1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 çons, il y a un brin du myrte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas couronnés d’olivier. La main co
2 rte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise
3 parcourent de jeunes et purs courages, donnez-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement, paradi
4 z-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement, paradis à l’ombre des épées. Rien de moins artifi
5 e qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’en pen
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
6 i devraient m’être parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton serait un très curieux poète s’il ne s’efforç
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
7 de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se croient une vocation, végètent dans des œuvres d’évangélisation, fondent des
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
8 illeur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois , une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtout dans
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
9 français cette œuvre « d’importance européenne », croyez -vous qu’il aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découv
10 s cette œuvre « d’importance européenne », croyez- vous qu’il aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
11 Vinet se déclarait « un chrétien sans épithète ». Croit -il éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
12 Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent, je crois , de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ailleurs
8 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
13 olution toujours » — tant qu’il y a des gens pour vous faire du pain ; et c’est très beau, Aragon, de ne plus rien attendre
14 n voudrait que de moins de gloriole s’accompagnât votre ultimatum à Dieu. Mais, secouant son dégoût, un Montherlant s’abandon
15 on trouve tout dans les livres des jeunes, dites- vous , le pire et le meilleur, toutes les vieilleries morales et immorales,
16 i douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous , désirs, et d’être vaincu sans bataille. On voit assez à quel genre d
17 nditions, ou les transformer totalement. — Alors, vous croyez à l’action sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas je v
18 ons, ou les transformer totalement. — Alors, vous croyez à l’action sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas je vois bie
9 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
19 s meilleurs poèmes de l’auteur de Tragiques et de Vous êtes des hommes. p. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Pierre Je
10 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
20 un travail d’éducation lent et souvent dangereux. Vous , étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromet
21 esseurs suisses et français. Miracle qui nous fit croire un instant à la fameuse devise de la Révolution. d. Rougemont Deni
11 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
22 plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’es
12 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
23 e suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposen
24 onc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation
25 t cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes- vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins
26 sser au plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous , ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce
27 le, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — a
28 a vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pa
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
29 amon Fernandez, Messages (juillet 1926)w Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez
14 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
30 ent et se frôlent amoureusement, des chiens « qui vous faufilent des douceurs au bas des jambes », jusqu’à ces chats qui gri
15 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
31 mplexe — sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à cherch
32 uit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique de M. de
16 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
33 par personne et les devantures ne cherchent qu’à vous plaire. Chaque ruelle croisée propose un mystère qu’on oublie pour ce
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
34 on le sent ; pourtant l’on sourit : il faut bien croire qu’il y a là un talent, charmant, glacé, spirituellement « poétique »
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
35 aison de l’idéal asiatique avec le nôtre. Mais je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux critiques
19 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
36 rons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisse
37 d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi faire les modestes…  
38 -nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut
39 dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose
20 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
40 éfinitions tendancieuses et contradictoires. Êtes- vous sincères en actes ou en pensées ; envers vous-mêmes ou quelque doctri
41 vous-mêmes ou quelque doctrine acceptée ; envers votre idéal ou envers les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-e
42 envers votre idéal ou envers les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsio
43 e idéal ou envers les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion spontanée
44 vis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je pa
45 age du passé. Ainsi de certains décors modernes : vous changez l’éclairage, et la chaumière devient palais. C’est l’objectio
46 désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je
47 teurs La fonction de l’homme est aussi bien de croire que de constater. F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière n’a
48 res mensonges ? Peut-être juste assez pour qu’ils vous aident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité qu’on désirait qu’
49 pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indétermination violente qu’est la sincérité selon
50 a sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à faire le saut dans le vide qu’exige toute foi ; c’est la vol
51 t bien les jalons de cette recherche) : Puissiez- vous avouer moins de sincérité et montrer plus de style. (Georges Duhamel.
52 de cet âge. Mais il le faut dépasser.)   Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle en chaq
21 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
53 a de nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieu
54 us avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapidemen
55 is me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la possession, et que j’allais vivre aussi sur le dogme l’argen
56 r le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que j’allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quan
22 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
57 pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous , c’est la guerre. » Voilà pour les critiques, « punaises glabres et p
58 pages d’un lyrisme inouï. Que Louis Aragon ne se croie pas tenu de justifier ses visions par le moyen d’une métaphysique aus
59 sespoir vaste et profond comme l’époque. « Voulez- vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination du déc
23 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
60 dieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Denis de, « Bill
24 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
61 ord que je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y c
62 moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il f
63 ù je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très fro
64 y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et
65 ette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on
66 au théâtre. Dans l’ombre, j’ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur.
67 en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai
68 x dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existi
69 , aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus de vous voir si ento
70 istiez en moi, à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de les dire.
71 à ce bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regar
72 de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une fois pendant une danse qu’
73 plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous , mais vous les détourniez soudain comme pour vous arracher à une obse
74 fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arracher à une obsession secrè
75 vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arracher à une obsession secrètement attirante ; et je pensais que la
76 pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes airs s
77 menace. Je dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintena
78 ombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisés n’avai
79 l’orchestre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous . Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rend
80 e fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du
81 d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourire répondant au mien, comme on voit au dénouement des films popu
82 us séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un cortège de rires empressés. Une autre da
83 u réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sortant d
84 vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner
85 s vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé d
86 estiaire, je vous avais entendue donner un rendez- vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magas
87 escendant… Il aurait fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en face de votre bel ami laqué, souriante… E
88 ’idée de vous trouver peut-être assise en face de votre bel ami laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je suis sorti
89 tobus passaient par groupes. Plusieurs fois, j’ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pa
90 s passaient par groupes. Plusieurs fois, j’ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pas pri
91 uméro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soudain un trait de vot
92 aque visage de femme révélait soudain un trait de votre visage. Il aurait fallu courir après celle-là qui venait de tourner à
93 it de tourner à l’angle de cette rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon
94 qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, hal
95 vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à la fois si lent — j
96 les paupières lourdes, et ce chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces élans réticents, maladro
97 ne ne parlait. La jeune femme qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarder, à cause d’
98 tout son empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous . Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit
99 rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit ê
100 n insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-ê
101 en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût
102 je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction
103 rme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre
104 it plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survivant »,
25 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
105 des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y
26 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
106 éconçu. (Cette attitude est plus rare qu’on ne le croit , de nos jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clarté comment, en
107 iques. Et les statistiques faussées peuvent faire croire à une très forte diminution du nombre des protestants. Aussi ne s’eff
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
108 ancolie. C’est la sourde tristesse des choses qui vous échappent, des amours impossibles, des histoires dont on ne sait pas
109 mais seulement qu’elles ont fait souffrir. Rendez- vous manqués, lettres perdues, aveux incompris, et peut-être, un quiproquo
28 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
110 légèrement coloré. Le principe est simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ; et un
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
111 ops a-t-il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini quelqu
30 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
112 as dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !   Il n’exis
113 és, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vous nous appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent par
114 ais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez dit : « C’est incompréhensible ! » — avec une indignation où j’a
115 n ne pouvait mieux exciter, signe d’aise extrême, vos glandes salivaires, pourtant si éprouvées par le repas dont vous sort
116 livaires, pourtant si éprouvées par le repas dont vous sortez, que ces trois mots où se résume la défense de la loi sociale,
117 e, religieuse (?) et ci-devant morale qui protège votre paresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plu
118 tre paresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. V
119 mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien
120 délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. R
121 s absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindr
122 urde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de
123 l’infini. Rien à craindre de ce côté. Retournez à vos amours. .............................................................
124 d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de
125 en de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un
126 iez-en donc, pantins officiels, et vous repus, et vous , dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique. Que s
127 te un peu ridicule. C’est ainsi que l’on arrive à croire , pour un autre, que c’est arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu
128 ulle part sur cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez
129 déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… enfin,
130 je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,…
131 e, beaucoup trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le
132 on… Moi. — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à mon estime la plus vive
133 er impertinent de votre part. (Le reconduisant :) Croyez , Monsieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes déb
134 n, bon, c’est entendu, on ne peut rien faire sans vous . Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’il ne spécu
135 rtain », c’est un académicien qui l’a dit. Voulez- vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus
136 lus tard. Tenez, voici un traité de métaphysique, vous lirez ça en attendant. Très bien fait. Excellente méthode ! (Sort le
137 (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.) Moi. —  Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un
138 Muse, sortant de derrière un rideau). — J’attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand i
139 ends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils ont montré à l’origine de telle doctrine mys
140 euse, sèche, d’humeur acariâtre et réactionnaire. Vous tracez des frontières géographiques à la raison ? Eh bien, c’est vous
141 tières géographiques à la raison ? Eh bien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons ro
142 absurdes, vivants, libres. Avec la poésie contre vos principes. Avec l’esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’i
143 poésie contre vos principes. Avec l’esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’il vous crie : « À bas le clair génie f
144 rit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’il vous crie : « À bas le clair génie français. » Alors la voix de Rimbardp à
145 e marchand des œuvres complètes de Karl Marx ? Si vous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous.
146 aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous . Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas
147 n en fonction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne
148 u capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne voyez-vous pas
149 cette manie française, la politique, et ne voyez- vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans l
150 e, et ne voyez-vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans leur langue et de crier rouge pour
151 ur la simple raison qu’ils ont dit blanc ? Pensez- vous combattre cet esprit « bien français » qui s’associe à tant d’objets
152  bien français » qui s’associe à tant d’objets de votre mépris, en prenant le contre-pied de tout ce qu’il inspire ? Alors qu
153 … Mais non, il y aurait trop à dire, et puis l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs ami
154 tions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révol
155 lier, il y a encore cette histoire, comment dites- vous , surréalisme ? — Baptisé il y a cinq ou six ans et mort des suites. Q
156 inq ou six ans et mort des suites. Quand cesserez- vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations
157 de ruminants ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce
158 minants ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est
159 que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’est plus c
160 d’amours, oiseaux doux et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs de passion. Ba
31 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
161 cle consacré aux jeunes artistes neuchâtelois, je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il y a
162 d’hôtel en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais aux ex
163 qui vouent tout leur amour à la peinture pure. Je crois même que, Paul Donzé touché à son tour par la grâce décorative, il n’
164 nie mélancolique et qui voient plus loin qu’on ne croit , mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie
165 p des meilleurs de nos artistes. Mais n’allez pas croire à des grâces faciles ou sentimentales. Il y a une sorte d’aristocrati
166 ter de singuliers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’est toujours une
167 ers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’est toujours une sorte de disso
168 vélant un tempérament très rassurant. C’était, je crois , le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer. Puis il y eut une pério
169 ent et d’une abondance très sûrement ordonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lu
170 tations : « André Evard. — Les jeunes peintres. —  Vous suivez la même route que nous ? À la bonne heure ! ». Et l’on repart
171 lègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez une toile appuyée au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une
172 sont le signe de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « n
173 occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourqu
32 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
174 ont le profond ricanement se prolonge en nous. Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rie
175 bourgeoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Roug
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
176 gées d’un élixir dont il voudrait bien nous faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent, se balancent
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
177 t blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans dou
178 quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers t
179 pitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compensero
180 . (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel e
181 es-mêmes auparavant, et pas toujours défavorable, croyez -le bien… Le goût de la propriété étant à mon sens l’un des plus vulga
182 où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement naissant peut enco
183 ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on consi
184 oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint comme le patron des voyag
185 se politique, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme u
186 d’inquiétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez -moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche
187 charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardon
188 deur de l’expression — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusi
189 je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle paraît impliquer, c’est ce c
190 , pour ne pas dire inconscience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’on croirait ouïr parfois le récit de quelqu’une de
191 ience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’on croirait ouïr parfois le récit de quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne
192 ctes de jeux de mots plus ou moins cruels… » — Je vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont la sin
193 e dont il paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y rép
194 est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par l
195 saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache
196 ucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presqu
197 de raillerie assez amère. Et peut-être apprendrez- vous à découvrir derrière certaines de mes plaisanteries la dérision secrè
35 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
198 0 que ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire — aux surréalistes ?   Si le mal du siècle consistait
199 rci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’est besoin de rapp
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
200 ieux le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un
201 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentimental, bien décidé au
202 le fallacieux prétexte d’une flânerie de saison, vous vous attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t-elle revenir av
203 allacieux prétexte d’une flânerie de saison, vous vous attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t-elle revenir avec so
204 -elle revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui plaire, maintenant qu’une si triomphante tendresse vous p
205 laire, maintenant qu’une si triomphante tendresse vous possède ! Justement, voici Pierre Girard : lui seul connaît l’adresse
206 l connaît l’adresse de Patsy, mais il ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord », s
207 y, mais il ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux.
208 veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. V
209 ’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatigue ; que c’es
210 ous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatigue ; que c’est une vraie manie de nommer à tout propos d’Annunzi
211 Annunzio, Pola Negri, Charly Clerc, Mrs. Balfour. Vous parlez de « procédés lassants ». Pierre Girard n’écoute plus : il pen
212 des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage «
213 énézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est
214 é à un endroit de l’éther où il y a du bonheur ». Vous reconnaissez que Pierre Girard est un peu responsable de cette douceu
215 n peu responsable de cette douceur de vivre. Déjà vous ne niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force u
216 Déjà vous ne niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par
217 t plutôt par excès de facilité que par recherche. Vous voilà même tenté de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans se
218 us voilà même tenté de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans ses fantoches une malicieuse et fine psychologie. Mais
219 ardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravir autant qu
220 apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedo
221 is, qui parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir
222 s n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pa
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
223 er littérature Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur m
224 e nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez- vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poé
225 de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je
226 … », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourrit
227 rriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écr
228 le rictus de votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est
229 ythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on a
230 it. Vous dites de ce roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour Nietzsche : que c’est de la littéra
231 Alors, quelque paysan du Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérat
232 s, quelque paysan du Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en m
233 : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez- vous . Mais j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je
234 sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi :
235 s escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrî
236 t scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrîtes le char
237 orand par qui découvrîtes le charme de ces lieux. Vous composez un cocktail en guise de métaphore, avec une pensée tendre po
238 ce coup, l’évocation de Cocteau fait fleurir sur vos lèvres le mot de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal est u
239 faut de l’ivresse naissante se glisse un poème où vous aimiez à la folie votre douleur. Narcisse se contemple au miroir de s
240 ante se glisse un poème où vous aimiez à la folie votre douleur. Narcisse se contemple au miroir de son monocle. Au petit mat
241 u devant un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur, et qui doute enfin de l’impossibilité des miracles ! Quell
242 faire des poèmes. Alors je cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une citation. Seraient-ce les guillem
243 appe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vai
244 emets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez- vous … Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz :
245 Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblable », « fou », « hallucinant 
246 avoir mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne p
247 mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne pouvez
248 st simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous découvrez à l’eau un goût étrange. L’eau est incolore, inodore et san
249 et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans votre mépris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût du bizarre qui r
250 si, jusque dans votre mépris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pou
251 us ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la littérature qui est en no
252 littérature qui est en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une
253 voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est refus de limiter le mal. J
254 tude salutaire, c’est refus de limiter le mal. Je vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nommer.
255 er le mal. Je vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Or
256 uissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur la l
257 a laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derri
258 la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n
259 de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas qu
260 Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres d
261 e idée de la religion. Ainsi, de la littérature : votre mépris pour ses réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous
262 réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris e
263 tendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que no
264 is ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous cherchons autre chose que la littérature. Que la
265 s lourdes et plus irrésistibles, percutantes. Qui vous échappent en vous blessant. Des choses dures, amères comme un destin,
266 irrésistibles, percutantes. Qui vous échappent en vous blessant. Des choses dures, amères comme un destin, comme le goût d’u
267 . Des souplesses qui se retournent brusquement et vous renversent. Des présences tellement intenses que tout se fond catastr
268 étend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de conn
269 ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtives à certains états de la
270 uvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine de cette esthét
271 s choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine de cette esthétique ou de ce sens so
272 die ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il s’agit de l’envisager sans fièvre, pour
273 st-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou g
274 ublent leurs bureaucratiques sécurités. Pourtant, vous voyez bien que votre attitude méprisante pour la littérature vous fer
275 ratiques sécurités. Pourtant, vous voyez bien que votre attitude méprisante pour la littérature vous ferait bientôt renier le
276 que votre attitude méprisante pour la littérature vous ferait bientôt renier le signe le plus certain par lequel ces « quelq
277 sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté d
278  » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que « ceci, c’est u
279 le histoire, une autre très belle histoire ». (Et vous verriez à quoi cela peut servir, une citation.) Mais non, cher ami, v
280 ais non, cher ami, voici qu’une envie me prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleurs ; il y a tro
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
281 les hommes hurleront un affreux besoin mystique. Vous réveillerez-vous pour les désaltérer, dieux de l’Orient et de l’Occid
282 ront un affreux besoin mystique. Vous réveillerez- vous pour les désaltérer, dieux de l’Orient et de l’Occident ? » Certains
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
283 echerche activement la Sagesse (« Ça n’est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités » qui peuvent
284 rave et qui manifeste franchement sa jeunesse. («  Vous vous souciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrive
285 et qui manifeste franchement sa jeunesse. (« Vous vous souciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrivez ! »
286 ciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attendent de no
40 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
287 d’expérience ». Mais une telle « expérience », je crois , ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inut
41 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
288 Et plein de verve, et pas embarrassé du tout pour vous lâcher un beau pavé mathématique au milieu d’une effusion « lyrique »
42 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
289 oman et des mémoires. Mais si son début permet de croire que le Perroquet Vert ne restera pas une réussite isolée dans l’œuvre
43 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
290 On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu de période où les di
291 ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons -nous, dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du tem
292 uffit pourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un
293 le procédé très simple de la répétition, on fait croire aux gens qu’ils ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affa
294 ublie que cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet qu
295 et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau moderne
296 midable erreur de la bourgeoisie moderne c’est de croire que les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à
297 compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? «  Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas
44 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
298 irconstances, une fois de plus manquait le rendez- vous que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcaro
299 ulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; pers
300 avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontron
301 onde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffran
302 s. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approc
303 yez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de sou
304 s par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumiè
305 question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissan
306 ur d’autres paraissaient purement mystiques… Mais vous savez, « les autres » n’y comprennent jamais rien, dès qu’on aime… Oh
307 ns au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde dep
308 nous avec un sourire du type le plus courant : «  Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre c
309 ns nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous , c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de
310 ement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeus
311 i. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon
312 ur vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon de p
313 emmes qui élargissent des sourires à la mesure de votre générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs autom
314 ent des sourires à la mesure de votre générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs automatiques de plais
315 luisants de concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au détail d
316 avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je crois que l’Orient est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles a
317 geait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproche, évidemment scandalis
318 nt, dit-il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre
319 vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un moment pénib
320 re est la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en
321 les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez- vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il
322 sions, — illusions des formes passagères que nous croyons seules réelles, illusions des reflets qui ne livrent que le côté terr
323 ut ce qu’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez -moi, ce qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qu
45 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
324 ragon se retourne sans cesse pour crier : Lâches, vous refusez d’avancer ! Mais il reste à portée de voix du troupeau. C’est
46 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
325 esté, mais dont ils participent plus qu’ils ne le croient . Certes il était urgent de faire la critique de « cette réalité de pr
47 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
326 e amie d’une beauté de plus en plus frappante, il croit saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déj
48 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
327 cement comique, si émouvant : « À cette époque je croyais fortement en l’existence d’une espèce de secrète et à peu près univer
49 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
328 pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru , c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le mo
50 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
329 n publique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris
330 s du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ai
331 sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit
332 aire une critique dangereuse. 3° que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découverte de l
333 a bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisa
51 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
334 grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire
335 abli à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avions plus de
336 uphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de chos
52 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
337 uffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés
338 garçons. Revenons au civil. Au village, quand on vous parle avec respect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous êtes p
339 ec respect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous êtes presque certain qu’il s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on
340 es quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êt
341 mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Natu
342 ’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien êtr
53 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
343 ipes de cette institution passionnément détestée. Vous allez voir comme il bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux ye
344 qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec
345 sieur, répondent les fonctionnaires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et qu
346 illeurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mai
347 nfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez- vous , vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye
348 ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous  ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et i
349 rits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez- vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élément
350 e l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élémentaires. L’égalit
351 trente enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social ex
352 t soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou bien vous acceptez le régime — mais aussi ses conséquences absurdes et fatales,
353 ales, par exemple l’instruction publique. Ou bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre
354 bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, u
54 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
355 : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit . Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’autre proc
55 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
356 5. La machine à fabriquer des électeurs Je crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on
357 l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’
358 amoises. Elles sont nées en même temps. Elles ont cru et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire pleurer l
359 , malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instrument,
360 ments savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
361 oi que ce soit. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à
362 s ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui d
363 t en tant de points — voilà qui m’inquiéterait, à votre place.
56 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
364 era cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle apprendra q
365 nent de voir la morale actuelle s’attaquer, voyez- vous ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et je les traite de mauv
366 est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solit
367 l semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de toutes parts. Mais l’école
57 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
368 re. Et qui a meilleure façon que le reste, pensez- vous . Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journ
369 ire, de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous a un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les
370 petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
371 . Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre , et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée.
372 où le conduire ? Il y a beaucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le sur-place. Ainsi l’instructio
373 ucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le sur-place. Ainsi l’instruction publique s’est arrêtée aux
374 iculise à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’inst
375 ontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens exquis du clich
376 vec ce sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’instruction publi
377 ’est un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut,
378 n. Supposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenan
379 irons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour prépa
380 xviiie (depuis les dernières pestes noires). Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouvez bien vite qu’ell
381 . Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouvez bien vite qu’elle repose sur des postulats rationalistes. En
382 ra au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’
383 précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place d
384 ormidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la form
385 cle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la
386 pticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n
58 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
387 Appendice. Utopie Un os à la meute. (Et figurez- vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous
388 . (Et figurez-vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.)
389 rme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.) La question est de savoir si nous
390 s’éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-luxe, suffrage universel, instruction pu
391 ur) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi
392  !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez
393 e vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas c
394 vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez- vous . Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste,
395 dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est
396 effets suivront infailliblement. Par exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier,
397 exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier, auteur de manuels d’histoire et de g
398 en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une révolution q
399 te l’école a pourtant faim d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut s’instruire e
400 u agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de m
401 oit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sa
402 llement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à l
403 l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à- vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs énervements. Il n
404 vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un s
405 struction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà revient le temps des mages 
406 rais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous . Déjà revient le temps des mages : ils comprennent les théories d’Ein
407 ans que des personnes bien intentionnées viennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un t
408 ennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil
409 ut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, a
59 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
410 amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il est d’autres rivages
60 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
411 on a répété dans une ballade fameuse « Que voulez- vous , je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quel
61 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
412 s dans l’une et l’autre de ces capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de
413 les suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer ce
414 ion : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette première impression. Vienne : assi
415 ouettée ? Budapest : une vague de musique tzigane vous emporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les no
416 zigane vous emporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire
417 ement rauques… Sortez pour en suivre une, arrêtez- vous à ses côtés devant cet étalage pour admirer un coussin aux curieux de
418 ir et portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez- vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! 
419 … Rentrons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau
420 muse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation
421 eau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vous constatez que cette profusion de liqueurs légères facilite singulière
422 facilite singulièrement les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hon
423 nt les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises féminines suff
424 le charme des voix hongroises féminines suffit à votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. V
425 ix hongroises féminines suffit à votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes le
426 yez bien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. C
427 ien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce
428 le, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici transporté dans un bal costumé, parmi des gens qui parlent une
62 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
429 in errant loin d’elle (dans la région de Bordeaux croit -on), est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est un
430 ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je considère un ravissant
431 is le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez- vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la cha
432 revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez- vous , bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à t
433 èvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oublie.
63 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
434 s miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans
64 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
435 lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croirait n’en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en
65 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
436 ent-ils, combien complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur
437 gens ont une façon de trancher les questions qui vous désarme. Craignant qu’on ne lui fît un mauvais parti, l’ange trouva s
438 îte venue. Le lendemain, il reçut une réponse : «  Vous avez commis une erreur, cher ami, mais bien excusable de la part d’un
439 inspiration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je
440 . Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lign
441 ’a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous trouveront réuni
442 e lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine.
443 s trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut : « L’in
66 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
444 n publique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris
445 s du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ai
446 sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit
447 ire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découverte de l
448 bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisa
67 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
449 grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire
450 abli à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avions plus de
451 uphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de chos
68 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
452 uffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés
453 es quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êt
454 mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Natu
455 ’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien êtr
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
456 ipes de cette institution passionnément détestée. Vous allez voir comment ils bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux
457 qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous , qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec
458 sieur, répondent les fonctionnaires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et qu
459 illeurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mai
460 nfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez- vous , vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye
461 ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous  ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et i
462 rits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez- vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élément
463 e l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élémentaires. 3.c. L’é
464 trente enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social ex
465 et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou bien vous acceptez le régime — mais aussi ses conséquences absurdes et fatales,
466 ales, par exemple l’instruction publique. Ou bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre
467 bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, u
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
468 : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit . Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’autre proc
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
469 5. La machine à fabriquer des électeurs Je crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on
470 l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’
471 , malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instrument,
472 ments savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
473 e ce soit. J’aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à
474 s ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui d
475 t en tant de points — voilà qui m’inquiéterait, à votre place.
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
476 era cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle apprendra q
477 nent de voir la morale actuelle s’attaquer, voyez- vous ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et je les traite de mauv
478 est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solit
479 l semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de toutes parts. Mais l’école
73 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
480 re. Et qui a meilleure façon que le reste, pensez- vous . Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journ
481 ire, de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous a un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs, vous aimez les
482 petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs, vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
483 . Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre , et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée.
484 où le conduire ? Il y a beaucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le surplace. Ainsi l’instruction
485 ucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le surplace. Ainsi l’instruction publique s’est arrêtée aux
486 iculise à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’inst
487 ontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens du cliché qui e
488 dire, avec ce sens du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’instruction publi
489 ’est un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut,
490 n. Supposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenan
491 irons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour prépa
492 xviiie (depuis les dernières pestes noires). Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouverez bien vite qu’e
493 . Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouverez bien vite qu’elle repose sur des postulats rationalistes. E
494 ra au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’
495 précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place d
496 ormidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la form
497 cle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la
498 pticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr.   12. La Raison de Spinoza ou de Descartes
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
499 Appendice. Utopie Un os à la meute. (Et figurez- vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous
500 . (Et figurez-vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) L
501 rme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) La question est de savoir si nous
502 s’éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-luxe, suffrage universel, instruction pu
503 ur) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi
504  !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez
505 e vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas c
506 vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez- vous . Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c
507 dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c’est l
508 effets suivront infailliblement. Par exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier,
509 exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier, auteur de manuels d’histoire et de g
510 en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une révolution q
511 e l’école a pourtant faim d’instruction 15, et se croirait lésé dans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut s’instruire e
512 u agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de m
513 oit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sa
514 llement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à l
515 l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à- vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs énervements. Il n
516 vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un s
517 struction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà revient le temps des mages 
518 rais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous . Déjà revient le temps des mages : ils comprennent les théories d’Ein
519 ans que des personnes bien intentionnées viennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un t
520 ennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil
521 ut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, a
75 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
522 le Parthénon et le courage de Mucius Scevola. On croyait au progrès, sous n’importe quelle forme. Brusquement, nous voici « ga
523 culière, antérieure à n’importe quel dogme. Je ne crois pas qu’il existe d’autres facultés capables d’équilibrer en nous l’es
76 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
524 Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous cro
525 iosité, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous croyez que c’est par l’extrême pointe du singulier que l’esprit pénèt
526 é, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous croyez que c’est par l’extrême pointe du singulier que l’esprit pénètre dans
527 du singulier que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement r
528 poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d’œil, assez dénué
529 ime à ménager dans un jardin à la française. Mais vous ne tarderez pas à remarquer que tout, ici, est original, indigène, ta
530 riginal, indigène, tant l’allure des sentiers qui vous mènent tranquillement aux points de vue les plus cocasses, que la for
77 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
531 alicieuse et sensuelle dont nos yeux helvètes les croyaient par trop dépourvues… Cette charmante « japanisation » est rehaussée d
78 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
532 en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé onze
533 r — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double tarif, et pourquoi ? R
534 double tarif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous , si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien v
535 arif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien vite conna
536 Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou
537 us profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des passions am
538 doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire M. Gide, — si pareil entre les griffes de son égoïsme à la souris qu’
539 commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle croire qu’il apporte un soin tout particulier à le parfaire ? — il est bient
540 e marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Si vous enlevez Georges Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’oubl
541 égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l’âge du capi
542 ais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les
79 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
543 e, après lecture de ses œuvres, si M. Brunschwicg croit ou non à la divinisation finale de l’homme par le progrès des science
544 tré. (Vraiment le jeu est trop facile. Allez donc vous mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne nous laisse même plus
545 ans les « milieux » littéraires, l’un parce qu’il croit tout à fait, l’autre parce qu’il ne croit pas du tout, le troisième p
546 e qu’il croit tout à fait, l’autre parce qu’il ne croit pas du tout, le troisième parce qu’il croit ou ne croit pas selon les
547 il ne croit pas du tout, le troisième parce qu’il croit ou ne croit pas selon les sautes brusques de son tempérament. Attendo
548 pas du tout, le troisième parce qu’il croit ou ne croit pas selon les sautes brusques de son tempérament. Attendons encore un
549 ière aussi peu compromettante que possible. Direz- vous que les Allemands ne les posent pas mieux ? Du moins n’ont-ils pas ce
550 ui vaille qu’on s’y dévoue. Mais quoi ! cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne se porte plus, — voire même à paraî
551 un Descartes ?) D’ailleurs, c’est bien simple, si vous persistez à dédaigner cette vertu qu’il est vraiment trop facile de n
552 ent trop facile de nommer l’avarice française, il vous reste à choisir entre le sort de Nietzsche et celui de Schiller. Roma
80 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
553 «  Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fa
554 te « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)s t I Vos fantômes ne sont pas les miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas
555 centre de mon univers. La vision « autre » dont vous parlez traduit simplement une variation dans mes relations avec le mo
556 s. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Vos fantômes ne sont pas les miens… », Raison d’être, Paris, juillet 1930
557 tacitement toute forme de vie, et explicitement — croyons -nous — certaines expériences particulières, telles que les rêves (à l
81 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
558 les a poussés à un paroxysme verbal qui induit à croire qu’il les sentait moins profondément que ses devanciers. Son sadisme
559 un peu hâtive à une « jeunesse » déjà démodée… Je crois que la jeunesse d’aujourd’hui s’éloigne plutôt de la grandiloquence «
82 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
560 dresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme aux v
561 errible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes- vous venu chercher jusque chez nous ? » On me demandera donc toujours des
562 dant, mes regards errant sur une bibliothèque, je crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, v
563 crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous , A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons
564 t : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, l
565 pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaiss
566 re sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabo
567 viable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre
568 se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du ré
569 oubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quo
570 rc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet d
571 a Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez- vous , le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait,
572 fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. «  Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosqué
573 reil est par là même extraordinaire. Celui qui ne croit pas à la vertu des noms reste prisonnier de ses sens ; mais celui-là
574 n impose une livrée. — « Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !… » — Non, Monsieur, ce n’es
575 e réalité vivante à une duperie commerciale. Mais vous pensez que tant de mots pour une simple question de sentiment… C’est
576 pour une simple question de sentiment… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que
577 choire. 6. Doutes sur la nature du Sujet Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écri
578 e vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque te
579 histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vraiment
580 sse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit
581 a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend dé
582 t les cartes de « la Hongrie mutilée ». — « Savez- vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pa
583 deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pas vous , maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont i
584 pas vous, maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, le
585 s régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de
586 rmer la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civi
587 ce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné
588 ie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » 10
589 Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » 10. Visite à Babits Pe
590 ir. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donnent pas
591 e suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilation des
83 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
592 isolés, des bribes de phrases… Or, si comme je le crois et voudrais l’établir plus longuement, le sens des poèmes de la matur
84 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
593 iste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole s
594 e verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous , derrière ma tête, Sans Noms, ça ne sera pas encore pour cette fois.
595 de la romance à mon oreille d’un violoneux qui me croit triste. Ils l’ont amené du fond d’une Inde. Ils l’ont égaré, comme il
596 eais dans les eaux fades du Balaton. Ces eaux, je crois , s’en vont à la mer Noire, et je n’en connais pas les fées, c’est pou
597 c, il faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur capr
598 belles dans leurs petits sweaters — vais-je pour vous m’arrêter quelques jours ? On ferait connaissance à table d’hôte, on
599 vec son jeu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans
600 tions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! —  Vous , naturellement… (Encore un qui se réveille dans ma tête.) — On ne voy
85 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
601 problème de l’homme dans sa totalité, et c’est je crois l’éloge de choix. Mais de ce problème central, qui déborde le plan es
86 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
602 Tentation de l’Occident. La Voix royale 9, est, croyons -nous, le récit des événements qui précédèrent l’aventure chinoise de
603 ré-communiste. Le cas Malraux, — le cas Perken si vous voulez. Les personnages de M. Malraux se ressemblent dans le souvenir
87 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
604 gens, si nombreux aujourd’hui (Freud, etc.), qui croient que le pire est toujours le plus vrai ; que la prose est plus vraie q
605 des conditions matérielles de la vie humaine. Je crois que l’homme ne peut être transformé que spirituellement. Et cette rév
606 astronome chrétien. Comment un astronome peut-il croire à l’Incarnation ou aller à la Messe ? On n’aura d’autre ressource que
607 iste salue comme son contemporain ; en tant qu’il croit à l’Incarnation et qu’il va à la Messe, il se comporte en homme du xi
608 e — ou en enfant : il y a lieu de s’attrister. Si vous demandez au philosophe de quel droit il pratique cet étrange sectionn
609 Le séculariste « constructiviste » répondra qu’il croit en la puissance de l’homme pour se dégager des servitudes provisoires
610 ècle entonne pour annoncer son morne triomphe : «  Vous n’avez pas su conjurer la malédiction du monde moderne, clame-t-on de
88 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
611 s (avril 1931)f C’est donc qu’il y en a ? avez- vous dit. Depuis le temps qu’on cherchait à nous faire croire qu’une origi
612 dit. Depuis le temps qu’on cherchait à nous faire croire qu’une origine protestante était un vice rédhibitoire pour toute carr
613 naît mal. Derrière le mur de notre maison on nous croyait peut-être enfermés dans un moralisme étriqué, ennuyeux et consciencie
614 chez ces peintres ? — Certaines rigidités, pensez- vous , certaines austérités de style ? — On s’y serait attendu. Une visite
89 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
615 aut est contrecarré par le dieu de l’Amour. « Si vous désirez savoir comment cela s’applique à mon histoire, dit l’auteur d
616 re, dit l’auteur dans sa préface, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient
617 ce, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient lu eux-mêmes le livre. J’espè
618 maines, et comme la morale du roman. Mais nous ne croyons pas qu’une œuvre de cette envergure comporte à proprement parler de m
619 int ébranlé sa foi, la princesse répond : « Je ne crois pas, j’espère que non ; bien qu’il soit difficile, quelquefois, me se
620 ou cruels qui les caractérisent. « Naturellement, vous allez à l’église le dimanche ? — Oui, tante Harriet, j’y vais. — Tant
621 rtis » : « Nous en avons eu trop dans la famille, votre pauvre oncle Charles… qui avait stupéfié la famille en devenant catho
622 catholique…, puis Edmund Lely, cousin germain de votre père, qui est devenu moine, et qui marche pieds nus, à l’étranger lui
623 ieds nus, à l’étranger lui aussi ; puis il y a eu votre pauvre tante Cornélia… Ce fut un terrible coup pour nous tous. Nature
624 sion. (C’est Blanche qui parle au père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je vous demande seulement de prier pour moi
625 père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je vous demande seulement de prier pour moi, car j’ai parfois la sensation qu
626 vrai, que j’ai commis des erreurs irréparables. — Vous avez le droit de vous laisser mener par le remords au bord du désespo
627 des erreurs irréparables. — Vous avez le droit de vous laisser mener par le remords au bord du désespoir, mais pas plus loin
90 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
628 point trop volumineux — il trouvera sa place dans votre valise — et d’une érudition très aérée. Comment ne point partager, en
629 uelle tranquillité tout repose dans la lumière… » Vous avez reconnu ce ton souverain. Pour la première fois, le ton des haut
630 ’est là se contenter à bon marché, et personne ne croit plus à la vertu de simulacres à ce point galvaudés. (Un Montherlant l
91 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
631 , qui vaut d’être citée : — Pourquoi me regardez- vous ainsi ? tonna le Procureur, qui cherchait à intimider Eiichi. Eiichi
632 ’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi me regardez- vous aussi insolemment ? Le Procureur continuait à enrager ; sa figure se
633 ait et ses lèvres étaient pâles. — Comment voulez- vous renverser l’état social actuel, si ce n’est par une révolution ? Je v
634 ocial actuel, si ce n’est par une révolution ? Je vous demande de me dire clairement votre pensée à ce sujet. Eiichi se tais
635 évolution ? Je vous demande de me dire clairement votre pensée à ce sujet. Eiichi se taisait. Une minute, deux minutes s’écou
636 aux prises avec toutes les formes du mal, jamais vous ne surprendrez dans ses yeux rien du moralisme glacial des « honnêtes
92 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
637 comprend que, non satisfait de s’y complaire, il croit y découvrir son originalité, ou comme il le dit : son « paysage intér
638 e l’homme était beaucoup moins simple qu’il ne le croyait . Mais la question reste de savoir si cette division interne, une fois
639 manisé certes, s’élève à une vertu surhumaine. Je crois que ce qui me plaît surtout dans ce récit frémissant, c’est sa nobles
640 suis oiseau, voyez mes ailes. » Qu’il n’aille pas croire pourtant que désormais la vertu fera prime, les vices ayant épuisé le
641 prononcé en France. Kierkegaard, un homme qui ne vous lâche plus. Il a beaucoup parlé de lui-même. Mais là où d’autres prod
93 1932, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)
642 gue dans une tête) (1932)ae af Lord Artur. — Vous êtes terriblement jolie aujourd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui
643 aujourd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui avez- vous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise f
644 d Artur, je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coqu
645 mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coquette qu’une autre. Mais les
646 plus coquette qu’une autre. Mais les hommes comme vous aiment que les femmes soient coquettes à les faire doucement frémir d
647 iner et c’est pourquoi nous aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante :
648 r échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous save
649 ez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pas nous refuser ; du reste,
650 end plus jolie, quelqu’un me l’a dit hier encore, vous ne saurez pas qui. Lord Artur. — Ravissante Sonnette, vos paroles ne
651 urez pas qui. Lord Artur. — Ravissante Sonnette, vos paroles ne sont pas pour les oreilles, mais pour les lèvres de ceux q
652 ur les oreilles, mais pour les lèvres de ceux qui vous aiment. Car elles sont insensées, mais comme des baisers dans l’air.
653 s, mais comme des baisers dans l’air. Je voudrais vous poser une question, Sonnette. Une question très grave. Une question q
654 Une question qui revient à peu près à ceci : Êtes- vous un être capable d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? Et voi
655 arence adorable ? Et voici cette question : Aimez- vous mieux la pluie ou le beau temps ? Sonnette. — Pfi ! comme c’est drôl
656 r. — Certes, la réponse serait sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous l
657 onse serait sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous le beau temps et la
658 vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous le beau temps et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce
659 que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. — Petite leçon de météorologie s
660 Petite leçon de météorologie sentimentale. Comme vous êtes un profond pédant, dans cinq minutes je ne saurai plus même voir
661 vilain. Lord Artur. — Je pense sérieusement que vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfé
662 sement que vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfériez le bonheur ou la tristesse. Car vo
663 jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfériez le bonheur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est vo
664 si vous préfériez le bonheur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraisse
665 eur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraissent simples, évidents et in
666 ez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraissent simples, évidents et indifférents. C’est pourquoi vous adm
667 simples, évidents et indifférents. C’est pourquoi vous admettez que « beau » temps est le contraire de « mauvais » temps, et
668 » temps est le contraire de « mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que doit être le « bon » temps, ni si les te
669 i si les tempêtes sont « belles ». C’est pourquoi vous pensez encore que le bonheur peut exister en dehors de la souffrance,
670 est le contraire de la souffrance. C’est pourquoi vos rêves composent toujours le même paysage de carte postale en couleurs
671 e sur le beau temps. Écoutez-moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vé
672 emps. Écoutez-moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vérité à une cart
673 -moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vérité à une carte postale en co
674 postale en couleurs. Et non pas à la réalité. Car vous n’aimez pas réfléchir à la souffrance.   (Un silence.)   Sans doute,
675 e.   (Un silence.)   Sans doute, Sonnette, portez- vous de ces courtes bottes vernies, quand il pleut ? Sonnette. — Quand j’
676 nt seulement sournoises. Sonnette. — Lord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vou
677 e. — Lord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer d
678 p. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des métaphysiques à propos de petits ri
679 ous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des métaphysiques à propos de petits riens, c’est tou
680 s riens, c’est toujours par dépit amoureux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par
681 reux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chrétien po
682 sse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chrétien pour comprendre quoi q
683 Lord Artur. — J’ai toujours estimé, Sonnette, que vous extrêmement intelligente. Je regrette profondément que vous n’ayez pa
684 mement intelligente. Je regrette profondément que vous n’ayez pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne
685 ’ayez pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est
686 ’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vou
687 i vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que
688 , vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous sera
689 t que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu visible ;
690 nne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que
691 beau temps vous serait un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que l’un des noms de sa présence. Mais un jo
692 u bâtit la ville de Crotone. Sonnette. — J’aime vos histoires, Lord Artur. (Un temps.) — Dites-moi, Lord Artur, si je ple
693 Artur, si je pleurais, quel temps ferait-il pour vous  ? Lord Artur. — … Le beau mot : courtisane… Ce n’est pas qu’elle soi
694 êtue de son péché », — comme une courtisane. Mais vous n’êtes qu’une petite fille.20 20. [Note à l’achevé d’imprimé :] « 
94 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
695 C’est un fait digne d’intérêt, et que personne, croyons -nous, n’a relevé, que les grands « succès » littéraires de l’année 19
696 ion vraiment chrétienne. Car c’est à juste titre, croyons -nous, qu’on put écrire de Saint-Saturnin qu’un tel roman exprime « to
697 s de pensée ou d’action dans lesquelles nos pères crurent trouver des appuis, mais dont nous souffrons d’autant plus vivement q
95 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
698 ait d’une disposition trop romantique que d’avoir cru distinguer dans ces œuvres je ne sais quelle complaisance qui les fai
699 rler de l’unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait -il à l’être collectif, être sans racines, mythe cérébral. « Je ne dis
96 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
700 u monde moderne. « Depuis Descartes, ils ont tous cru , dit Kierkegaard, que si longtemps qu’ils pussent douter, si longtemp
701 il n’était pas bien pire de commettre un acte qui vous laisse dans le doute (et l’on s’attire pourtant une responsabilité) q
97 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
702 cet ordre puisse être tenu pour crucial, je veux croire qu’on ne le contestera pas. Mais ce qu’on voudrait dire maintenant, c
703 ion eût exaspéré Goethe autant que Rimbaud, mais, croyons -nous, dans leur habitus individuel bien plus que dans leur commune gr
704 it de Faust béant sur le vide : « Moi qui me suis cru plus grand que le Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jouir de la
705 ormais protégé par une cotte d’invisible silence. Vous pouvez lui parler sans le troubler : les mots n’atteignent plus son r
706 alut violents. Exerce-toi ». Objurgation que l’on croirait tirée de quelque journal intime du Goethe des années ascétiques, à We
707 ust que l’on citait plus haut : « Moi qui me suis cru plus grand que le Chérubin. » « Point de cantiques : tenir le pas gag
98 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
708 dépêchons-nous ! L’explosion sera retardée si vous m’aimez assez on peut conserver quelque espoir à condition de ne
99 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
709 , il m’a saisi par les cheveux. Il est sûrement à vos trousses aussi, j’espère voir le jour où il vous rattrapera ; mais je
710 à vos trousses aussi, j’espère voir le jour où il vous rattrapera ; mais je ne puis répondre de la manière. Je suis parfois
711 ec le Seigneur et Jésus son fils bien-aimé. C’est vous dire que j’ai acquis plus de raison et d’expérience : la crainte du S
712 le qu’avec leur première sensation religieuse, et croient qu’on ne peut aller plus loin parce qu’ils ignorent tout du reste. »
713 hrétien, mais d’une tout autre sorte que ne l’ont cru nos athées qui s’arrêtaient à des boutades anticatholiques ou à des m
714 ement orgueilleux et misérable d’une humanité qui croit pouvoir fabriquer son bonheur par ses propres forces, notre devoir es
100 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
715 citaires. “De la musique avant toute chose…” Oh ! vous ne diriez plus cela, Verlaine ! » (page 16). 17. « Si je cherche que