jeunesse (mai 1927)u « On
a
reproché bien des choses aux romantiques : le goût du suicide, l’habi
1178
es temps seront guéris de leur crise, les valeurs
auront
retrouvé leur stabilité, et comme M. Albert Muret dont le Journal de
1179
e cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or,
ils
nous paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qu
1180
le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous
avez
fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air
1181
attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t-
elle
revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui plaire,
1182
irard : lui seul connaît l’adresse de Patsy, mais
il
ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites qu
1183
es que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux.
Il
sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatig
1184
rocédés lassants ». Pierre Girard n’écoute plus :
il
pense à des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous c
1185
à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car
il
semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un end
1186
lus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’
il
force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par excès de facilité
1187
us ne regardions que les jambes des femmes », dit-
il
, pour vous apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravi
1188
parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’
aviez
pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce p
1189
nce le nom de tel de vos confrères, si je dis : «
Avez
-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradi
1190
: c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on
aurait
pour Nietzsche : que c’est de la littérature. Alors, quelque paysan d
1191
royais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’
ai
tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonn
1192
uoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’
ai
lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ?
1193
cérités gardent au moins l’excuse d’une audace qu’
ils
escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y ent
1194
ntemple au miroir de son monocle. Au petit matin,
il
se noie dans un verre à liqueur. Poisson dans l’eau, plumes dans le v
1195
vent, poète au bar, le paradis n’est pas si cher.
Il
y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des
1196
ète au bar, le paradis n’est pas si cher. Il y en
a
aussi qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des béniti
1197
baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’
ils
trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’être nu devant un public sup
1198
e cherche les raisons de votre indignation, quand
il
m’échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent
1199
nt gratuit ». C’est de la littérature. À force d’
avoir
mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd
1200
littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’
ayons
rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la littérature
1201
rientaux cette croyance : nommer une chose, c’est
avoir
puissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un col
1202
nce : nommer une chose, c’est avoir puissance sur
elle
. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du
1203
nce sur elle. Images, pensées des autres, je vous
ai
mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur la lais
1204
Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’
ai
tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, parl
1205
le. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’
il
vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulac
1206
Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît.
Il
est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui
1207
On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’
il
ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui
1208
r. Tel qui raille l’Église et les curés, c’est qu’
il
se fait une très haute idée de la religion. Ainsi, de la littérature
1209
tuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’
elle
. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente
1210
eurs qui sont parfois des actions en puissance15.
Il
faudrait des choses plus lourdes et plus irrésistibles, percutantes.
1211
epuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’
elle
prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz que
1212
l’expression directe de la réalité individuelle.
Elle
serait tellement incommunicable qu’il deviendrait inutile de la publi
1213
viduelle. Elle serait tellement incommunicable qu’
il
deviendrait inutile de la publier. Et même, en passant à la limite, o
1214
, en passant à la limite, on peut imaginer que si
elle
était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans v
1215
n les rites d’une esthétique ou d’une autre, plus
ils
perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous
1216
te esthétique ou de ce sens social, — et voilà qu’
ils
perdent même la problématique utilité de liaison qui était leur excus
1217
re. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’
a
d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des moul
1218
le plus profond, qui est proche du sens biblique.
Il
ne s’agit pas de la connaissance abstraite et rationnelle dont le mon
1219
par attitude que vous la guérirez. Au contraire,
il
s’agit de l’envisager sans fièvre, pour en circonscrire les effets. J
1220
littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Quand
il
parle littérature, il a toujours l’air de mettre un peu les pieds dan
1221
ivains d’aujourd’hui. Quand il parle littérature,
il
a toujours l’air de mettre un peu les pieds dans le plat, de dire de
1222
ins d’aujourd’hui. Quand il parle littérature, il
a
toujours l’air de mettre un peu les pieds dans le plat, de dire de ce
1223
e dire de ces choses qu’entre gens du métier l’on
a
convenu de passer sous silence. C’est assez drôle de voir le malaise
1224
sez drôle de voir le malaise des chers confrères.
Ils
ne pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils
1225
s à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’
ils
n’ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode
1226
toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’
ont
pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode ou de
1227
savantes séductions. On sait bien, d’ailleurs, qu’
elle
les entretient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on puisse viv
1228
a littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’
ai
pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un a
1229
apperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir
il
faille écrire pour vivre, possible ; mais, pour sûr, jamais vivre pou
1230
vre pour écrire16. De tous les prétextes que l’on
a
pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisant
1231
ux compte de la réalité, c’est André Breton qui l’
a
exprimé : « On publie pour chercher des hommes, et rien de plus. » Ch
1232
suivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’
elle
nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous
1233
re acceptation des réalités spirituelles parce qu’
elles
troublent leurs bureaucratiques sécurités. Pourtant, vous voyez bien
1234
» peuvent encore se reconnaître. Quand bien même
elle
n’aurait plus d’autre excuse que celle-là, la littérature mériterait
1235
ent encore se reconnaître. Quand bien même elle n’
aurait
plus d’autre excuse que celle-là, la littérature mériterait d’exister
1236
elle-là, la littérature mériterait d’exister : qu’
elle
soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes cert
1237
e m’aide à découvrir quelques êtres par le monde…
Il
ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini une « maladie »
1238
de… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’
ai
défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma
1239
quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’
elle
exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j
1240
plus grands que les bienfaits que j’en escompte,
il
sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez «
1241
scandaleux. Le Grand Écart, roman de M. Cocteau,
a
donné son nom à un établissement de nuit très en vogue à Paris. Cambr
1242
aragraphe, après « Narcisse », sans qu’on sache s’
il
s’agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur. 15. Variante : des
1243
». Leurs amours sont des pastiches de Morand, et
ils
en sont tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». v. Rougemon
1244
astiches de Morand, et ils en sont tout fiers : «
Il
n’y a plus qu’à les écrire ». v. Rougemont Denis de, « La part du f
1245
s de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y
a
plus qu’à les écrire ». v. Rougemont Denis de, « La part du feu. Le
1246
er dans les singuliers mouvements de sympathie qu’
a
provoqués l’infortune de l’Action française la fraternité qui existe,
1247
tidémocratisme et les athées du Capitalisme quand
il
est conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communis
1248
ccident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’
avaient
pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. w. Rougemont D
1249
ns. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous
ayons
brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous
1250
aite est toute « statutaire » — si l’on ose dire.
Elle
nous permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamenta
1251
sans fièvre, sans lamentations d’adieu. On nous
a
parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge d
1252
de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous
avons
l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches
1253
s l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous
a
fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’ann
1254
eproches contradictoires. Nous les additionnons :
ils
s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la paradoxale situation int
1255
ictoires. Nous les additionnons : ils s’annulent.
Il
reste à dire deux mots sur la paradoxale situation intellectuelle d’u
1256
ences de ce que vous écrivez ! ») En définitive,
il
semble que certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou
1257
ou bien de ces affirmations dont en vérité l’on n’
a
pas à se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est a
1258
se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’
il
n’en est aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi,
1259
lisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’
avons
aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun remord
1260
mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’
avoir
déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun remord non plus d’avoir troub
1261
te catégorie de lecteurs. Aucun remord non plus d’
avoir
troublé quelques bonnes petites somnolences par des cris intempestifs
1262
par des cris intempestifs. Il y a des gens qui n’
ont
pas encore admis que jeunesse = révolution Tous les malentendus vienn
1263
illard, et même, et surtout, un miracle. Et puis,
ils
ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins g
1264
rd, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils
ont
des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand
1265
thur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On
a
fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-ils ra
1266
ves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-
ils
rallier le dernier disciple du Bienheureux Jean… Et puis, en voilà as
1267
ter à cette lourde charge le poids de nos péchés.
Ils
sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x.
1268
res amours (août 1927)an Ces trois nouvelles n’
ont
guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminisc
1269
Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre
elles
que la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intéri
1270
nt d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui
aurait
pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une
1271
ôté du corps de son ami suicidé pour une femme qu’
ils
ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été
1272
du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils
ont
aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de v
1273
et d’une si subtile convenance avec son objet qu’
il
en saisit sans mièvrerie ni vulgarité la grâce un peu trouble et l’in
1274
éalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’
avoir
su donner à ces œuvrettes une si exquise humanité : par lui le « char
1275
fumeux pour caractériser tout lyrisme germanique,
il
faudra opposer l’excellent petit livre d’Edmond Jaloux. C’est un recu
1276
scandinaves et des romantiques allemands parce qu’
il
partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appel
1277
la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui
a
rencontré plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait qu’on dirait
1278
is, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui
elle
est en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au moins obscurém
1279
res pour qui elle est en somme inutile : parce qu’
ils
possèdent déjà, au moins obscurément, le sens des réalités sur lesque
1280
On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’
ont
plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend un m
1281
aux convertis — qui n’ont plus besoin de preuves.
Il
reste qu’un livre comme celui-ci tend un merveilleux piège sentimenta
1282
piège sentimental à la raison raisonnante. Et qu’
il
nous mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littérair
1283
, de gazetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-
il
, ne sont pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. R
1284
auteur raconte dans une lettre à une amie comment
il
a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fa
1285
eur raconte dans une lettre à une amie comment il
a
écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fami
1286
milieu d’une effusion « lyrique », histoire de n’
avoir
pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de v
1287
rique », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais
il
a des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son
1288
ue », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il
a
des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son bo
1289
« si arbitraire et si facultative », je me dis qu’
il
n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scie
1290
urité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp
ait
prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres déda
1291
e, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’
il
était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre pl
1292
ait de taille à affronter d’autres dédales ! Mais
il
a su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages
1293
de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il
a
su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages.
1294
s dédales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’
il
n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et le
1295
anvier 1928)aq C’est un livre sympathique ; et
il
vaut la peine de le dire car la chose n’est pas si fréquente dans la
1296
tions lyriques à leur propos. Mais dans ce roman,
il
n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensib
1297
yriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y
a
plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibilité.
1298
r ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’
elle
subit comme jeune épouse d’un comte polonais, grand seigneur médiatis
1299
ais) assez peu intéressante à vrai dire, parce qu’
elle
n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la te
1300
es, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’
il
ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles mais
1301
Le péril Ford (février 1928)
a
On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au co
1302
Le péril Ford (février 1928)a On
a
trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire,
1303
ue. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’
a
pas connu de période où les directions d’une civilisation apparaissen
1304
e question de quelques années. Mais peut-être est-
il
temps encore. Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’une
1305
les, l’Occidental est saisi d’un étrange malaise.
Il
soupçonne, par éclairs, qu’il y avait peut-être dans ces buts une abs
1306
une absurdité fondamentale. L’infaillible progrès
aurait
-il fait fausse route ? Est-il temps encore de le détourner du désastr
1307
urdité fondamentale. L’infaillible progrès aurait-
il
fait fausse route ? Est-il temps encore de le détourner du désastre s
1308
illible progrès aurait-il fait fausse route ? Est-
il
temps encore de le détourner du désastre spirituel vers lequel il ent
1309
de le détourner du désastre spirituel vers lequel
il
entraîne l’Occident ? Cris dans le désert. Déserts des villes fiévreu
1310
le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine…
Il
faudrait d’abord prendre conscience du péril. Nous ne tentons rien d’
1311
nce générale à proclamer le désordre du temps. On
a
peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout est incompr
1312
e de la banqueroute prochaine de sa civilisation.
Il
répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et se tro
1313
tion. Il répugne à admettre qu’une époque entière
ait
pu se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de rega
1314
re ait pu se tromper, et se tromper mortellement.
Il
suffit pourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux.
1315
de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui
a
réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et
1316
a popularité universelle sont signes que l’époque
a
senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’accuse donc
1317
e de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’
il
la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe
1318
telle qu’il la raconte dans Ma vie et mon œuvre.
Il
naît fils de paysan. Il passe son enfance à jouer avec des outils, «
1319
dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan.
Il
passe son enfance à jouer avec des outils, « et c’est avec des outils
1320
er avec des outils, « et c’est avec des outils qu’
il
joue encore à présent », dit‑il. Le plus mémorable événement de ces a
1321
vec des outils qu’il joue encore à présent », dit‑
il
. Le plus mémorable événement de ces années de jeunesse, son « chemin
1322
nnées de jeunesse, son « chemin de Damas » (comme
il
dit sans qu’on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’
1323
ans qu’on sache au juste quelle dose d’« humour »
il
met dans l’expression), c’est la rencontre d’une locomotive routière.
1324
’au jour présent, ma grande et constante ambition
a
été de construire une bonne machine routière. » Les étapes de sa jeun
1325
ère automobile fabriquée, à temps perdu, alors qu’
il
est simple mécanicien chez Edison. Il fonde tôt après la Société des
1326
u, alors qu’il est simple mécanicien chez Edison.
Il
fonde tôt après la Société des automobiles Ford, « et commence à réal
1327
ait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’
il
possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat
1328
s celui des milliards qu’il possède, ou plutôt qu’
il
gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activit
1329
at secondaire de son activité. Le but de sa vie n’
a
jamais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé co
1330
mais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre,
il
l’a réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voit
1331
été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’
a
réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures
1332
r. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme
il
est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures par jour, et la
1333
industriel du monde ; le plus riche, au point qu’
il
peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait aus
1334
alaires, des conditions de travail et de repos qu’
il
offre à ses ouvriers semblent bien apporter une solution définitive a
1335
enage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’
a
pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les socialis
1336
européens ne sauraient l’atteindre. Au contraire,
il
a résolu la question sociale d’une façon qui ne devrait pas déplaire
1337
opéens ne sauraient l’atteindre. Au contraire, il
a
résolu la question sociale d’une façon qui ne devrait pas déplaire au
1338
pas déplaire aux doctrinaires de gauche, lesquels
ont
coutume de promettre à leurs électeurs une organisation complète du m
1339
en supprimant l’esclavage financier de l’ouvrier,
il
supprime la principale cause avouée de la lutte des classes. Il se dé
1340
principale cause avouée de la lutte des classes.
Il
se dégage de la lecture de Ma vie et mon œuvre une impression de nett
1341
épandent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-
il
, en souhaitant que les industriels européens s’en inspirent toujours
1342
rent toujours plus. Ford leur montre le chemin qu’
ils
seront bien obligés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’ils
1343
u’ils seront bien obligés de prendre tôt ou tard.
Il
est préférable qu’ils s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendan
1344
igés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’
ils
s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu’il reste quelques
1345
y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu’
il
reste quelques chances encore de régler pacifiquement le conflit du c
1346
ne le premier exemple de son achèvement intégral.
Il
a atteint l’objectif de la moderne civilisation occidentale. Voici do
1347
le premier exemple de son achèvement intégral. Il
a
atteint l’objectif de la moderne civilisation occidentale. Voici donc
1348
la juger. Le héros de l’époque, c’est l’homme qui
a
réussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser
1349
qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford
a
ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avo
1350
philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous
avons
dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « grande et
1351
vie de Ford, sa « grande et constante ambition ».
Il
semble que toute sa carrière — pensée, méthode, technique — soit cond
1352
tière : naissance de sa passion froide et tenace.
Il
s’efforce d’en réaliser l’objet par ses propres moyens, à un exemplai
1353
t par ses propres moyens, à un exemplaire ; puis,
il
fonde une usine pour multiplier les réalisations. Bientôt, élargissan
1354
réalisations. Bientôt, élargissant son ambition,
il
conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possessi
1355
é par la possession d’automobiles Ford. Et, comme
il
est très intelligent, il a vite fait de démêler les conditions les pl
1356
omobiles Ford. Et, comme il est très intelligent,
il
a vite fait de démêler les conditions les plus rationnelles de la pro
1357
biles Ford. Et, comme il est très intelligent, il
a
vite fait de démêler les conditions les plus rationnelles de la produ
1358
ormes d’autos. Seulement, pour pouvoir continuer,
il
faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut créer la conso
1359
il faut vendre ; dans l’intérêt de la production,
il
faut créer la consommation. La réclame s’en charge. Par le procédé tr
1360
mple de la répétition, on fait croire aux gens qu’
ils
ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La p
1361
lancée. La passion de Ford se donne libre cours.
Il
ne s’agit plus maintenant que de lui donner une apparence d’utilité p
1362
s sophismes plus ou moins conscients par lesquels
il
prétend ramener le bénéfice de la production à celui du consommateur.
1363
rs des clients, quel que soit l’état du marché. »
Il
semble que cela soit tout à l’avantage du client. Mais cherchons un p
1364
ent trop chère ; mais surtout que le besoin qu’on
a
de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’indust
1365
e le besoin qu’on a de tel objet est satisfait ou
a
disparu. Il semble alors que l’industriel n’ait plus qu’à plier bagag
1366
qu’on a de tel objet est satisfait ou a disparu.
Il
semble alors que l’industriel n’ait plus qu’à plier bagage. Mais c’es
1367
ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’
ait
plus qu’à plier bagage. Mais c’est ici que Ford montre le bout de l’o
1368
aisir ou l’intérêt véritable du client. Le besoin
ayant
disparu, la production devant se maintenir, il n’y a qu’une solution
1369
ayant disparu, la production devant se maintenir,
il
n’y a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les
1370
isparu, la production devant se maintenir, il n’y
a
qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les prix.
1371
abaisse les prix. Le client fait la comparaison.
Il
est impressionné par la baisse, au point qu’il en oublie que cela ne
1372
n. Il est impressionné par la baisse, au point qu’
il
en oublie que cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va
1373
n oublie que cela ne l’intéresse plus réellement.
Il
croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un ob
1374
cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’
il
va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, san
1375
ancs moins chers un objet que, sans cette baisse,
il
n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse.
1376
moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’
eût
pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’ind
1377
isse, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit,
il
est trompé par la baisse. L’industriel comptait. La tromperie est pré
1378
scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel
ait
forcé (psychologiquement) le client à faire une dépense superflue ; l
1379
faire une dépense superflue ; le scandale est qu’
il
l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profon
1380
e une dépense superflue ; le scandale est qu’il l’
ait
trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profond, cet
1381
ar cela va bien plus profond, cette tromperie-là.
Elle
peut amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain
1382
e, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame
a
même but, mêmes effets. Mais le plus grave est peut-être le sophisme
1383
-être le sophisme du loisir. M. Guglielmo Ferrero
a
fort bien montré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du mon
1384
dans la conception fordienne de l’oisiveté. Ford
a
créé un second dimanche dans la semaine, « retouché l’œuvre de la Cré
1385
on », comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie.
Il
ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford re
1386
n engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu.
Il
est déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc.
1387
st déterminé par la réclame, les produits Ford qu’
il
faut user, etc. Il a pour but véritable d’augmenter la consommation.
1388
réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc.
Il
a pour but véritable d’augmenter la consommation. Il rend plus comple
1389
clame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il
a
pour but véritable d’augmenter la consommation. Il rend plus complet
1390
a pour but véritable d’augmenter la consommation.
Il
rend plus complet l’esclavage de l’ouvrier, puisqu’il englobe jusqu’à
1391
end plus complet l’esclavage de l’ouvrier, puisqu’
il
englobe jusqu’à son repos dans le cycle de la production. Cercle vici
1392
e vicieux : plus la production s’intensifie, plus
il
faut créer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsiste
1393
bsister qu’en progressant. Mais la nature humaine
a
des limites. Et le temps approche où elles seront atteintes. On peut
1394
re humaine a des limites. Et le temps approche où
elles
seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est con
1395
nos besoins. » — Ford se moque de la philosophie.
Il
ne peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’e
1396
t au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous
avons
affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront rien. D
1397
salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que j’
ai
à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en pratiq
1398
fin de son livre : Le problème de la production
a
été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nou
1399
sons et ne pensons pas assez aux raisons que nous
avons
de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de
1400
en est le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais
il
faudrait en tirer des conséquences, alors que Ford passe outre et se
1401
e et se remet à discuter des points de technique.
Il
n’a pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’
1402
se remet à discuter des points de technique. Il n’
a
pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’aill
1403
uter des points de technique. Il n’a pas senti qu’
il
touchait là le nœud vital du problème moderne. D’ailleurs, les idées
1404
ette sorte sont rares dans son livre. En général,
il
se borne à parler de problèmes techniques où son triomphe est facile.
1405
en parfait qui combat les techniciens imparfaits.
Il
ne se demande jamais si la technique même la plus perfectionnée mérit
1406
me la plus perfectionnée mérite les sacrifices qu’
elle
exige de l’homme moderne. Paradoxes plus ou moins intéressés, optimis
1407
ds esprits de tous les temps. On me dira que Ford
a
mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’insiste un pe
1408
Le phénomène n’est pas nouveau en Occident, mais
il
est ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui, à force de subtil
1409
justiciable encore de nos vérités essentielles ?
Il
semble bien que notre temps ait prononcé définitivement le divorce de
1410
tés essentielles ? Il semble bien que notre temps
ait
prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’action. III
1411
sprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous
avons
voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous
1412
ui une aventure que nous pensions gratuite : nous
avons
cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arrière-pen
1413
’est pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’
il
a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but vérita
1414
t pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il
a
prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritabl
1415
is par l’importance qu’il a prise dans notre vie,
il
détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esprit, y c
1416
l’essentiel une grande part des forces humaines,
il
travaille contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons notre pass
1417
ses de l’Esprit. Dans le cas le plus favorable, «
il
se passera bien de cette littérature ». Plus tard, « puisqu’elle n’es
1418
bien de cette littérature ». Plus tard, « puisqu’
elle
n’est pas utile, elle est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou au
1419
ture ». Plus tard, « puisqu’elle n’est pas utile,
elle
est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œuvres destinées
1420
. « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on
a
compris à quel point le fordisme et l’Esprit sont incompatibles, le m
1421
écanique bien huilée, au mouvement si régulier qu’
il
en devient insensible et que la fatigue semble disparaître, l’homme s
1422
s d’horlogerie calculé une fois pour toutes et qu’
il
sent immuable comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du soi
1423
monde, c’est-à-dire à une nature dont l’usine lui
a
fait oublier jusqu’à l’existence, et à une liberté qu’il s’empresse d
1424
oublier jusqu’à l’existence, et à une liberté qu’
il
s’empresse d’aliéner au profit de plaisirs tarifés, soumis plus subti
1425
mande sans rapport avec ses désirs réels, et dont
il
subit docilement l’abstraite et commerciale nécessité. Ennui, fatigue
1426
es exigences les plus rudimentaires de son corps.
Il
a perdu le contact avec les choses naturelles, et par là même, avec l
1427
exigences les plus rudimentaires de son corps. Il
a
perdu le contact avec les choses naturelles, et par là même, avec les
1428
turelles, et par là même, avec les surnaturelles.
Il
en ressent une vague et intermittente détresse, — qu’il met d’ailleur
1429
ressent une vague et intermittente détresse, — qu’
il
met d’ailleurs sur le compte de sa fatigue. Neurasthénie. La conquête
1430
. Neurasthénie. La conquête du confort matériel l’
a
laissé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’il n’éprouve plus
1431
aissé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’
il
n’éprouve plus même cette carence ; seulement, peu à peu, il découvre
1432
e plus même cette carence ; seulement, peu à peu,
il
découvre qu’il s’ennuie profondément ; fatigué de trop de satisfactio
1433
te carence ; seulement, peu à peu, il découvre qu’
il
s’ennuie profondément ; fatigué de trop de satisfactions matérielles,
1434
t ; fatigué de trop de satisfactions matérielles,
il
a laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effor
1435
fatigué de trop de satisfactions matérielles, il
a
laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effort
1436
factions matérielles, il a laissé se détendre, ou
il
a cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et généreux, le sent
1437
tions matérielles, il a laissé se détendre, ou il
a
cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et généreux, le sentim
1438
joie : l’effort libre et généreux, le sentiment d’
avoir
inventé ou compris par soi-même, la liberté et une certaine durée nor
1439
res, humains et divins. Mauvais loisirs. Ford lui
a
donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraimen
1440
mirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment,
il
ne lui manque plus rien — que l’envie. Mauvais travail. Il a perdu le
1441
manque plus rien — que l’envie. Mauvais travail.
Il
a perdu le sens religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut p
1442
nque plus rien — que l’envie. Mauvais travail. Il
a
perdu le sens religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut plu
1443
le sens religieux, cosmique, de l’effort humain.
Il
ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribue
1444
dans le monde, lui attribuer sa véritable valeur.
Il
sent obscurément que son travail est antinaturel. Il le méprise ou le
1445
sent obscurément que son travail est antinaturel.
Il
le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’escl
1446
méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos,
il
en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature,
1447
ur s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature,
il
est condamné à ne plus saisir que des rapports abstraits entre les ch
1448
isir que des rapports abstraits entre les choses.
Il
ne comprend presque plus rien à l’Univers. Par la technique, l’Occide
1449
rien à l’Univers. Par la technique, l’Occidental
a
prétendu maîtriser la matière et parvenir à une liberté plus haute. O
1450
rvenir à une liberté plus haute. Or, la technique
a
révélé des exigences telles que l’Esprit ne peut les supporter. Il ab
1451
gences telles que l’Esprit ne peut les supporter.
Il
abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui nous permet
1452
toire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus.
Elle
nous donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons,
1453
faculté destinée à amuser nos moments de loisir,
il
a des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction a
1454
culté destinée à amuser nos moments de loisir, il
a
des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction ave
1455
» très spécial, — on les écarte des engrenages où
ils
risqueraient de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on
1456
ages où ils risqueraient de faire grain de sable.
Ils
se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées
1457
es forces occultes sans doute dangereuses, puisqu’
elles
les rendent inutilisables dans les rouages de la vie moderne. Le trio
1458
igueur : avec la rigueur de la nécessité — puisqu’
elle
est inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. La logique,
1459
uche de Ford : « Inutile, donc à détruire. » Ford
a
raison, une fois de plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais
1460
it autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous
avons
mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simplement des
1461
échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire,
il
n’est plus temps de se désintéresser simplement des buts — si bas soi
1462
désintéresser simplement des buts — si bas soient-
ils
— d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de périr
1463
sous le poids de laquelle nous risquons de périr.
Il
se prépare déjà des révoltes terribles4, celles d’un mysticisme exasp
1464
u dans sa prison. Les intellectuels d’aujourd’hui
ont
une tâche pressante : chercher s’il est possible d’échapper au fatal
1465
’aujourd’hui ont une tâche pressante : chercher s’
il
est possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la soluti
1466
question de foi. 1. Une enquête faite à Genève
a
révélé que les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon
1467
rance, en Amérique ; poussée mystique en Russie.
a
. Rougemont Denis de, « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris, février 1
1468
à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois
avaient
fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. D
1469
osait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-
il
accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sin
1470
ime — bien qu’on pense généralement le contraire.
Il
est très vrai que les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont
1471
ologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’
ayant
pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je
1472
. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’
avais
d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis
1473
venir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’
avais
même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’omb
1474
s, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’
avais
demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare
1475
évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi,
il
n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me v
1476
sparente : la mort même en devient moins brutale.
Elle
rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus que l’approch
1477
ale. Elle rôde ici comme une tristesse amoureuse.
Elle
n’est plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours
1478
que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin
avait
parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais
1479
e détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’
avoir
entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au
1480
le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-
il
, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous
1481
otre souffrance… Mais le temps approche où vous n’
aurez
plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitt
1482
ns son collier de barbe noire. Je sentis que je l’
avais
déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui
1483
rbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu.
Il
portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, p
1484
r, pouvait passer pour une élégance très moderne.
Il
n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’e
1485
ait passer pour une élégance très moderne. Il n’y
avait
dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pa
1486
te sa personne rien de positivement démodé ; je n’
eus
même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le
1487
ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’
avait
jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir entre
1488
omard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit-
il
, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens
1489
né. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce qu’
ils
y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’
1490
l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’
a
guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répond
1491
que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses,
a
peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez
1492
s une chose que je comprends assez bien, ajouta-t-
il
, mais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme
1493
ésespérément à ses manches. De terreur, le homard
avait
rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gér
1494
ses manches. De terreur, le homard avait rougi :
il
conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gérard semblai
1495
inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’
ai
aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-
1496
eux attributs différents. Toutes les femmes qui m’
ont
retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’éta
1497
mes qui m’ont retenu un instant, c’était parce qu’
elles
évoquaient cet amour, c’était parce que je découvrais en elles de sec
1498
ent cet amour, c’était parce que je découvrais en
elles
de secrètes ressemblances, qui pour d’autres paraissaient purement my
1499
t jamais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme !
elle
n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la
1500
e n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’
ai
su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela s
1501
paya quelques œillets rouges en lui expliquant qu’
elle
devait les donner à la première jolie femme qui passerait seule. Nous
1502
eurs pour se donner le temps de regarder autour d’
elle
; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit
1503
êt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ;
elle
finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire du type le plu
1504
courant : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! »
Il
n’y avait plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux h
1505
: « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y
avait
plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux hommes — et
1506
outume viennoise. L’enfant était charmante, comme
elles
le sont presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo
1507
c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-
il
. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moin
1508
de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’
ai
vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité
1509
qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’
elles
le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins bl
1510
és s’amusent plus grossièrement que des barbares,
ils
s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissement
1511
ntent ne savent plus ce que c’est que le plaisir.
Ils
prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été préparées pour leur
1512
laisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’
ont
pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni le
1513
ueurs qui n’ont pas été préparées pour leur soif.
Ils
ne savent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t
1514
ignes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-
il
bruyamment dans ces lieux : cet orchestre triomphant suffit à peine à
1515
eauté. Mais je crois que l’Orient est devenu fou.
Il
ne comprend plus rien. » Des bugles agonisaient, aux dernières mesure
1516
pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-
elle
d’un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux l
1517
rda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit-
il
doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblanc
1518
-il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’
avez
pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille n
1519
llement la belle effarée, et nous sortîmes, après
avoir
délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexati
1520
lire les signes. » Comme je ne répondais rien : «
Avez
-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clef
1521
répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-
il
. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemp
1522
ous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’
ai
oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir,
1523
y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir,
il
serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça :
1524
t dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi
il
prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque ém
1525
ïe de cette phrase célèbre. Ensuite, je pensai qu’
il
arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la première fois d
1526
aisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge
avaient
peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des
1527
uarium de rêves, discourt et décrit les images qu’
il
y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Cl
1528
parle avec une liberté magnifique et angoissante.
Il
mêle tout dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages
1529
e que tout revit en un instant dans cette vision,
il
connaît enfin la substance véritable et unique de toutes ses amours,
1530
bstance véritable et unique de toutes ses amours,
il
communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne so
1531
s mouvants dans la lueur bariolée des sentiments,
ils
ne sont que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin
1532
boles : le vrai drame de son destin est ailleurs.
Il
se met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui c
1533
outes les formes animales. Pour lui, les choses n’
ont
d’intérêt que par les rapports qu’il leur devine avec la réalité extr
1534
es choses n’ont d’intérêt que par les rapports qu’
il
leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il m’enseigne que la pas
1535
u’il leur devine avec la réalité extra-terrestre.
Il
m’enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne,
1536
seigne que la passion seule, par la souffrance qu’
elle
entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leur
1537
. La fatigue calme son lyrisme et son exaltation.
Il
semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui n
1538
t son exaltation. Il semble se rapprocher de moi.
Il
me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos s
1539
savants retombés en pleine barbarie spirituelle.
Il
plaisante. Il dit que la vie ressemble surtout à un film où les épiso
1540
bés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante.
Il
dit que la vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’appellen
1541
se voient par transparence au travers de l’autre.
Il
dit : « Pour celui qui saisit les correspondances, chaque geste, chaq
1542
us le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’
il
faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendrait to
1543
presque plus rien ; à peine, de temps en temps, s’
il
parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi. E
1544
tant, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’
il
en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et que depu
1545
devenait nerveux et que depuis quelques semaines,
il
avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion e
1546
enait nerveux et que depuis quelques semaines, il
avait
dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la f
1547
elques semaines, il avait dû le mettre au caviar.
Il
en demanda donc une petite portion et la fit prendre au homard avec t
1548
ut cela s’empila dans des autos ; en dix minutes,
il
n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’
1549
s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y
eut
plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient
1550
rs en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois.
Il
avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’ape
1551
en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois. Il
avait
murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus q
1552
t — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques.
Il
a aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où
1553
et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il
a
aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où s
1554
oir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu’
elle
ouvre des perspectives d’évasion — où seuls les poètes savent se perd
1555
e perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’
avoir
emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de lecteurs
1556
rgue sous les yeux de poulpes géants. Jules Verne
a
véritablement soumis la science à la poésie. Et l’on ne veut voir que
1557
se jetaient sur ces volumes « au travers desquels
ils
respiraient l’air du monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonné
1558
d’une conception de la littérature si pédante qu’
elle
exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styli
1559
t un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’
il
n’est styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfan
1560
ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter,
il
suffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que
1561
Aragon, Traité du style (août 1928)
as
Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à m
1562
e aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’
ils
les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a
1563
’ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui
a
le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (be
1564
r leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour,
a
dit conséquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il est même un
1565
conséquemment beaucoup de choses vraies (belles).
Il
est même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné qu
1566
l est même un des très rares parmi les jeunes qui
ait
vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré
1567
it vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’
ai
lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien f
1568
. Mais la seconde partie du livre est admirable ;
il
suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’ex
1569
our crier : Lâches, vous refusez d’avancer ! Mais
il
reste à portée de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le
1570
e de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle.
Il
le tient magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, d
1571
ccède à des objets qui enfin valent le respect.
as
. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Aragon, Traité du style », Bi
1572
es surréalistes débattent la question de savoir s’
ils
vont se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur
1573
leur point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes.
Ils
se tournent donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire — nous som
1574
universellement méprisées. Mais les surréalistes
ont
leur responsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’est bornée
1575
re un état de choses justement détesté, mais dont
ils
participent plus qu’ils ne le croient. Certes il était urgent de fair
1576
tement détesté, mais dont ils participent plus qu’
ils
ne le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « cette
1577
ils participent plus qu’ils ne le croient. Certes
il
était urgent de faire la critique de « cette réalité de premier plan
1578
ance positive de ce qu’il y a sous cette réalité.
Il
est certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret d
1579
u’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’
ils
avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils compre
1580
y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils
avaient
le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient
1581
e courage de se soumettre au concret de l’esprit,
ils
comprendraient que le « service dans le temple » s’accommode mal de t
1582
en très beau style contre un monde très laid dont
ils
n’ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. Rougemont
1583
s beau style contre un monde très laid dont ils n’
ont
pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. Rougemont Denis
1584
es chefs pour l’une ou l’autre de ces attitudes. (
Elles
ne sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux
1585
les ne sont pas essentiellement contradictoires :
elles
représentent deux manières de sentir l’unité d’une époque obsédée d’a
1586
concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’
il
décrive la vie intense et instable des acteurs du drame, l’aspect quo
1587
it parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais
il
est plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne p
1588
plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et
il
ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis
1589
i, mais à coups de faits, une discussion d’idées.
Il
est surtout la description d’une angoisse que le nihilisme de M. Malr
1590
t lui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : «
Il
me semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je
1591
ant de jeunes hommes de l’après-guerre, Malraux l’
a
vécue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine est décisif : « La
1592
décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas
elle
est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits.
1593
évolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’
elle
… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’est ainsi que,
1594
asqué par l’enchaînement passionnant de l’action,
il
se dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intellige
1595
grimace. Cette intelligence et cette sensibilité
ont
quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’elles s’appliquent
1596
quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’
elles
s’appliquent à distinguer les forces déterminantes de l’heure, à les
1597
éçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer
ait
séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son beau regard de
1598
end que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’
ait
point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi
1599
ssi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer.
Il
reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ain
1600
aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’
il
a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d
1601
si rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il
a
voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’u
1602
l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’
il
l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez moros
1603
giner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’
a
pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ;
1604
u’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi.
Il
offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mais à grande éche
1605
z morose ; mais à grande échelle. M. de Pourtalès
a
su rehausser le tableau avec beaucoup d’adresse et de charme : Wagner
1606
osait par hasard de moyens d’action puissants : s’
il
les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’
1607
ar hasard de moyens d’action puissants : s’il les
a
gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas
1608
d’action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’
il
a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet d
1609
action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il
a
eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de
1610
tion puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a
eu
peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Lis
1611
: s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’
il
a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopi
1612
s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il
a
eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin,
1613
il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a
eu
peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’
1614
c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’
il
n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, do
1615
qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’
a
pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc l
1616
llusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’
il
préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient de moin
1617
n’était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’
a
résolu d’une façon fort adroite mais non moins franche. av. Rougem
1618
autour de sa vie le plus grand mystère. Cependant
il
aime à raconter certaines scènes terrifiantes de la révolution : il a
1619
certaines scènes terrifiantes de la révolution :
il
a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il
1620
rtaines scènes terrifiantes de la révolution : il
a
été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il su
1621
ntes de la révolution : il a été condamné à mort,
il
s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français
1622
mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même…
Il
subjugue le jeune Français par ces évocations et l’espèce de fièvre q
1623
nçais par ces évocations et l’espèce de fièvre qu’
il
y apporte. Mais plusieurs incidents éveillent les soupçons du « petit
1624
éveillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’
il
a choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feinte
1625
eillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’il
a
choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feintes
1626
à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui
ont
connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé. Je reg
1627
ique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on
a
vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez tra
1628
vant-garde une confusion assez tragique, parce qu’
elle
constitue une tentation pour tous les poètes. Le désir de « plus vrai
1629
u. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent,
il
se reconnaît tributaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’il
1630
butaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’
il
la faudrait, sans rien fausser, transcender… aw. Rougemont Denis d
1631
chez lui, cela ne s’est pas porté sur les autos.
Il
préfère s’intéresser aux divers types humains. Mais on lui sait peu d
1632
sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute est-
il
trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner…
1633
sité. Sans doute est-il trop impatient, demande-t-
il
aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit ri
1634
il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’
ils
ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il
1635
r… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ?
Il
en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage que le mo
1636
e lui donne, en son temps, sa petite part. On lui
a
expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En
1637
n son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’
il
fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En d’autres termes
1638
ermes, on lui conseille de rentrer en lui-même. «
Il
se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos
1639
de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi, n’
ayant
plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par l
1640
de nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’
il
n’est pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C
1641
encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’
il
est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se sin
1642
une autre manie de sa génération. Mais là encore
il
se singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qu
1643
sa génération. Mais là encore il se singularise :
il
n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de
1644
e, et là déclare froidement ne pas exister. Non :
il
a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobio
1645
et là déclare froidement ne pas exister. Non : il
a
remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobiogr
1646
aussi bien par celle des miroirs. C’est pourquoi
il
en installe un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’y surpre
1647
des heures entières à se regarder dans les yeux.
Il
varie sur son visage les jeux de lumière et de sentiments. Il découvr
1648
son visage les jeux de lumière et de sentiments.
Il
découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans les moments de p
1649
e genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand
il
est très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard :
1650
uent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué,
il
veut voir encore cette fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même
1651
tte fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même
il
se perd en méditations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il
1652
ations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin
il
court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séan
1653
sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir :
il
est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal
1654
u matin il court se voir : il est laid. Lâchement
il
se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais l’av
1655
ances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu qu’
il
en consent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons da
1656
n offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied.
Il
se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en
1657
son image descend en face de lui par l’ascenseur,
elle
le suit au long des trottoirs, il l’aperçoit entre des souliers, des
1658
l’ascenseur, elle le suit au long des trottoirs,
il
l’aperçoit entre des souliers, des étiquettes, des poupées ; elle le
1659
entre des souliers, des étiquettes, des poupées ;
elle
le précède au restaurant, le nargue brièvement au passage des autos,
1660
oiffeur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse qu’
il
la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’
1661
est avec une sorte d’angoisse qu’il la recherche.
Il
veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de
1662
goisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’
il
est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pour
1663
ut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’
il
lui arrive de prendre son image pour celle de n’importe quel passant,
1664
e son image pour celle de n’importe quel passant,
il
se sent comme séparé de soi, et si profondément différent de cette ap
1665
si profondément différent de cette apparence, qu’
il
doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y c
1666
éalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante.
Il
y cherche une révélation et n’y trouve que le désir d’une révélation.
1667
on. Peut-on s’hypnotiser avec son propre regard ?
Il
n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre l
1668
t-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y
a
plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la cert
1669
qui pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais
il
s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertig
1670
ne à une découverte sur les sept sens de laquelle
il
convient de méditer : la personne se dissout dans l’eau des miroirs.
1671
miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour
avoir
voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce
1672
de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-
il
découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il fau
1673
si qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’
il
faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’homme moderne un bes
1674
vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant qu’
il
se traduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu con
1675
uit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’
a
pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne
1676
r la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas
eu
confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne sait p
1677
est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’
il
est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulen
1678
téphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement,
il
ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas se fatiguer pour
1679
rire l’aspect psychologique d’une aventure qui en
a
bien d’autres, d’aspects. Il est bon que le lecteur dérisoirement tro
1680
d’une aventure qui en a bien d’autres, d’aspects.
Il
est bon que le lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’avoi
1681
lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’
avoir
pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de cette incom
1682
te aux considérations précédentes lui échappe, qu’
il
y voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière.
1683
chappe, qu’il y voie une de ces marques. Stéphane
a
oublié jusqu’au mot de prière. Orphée perd Eurydice par scepticisme,
1684
à propos de rien, Stéphane pense avec fièvre : «
Il
faudrait briser tous les miroirs. Alors tu te verrais en vérité. Peut
1685
de s’hypnotiser l’irrite toujours vaguement. Mais
il
fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourq
1686
ujours vaguement. Mais il fuit son propre regard,
il
se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaine
1687
il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi
il
fait peur à certaines femmes. Un soir, après quelques alcools et un
1688
une amie d’une beauté de plus en plus frappante,
il
croit saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lu
1689
de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà
il
se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stépha
1690
et à lui-même conjointement. Plusieurs ivresses l’
ont
envahi bruyamment, bâillonnent sa raison, l’empêchent de protester co
1691
appels qui reçoivent en même temps leur réponse,
il
répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !… Je ne sai
1692
sage me cache tous les miroirs » — à une femme qu’
il
aimait. n. Rougemont Denis de, « Miroirs, ou Comment on perd Euryd
1693
i raconte sa vie avec une émouvante simplicité et
il
faudrait avoir la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur qu
1694
vie avec une émouvante simplicité et il faudrait
avoir
la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur que c’est bien co
1695
e cette autobiographie tellement au sérieux que j’
ai
été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un hom
1696
au sérieux que j’ai été bien étonné du passage où
il
rappelle qu’il écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne
1697
j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’
il
écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne le voit pas enc
1698
sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où
il
décrit des scènes de son enfance et de sa jeunesse comme ouvrier. L’a
1699
nt dans notre maison. Voici un de ces passages où
il
sait être, avec sa verve doucement comique, si émouvant : « À cette é
1700
mme ou d’une femme quelconque, et disais “houu !”
il
ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que n
1701
d’une femme quelconque, et disais “houu !” il ou
elle
se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous
1702
uchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’
ont
plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie d
1703
blâme, mais comme l’homme nommé Ford, de Détroit,
a
contribué davantage que n’importe quel autre de mon temps à faire abo
1704
la standardization à sa fin logique, ne pourrait-
il
pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendr
1705
à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui
ont
perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’il
1706
perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car
ils
ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvai
1707
u toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils
ont
vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.)
1708
e connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’
ils
n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de cho
1709
aîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’
ont
pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses da
1710
Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’
ils
sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne on
1711
mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne
ont
encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres est en agréable odeur
1712
r à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’
elle
enivre entrent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce qui i
1713
Avant-propos Le dire une bonne fois.
Il
ne faut pas songer à décrire en quarante petites pages tous les méfai
1714
r leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai.
Il
a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 exc
1715
eur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il
a
paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excel
1716
que, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’
il
est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moin
1717
sous un régime radical à sécrétion socialiste qui
a
été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformémen
1718
a été établi par coup de force, que les libéraux
ont
admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgré leur mauvaise h
1719
âtres aboutit à l’instruction publique et grâce à
elle
prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir
1720
lle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’
ai
subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes l
1721
utes les haines. Je serai méchant, parce que j’en
ai
gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien.
1722
rit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement.
Il
est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté.
1723
m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule
eût
pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais
1724
le. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche,
ils
sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être compli
1725
Citoyen conscient et organisé pour la discussion.
Il
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de
1726
isé pour la discussion. Il retrousse ses manches.
Il
s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
1727
sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
il
va parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui s
1728
des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’
ai
encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute
1729
ment exagéré pour la jugeote de l’adversaire ou s’
il
traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâch
1730
ts à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’
aurai
plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : o
1731
temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres
A
ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époq
1732
ux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’
ils
ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuve
1733
ent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’
ils
ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réfor
1734
le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On
a
le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira
1735
les discussions de la tranquillité avec laquelle
ils
brouillent les faits et les principes. Tourmentés par les scrupules d
1736
és par les scrupules de leur conscience libérale,
ils
fuient la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherc
1737
1. Mes prisons
Il
existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’
1738
ndrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est qu’
ils
les confondent avec ceux de leur enfance et les font indûment partici
1739
t participer de la même grâce. Voyez Péguy, quand
il
essaie de nous faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâch
1740
Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’«
il
n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces b
1741
quand il essaie de nous faire croire qu’« il n’y
a
rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces belles
1742
roit… Et de ces beaux problèmes d’arithmétique où
il
fallait si soigneusement séparer les calculs du raisonnement, par une
1743
être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui
a
sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait j
1744
ve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui
a
peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui vo
1745
l, qui a peur de faire faux, parce que les autres
auront
fait juste, et qui voudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter
1746
qu’on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’
il
fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de vaincus, les to
1747
ient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’
avais
appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on
1748
es acides, et naturellement, la phrase sacrée : «
Il
faut que tous fassent la même chose, ici ! » Dans la suite, on se cha
1749
ouleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’
avait
suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’
1750
garde contre moi-même à cause des autres desquels
il
ne fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau s
1751
comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’
ont
aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de cite
1752
» que je viens de citer, je découvris un jour qu’
elle
contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un cert
1753
contient la cause déterminante de notre malaise.
Il
me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais ce
1754
en servir craignant peut-être des découvertes qui
eussent
ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que j
1755
être égaux en tout ? Et la première réponse fut :
Il
faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses
1756
aux vertueuses indignations de nos maîtres quand
ils
dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous éti
1757
ar les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-
ils
assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. M
1758
laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’
il
pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressor
1759
pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on
avait
brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une pe
1760
i les charges de l’État, piliers d’un régime dont
ils
sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure e
1761
e dont ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’
ils
l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions pl
1762
ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’
ont
établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux
1763
aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’
avions
plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent à l’ac
1764
ent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous
avions
acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne
1765
s miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’
il
convient de s’incliner devant les miracles de la science appliquée. O
1766
ait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’
avais
trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérielleme
1767
vré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’
eus
pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
1768
nnues d’anciens camarades d’école primaire. Comme
ils
avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenus pl
1769
s d’anciens camarades d’école primaire. Comme ils
avaient
changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenus plus diffé
1770
e je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’
avaient
pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Ri
1771
urs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause :
ils
n’étaient jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon é
1772
lève qu’un instituteur : de l’un à l’autre il n’y
a
pas de solution de continuité, la différence n’étant qu’une question
1773
x dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi
ai
-je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini
1774
que des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’
il
soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être
1775
ire — ne se prennent pas pour de la petite bière.
Ils
ont conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de
1776
— ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils
ont
conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de loin
1777
ir à une élite responsable, cela se voit de loin.
Il
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le pl
1778
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’
ils
méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter
1779
n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et
ils
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles au
1780
happe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils
auraient
souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles aux finesse
1781
ils auraient souvent l’occasion de s’en douter s’
ils
étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en di
1782
ssieu très instruit, vous êtes presque certain qu’
il
s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on aime rencontrer dans des fa
1783
pédants qu’on aime rencontrer dans des farces où
ils
sont drôles, mais non point dans la vie courante où ils le sont beauc
1784
nt drôles, mais non point dans la vie courante où
ils
le sont beaucoup moins. Le Messieu fait sans doute des vers sur la vi
1785
riodiquement, comme on fait… un rhume de cerveau.
Il
joue de quelque instrument. Il a des idées modernes sur tous les suje
1786
rhume de cerveau. Il joue de quelque instrument.
Il
a des idées modernes sur tous les sujets, espécialement sur la pédago
1787
ume de cerveau. Il joue de quelque instrument. Il
a
des idées modernes sur tous les sujets, espécialement sur la pédagogi
1788
ie. Ce mot revient souvent dans sa conversation ;
il
le prononce avec un inimitable sérieux, avec un P majuscule. On sent
1789
posthumes : l’artiste photographe et le régent. J’
ai
fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogi
1790
ladresse professionnelle. J’en connaissais un qui
avait
coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien
1791
dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’
ai
bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous
1792
que pendant que nous en sommes aux instituteurs :
ils
sortent tous de la même classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est
1793
ue l’apport des instituteurs, ou bien préexiste-t-
il
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-il les petits bourge
1794
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-
il
les petits bourgeois comme le portrait de Numa Droz attirait les mouc
1795
ouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’
ai
ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils sont
1796
t ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois.
Ils
sont au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de
1797
prit petit-bourgeois pris abstraitement et tel qu’
il
se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquine
1798
e. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants
ont
un frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloch
1799
ui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle.
Ils
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodé
1800
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et
ils
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’
1801
3. Anatomie du monstre
Ayant
épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles rai
1802
ne, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’
ai
entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera p
1803
ique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’
elles
me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoig
1804
uisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’
elles
ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je
1805
elles me sont absolument personnelles et qu’elles
ont
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fas
1806
ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins —
il
est temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette
1807
ion passionnément détestée. Vous allez voir comme
il
bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux de beaucoup de ge
1808
tient pour une bonne part à ce que ces personnes
ont
les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que la passion n’a qu’
1809
part à ce que ces personnes ont les yeux faibles.
Il
serait plus juste de dire que la passion n’a qu’une clairvoyance inté
1810
es. Il serait plus juste de dire que la passion n’
a
qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là sont les plus vives.
1811
pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité,
il
s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la
1812
se. Je tiens le « gain de paix » pour illusoire :
il
consiste à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou deux génér
1813
enir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps
elle
s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicali
1814
ales de réalisations pratiques. Le programme
a
) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse
1815
e concentration de l’esprit. b) plan d’études. On
a
divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chac
1816
une vue aussi large que simplifiée. Remarquons qu’
il
suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles d
1817
ers rectangulaires, bien proprement.) Évidemment,
il
est préférable de savoir aussi les noms des sciences élémentaires. Ma
1818
ir aussi les noms des sciences élémentaires. Mais
il
n’est en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfa
1819
enfin des rythmes naturels de l’esprit humain, qu’
il
se trouve que le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division ho
1820
’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur n’
a
point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
1821
l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et
ils
n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe des « contrôl
1822
que trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture
ont
à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facil
1823
, la tricherie est difficile, tandis qu’à l’école
elle
est de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fournies »
1824
s « fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’
a
qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « f
1825
plume de divers maîtres primaires et secondaires.
Ils
n’en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui
1826
ibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’
il
s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons d
1827
s esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’
avez
-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi él
1828
e ou deux autres bêtises de cette épaisseur, mais
il
faut reconnaître que jamais on n’avait songé à leur donner une extens
1829
aisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’
avait
songé à leur donner une extension universelle et un caractère obligat
1830
ralentissent et que les plus faibles se forcent.
Elle
ne convient qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école s
1831
forcent. Elle ne convient qu’aux médiocres, dont
elle
assure le triomphe. L’école s’attaque impitoyablement aux natures d’e
1832
régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais
ils
se fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisé
1833
u’on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs
elle
s’arrête là. Les manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils ne re
1834
à. Les manuels ne correspondent à aucune réalité.
Ils
ne renferment rien qui soit de première main, rien qui soit authentiq
1835
soit de première main, rien qui soit authentique.
Ils
négligent toutes les particularités, toutes les « prises » où pourrai
1836
les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt.
Ils
dispensent de tout contact direct avec ce dont ils traitent. Or la va
1837
ls dispensent de tout contact direct avec ce dont
ils
traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à celui qui
1838
raît qu’à celui qui entre en commerce intime avec
elles
. On apprend plus de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ai
1839
de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’
ai
oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut l
1840
’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’
il
faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher l
1841
x élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’
ils
apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a
1842
s qu’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent.
Ils
sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur é
1843
nt forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’
a
qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mai
1844
l. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’
il
n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles
1845
qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle,
il
est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait a
1846
tre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’
il
est des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindriss
1847
. Mais, s’il est des disciplines qui renforcent,
il
en est d’autres qui amoindrissent. La discipline scolaire consiste à
1848
mmobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans.
Il
paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépen
1849
Il paraît que cela facilite le travail du maître.
Il
se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il
1850
end de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’
il
soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à ces
1851
école primaire doit être une école de Démocratie.
Ils
insistent sur le fait que les leçons d’instruction civique sont insuf
1852
sont insuffisantes pour former le petit citoyen :
il
faut que l’enseignement tout entier soit occasion de développer les v
1853
enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’
aurez
rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant.
1854
sme. La culture de l’esprit démocratique telle qu’
elle
est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise aut
1855
le qu’elle est comprise par les instituteurs — et
elle
ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle
1856
omprise autrement — est essentiellement négative.
Elle
consiste à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce soit, voudr
1857
olaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’
eût
par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
1858
té que le bon sens m’eût par ailleurs fait voir :
il
n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour
1859
le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y
a
pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous.
1860
ous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont
il
est aujourd’hui démontré qu’ils donnent une image mensongère de l’anc
1861
s d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu’
ils
donnent une image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du peupl
1862
ole publique. Mais l’idéal de l’école est autre ;
il
est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de nob
1863
est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’
il
soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonne
1864
et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’
il
n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de méd
1865
r de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui
a
de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez
1866
X, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre
a
revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 su
1867
iver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. »
Elle
aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé
1868
Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle
aura
10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : «
1869
sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour
avoir
trouvé : « Quant il neige, c’est comme des petits morceaux de vouate.
1870
a 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant
il
neige, c’est comme des petits morceaux de vouate. » Il est évident qu
1871
ige, c’est comme des petits morceaux de vouate. »
Il
est évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’
1872
eut que partout la valeur cède le pas à la règle.
Elle
cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écœurant6,
1873
-thème, voire par d’ex-instituteurs. À la vérité,
il
s’agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’amb
1874
rs. À la vérité, il s’agit de réussites qui, pour
avoir
enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
1875
ents, ne laissent pas que d’être assez spéciales.
Il
arrive en effet que nos petits futurs grrrands citoyens ayant accompl
1876
en effet que nos petits futurs grrrands citoyens
ayant
accompli de « fortes études primaires et secondaires » (témoignage su
1877
rstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui
ont
eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un co
1878
tion, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont
eu
l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un collè
1879
les bons élèves de diverses classes d’un collège
ont
été frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugeme
1880
erse du nombre d’années d’instruction publique qu’
ils
ont subies. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’inst
1881
du nombre d’années d’instruction publique qu’ils
ont
subies. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’instruct
1882
on publique qu’ils ont subies. Le dilemme J’
ai
indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’
1883
cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’
ils
constituent une inversion méthodique de toutes les lois divines et hu
1884
thode d’abâtardissement de la race. D’autre part,
il
est aisé de voir que tous ces principes dérivent nécessairement du fa
1885
École de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5.
Il
est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l
1886
. L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela
a
été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma col
1887
été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’
a
pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
1888
olère pour entreprendre ce travail de démolition.
Il
suffit pour s’en convaincre de parcourir l’abondante littérature publ
1889
incipe de l’instruction publique. Les réformes qu’
ils
ont proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le b
1890
pe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils
ont
proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le bon s
1891
es par le pédantisme inhérent à toute science. On
a
constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignoranc
1892
chologie infantile. Où il y avait non-science, on
a
voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon
1893
oulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’
il
faudrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exe
1894
ait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On
a
créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des élèv
1895
es noms des rues et places de leur ville, comme s’
ils
étaient tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si cette
1896
de taxi. Si cette conception du pratique prévaut,
il
est à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rati
1897
nt le meilleur parti possible de l’exercice ; car
il
ne manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessair
1898
es exagérations ne sont pas bien graves, parce qu’
elles
sont comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’
1899
l’école nouvelle un reproche d’une autre nature.
Elle
prétend donner plus de liberté aux enfants en leur rendant le travail
1900
ant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce qu’
ils
doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquement organ
1901
hodiquement organisée ? En réalité, cet amusement
a
pour seul but de faire avaler la pilule amère des connaissances. On s
1902
donne à ses ouvriers un second dimanche, afin qu’
ils
consomment deux fois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On
1903
et plus grave que la brutalité primaire, parce qu’
elle
n’excite pas de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’ai
1904
pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont
il
s’agit d’obtenir le rendement le plus élevé. On cultive les petits d’
1905
-citoyen. Moi je voudrais l’enfant tout court. Or
il
paraît que c’est très dangereux. Néanmoins je soupçonne dans tous ces
1906
toute la personne était un enseignement, et qui n’
avait
pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dévelop
1907
nce spirituelle. Qui sait ?… En attendant, puisqu’
il
faut attendre, je salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur l
1908
dont les classes joyeuses sont de vraies foires :
ils
ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant
1909
les classes joyeuses sont de vraies foires : ils
ont
toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plu
1910
e leur faire remarquer d’autant plus librement qu’
ils
trahissent le dessein profond de l’instruction publique, qu’ils trahi
1911
le dessein profond de l’instruction publique, qu’
ils
trahissent leur mission officielle. Ils éduquent de futurs anarchiste
1912
lique, qu’ils trahissent leur mission officielle.
Ils
éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait con
1913
e futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur
avait
confié, c’était la fabrication en série de petits démocrates conscien
1914
sse qu’à la faveur de malentendus (si tant est qu’
il
progresse). L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire qu’à la
1915
e. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi
il
triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse es
1916
urquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit
il
nous écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de
1917
n publique et la Démocratie sont sœurs siamoises.
Elles
sont nées en même temps. Elles ont cru et embelli d’un même mouvement
1918
t sœurs siamoises. Elles sont nées en même temps.
Elles
ont cru et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire p
1919
s siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles
ont
cru et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire pleur
1920
que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense.
Elles
ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entend
1921
que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble.
Il
n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas c
1922
utre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y
aura
qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thès
1923
. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse.
Elle
est glorifiée dans tous les banquets officiels par des orateurs émus
1924
idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’
ai
l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à d
1925
uve correspondre à des faits patents et simples ;
il
serait vraiment dommage de priver ces Messieurs d’une aubaine pour eu
1926
a n’irait pas sans quelque indécence. Et d’abord,
il
faut pouvoir lire, écrire et compter pour suivre la campagne électora
1927
, voter et truquer légalement les votes. Ensuite,
il
faut de l’histoire, et de l’instruction civique, pour qu’on sache à q
1928
ique, pour qu’on sache à quoi cela rime. Ensuite,
il
faut une discipline sévère dès l’enfance pour façonner des contribuab
1929
ur façonner des contribuables inoffensifs. Enfin,
il
faut un nombre considérable de leçons, et le plus longtemps possible,
1930
çons, et le plus longtemps possible, pour qu’on n’
ait
pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’o
1931
re compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’
ait
pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un
1932
lliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’
ait
pas le temps de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’a embras
1933
s de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’
a
embrassée une fois, une seule fois, sait bien que tout le reste est a
1934
endu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
ils
disent avec une satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes, je ne
1935
s pas que les créateurs de l’instruction publique
aient
eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour a
1936
que les créateurs de l’instruction publique aient
eu
pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour auta
1937
tion publique aient eu pleine conscience de ce qu’
ils
faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci :
1938
r autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’
a
été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocrat
1939
t ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’
elle
était liée aux intérêts de la démocratie. Car il faut bien se représe
1940
lle était liée aux intérêts de la démocratie. Car
il
faut bien se représenter qu’elle n’était encore au xviiie siècle qu’
1941
la démocratie. Car il faut bien se représenter qu’
elle
n’était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne se
1942
ore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans.
Il
ne serait guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande univer
1943
u saxophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’
il
ne manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, que l’appui intér
1944
e notre instrument de progrès par excellence. Car
il
n’est qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, so
1945
emen et rendait des tommies. La machine scolaire,
elle
, dévore des enfants tout vifs et rend des citoyens à l’œil torve. Dur
1946
l’œil torve. Durant l’opération, tous les crânes
ont
été décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suff
1947
naturel explique que les autorités compétentes n’
aient
point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenan
1948
orme scolaire, politiquement, n’est pas rentable.
Il
est clair que si le but principal de l’instruction publique était d’é
1949
r l’heure une véritable révolution scolaire ; car
il
ne faudrait pas moins pour que l’école rattrape l’époque… Mais les go
1950
ape l’époque… Mais les gouvernements savent ce qu’
ils
font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie
1951
peuple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’
ils
n’ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent c
1952
e souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’
ont
pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce qu’é
1953
pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible.
Ils
ignorent ce qu’étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez,
1954
attendez, si quelques-uns allaient se réveiller…
Il
suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dégel de ces princip
1955
être le signal de la grande débâcle printanière.
Il
n’y a de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on
1956
e signal de la grande débâcle printanière. Il n’y
a
de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on culbu
1957
où l’on culbutera ces Messieurs de leurs sièges,
ils
comprendront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort,
1958
s enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans
avoir
jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du
1959
soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note
A
à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’un
1960
te. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-
il
besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en aucune
1961
venons de le voir, son unique moyen de parvenir.
Elle
participe donc sur une vaste échelle à cette « Trahison des clercs »
1962
oque paiera cher ce crime contre la civilisation.
Elle
ne croit plus qu’au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle ap
1963
s qu’au péché contre les lois sociales, eh bien !
elle
apprendra que le seul péché qui n’a pas de pardon c’est le péché cont
1964
eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’
a
pas de pardon c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suffi
1965
on c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’
il
suffit d’un peu de bon sens et d’information pour jouer au prophète,
1966
cole prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs
elle
y est obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustrair
1967
. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où
elle
réalise son ambition : soustraire les enfants à l’Église et à la fami
1968
l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car
elle
deviendrait un danger pour le désordre établi. L’idéalisme est forcém
1969
st l’aspect négatif de sa trahison —, mais encore
elle
tend à développer tout ce qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans
1970
alfaisant dans l’esprit moderne. C’est sa façon à
elle
de répondre aux besoins de l’époque. Pauvre époque ! On parle sans ce
1971
uvre époque ! On parle sans cesse de ses besoins.
Il
est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surt
1972
n parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’
elle
est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une
1973
qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’
elle
a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du
1974
lle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle
a
surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du ma
1975
e ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’
aura
démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à outra
1976
t précisément d’échapper à cette organisation. Or
il
semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de
1977
ation. Or il semble bien que nous en soyons-là, s’
il
faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de toutes parts
1978
nne les germes d’une renaissance de l’esprit dont
elle
devrait être la mère. Elle favorise le culte exclusif de l’utile, l’i
1979
sance de l’esprit dont elle devrait être la mère.
Elle
favorise le culte exclusif de l’utile, l’incompréhension brutale de l
1980
lles, l’habitude de l’ersatz et du travail bâclé.
Elle
apprend à lire les journaux, mais en même temps que cette drogue, ell
1981
es journaux, mais en même temps que cette drogue,
elle
devrait fournir son contrepoison. Au contraire, elle prépare de consc
1982
e devrait fournir son contrepoison. Au contraire,
elle
prépare de consciencieuses poires, des esclaves du mot. Il est clair,
1983
e de consciencieuses poires, des esclaves du mot.
Il
est clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruction helv
1984
r sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On
a
comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés.
1985
de travaux forcés. L’école donne à l’enfant ce qu’
il
faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est promi
1986
ur se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel
il
est promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se lib
1987
tat de citoyen bagnard auquel il est promis. Mais
elle
tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être le
1988
fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’
elle
est cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne
1989
qu’elle est cultivée par l’État), l’École, après
avoir
entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse c
1990
y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’
elle
enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître,
1991
u’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’
elle
enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force antireligie
1992
ien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître,
elle
constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruct
1993
Le pasteur sème dans un terrain que l’instituteur
a
méthodiquement desséché.
1994
ublique contre le progrès Un beau titre. Et qui
a
meilleure façon que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
1995
qui a meilleure façon que le reste, pensez-vous.
Il
faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalis
1996
de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous
a
un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les id
1997
euses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’
ai
peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l
1998
ns une direction tout opposée. C’est très malin d’
avoir
inventé un instrument de progrès : encore faut-il le mettre en marche
1999
ir inventé un instrument de progrès : encore faut-
il
le mettre en marche. Et où le conduire ? Il y a beaucoup de routes, m
2000
est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’
a
guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, de ronfl
2001
e de 6 ans, à ne se point poser de questions dont
ils
n’aient appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses
2002
ans, à ne se point poser de questions dont ils n’
aient
appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs,
2003
un écolier préparer ses devoirs, c’est frappant :
il
apprend les questions aussi bien que les réponses. J’avoue que je tro
2004
es réponses. J’avoue que je trouve ça très fort :
avoir
obtenu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait p
2005
rt : avoir obtenu un conformisme de la curiosité.
Il
est vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un rég
2006
nu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’
il
ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans
2007
ue est une puissance conservatrice. — Pas moins !
Elle
est destinée à légitimer par la force de l’inertie et à perpétuer méc
2008
e réaction collaborent à leur manière au progrès,
elles
corrigent, stimulent, vivifient. L’École se contente d’être figée. Es
2009
’instruction publique, limite l’homme au citoyen.
Il
s’agit donc de dépasser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier.
2010
l’anarchie que les génies directeurs de ce temps
ont
inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détru
2011
ecul humain. Par exemple, est-ce un progrès que d’
avoir
remplacé les hiérarchies de tradition, avec tout le vaste arrière-fon
2012
z le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais
il
s’en faut, hélas, de beaucoup que la majorité des électeurs les consi
2013
s. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’
aura
fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis depuis
2014
depuis longtemps à ces idées antidémocratiques :
il
est temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de
2015
s à ces idées antidémocratiques : il est temps qu’
elles
débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à
2016
mportera toutes ces statistiques et ces journaux,
il
en restera toujours assez pour allumer des feux de joie, etc. Bon. Su
2017
our préparer les temps nouveaux. Énorme question.
Aurai
-je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui
2018
a notion de démocratie, vous trouvez bien vite qu’
elle
repose sur des postulats rationalistes. En vérité, démocratie et rati
2019
ique, l’autre intellectuel, d’une même mentalité.
Elle
s’est développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un
2020
ie qui n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe
elle
est descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est deve
2021
descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ;
elle
y est devenue une tyrannie. Avant il y avait la Raison et les sentime
2022
s empêche de devenir autre chose que des utopies.
Il
s’agit donc en premier lieu de le démasquer et de le pourchasser dans
2023
première tâche constitue un programme si riche qu’
il
est superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des génér
2024
ne et de cette formidable expérience négative qui
aura
duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme
2025
lui, calculables, chiffrables. Dans la mesure où
il
y parvient, il tue les existences particulières, ou bien c’est qu’ell
2026
es, chiffrables. Dans la mesure où il y parvient,
il
tue les existences particulières, ou bien c’est qu’elles sont déjà mo
2027
ue les existences particulières, ou bien c’est qu’
elles
sont déjà mortes. Mais le temps vient où elles renaîtront à une vie n
2028
qu’elles sont déjà mortes. Mais le temps vient où
elles
renaîtront à une vie nouvelle et plus complète, à un degré supérieur
2029
rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’
aurais
voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à
2030
vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’
il
concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes une i
2031
qu’il concevait à la place de la royauté absolue.
Il
eût fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se rep
2032
il concevait à la place de la royauté absolue. Il
eût
fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représe
2033
seau, à la veille de la Révolution, soupçonnaient-
ils
que la république qu’ils appelaient serait livrée cent ans plus tard
2034
évolution, soupçonnaient-ils que la république qu’
ils
appelaient serait livrée cent ans plus tard à peine à la folie démocr
2035
rir. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’
a
que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
2036
Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’
ai
la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer
2037
ilà bien ce que l’École empêche même de concevoir
Elle
cultive ce qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. El
2038
y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme.
Elle
punit froidement la spontanéité et l’invention. Elle dénature le sens
2039
e punit froidement la spontanéité et l’invention.
Elle
dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout ce qui permettrait
2040
l’invention. Elle dénature le sens de la liberté.
Elle
détruit tout ce qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref, elle
2041
qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref,
elle
perpétue ce manque d’imagination dont les conséquences seront matérie
2042
e grandeur supérieure à la somme de ses éléments.
Il
n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combin
2043
re à la somme de ses éléments. Il n’engendre pas,
il
ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse e
2044
léments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous
aurons
épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi présentem
2045
uction publique. Cela promet des grabuges inouïs.
Il
ne tient peut-être qu’à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en
2046
e d’une civilisation aux ordres de l’Esprit. Mais
il
faudrait que dès maintenant se constituent ces élites, et cela ne se
2047
uve être dans une certaine mesure un anarchiste s’
il
défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste de
2048
iste que j’aime est simplement un homme libre qui
a
une foi (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à v
2049
être qui ignore le réel. C’est justement parce qu’
il
le connaît mieux qu’eux qu’il y a vu des fissures et des possibilités
2050
t celui qui ne se résigne à aucun état de choses.
Il
est pour le « mieux » contre le « bien ». Sans lui l’humanité s’avach
2051
Sans lui l’humanité s’avachirait totalement. Mais
il
est dans l’ordre qu’elle beugle longuement tout en le suivant. Que fa
2052
vachirait totalement. Mais il est dans l’ordre qu’
elle
beugle longuement tout en le suivant. Que faire, diront les gens de b
2053
r l’esprit le plus dangereusement plat qui soit. (
Il
est plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répondent
2054
ereusement plat qui soit. (Il est plus que plat :
il
est creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui, cela finira par c
2055
nion. Et l’opinion publique mène le monde, paraît-
il
. À ce propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier
2056
ne perce leur mépris pour l’instruction publique.
Ils
peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on s
2057
ur l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’
ils
veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils auraient là
2058
ent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
ils
auraient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de
2059
à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils
auraient
là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’
2060
d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en
ai
assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilit
2061
d’une réforme suffisante. C’est une révolution qu’
il
faut. Alors, supprimer les écoles, raser les collèges, renvoyer les i
2062
terre ? Impossible. Le peuple qui déteste l’école
a
pourtant faim d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses dro
2063
ire et on lui bourre le crâne pour l’en empêcher.
Il
s’agit de lui faire comprendre que l’école est le plus gros obstacle
2064
Et c’est cela, préparer le terrain. D’autre part,
il
faut partir de ce qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses
2065
es mortes. Une technique spirituelle. Et puis, qu’
il
en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture
2066
hnique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse ce qu’
il
voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés physi
2067
tirait des conclusions immédiates, non seulement
il
serait sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde
2068
, non seulement il serait sauvé du désastre, mais
il
recouvrerait la domination du monde16 et non plus en barbare cette fo
2069
nt à des exercices de contrôle de la respiration.
Il
ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous ju
2070
ussi pratique son yoga à lui : toutes les fois qu’
il
veut obtenir une grande intensité avec un minimum de moyens. J’en cit
2071
. Le parallèle peut être poussé dans les détails.
Il
s’agit bien d’un geste identique, exécuté dans deux plans différents.
2072
bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’
ils
désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuv
2073
pensée au garde-à-vous durant quelques instants,
il
s’épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre
2074
instants, il s’épargnerait de longs énervements.
Il
n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des anné
2075
ts, il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y
a
pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de
2076
la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’
il
est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséder une plus
2077
s atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous
avons
vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soi
2078
que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’
elle
préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que t
2079
éfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
il
soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un système de
2080
se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan
elles
ne font que traduire la diversité des besoins individuels. Méditez un
2081
coup. La valeur vaut mieux que le nombre parce qu’
elle
le contient en puissance. Et c’est pourquoi l’aristocratie de l’espri
2082
fera sans vous. Déjà revient le temps des mages :
ils
comprennent les théories d’Einstein, ils composent de la poésie pure,
2083
mages : ils comprennent les théories d’Einstein,
ils
composent de la poésie pure, ils mesurent des sensibilités secondes e
2084
ries d’Einstein, ils composent de la poésie pure,
ils
mesurent des sensibilités secondes et tout un arc-en-ciel de sentimen
2085
a force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-
il
sauvé de sa folie démocratique ? Areuse, 26 décembre 1928-10 janvi
2086
Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE
A
On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions no
2087
ns noires et consciemment criminelles. Ce travers
a
été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les
2088
ue n’importe qui juge et contrôle n’importe quoi,
il
faut bien inventer des dessous pour redonner quelque saveur à ses jug
2089
e vous attaquez est pourtant un très brave homme,
il
fait partie du conseil de la paroisse, etc. » — Il semble qu’en attaq
2090
l fait partie du conseil de la paroisse, etc. » —
Il
semble qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont ait porté
2091
e qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations
ont
ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du con
2092
’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont
ait
porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil
2093
pas tous les instituteurs pour gibier de potence.
Ils
font beaucoup de mal, mais ils sont les premières victimes du système
2094
gibier de potence. Ils font beaucoup de mal, mais
ils
sont les premières victimes du système qu’il propagent et qui les fai
2095
ais ils sont les premières victimes du système qu’
il
propagent et qui les fait vivre. La question se complique dès que l’i
2096
ur prend conscience de la nocivité de son action…
Ils
sont consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même mesure conscie
2097
action… Ils sont consciencieux, certes, mais sont-
ils
dans la même mesure conscients des fins qu’on assigne à leur activité
2098
ace que dans un système religieux. Pour quiconque
a
une foi et la conscience de cette foi, il n’est d’enseignement vérita
2099
uiconque a une foi et la conscience de cette foi,
il
n’est d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions conf
2100
issent ici que pour impressionner le public. Je n’
ai
pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet,
2101
n effet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’
ils
n’en distinguent plus même le sens. Ils les lancent à la tête de tous
2102
rgeois qu’ils n’en distinguent plus même le sens.
Ils
les lancent à la tête de tous ceux qui les dérangent, comme des pavés
2103
giques encore très actuels, du fait que l’école n’
a
pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est
2104
puis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’
il
est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
2105
vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur
il
est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour
2106
ù mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour
Il
naissait à son destin des rayons glissent et rient c’est la caresse d
2107
Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’on
a
répété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois
2108
triotes d’Amiel, Godet restera l’un des rares qui
ont
réussi à se connaître et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il
2109
rares qui ont réussi à se connaître et que cela n’
a
point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe e
2110
ître et que cela n’a point stérilisé : sa nature,
il
est vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimension
2111
it critique fort alerte. Jugez-en à la façon dont
il
parle de « ses quelques succès, si disproportionnés avec son mérite »
2112
es succès, si disproportionnés avec son mérite ».
Il
ajoute : « j’ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairv
2113
sproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’
ai
eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singulièr
2114
oportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’ai
eu
la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singulière,
2115
lairvoyance singulière, mes propres limites, et j’
ai
eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’écono
2116
rvoyance singulière, mes propres limites, et j’ai
eu
la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’économie
2117
voix haute, aucune couleur vive. Les journaux qu’
ils
lisent annoncent chaque jour quelque catastrophe imminente, une révol
2118
un coussin aux curieux dessins noirs et blancs :
il
représente l’ancienne Hongrie découpée en blanc sur fond noir et port
2119
n cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous
a
pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est
2120
auve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert.
Elle
tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son
2121
ylles démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’
elle
s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu co
2122
trons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous
avez
dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Di
2123
Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous
ont
reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vo
2124
re de poèmes est comme une initiation au silence.
Il
faut s’en approcher avec une douceur patiente, et le laisser créer en
2125
ilence particulier avant d’entendre les signes qu’
il
nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à p
2126
sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce qu’
elle
décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des
2127
ue dans le silence « aux yeux gelés de rêverie »,
il
se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans
2128
nfin « saisir » dans leur réalité les choses dont
elle
s’est dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblai
2129
réalité les choses dont elle s’est dégagée et qu’
elle
voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un insi
2130
ntiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-
elle
pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est ici l’a
2131
tour de Hölderlin (15 juillet 1929)o « Je lui
ai
raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort
2132
rlin (15 juillet 1929)o « Je lui ai raconté qu’
il
habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort les portes ouv
2133
il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’
il
dort les portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes grecq
2134
au murmure de l’eau ; la Princesse de Homburg lui
a
fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, e
2135
esse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont
il
a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches s
2136
e de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il
a
coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches son
2137
urs touches sonnent encore, et c’est là-dessus qu’
il
improvise, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît
2138
rminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont
il
a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu at
2139
nant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il
a
cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu atti
2140
les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’
ai
voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus diff
2141
lu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais
il
est plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou.
2142
temps doit vouer l’attention la plus grave — car
il
vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l
2143
d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’
avais
rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez pro
2144
gue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’
a
consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
2145
connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ?
Il
règne dans ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps
2146
de son monologue entre terre et ciel lui échappe.
Il
jette encore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! — je te rappell
2147
sse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où
il
veut. Juin 1802 : au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d
2148
moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’
elle
(dans la région de Bordeaux croit-on), est frappé d’insolation ; sa f
2149
lin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’
il
donne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’un miracle. —
2150
e. Il y a là une station de canots de louage où j’
ai
vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ». E
2151
be, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’
ils
n’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homm
2152
el. « Monsieur connaît Hölderlin ? — questionne-t-
il
, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, i
2153
? — questionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’
il
y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était
2154
tionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en
a
qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors
2155
n, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas,
ils
ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portra
2156
lus affreuses sur son compte, simplement parce qu’
il
a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer
2157
affreuses sur son compte, simplement parce qu’il
a
aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer,
2158
e familièrement l’image d’une femme par le nom qu’
elle
portait au mystère de l’amour… Trois petites fenêtres ornées de cactu
2159
trempent… Tout est familier, paisible au soleil.
Il
passait des heures à cette fenêtre, à marmotter. Vingt-sept ans dans
2160
nd accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’
ai
vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps
2161
a jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’
elles
ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rie
2162
esse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles
ont
fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rien, j
2163
ur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons.
Il
voyait des prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau
2164
ie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’
a
pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais
2165
ux : « La perfection n’a pas de plainte »… Vivait-
il
encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme
2166
e ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien :
il
y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, j
2167
ez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-
il
, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de v
2168
nd-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre.
Il
ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4… Une rue étouff
2169
encontrent, qui montent au Séminaire protestant :
il
leur fait de grandes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une gra
2170
Est-ce que tout cela existe dans le même monde ? (
Il
est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi
2171
rfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi
a
vécu dans cette ville, tout semblable à ces théologiens aux yeux voil
2172
rop courts, qui se promènent tout seuls… Et puis,
il
lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et p
2173
, il lui est arrivé quelque chose de terrible, où
il
a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant.
2174
l lui est arrivé quelque chose de terrible, où il
a
perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. —
2175
chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis
il
n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes
2176
rps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?…
Il
a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce g
2177
radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il
a
eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce gen
2178
adotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a
eu
tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce genre
2179
ntreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… »
a
autorisé des générations de « bourgeois cultivés » à faire la bête dè
2180
de « bourgeois cultivés » à faire la bête dès qu’
il
s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je n
2181
ir de je ne sais quelle revanche du médiocre dont
ils
se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré
2182
ent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui
ont
préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour do
2183
es musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau…
elle
est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde
2184
urs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-
il
donc que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain
2185
multanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’
elle
n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, t
2186
est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme
elle
paraît ici bien établie, triomphante, à beau fixe. Pourquoi troubler
2187
ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’
ils
ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand l’a
2188
etite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où
ils
ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’
2189
e fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils
ont
cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oubl
2190
ment, nous fait comprendre, dans le temps même qu’
il
nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais que
2191
s le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’
il
est bon qu’il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par qu
2192
ttina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où
il
était précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des
2193
nnée dernière — un livre assez troublant et qu’on
a
trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre ch
2194
fait rencontrer des êtres bizarres avec lesquels
il
n’hésite pas à faire un bout de chemin, Hans le gardeur d’oies, le gu
2195
des bonheurs qui signifient plus de désespoir qu’
ils
ne s’en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices
2196
e malices et d’envies de pleurer. Quel dommage qu’
il
s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, souda
2197
nge dans une atmosphère autre, où les personnages
ont
cet air un peu ivre et capable de n’importe quoi, cet air dangereux e
2198
t tendre que prennent les hommes en liberté. Mais
ils
ne sont jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, u
2199
Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous
avons
besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Ma
2200
29)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’
il
établit entre le yogabb telle que l’enseignaient les upanishads et la
2201
a tentative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’
il
ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie
2202
entative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’il
ait
fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie le
2203
voyance de Rimbaud — est une de ces évidences qu’
il
est bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour
2204
uiert l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement qu’
il
n’élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on v
2205
e à l’état sauvage », un catholique qui s’ignore,
il
n’est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le cath
2206
tion dans un débat où les voix les mieux écoutées
ont
dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cett
2207
ébat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’
elles
avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaiss
2208
ù les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles
avaient
à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaissent la t
2209
e me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’
il
attaque. (M. Benda trahit à son tour quand il tire argument contre un
2210
qu’il attaque. (M. Benda trahit à son tour quand
il
tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin
2211
e argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’
elle
« mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-nous
2212
vieux que le monde. Mais M. Benda distinguera, et
ils
seront confondus. Car il y a un sophiste en M. Benda, un polémiste qu
2213
qui joue de la raison ratiocinante tout comme si
elle
n’était pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui n
2214
gênante que soit souvent son adresse de logicien,
elle
ne doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son poin
2215
ble. Mais justement, la gloire de M. Benda sera d’
avoir
soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et qu
2216
e de M. Benda sera d’avoir soutenu que l’humanité
a
besoin qu’on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croira
2217
u’on lui demande l’impossible. Et quand bien même
elle
croirait n’en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intempor
2218
impossible. Et quand bien même elle croirait n’en
avoir
plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte aux s
2219
. Mais ces affirmations sont exactement celles qu’
il
fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M
2220
une fois un jeune homme comme les autres. Soudain
il
lui pousse des ailes, une grande paire d’ailes. Allait-on s’émerveill
2221
inrent lui dire ses amis, — l’orgueil t’aveugle-t-
il
? Veux-tu conserver, ô cruel, des ailes qui donnent des rhumes à ton
2222
ids de cette accusation, comment ne point céder :
il
fit couper ses ailes. On le félicita de son retour à l’état normal, q
2223
e. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’
il
était devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera
2224
it devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui
a
des ailes sera persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a
2225
rsécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en
a
pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneu
2226
, mais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’
il
n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien co
2227
elui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en
a
pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes
2228
a pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-
ils
, combien complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne
2229
nt la Démocratie outragée, les autres disaient qu’
il
n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher le
2230
émocratie outragée, les autres disaient qu’il n’y
a
plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher les ques
2231
nt qu’il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens
ont
une façon de trancher les questions qui vous désarme. Craignant qu’on
2232
rti, l’ange trouva son salut dans un subterfuge :
il
insinua qu’il parlait au nom d’une secte orientale. Aussitôt la discu
2233
ouva son salut dans un subterfuge : il insinua qu’
il
parlait au nom d’une secte orientale. Aussitôt la discussion de repre
2234
ur la nature de l’inspiration, un doute lui vint.
Il
alla au cinéma. On donnait un film voluptueux. Il aima l’héroïne, mai
2235
Il alla au cinéma. On donnait un film voluptueux.
Il
aima l’héroïne, mais sans espoir. Il lui écrivit, en sortant de là, d
2236
voluptueux. Il aima l’héroïne, mais sans espoir.
Il
lui écrivit, en sortant de là, dans une crèmerie pleine de couples à
2237
rie pleine de couples à la mode. Mais en écrivant
il
pensait à une femme blonde assise près de lui. Ayant demandé un timbr
2238
il pensait à une femme blonde assise près de lui.
Ayant
demandé un timbre pour attirer l’attention de la femme blonde — sans
2239
l’attention de la femme blonde — sans résultat —,
il
écrivit une adresse réelle, et mit la lettre dans la première boîte v
2240
ettre dans la première boîte venue. Le lendemain,
il
reçut une réponse : « Vous avez commis une erreur, cher ami, mais bie
2241
enue. Le lendemain, il reçut une réponse : « Vous
avez
commis une erreur, cher ami, mais bien excusable de la part d’un poèt
2242
blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’
ai
fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aim
2243
ui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’
a
laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis de
2244
uivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’
elle
vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces
2245
ne un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aime.
Elle
attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous tro
2246
Avant-propos Le dire une bonne fois.
Il
ne faut pas songer à décrire en 50 petites pages tous les méfaits de
2247
r leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai.
Il
a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 exc
2248
eur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il
a
paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excel
2249
que, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’
il
est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moin
2250
ous un régime radical à sécrétion socialiste, qui
a
été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformémen
2251
a été établi par coup de force, que les libéraux
ont
admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgré leur mauvaise h
2252
âtres aboutit à l’instruction publique et grâce à
elle
prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir
2253
lle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’
ai
subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes l
2254
utes les haines. Je serai méchant, parce que j’en
ai
gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. —
2255
rit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement.
Il
est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté.
2256
m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule
eût
pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais q
2257
ile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche,
ils
sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être compli
2258
Citoyen conscient et organisé pour la discussion.
Il
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de
2259
isé pour la discussion. Il retrousse ses manches.
Il
s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
2260
sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
il
va parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui s
2261
des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’
ai
encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute
2262
ent exagéré pour la jugeotte de l’adversaire ou s’
il
traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâch
2263
ts à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’
aurai
plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : o
2264
temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres
A
ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époq
2265
ux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’
ils
ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuve
2266
ent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’
ils
ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réfor
2267
le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On
a
le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira
2268
les discussions de la tranquillité avec laquelle
ils
brouillent les faits et les principes. Tourmentés par les scrupules d
2269
és par les scrupules de leur conscience libérale,
ils
fuient la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherc
2270
1. Mes prisons
Il
existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’
2271
ndrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est qu’
ils
les confondent avec ceux de leur enfance et les font indûment partici
2272
t participer de la même grâce. Voyez Péguy, quand
il
essaie de nous faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâc
2273
Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’ «
il
n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces b
2274
quand il essaie de nous faire croire qu’ « il n’y
a
rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces belles
2275
roit… Et de ces beaux problèmes d’arithmétique où
il
fallait si soigneusement séparer les calculs du raisonnement, par une
2276
être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui
a
sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait j
2277
ve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui
a
peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui vo
2278
l, qui a peur de faire faux, parce que les autres
auront
fait juste, et qui voudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter
2279
qu’on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’
il
fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de vaincus, les to
2280
ient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’
avais
appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on m
2281
es acides, et naturellement, la phrase sacrée : «
Il
faut que tous fassent la même chose ici ! » Dans la suite, on se char
2282
ouleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’
avait
suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’
2283
garde contre moi-même à cause des autres desquels
il
ne fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau s
2284
comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’
ont
aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de cite
2285
» que je viens de citer, je découvris un jour qu’
elle
contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un cert
2286
contient la cause déterminante de notre malaise.
Il
me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais ce
2287
en servir craignant peut-être des découvertes qui
eussent
ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que j
2288
être égaux en tout ? Et la première réponse fut :
Il
faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses
2289
aux vertueuses indignations de nos maîtres quand
ils
dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous éti
2290
ar les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-
ils
assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. M
2291
laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’
il
pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressor
2292
pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on
avait
brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une pe
2293
i les charges de l’État, piliers d’un régime dont
ils
sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure e
2294
e dont ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’
ils
l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions pl
2295
ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’
ont
établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux
2296
aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’
avions
plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent à l’ac
2297
ent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous
avions
acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne
2298
s miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’
il
convient de s’incliner devant les miracles de la science appliquée. O
2299
ait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’
avais
trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérielleme
2300
vré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’
eus
pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
2301
nnues d’anciens camarades d’école primaire. Comme
ils
avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenu plu
2302
s d’anciens camarades d’école primaire. Comme ils
avaient
changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenu plus différ
2303
e je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’
avaient
pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Ri
2304
urs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause :
ils
n’étaient jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon é
2305
bon élève qu’un instituteur : de l’un à l’autre,
il
n’y a pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une que
2306
ève qu’un instituteur : de l’un à l’autre, il n’y
a
pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une question
2307
x dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi
ai
-je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini
2308
que des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’
il
soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être
2309
ire — ne se prennent pas pour de la petite bière.
Ils
ont conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de
2310
— ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils
ont
conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de loin
2311
ir à une élite responsable, cela se voit de loin.
Il
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le pl
2312
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’
ils
méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter
2313
n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et
ils
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles au
2314
happe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils
auraient
souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles aux finesse
2315
ils auraient souvent l’occasion de s’en douter s’
ils
étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dir
2316
eine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’
ai
fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogi
2317
e maladresse professionnelle. J’en connais un qui
avait
coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien
2318
dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’
ai
bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous
2319
ue, pendant que nous en sommes aux instituteurs :
ils
sortent tous de la même classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est
2320
ue l’apport des instituteurs, ou bien préexiste-t-
il
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-il les petits bourge
2321
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-
il
les petits bourgeois comme le portrait de Numa Droz attirait les mouc
2322
ouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’
ai
ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils sont
2323
t ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois.
Ils
sont au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de
2324
prit petit-bourgeois pris abstraitement et tel qu’
il
se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquine
2325
e. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants
ont
un frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloch
2326
ui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle.
Ils
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodé
2327
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et
ils
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’
2328
3. Anatomie du monstre
Ayant
épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles rai
2329
ne, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’
ai
entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera p
2330
ique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’
elles
me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoig
2331
uisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’
elles
ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je
2332
elles me sont absolument personnelles et qu’elles
ont
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fas
2333
ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins —
il
est temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette
2334
n passionnément détestée. Vous allez voir comment
ils
bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux de beaucoup de ge
2335
tient pour une bonne part à ce que ces personnes
ont
les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que la passion n’a qu’
2336
part à ce que ces personnes ont les yeux faibles.
Il
serait plus juste de dire que la passion n’a qu’une clairvoyance inté
2337
es. Il serait plus juste de dire que la passion n’
a
qu’une clairvoyance intéressée : mais celle-là est la plus vive. Enfi
2338
pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité,
il
s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la
2339
se. Je tiens le « gain de paix » pour illusoire :
il
consiste à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou deux génér
2340
enir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps
elle
s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicali
2341
de réalisations pratiques. 3.a. Le programme
a
) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse
2342
e concentration de l’esprit. b) plan d’études. On
a
divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chac
2343
une vue aussi large que simplifiée. Remarquons qu’
il
suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles d
2344
ers rectangulaires, bien proprement). Évidemment,
il
est préférable de savoir aussi les noms des sciences élémentaires. Ma
2345
ir aussi les noms des sciences élémentaires. Mais
il
n’est en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfa
2346
enfin des rythmes naturels de l’esprit humain, qu’
il
se trouve que le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division ho
2347
’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur n’
a
point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
2348
l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et
ils
n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en principe des « co
2349
que trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture
ont
à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facil
2350
, la tricherie est difficile, tandis qu’à l’école
elle
est de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fournies »
2351
s « fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’
a
qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « f
2352
plume de divers maîtres primaires et secondaires.
Ils
n’en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui
2353
ibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’
il
s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons d
2354
s esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’
avez
-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi él
2355
e ou deux autres bêtises de cette épaisseur, mais
il
faut reconnaître que jamais on n’avait songé à leur donner une extens
2356
aisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’
avait
songé à leur donner une extension universelle et un caractère obligat
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ralentissent et que les plus faibles se forcent.
Elle
ne convient donc qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’éc
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ent. Elle ne convient donc qu’aux médiocres, dont
elle
assure le triomphe. L’école s’attaque impitoyablement aux natures d’e
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régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais
ils
se fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisé
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u’on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs
elle
s’arrête là. Les manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils ne re
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à. Les manuels ne correspondent à aucune réalité.
Ils
ne renferment rien qui soit de première main, rien qui soit authentiq
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soit de première main, rien qui soit authentique.
Ils
négligent toutes les particularités, toutes les « prises » où pourrai
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les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt.
Ils
dispensent de tout contact direct avec ce dont ils traitent. Or la va
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ls dispensent de tout contact direct avec ce dont
ils
traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à celui qui
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raît qu’à celui qui entre en commerce intime avec
elles
. On apprend plus de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ai
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de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’
ai
oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut l
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’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’
il
faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher l
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x élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’
ils
apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a
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s qu’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent.
Ils
sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur é
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nt forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’
a
qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mai
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l. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’
il
n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles
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qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle,
il
est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait a
2373
otre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’
il
est des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindriss
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e. Mais, s’il est des disciplines qui renforcent,
il
en est d’autres qui amoindrissent. La discipline scolaire consiste à
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mmobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans.
Il
paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépen
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Il paraît que cela facilite le travail du maître.
Il
se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il
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end de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’
il
soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à ces
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école primaire doit être une école de Démocratie.
Ils
insistent sur le fait que les leçons d’instruction civique sont insuf
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sont insuffisantes pour former le petit citoyen :
il
faut que l’enseignement tout entier soit occasion de développer les v
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enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’
aurez
rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant.
2381
sme. La culture de l’esprit démocratique telle qu’
elle
est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise aut
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le qu’elle est comprise par les instituteurs — et
elle
ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle
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omprise autrement — est essentiellement négative.
Elle
consiste à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce soit, voudr
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olaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’
eût
par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
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té que le bon sens m’eût par ailleurs fait voir :
il
n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour
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le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y
a
pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous.
2387
ous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont
il
est aujourd’hui démontré qu’ils donnent une image mensongère de l’anc
2388
s d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu’
ils
donnent une image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du peupl
2389
ole publique. Mais l’idéal de l’école est autre ;
il
est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de nob
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est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’
il
soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonne
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et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’
il
n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de méd
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de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui
a
de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez
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a, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre
a
revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 su
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iver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. »
Elle
aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé :
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Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle
aura
10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé : « Qu
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10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour
avoir
trouvé : « Quand il neige, c’est comme des petits morceaux de vouate.
2397
era 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé : « Quand
il
neige, c’est comme des petits morceaux de vouate. » Il est évident qu
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ige, c’est comme des petits morceaux de vouate. »
Il
est évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’
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eut que partout la valeur cède le pas à la règle.
Elle
cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écoeurant
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thèmes, voire par d’ex-instituteurs. À la vérité,
il
s’agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’amb
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rs. À la vérité, il s’agit de réussites qui, pour
avoir
enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
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ents, ne laissent pas que d’être assez spéciales.
Il
arrive en effet que nos petits futurs grands citoyens ayant accompli
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ve en effet que nos petits futurs grands citoyens
ayant
accompli de « fortes études primaires et secondaires » (témoignage su
2404
rstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui
ont
eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un co
2405
tion, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont
eu
l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un collè
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les bons élèves de diverses classes d’un collège
ont
été frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugeme
2407
erse du nombre d’années d’instruction publique qu’
ils
ont subies. 3.h. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l
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du nombre d’années d’instruction publique qu’ils
ont
subies. 3.h. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’ins
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blique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme J’
ai
indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’
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cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’
ils
constituent une inversion méthodique de toutes les lois divines et hu
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éthode d’abâtardissement du peuple. D’autre part,
il
est aisé de voir que tous ces principes dérivent nécessairement du fa
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ité et au vice. » L’école de demain, page 12. 5.
Il
est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l