1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 çons, il y a un brin du myrte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas couronnés d’olivier. La main co
2 rte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise
3 parcourent de jeunes et purs courages, donnez-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement, paradi
4 z-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement, paradis à l’ombre des épées. Rien de moins artifi
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
5 s cette œuvre « d’importance européenne », croyez- vous qu’il aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un
3 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
6 olution toujours » — tant qu’il y a des gens pour vous faire du pain ; et c’est très beau, Aragon, de ne plus rien attendre
7 n voudrait que de moins de gloriole s’accompagnât votre ultimatum à Dieu. Mais, secouant son dégoût, un Montherlant s’abandon
8 on trouve tout dans les livres des jeunes, dites- vous , le pire et le meilleur, toutes les vieilleries morales et immorales,
9 i douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous , désirs, et d’être vaincu sans bataille. On voit assez à quel genre d
10 nditions, ou les transformer totalement. — Alors, vous croyez à l’action sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas je v
4 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
11 un travail d’éducation lent et souvent dangereux. Vous , étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromet
5 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
12 s meilleurs poèmes de l’auteur de Tragiques et de Vous êtes des hommes. p. « Pierre Jean Jouve : Paulina 1880 (NRF, Paris)
6 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
13 e suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposen
14 t cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes- vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins
15 sser au plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous , ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce
16 le, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — a
17 a vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pa
7 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
18 ent et se frôlent amoureusement, des chiens « qui vous faufilent des douceurs au bas des jambes », jusqu’à ces chats qui gri
8 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
19 par personne et les devantures ne cherchent qu’à vous plaire. Chaque ruelle croisée propose un mystère qu’on oublie pour ce
9 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
20 éfinitions tendancieuses et contradictoires. Êtes- vous sincères en actes ou en pensées ; envers vous-mêmes ou quelque doctri
21 vous-mêmes ou quelque doctrine acceptée ; envers votre idéal ou envers les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-e
22 envers votre idéal ou envers les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsio
23 e idéal ou envers les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion spontanée
24 age du passé. Ainsi de certains décors modernes : vous changez l’éclairage, et la chaumière devient palais. C’est l’objectio
25 res mensonges ? Peut-être juste assez pour qu’ils vous aident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité qu’on désirait qu’
26 pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indétermination violente qu’est la sincérité selon
27 a sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à faire le saut dans le vide qu’exige toute foi ; c’est la vol
28 t bien les jalons de cette recherche) : Puissiez- vous avouer moins de sincérité et montrer plus de style. (Georges Duhamel.
10 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
29 rons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisse
30 d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi faire les modestes…  
31 -nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut
32 dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose
11 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
33 pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous , c’est la guerre. » Voilà pour les critiques, « punaises glabres et p
34 sespoir vaste et profond comme l’époque. « Voulez- vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination du déc
12 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
35 dieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux nom. c. « Billets aigres-doux », Re
13 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
36 ord que je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y c
37 moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il f
38 y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et
39 ette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on
40 au théâtre. Dans l’ombre, j’ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur.
41 en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai
42 x dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existi
43 , aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus de vous voir si ento
44 istiez en moi, à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de les dire.
45 à ce bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regar
46 de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une fois pendant une danse qu’
47 plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous , mais vous les détourniez soudain comme pour vous arracher à une obse
48 fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arracher à une obsession secrè
49 vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arracher à une obsession secrètement attirante ; et je pensais que la
50 pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes airs s
51 menace. Je dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintena
52 ombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisés n’avai
53 l’orchestre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous . Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rend
54 e fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du
55 d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourire répondant au mien, comme on voit au dénouement des films popu
56 us séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un cortège de rires empressés. Une autre da
57 u réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sortant d
58 vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner
59 s vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé d
60 estiaire, je vous avais entendue donner un rendez- vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magas
61 escendant… Il aurait fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en face de votre bel ami laqué, souriante… E
62 ’idée de vous trouver peut-être assise en face de votre bel ami laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je suis sorti
63 s passaient par groupes. Plusieurs fois, j’ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pas pri
64 uméro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soudain un trait de vot
65 aque visage de femme révélait soudain un trait de votre visage. Il aurait fallu courir après celle-là qui venait de tourner à
66 it de tourner à l’angle de cette rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon
67 qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, hal
68 vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à la fois si lent — j
69 les paupières lourdes, et ce chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces élans réticents, maladro
70 ne ne parlait. La jeune femme qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarder, à cause d’
71 tout son empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous . Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit
72 n insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-ê
73 en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût
74 je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction
75 rme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. f. « Lettre du survivant », Revu
76 it plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. f. « Lettre du survivant », Revue de Belles-Lettr
14 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
77 ancolie. C’est la sourde tristesse des choses qui vous échappent, des amours impossibles, des histoires dont on ne sait pas
78 mais seulement qu’elles ont fait souffrir. Rendez- vous manqués, lettres perdues, aveux incompris, et peut-être, un quiproquo
15 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
79 légèrement coloré. Le principe est simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ; et un
16 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
80 és, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vous nous appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent par
81 ais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez dit : « C’est incompréhensible ! » — avec une indignation où j’a
82 n ne pouvait mieux exciter, signe d’aise extrême, vos glandes salivaires, pourtant si éprouvées par le repas dont vous sort
83 livaires, pourtant si éprouvées par le repas dont vous sortez, que ces trois mots où se résume la défense de la loi sociale,
84 e, religieuse (?) et ci-devant morale qui protège votre paresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plu
85 tre paresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. V
86 mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien
87 délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. R
88 s absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindr
89 urde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de
90 l’infini. Rien à craindre de ce côté. Retournez à vos amours. .............................................................
91 d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de
92 en de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un
93 iez-en donc, pantins officiels, et vous repus, et vous , dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique. Que s
94 déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… enfin,
95 je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,…
96 e, beaucoup trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le
97 on… Moi. — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à mon estime la plus vive
98 n, bon, c’est entendu, on ne peut rien faire sans vous . Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’il ne spécu
99 rtain », c’est un académicien qui l’a dit. Voulez- vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus
100 lus tard. Tenez, voici un traité de métaphysique, vous lirez ça en attendant. Très bien fait. Excellente méthode ! (Sort le
101 (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.) Moi. —  Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un
102 Muse, sortant de derrière un rideau). — J’attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand i
103 euse, sèche, d’humeur acariâtre et réactionnaire. Vous tracez des frontières géographiques à la raison ? Eh bien, c’est vous
104 tières géographiques à la raison ? Eh bien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons ro
105 absurdes, vivants, libres. Avec la poésie contre vos principes. Avec l’esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’i
106 poésie contre vos principes. Avec l’esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’il vous crie : « À bas le clair génie f
107 rit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’il vous crie : « À bas le clair génie français. » Alors la voix de Rimbardk à
108 e marchand des œuvres complètes de Karl Marx ? Si vous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous.
109 aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous . Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas
110 n en fonction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne
111 u capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne voyez-vous pas
112 cette manie française, la politique, et ne voyez- vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans l
113 e, et ne voyez-vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans leur langue et de crier rouge pour
114 ur la simple raison qu’ils ont dit blanc ? Pensez- vous combattre cet esprit « bien français » qui s’associe à tant d’objets
115  bien français » qui s’associe à tant d’objets de votre mépris, en prenant le contre-pied de tout ce qu’il inspire ? Alors qu
116 tions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révol
117 lier, il y a encore cette histoire, comment dites- vous , surréalisme ? — Baptisé il y a cinq ou six ans et mort des suites. Q
118 inq ou six ans et mort des suites. Quand cesserez- vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations
119 de ruminants ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce
120 minants ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est
121 que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’est plus c
122 d’amours, oiseaux doux et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs de passion. Ba
17 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
123 cle consacré aux jeunes artistes neuchâtelois, je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il y a
124 ter de singuliers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’est toujours une
125 ers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’est toujours une sorte de disso
126 tations : « André Evard. — Les jeunes peintres. —  Vous suivez la même route que nous ? À la bonne heure ! ». Et l’on repart
127 lègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez une toile appuyée au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une
128 sont le signe de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « n
129 occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourqu
18 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
130 bourgeoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. « Ber
19 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
131 quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers t
132 pitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compensero
133 . (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel e
134 où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement naissant peut enco
135 ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on consi
136 oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint comme le patron des voyag
137 se politique, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme u
138 charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardon
139 deur de l’expression — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusi
140 je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle paraît impliquer, c’est ce c
141 , pour ne pas dire inconscience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’on croirait ouïr parfois le récit de quelqu’une de
142 ctes de jeux de mots plus ou moins cruels… » — Je vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont la sin
143 e dont il paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y rép
144 est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par l
145 saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache
146 ucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presqu
147 de raillerie assez amère. Et peut-être apprendrez- vous à découvrir derrière certaines de mes plaisanteries la dérision secrè
20 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
148 0 que ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire — aux surréalistes ?   Si le mal du siècle consistait
149 rci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’est besoin de rapp
21 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
150 ieux le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un
151 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentimental, bien décidé au
152 le fallacieux prétexte d’une flânerie de saison, vous vous attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t-elle revenir av
153 allacieux prétexte d’une flânerie de saison, vous vous attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t-elle revenir avec so
154 -elle revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui plaire, maintenant qu’une si triomphante tendresse vous p
155 laire, maintenant qu’une si triomphante tendresse vous possède ! Justement, voici Pierre Girard : lui seul connaît l’adresse
156 l connaît l’adresse de Patsy, mais il ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord », s
157 y, mais il ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux.
158 veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. V
159 ’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatigue ; que c’es
160 ous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatigue ; que c’est une vraie manie de nommer à tout propos d’Annunzi
161 Annunzio, Pola Negri, Charly Clerc, Mrs. Balfour. Vous parlez de « procédés lassants ». Pierre Girard n’écoute plus : il pen
162 des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage «
163 énézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est
164 é à un endroit de l’éther où il y a du bonheur ». Vous reconnaissez que Pierre Girard est un peu responsable de cette douceu
165 n peu responsable de cette douceur de vivre. Déjà vous ne niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force u
166 Déjà vous ne niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par
167 t plutôt par excès de facilité que par recherche. Vous voilà même tenté de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans se
168 us voilà même tenté de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans ses fantoches une malicieuse et fine psychologie. Mais
169 ardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravir autant qu
170 apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedo
171 is, qui parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir
172 s n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pa
22 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
173 er littérature Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur m
174 e nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez- vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poé
175 de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je
176 … », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourrit
177 rriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écr
178 le rictus de votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est
179 ythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on a
180 it. Vous dites de ce roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour Nietzsche : que c’est de la littéra
181 Alors, quelque paysan du Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérat
182 : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez- vous . Mais j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je
183 sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi :
184 s escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrî
185 t scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrîtes le char
186 orand par qui découvrîtes le charme de ces lieux. Vous composez un cocktail en guise de métaphore, avec une pensée tendre po
187 ce coup, l’évocation de Cocteau fait fleurir sur vos lèvres le mot de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal est u
188 faut de l’ivresse naissante se glisse un poème où vous aimiez à la folie votre douleur. Narcisse se contemple au miroir de s
189 ante se glisse un poème où vous aimiez à la folie votre douleur. Narcisse se contemple au miroir de son monocle. Au petit mat
190 faire des poèmes. Alors je cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une citation. Seraient-ce les guillem
191 appe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vai
192 emets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez- vous … Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz :
193 Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblable », « fou », « hallucinant 
194 avoir mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne p
195 mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne pouvez
196 st simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous découvrez à l’eau un goût étrange. L’eau est incolore, inodore et san
197 et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans votre mépris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût du bizarre qui r
198 si, jusque dans votre mépris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pou
199 us ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la littérature qui est en no
200 littérature qui est en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une
201 voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est refus de limiter le mal. J
202 tude salutaire, c’est refus de limiter le mal. Je vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nommer.
203 er le mal. Je vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Or
204 uissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur la l
205 a laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derri
206 la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n
207 de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas qu
208 Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres d
209 e idée de la religion. Ainsi, de la littérature : votre mépris pour ses réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous
210 réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris e
211 is ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous cherchons autre chose que la littérature. Que la
212 s lourdes et plus irrésistibles, percutantes. Qui vous échappent en vous blessant. Des choses dures, amères comme un destin,
213 irrésistibles, percutantes. Qui vous échappent en vous blessant. Des choses dures, amères comme un destin, comme le goût d’u
214 . Des souplesses qui se retournent brusquement et vous renversent. Des présences tellement intenses que tout se fond catastr
215 étend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de conn
216 ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtives à certains états de la
217 uvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine de cette esthét
218 s choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine de cette esthétique ou de ce sens so
219 die ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il s’agit de l’envisager sans fièvre, pour
220 st-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou g
221 ublent leurs bureaucratiques sécurités. Pourtant, vous voyez bien que votre attitude méprisante pour la littérature vous fer
222 ratiques sécurités. Pourtant, vous voyez bien que votre attitude méprisante pour la littérature vous ferait bientôt renier le
223 que votre attitude méprisante pour la littérature vous ferait bientôt renier le signe le plus certain par lequel ces « quelq
224 sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté d
225  » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que « ceci, c’est u
226 le histoire, une autre très belle histoire ». (Et vous verriez à quoi cela peut servir, une citation.) Mais non, cher ami, v
227 ais non, cher ami, voici qu’une envie me prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleurs ; il y a tro
23 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
228 les hommes hurleront un affreux besoin mystique. Vous réveillerez-vous pour les désaltérer, dieux de l’Orient et de l’Occid
229 ront un affreux besoin mystique. Vous réveillerez- vous pour les désaltérer, dieux de l’Orient et de l’Occident ? » Certains
24 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
230 echerche activement la Sagesse (« Ça n’est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités » qui peuvent
231 rave et qui manifeste franchement sa jeunesse. («  Vous vous souciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrive
232 et qui manifeste franchement sa jeunesse. (« Vous vous souciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrivez ! »
233 ciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attendent de no
25 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
234 Et plein de verve, et pas embarrassé du tout pour vous lâcher un beau pavé mathématique au milieu d’une effusion « lyrique »
26 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
235 a de nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieu
236 us avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapidemen
27 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
237 compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? «  Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas
28 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
238 irconstances, une fois de plus manquait le rendez- vous que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcaro
239 ulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; pers
240 avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontron
241 onde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffran
242 s. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approc
243 yez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de sou
244 s par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumiè
245 question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissan
246 ur d’autres paraissaient purement mystiques… Mais vous savez, « les autres » n’y comprennent jamais rien, dès qu’on aime… Oh
247 ns au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde dep
248 nous avec un sourire du type le plus courant : «  Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre c
249 ns nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous , c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de
250 ement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeus
251 i. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon
252 ur vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon de p
253 emmes qui élargissent des sourires à la mesure de votre générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs autom
254 ent des sourires à la mesure de votre générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs automatiques de plais
255 luisants de concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au détail d
256 geait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproche, évidemment scandalis
257 nt, dit-il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre
258 vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un moment pénib
259 re est la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en
260 les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez- vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il
29 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
261 ragon se retourne sans cesse pour crier : Lâches, vous refusez d’avancer ! Mais il reste à portée de voix du troupeau. C’est
30 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
262 amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il est d’autres rivages
31 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
263 on a répété dans une ballade fameuse « Que voulez- vous , je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quel
32 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
264 s dans l’une et l’autre de ces capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de
265 les suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer ce
266 ion : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette première impression. Vienne : assi
267 ouettée ? Budapest : une vague de musique tzigane vous emporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les no
268 zigane vous emporte dès l’entrée. Un violon vient vous siffler à l’oreille les notes les plus aiguës d’une chanson populaire
269 ement rauques… Sortez pour en suivre une, arrêtez- vous à ses côtés devant cet étalage pour admirer un coussin aux curieux de
270 ir et portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez- vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! 
271 … Rentrons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau
272 muse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation
273 eau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vous constatez que cette profusion de liqueurs légères facilite singulière
274 facilite singulièrement les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hon
275 nt les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises féminines suff
276 le charme des voix hongroises féminines suffit à votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. V
277 ix hongroises féminines suffit à votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes le
278 yez bien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. C
279 ien que Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce
280 le, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici transporté dans un bal costumé, parmi des gens qui parlent une
33 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
281 ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je considère un ravissant
282 is le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez- vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la cha
283 revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez- vous , bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à t
34 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
284 ent-ils, combien complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur
285 gens ont une façon de trancher les questions qui vous désarme. Craignant qu’on ne lui fît un mauvais parti, l’ange trouva s
286 îte venue. Le lendemain, il reçut une réponse : «  Vous avez commis une erreur, cher ami, mais bien excusable de la part d’un
287 inspiration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je
288 . Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lign
289 ’a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous trouveront réuni
290 e lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine.
291 s trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut : « L’in
35 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
292 n publique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris
293 s du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ai
294 a bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisa
36 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
295 garçons. Revenons au civil. Au village, quand on vous parle avec respect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous êtes p
296 ec respect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous êtes presque certain qu’il s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on
297 es quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êt
298 mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Natu
299 ’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien êtr
37 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
300 ipes de cette institution passionnément détestée. Vous allez voir comme il bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux ye
301 qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec
302 sieur, répondent les fonctionnaires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et qu
303 illeurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mai
304 nfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez- vous , vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye
305 ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous  ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et i
306 rits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez- vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élément
307 e l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élémentaires. L’égalit
308 trente enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social ex
309 t soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou bien vous acceptez le régime — mais aussi ses conséquences absurdes et fatales,
310 ales, par exemple l’instruction publique. Ou bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre
311 bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, u
38 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
312 , malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instrument,
313 ments savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
314 oi que ce soit. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à
315 s ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui d
316 t en tant de points — voilà qui m’inquiéterait, à votre place.
39 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
317 nent de voir la morale actuelle s’attaquer, voyez- vous ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et je les traite de mauv
40 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
318 re. Et qui a meilleure façon que le reste, pensez- vous . Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journ
319 ire, de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous a un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les
320 petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
321 . Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre , et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée.
322 où le conduire ? Il y a beaucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le sur-place. Ainsi l’instructio
323 ucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le sur-place. Ainsi l’instruction publique s’est arrêtée aux
324 iculise à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’inst
325 ontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens exquis du clich
326 vec ce sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’instruction publi
327 ’est un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut,
328 n. Supposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenan
329 irons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour prépa
330 xviiie (depuis les dernières pestes noires). Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouvez bien vite qu’ell
331 . Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouvez bien vite qu’elle repose sur des postulats rationalistes. En
332 précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place d
333 ormidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la form
334 cle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la
335 pticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n
41 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
336 Appendice. Utopie Un os à la meute. (Et figurez- vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous
337 . (Et figurez-vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.)
338 rme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.) La question est de savoir si nous
339 s’éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-luxe, suffrage universel, instruction pu
340 ur) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi
341  !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez
342 e vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas c
343 vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez- vous . Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste,
344 dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est
345 effets suivront infailliblement. Par exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier,
346 exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier, auteur de manuels d’histoire et de g
347 oit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sa
348 llement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à l
349 ue matin l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à -vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs énervements.
350 l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à- vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs énervements. Il n
351 struction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà revient le temps des mages 
352 rais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous . Déjà revient le temps des mages : ils comprennent les théories d’Ein
353 ans que des personnes bien intentionnées viennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un t
354 ennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil
355 ut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, a
42 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
356 n publique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris
357 s du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ai
358 bien qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisa
43 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
359 es quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êt
360 mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Natu
361 ’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien êtr
44 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
362 ipes de cette institution passionnément détestée. Vous allez voir comment ils bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux
363 qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous , qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec
364 sieur, répondent les fonctionnaires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et qu
365 illeurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mai
366 nfants ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez- vous , vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye
367 ne se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous  ? — Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et i
368 rits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez- vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élément
369 e l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élémentaires. 3.c. L’é
370 trente enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social ex
371 et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou bien vous acceptez le régime — mais aussi ses conséquences absurdes et fatales,
372 ales, par exemple l’instruction publique. Ou bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre
373 bien vous combattez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, u
45 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
374 , malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instrument,
375 ments savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
376 e ce soit. J’aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à
377 s ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui d
378 t en tant de points — voilà qui m’inquiéterait, à votre place.
46 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
379 nent de voir la morale actuelle s’attaquer, voyez- vous ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et je les traite de mauv
47 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
380 re. Et qui a meilleure façon que le reste, pensez- vous . Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journ
381 ire, de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous a un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs, vous aimez les
382 petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs, vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
383 . Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre , et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée.
384 où le conduire ? Il y a beaucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le surplace. Ainsi l’instruction
385 ucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le surplace. Ainsi l’instruction publique s’est arrêtée aux
386 iculise à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’inst
387 ontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens du cliché qui e
388 dire, avec ce sens du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’instruction publi
389 ’est un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut,
390 n. Supposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenan
391 irons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour prépa
392 xviiie (depuis les dernières pestes noires). Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouverez bien vite qu’e
393 . Si vous creusez un peu la notion de démocratie, vous trouverez bien vite qu’elle repose sur des postulats rationalistes. E
394 précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place d
395 ormidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la form
396 cle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la
397 pticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr.   12. La Raison de Spinoza ou de Descartes
48 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
398 Appendice. Utopie Un os à la meute. (Et figurez- vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous
399 . (Et figurez-vous que j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) L
400 rme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) La question est de savoir si nous
401 s’éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse, ciné, faux-luxe, suffrage universel, instruction pu
402 ur) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi
403  !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez
404 e vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas c
405 vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez- vous . Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c
406 dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c’est l
407 effets suivront infailliblement. Par exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier,
408 exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Rosier, auteur de manuels d’histoire et de g
409 oit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sa
410 llement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à l
411 ue matin l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à -vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs énervements.
412 l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à- vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs énervements. Il n
413 struction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà revient le temps des mages 
414 rais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous . Déjà revient le temps des mages : ils comprennent les théories d’Ein
415 ans que des personnes bien intentionnées viennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un t
416 ennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez est pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil
417 ut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, a
49 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
418 Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous cro
419 iosité, mieux, le goût des esprits singuliers, si vous croyez que c’est par l’extrême pointe du singulier que l’esprit pénèt
420 du singulier que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement r
421 poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d’œil, assez dénué
422 ime à ménager dans un jardin à la française. Mais vous ne tarderez pas à remarquer que tout, ici, est original, indigène, ta
423 riginal, indigène, tant l’allure des sentiers qui vous mènent tranquillement aux points de vue les plus cocasses, que la for
50 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
424 tré. (Vraiment le jeu est trop facile. Allez donc vous mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne nous laisse même plus
425 ière aussi peu compromettante que possible. Direz- vous que les Allemands ne les posent pas mieux ? Du moins n’ont-ils pas ce
426 ui vaille qu’on s’y dévoue. Mais quoi ! cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne se porte plus, — voire même à paraî
427 un Descartes ?) D’ailleurs, c’est bien simple, si vous persistez à dédaigner cette vertu qu’il est vraiment trop facile de n
428 ent trop facile de nommer l’avarice française, il vous reste à choisir entre le sort de Nietzsche et celui de Schiller. Roma
51 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
429 en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé onze
430 r — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double tarif, et pourquoi ? R
431 double tarif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous , si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien v
432 arif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien vite conna
433 Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou
434 e marquis de Carabas, absent de Paris, est là. Si vous enlevez Georges Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’oubl
435 égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l’âge du capi
436 ais il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les
52 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
437 «  Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fa
438 uête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)q I Vos fantômes ne sont pas les miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas
439 centre de mon univers. La vision « autre » dont vous parlez traduit simplement une variation dans mes relations avec le mo
440 oderne n’est peut-être que la psychologie. q. «  Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fa
53 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
441 errible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes- vous venu chercher jusque chez nous ? » On me demandera donc toujours des
442 crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous , A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons
443 t : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, l
444 pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaiss
445 re sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabo
446 viable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre
447 se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du ré
448 oubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quo
449 rc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet d
450 a Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez- vous , le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait,
451 fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. «  Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosqué
452 n impose une livrée. — « Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !… » — Non, Monsieur, ce n’es
453 e réalité vivante à une duperie commerciale. Mais vous pensez que tant de mots pour une simple question de sentiment… C’est
454 pour une simple question de sentiment… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que
455 e vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque te
456 histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vraiment
457 sse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit
458 a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend dé
459 t les cartes de « la Hongrie mutilée ». — « Savez- vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pa
460 deux tiers de notre patrie ? » Ah ! ce n’est pas vous , maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont i
461 pas vous, maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, le
462 s régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de
463 rmer la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civi
464 ce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné
465 ie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » 10
466 Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » 10. Visite à Babits Pe
54 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
467 iste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole s
468 e verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous , derrière ma tête, Sans Noms, ça ne sera pas encore pour cette fois.
469 c, il faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur capr
470 belles dans leurs petits sweaters — vais-je pour vous m’arrêter quelques jours ? On ferait connaissance à table d’hôte, on
471 vec son jeu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans
472 tions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! —  Vous , naturellement… (Encore un qui se réveille dans ma tête.) — On ne voy
55 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
473 ré-communiste. Le cas Malraux, — le cas Perken si vous voulez. Les personnages de M. Malraux se ressemblent dans le souvenir
56 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
474 e — ou en enfant : il y a lieu de s’attrister. Si vous demandez au philosophe de quel droit il pratique cet étrange sectionn
475 ècle entonne pour annoncer son morne triomphe : «  Vous n’avez pas su conjurer la malédiction du monde moderne, clame-t-on de
57 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
476 s (avril 1931)e C’est donc qu’il y en a ? avez- vous dit. Depuis le temps qu’on cherchait à nous faire croire qu’une origi
477 chez ces peintres ? — Certaines rigidités, pensez- vous , certaines austérités de style ? — On s’y serait attendu. Une visite
58 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
478 aut est contrecarré par le dieu de l’Amour. « Si vous désirez savoir comment cela s’applique à mon histoire, dit l’auteur d
479 re, dit l’auteur dans sa préface, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient
480 ce, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient lu eux-mêmes le livre. J’espè
481 ou cruels qui les caractérisent. « Naturellement, vous allez à l’église le dimanche ? — Oui, tante Harriet, j’y vais. — Tant
482 rtis » : « Nous en avons eu trop dans la famille, votre pauvre oncle Charles… qui avait stupéfié la famille en devenant catho
483 catholique…, puis Edmund Lely, cousin germain de votre père, qui est devenu moine, et qui marche pieds nus, à l’étranger lui
484 ieds nus, à l’étranger lui aussi ; puis il y a eu votre pauvre tante Cornélia… Ce fut un terrible coup pour nous tous. Nature
485 sion. (C’est Blanche qui parle au père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je vous demande seulement de prier pour moi
486 père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je vous demande seulement de prier pour moi, car j’ai parfois la sensation qu
487 vrai, que j’ai commis des erreurs irréparables. — Vous avez le droit de vous laisser mener par le remords au bord du désespo
488 des erreurs irréparables. — Vous avez le droit de vous laisser mener par le remords au bord du désespoir, mais pas plus loin
59 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
489 point trop volumineux — il trouvera sa place dans votre valise — et d’une érudition très aérée. Comment ne point partager, en
490 uelle tranquillité tout repose dans la lumière… » Vous avez reconnu ce ton souverain. Pour la première fois, le ton des haut
60 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
491 , qui vaut d’être citée : — Pourquoi me regardez- vous ainsi ? tonna le Procureur, qui cherchait à intimider Eiichi. Eiichi
492 ’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi me regardez- vous aussi insolemment ? Le Procureur continuait à enrager ; sa figure se
493 ait et ses lèvres étaient pâles. — Comment voulez- vous renverser l’état social actuel, si ce n’est par une révolution ? Je v
494 ocial actuel, si ce n’est par une révolution ? Je vous demande de me dire clairement votre pensée à ce sujet. Eiichi se tais
495 évolution ? Je vous demande de me dire clairement votre pensée à ce sujet. Eiichi se taisait. Une minute, deux minutes s’écou
496 aux prises avec toutes les formes du mal, jamais vous ne surprendrez dans ses yeux rien du moralisme glacial des « honnêtes
61 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
497 prononcé en France. Kierkegaard, un homme qui ne vous lâche plus. Il a beaucoup parlé de lui-même. Mais là où d’autres prod
62 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
498 il n’était pas bien pire de commettre un acte qui vous laisse dans le doute (et l’on s’attire pourtant une responsabilité) q
63 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
499 ormais protégé par une cotte d’invisible silence. Vous pouvez lui parler sans le troubler : les mots n’atteignent plus son r
64 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
500 dépêchons-nous ! L’explosion sera retardée si vous m’aimez assez on peut conserver quelque espoir à condition de ne
65 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
501 , il m’a saisi par les cheveux. Il est sûrement à vos trousses aussi, j’espère voir le jour où il vous rattrapera ; mais je
502 à vos trousses aussi, j’espère voir le jour où il vous rattrapera ; mais je ne puis répondre de la manière. Je suis parfois
503 ec le Seigneur et Jésus son fils bien-aimé. C’est vous dire que j’ai acquis plus de raison et d’expérience : la crainte du S
66 1932, Présence, articles (1932–1946). Cause commune (avril-juin 1932)
504 s admettre que celle qui dirait : « Faites ce que vous pensez, pensez ce que vous faites. » Alors que la formule d’une éthiq
505 rait : « Faites ce que vous pensez, pensez ce que vous faites. » Alors que la formule d’une éthique bourgeoise est au contra
506  : « Faites comme tout-le-monde, et pensez ce que vous n’oserez jamais faire. » Faut-il, pour d’autres, préciser que le manq
67 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
507 ns interrogé M. Durand-Dupont. — Pourquoi n’êtes- vous pas révolutionnaire ? M. Durand-Dupont ne s’est pas fait prier pour n
508 pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des millions d’hommes dont vous n’avez aucune raison
509 vous répondront cela. Des millions d’hommes dont vous n’avez aucune raison de suspecter la bonne foi, ni même la bonne volo
510 suspecter la bonne foi, ni même la bonne volonté, vous serviront avec une assurance tempérée de douceur cette phrase type qu
511 contradiction dans les termes. Pourquoi prétendez- vous « défendre » un idéal libéral pour lequel vous refuseriez de recevoir
512 ez-vous « défendre » un idéal libéral pour lequel vous refuseriez de recevoir le moindre petit coup de matraque ? 3. « … aux
68 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Querelles de famille, par Georges Duhamel (mai 1932)
513 citaires. “De la musique avant toute chose…” Oh ! vous ne diriez plus cela, Verlaine ! » (page 16). 17. « Si je cherche que
69 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
514 De doux jeunes gens trop bien peignés viennent vous tenir des théories effarantes sur la violence à main armée, sur la né
515 perdre une page à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que la violence possède ? c
70 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
516 ouvre la réalité de tel homme concret et réel que vous ou moi pouvons connaître. Mais, en vérité, la lecture du livre de M.
71 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
517 rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous m’entendez, « au nom de la cause sacrée de la paix » que ce brave off
518 , lui répondra non sans violence : « C’est faux ! Vous faites de la théologie, et vous ne faites même que cela ; c’est une t
519  : « C’est faux ! Vous faites de la théologie, et vous ne faites même que cela ; c’est une tout autre théologie que la chrét
520 consciencieusement à chaque témoin, qu’en faites- vous  ? » Un seul se permit de répondre que toutes les guerres sont défensi
521 es. Quelqu’un me demandait, à la sortie : « Avez- vous jamais vu un soldat défensif ? Comment est-ce que c’est fait ? » 7° C
72 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
522 ssure le Pardon, c’est la foi. Agissez donc, mais votre action ne sert de rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste a
73 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). À prendre ou à tuer (décembre 1932)
523 térature et mauvais caractère. Il y avait de quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux à faire. E
524 ère. Il y avait de quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révo
525 vous n’aviez après tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande de méchants garçons. Pui
526 tion, c’était une bande de méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangereux et avides. Et maintenant,
527 es gens dangereux et avides. Et maintenant, c’est vous qui glissez dans l’angoisse. Vous et vos maîtres. Bientôt vous cherch
528 intenant, c’est vous qui glissez dans l’angoisse. Vous et vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de sauvetage.   I
529 , c’est vous qui glissez dans l’angoisse. Vous et vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de sauvetage.   Ici para
530 sez dans l’angoisse. Vous et vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de sauvetage.   Ici paraît le communisme, comm
531 ’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il est, sous
532 dirai plus nous, mais je. À la question « Prenez- vous au sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aim
533 , mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aiment pas répondr
534 s doute que je me perds dans ma mystique ? Allez, vous ne vous retrouvez que trop bien dans les vôtres ! Déjà les hommes le
535 que je me perds dans ma mystique ? Allez, vous ne vous retrouvez que trop bien dans les vôtres ! Déjà les hommes le pressent
536 Allez, vous ne vous retrouvez que trop bien dans les vôtres  ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’autre à attendre q
74 1932, Le Paysan du Danube. Le sentiment de l’Europe centrale
537 plutôt un essai de spécification. Je pense, comme vous , qu’il existe quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la di
538 nt lentement, parlaient peu —, c’est le secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant. Bienveillance — 
539 et bafouée. (Chevreuse, 1932) 1. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! Définition même du sentimentalisme subj
75 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Un soir à Vienne avec Gérard
540 irconstances, une fois de plus manquait le rendez- vous que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcaro
541 ulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; pers
542 voir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontron
543 onde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffran
544 s. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approc
545 yez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de sou
546 s par votre souffrance… Mais le temps approche où vous n’aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumiè
547 question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissan
548 les autres paraissaient purement mystiques… Mais vous savez, « les autres » n’y comprennent jamais rien, dès qu’on aime… Oh
549 ns au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde dep
550 ns nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous , c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de
551 ement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeus
552 i. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon
553 ur vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c’est une façon de p
554 s sourires à la mesure exacte de leur générosité. Vos boîtes de nuit sont des sortes de distributeurs automatiques de plais
555 luisants de concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs dans une foire écla
556 geait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproche, évidemment scandalis
557 nt, dit-il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est bien ce qui vous perdra. » La pa
558 n’avez pas de ressemblance, et c’est bien ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un moment pénib
559 re est la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en
560 les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez- vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il
561 y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, vous pourriez écrire une Vie simultanée de Gérard : elle tiendrait toute e
76 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Une « tasse de thé » au Palais C…
562 and spectacle de notre civilisation finissante ! ( Vous souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que de belles personnes
563 e notre civilisation finissante ! (Vous souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que de belles personnes — en vain ! Et
564 a fête invisible qui m’environne, ah ! que n’êtes- vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair
77 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Voyage en Hongrie
565 errible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes- vous venu chercher jusque chez nous ? » (En Hongrie, à 30 heures d’express
566 .) Grands dieux ! je le vois bien, à tout prix il vous faut un prétexte avouable… On me demandera donc toujours des passepor
567 crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous , A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons
568 t : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, l
569 pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaiss
570 re sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabo
571 viable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre
572 se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du ré
573 oubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quo
574 rc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet d
575 a Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez- vous , le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait,
576 fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. «  Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosqué
577 n impose une livrée. — « Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli ! » — Non, Monsieur, ce n’est
578 e réalité vivante à une duperie commerciale. Mais vous pensez que tant de mots pour une simple question de sentiment… C’est
579 pour une simple question de sentiment… C’est que vous êtes déjà bien malade. Il perd le sentiment, disait-on, du temps que
580 e vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque te
581 histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vraiment
582 sse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit
583 a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend dé
584 t les cartes de « la Hongrie mutilée ». — « Savez- vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est
585 eux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous , maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont i
586 pas vous, maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, le
587 s régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de
588 rmer la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civi
589 ce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné
590 ie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » x
591 Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » x Visite à Babits Per
592 iste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole s
593 e verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous , derrière ma tête, Sans Noms, ça ne sera pas encore pour cette fois.
594 c, il faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur capr
595 belles dans leurs petits sweaters — vais-je pour vous m’arrêter quelques jours ? On ferait connaissance à table d’hôte, on
596 vec son jeu des définitions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans
597 tions)… pas de but. — C’est vous qui le dites ! —  Vous , naturellement… (Encore un qui se réveille dans ma tête.) — On ne voy
78 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — La tour de Hölderlin
598 ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je considère un ravissant
599 is le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez- vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la cha
600 revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez- vous , bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à t
79 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
601 On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous ayez une compagnie ! », dit sa mère, avec un clin d’œil. C’est une jo
602 corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui ne correspondent
603 e sait si je ne flotterai pas encore au-dessus de vous , et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers dési
604 renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melanchol
605 ous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre ? Je ne m’en souviens pas
606 de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez- vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux c
607 ose de Thuringe. J’ai répondu : Je ne sais pas si vous avez connu ce contentement large de tout l’être devant un verre de vi
608 Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente — celle que m
609 aîcheur et l’âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné ma vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos
610 vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir qui
611 eu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour cette
612 ges, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour cette ville à présent sans relâche, où les orages
80 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
613 el : l’inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous , et débite son rapport en deux minutes. Puis on entre fumer un cigare
614 pas être bien drôle à la longue ! » Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vo
615 drôle à la longue ! » Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ?
616 sent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos sat
617 e n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos satiétés, quand elle ne se met
618 Et toute votre littérature est occupée à décrire vos satiétés, quand elle ne se met pas au service d’un régime de surenchè
619 de vivre. Que demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ai
620 Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de ténébr
621 l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la
622 lonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a pour vous , ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de
623 voir. De ces gens grossièrement distingués qui ne vous ont pas vu, qui détournent la tête avec une expression méprisable de
624 morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire, entre deux bridges, que les « terreux » sont démodés. Bien joli
625 y donne ses directives. Et regardez les têtes qui vous entoureront. Personne, croyez-m’en, de la race des cavaliers. Quant à
81 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Appendice. Les Soirées du Brambilla-Club, (1930)
626 Députés », disait un amoureux de la France. Quand vous prenez un taxi passé onze heures, c’est double tarif, et pourquoi ? R
627 double tarif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous , si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien v
628 arif, et pourquoi ? Regardez : à côté de vous, si vous êtes seul, un fantôme, d’office, a pris place. On lie bien vite conna
629 Maison des Ogres est au 53, rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou
630 de Boschère, en dépit de certaines apparences. Si vous enlevez Georges Petit égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’oubli
631 égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l’âge du capi
632 s il s’agit de les vivre plutôt que d’en parler ; vous voyez bien que j’ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les
82 1932, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La pluie et le beau temps (Dialogue dans une tête) (1932)
633 ialogue dans une tête) (1932)w Lord Artur. — Vous êtes terriblement jolie aujourd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui
634 aujourd’hui, Mademoiselle Sonnette, avec qui avez- vous été méchante ? Sonnette. — Lord Artur, je ne suis pas une mauvaise f
635 d Artur, je ne suis pas une mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coqu
636 mauvaise femme, et si vous n’étiez pas si retors, vous verriez bien que je ne suis pas plus coquette qu’une autre. Mais les
637 plus coquette qu’une autre. Mais les hommes comme vous aiment que les femmes soient coquettes à les faire doucement frémir d
638 iner et c’est pourquoi nous aimons leur échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante :
639 r échapper. Vous êtes bien injuste avec moi quand vous me reprochez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous save
640 ez d’être méchante : je suis à peine coquette, et vous savez que c’est un plaisir qu’on ne peut pas nous refuser ; du reste,
641 end plus jolie, quelqu’un me l’a dit hier encore, vous ne saurez pas qui. Lord Artur. — Ravissante Sonnette, vos paroles ne
642 urez pas qui. Lord Artur. — Ravissante Sonnette, vos paroles ne sont pas pour les oreilles, mais pour les lèvres de ceux q
643 ur les oreilles, mais pour les lèvres de ceux qui vous aiment. Car elles sont insensées, mais comme des baisers dans l’air.
644 s, mais comme des baisers dans l’air. Je voudrais vous poser une question, Sonnette. Une question très grave. Une question q
645 Une question qui revient à peu près à ceci : Êtes- vous un être capable d’aimer, ou seulement une apparence adorable ? Et voi
646 arence adorable ? Et voici cette question : Aimez- vous mieux la pluie ou le beau temps ? Sonnette. — Pfi ! comme c’est drôl
647 r. — Certes, la réponse serait sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous l
648 onse serait sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous le beau temps et la
649 vous dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous le beau temps et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce
650 que c’est le bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. — Petite leçon de météorologie s
651 Petite leçon de météorologie sentimentale. Comme vous êtes un profond pédant, dans cinq minutes je ne saurai plus même voir
652 vilain. Lord Artur. — Je pense sérieusement que vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfé
653 sement que vous ne l’avez jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfériez le bonheur ou la tristesse. Car vo
654 jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfériez le bonheur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est vo
655 si vous préfériez le bonheur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraisse
656 eur ou la tristesse. Car vous ne savez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraissent simples, évidents et in
657 ez pas où est votre bien. C’est pourquoi les mots vous paraissent simples, évidents et indifférents. C’est pourquoi vous adm
658 simples, évidents et indifférents. C’est pourquoi vous admettez que « beau » temps est le contraire de « mauvais » temps, et
659 » temps est le contraire de « mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que doit être le « bon » temps, ni si les te
660 i si les tempêtes sont « belles ». C’est pourquoi vous pensez encore que le bonheur peut exister en dehors de la souffrance,
661 est le contraire de la souffrance. C’est pourquoi vos rêves composent toujours le même paysage de carte postale en couleurs
662 e sur le beau temps. Écoutez-moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vé
663 emps. Écoutez-moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vérité à une cart
664 -moi bien, Sonnette : Vos actions et vos pensées, votre conception de l’amour se réfèrent en vérité à une carte postale en co
665 postale en couleurs. Et non pas à la réalité. Car vous n’aimez pas réfléchir à la souffrance.   (Un silence.)   Sans doute,
666 e.   (Un silence.)   Sans doute, Sonnette, portez- vous de ces courtes bottes vernies, quand il pleut ? Sonnette. — Quand j’
667 nt seulement sournoises. Sonnette. — Lord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vou
668 e. — Lord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer d
669 p. Vraiment vous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des métaphysiques à propos de petits ri
670 ous devez être jaloux ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des métaphysiques à propos de petits riens, c’est tou
671 s riens, c’est toujours par dépit amoureux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par
672 reux. Si je vous laisse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chrétien po
673 sse aller, ou si peut-être je vous pousse un peu, vous finirez par démontrer qu’il faut être chrétien pour comprendre quoi q
674 Lord Artur. — J’ai toujours estimé, Sonnette, que vous extrêmement intelligente. Je regrette profondément que vous n’ayez pa
675 mement intelligente. Je regrette profondément que vous n’ayez pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne
676 ’ayez pas plus de sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est
677 ’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vou
678 i vous étiez païenne ou si vous étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que
679 , vous sauriez ce que c’est que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous sera
680 t que le beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu visible ;
681 nne et que vous adoriez la lumière, le beau temps vous serait un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que
682 beau temps vous serait un Dieu rendu visible ; et votre « bonheur » rien de plus que l’un des noms de sa présence. Mais un jo
683 u bâtit la ville de Crotone. Sonnette. — J’aime vos histoires, Lord Artur. (Un temps.) — Dites-moi, Lord Artur, si je ple
684 Artur, si je pleurais, quel temps ferait-il pour vous  ? Lord Artur. — … Le beau mot : courtisane… Ce n’est pas qu’elle soi
685 êtue de son péché », — comme une courtisane. Mais vous n’êtes qu’une petite fille.20 20. [Note à l’achevé d’imprimé :] « 
83 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Introduction. Le sentiment de l’Europe centrale
686 plutôt un essai de spécification. Je pense, comme vous , qu’il existe quantité d’Allemands et de Français pour lesquels la di
687 nt lentement, parlaient peu, — c’est le secret de votre bienveillance que je voudrais rechercher maintenant. Bienveillance — 
688 t bafouée. (Chevreuse, 1932.) 1. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! Définition même du sentimentalisme subj
84 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Première partie. Le paysan du Danube — Une « tasse de thé » au palais C…
689 and spectacle de notre civilisation finissante ! ( Vous souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que de belles personnes
690 e notre civilisation finissante ! (Vous souriez ? Vous mourrez avec elle.) Cependant, que de belles personnes — en vain ! Et
691 a fête invisible qui m’environne, ah ! que n’êtes- vous celles des désirs de l’amour ! La traîne d’une robe tournoie, éclair
85 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Première partie. Le paysan du Danube — Voyage en Hongrie
692 errible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êtes- vous venu chercher jusque chez nous ? » (En Hongrie, à 20 heures d’express
693 .) Grands dieux ! je le vois bien, à tout prix il vous faut un prétexte avouable… On me demandera donc toujours des passepor
694 crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous , A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons
695 t : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, l
696 pas à devenir notre raison de vivre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaiss
697 re sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabo
698 viable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre
699 se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du ré
700 oubles distingués. Peu de sens du réel. Mais nous vous montrerons notre Hongrie, ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quo
701 rc. Tandis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet d
702 a Colline des roses. Une ancienne mosquée, disiez- vous , le tombeau du prophète Gül Baba. Puis, comme le soleil se couchait,
703 fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. «  Vous n’y verrez, m’avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosqué
704 sse. Comment la mesurer sans mauvaise grâce à qui vous a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit
705 a reçu comme un cadeau de Dieu. (« C’est Dieu qui vous envoie », dit la formule traditionnelle.) La liqueur de pêche rend dé
706 t les cartes de la « Hongrie mutilée ». — « Savez- vous qu’on nous a volé les deux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est
707 eux tiers de notre patrie ? » — Ah ! ce n’est pas vous , maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont i
708 pas vous, maintenant, qui allez demander raison à vos hôtes de la façon dont ils traitaient, au temps de leur puissance, le
709 s régions jusqu’à y former la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de
710 rmer la majorité. Pourtant, vous les obligeriez à vous répondre que les nombres ont tort au regard de l’antiquité d’une civi
711 ce de Dieu roi de Hongrie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné
712 ie. Bonjour, citoyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » Vi
713 Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » Visite à Babits Person
714 iste — ô Danses ! avènement de l’âme aux gestes ! Vous voici, longs coups d’ailes en silence au-dessus du gouffre. Je vole s
715 e verrai-je naître à mon désir ? Rejoindre ! Mais vous , derrière ma tête, Sans Noms, ça ne sera pas encore pour cette fois.
716 c, il faut d’abord s’y plonger ; et ensuite, s’il vous a paru beau, en faire le tour, mais voilà qui est affaire de pur capr
717 belles dans leurs petits sweaters — vais-je pour vous m’arrêter quelques jours ? On ferait connaissance à table d’hôte, on
718 vec son jeu des définitions)… Pas de but. — C’est vous qui le dites ! — Vous, naturellement… (Encore un qui se réveille dans
719 tions)… Pas de but. — C’est vous qui le dites ! —  Vous , naturellement… (Encore un qui se réveille dans la tête.) — On ne voy
86 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
720 el : l’inspecteur paraît sur son seuil au garde à vous , et débite son rapport en deux minutes. Puis on entre fumer un cigare
721 pas être bien drôle à la longue ! » Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vo
722 drôle à la longue ! » Avec cela que vos plaisirs vous amusent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ?
723 sent tant ! La neurasthénie n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos sat
724 e n’est-elle pas une de vos inventions ? Et toute votre littérature est occupée à décrire vos satiétés, quand elle ne se met
725 Et toute votre littérature est occupée à décrire vos satiétés, quand elle ne se met pas au service d’un régime de surenchè
726 de vivre. Que demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ai
727 Qu’il vous laisse la franchise du cœur. Ici, l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de ténébr
728 l’on vous aime plus naïvement qu’ailleurs. On ne vous cache pas, pour de ténébreuses habiletés salonnardes, l’intérêt et la
729 lonnardes, l’intérêt et la sympathie qu’on a pour vous , ou qu’on n’a pas. Nulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de
730 voir. De ces gens grossièrement distingués qui ne vous ont pas vu, qui détournent la tête avec une expression méprisable de
731 morales et de provocantes civilités, qui viennent vous dire, entre deux bridges, que les « terreux » sont démodés. Bien joli
87 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — La tour de Hölderlin
732 ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je considère un ravissant
733 is le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez- vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la cha
734 revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez- vous , bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à t
88 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
735 On a laissé sa photo dans ma chambre, « pour que vous ayez une compagnie ! », dit sa mère, avec un clin d’œil. C’est une jo
736 corps stupides — de nihilistes et de boxeurs, si vous voulez —, tout encombré de larves et de systèmes qui ne correspondent
737 e sait si je ne flotterai pas encore au-dessus de vous , et si je n’éprouverai pas de l’amertume à voir que mes derniers dési
738 renvoyé autant de regards que de balles : — « Je vous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melanchol
739 ous ai bien vu, un jour à la fenêtre de mon amie, vous étiez si melancholisch ! » — « À ma fenêtre ? Je ne m’en souviens pas
740 de la noyade pendant le feu d’artifice, souvenez- vous de la comtesse. Va-t-elle apostropher le destin ou pousser de beaux c
741 que ça me prend, tout justement ! Attendez que je vous dise… Sur mon assiette de petit déjeuner, demain matin, il y a une gr
742 Pierre Girard. J’ai répondu : « Je ne sais pas si vous avez connu ce contentement large de tout l’être devant un verre de vi
743 Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente — celle que m
744 aîcheur et l’âcreté des arbres désirables, que ne vous ai-je donné ma vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos
745 vie ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir qui
746 eu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour cette
747 ges, de vos filles, qu’on me laisse au remords de vous avoir quittées pour cette ville à présent sans relâche, où les orages
89 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Quand je me souviens — C’est l’Europe
748 « C’est difficile de chanter ça ce soir. Les mots vous restent dans la gorge… » Le drame ne put être joué, la plupart des ac
749 … mais sachez-le : nous n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous étiez « occupés », nous étions en exil,
750 tions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous étiez « occupés », nous étions en exil, et les uns comme les autres d
751 re. Comment lui résisterait-on ? C’est un ami. Il vous a reçus d’abord et vous a proposé ses façons et usages qu’il convenai
752 ait-on ? C’est un ami. Il vous a reçus d’abord et vous a proposé ses façons et usages qu’il convenait d’aimer. Bientôt, s’il
753 s qu’il convenait d’aimer. Bientôt, s’il voit que vous restez là, il change un peu : vous n’êtes plus l’invité mais un clien
754 s’il voit que vous restez là, il change un peu : vous n’êtes plus l’invité mais un client, et qui devrait s’arranger pour p
755 t, et qui devrait s’arranger pour payer. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’est tout d’un coup le monsieur qui ne tient p
756 t d’un coup le monsieur qui ne tient pas à ce que vous lui causiez des ennuis. Débrouillez-vous. Et puis, vous êtes trop nom
757 à ce que vous lui causiez des ennuis. Débrouillez- vous . Et puis, vous êtes trop nombreux, on ne peut pas s’occuper de chacun
758 ui causiez des ennuis. Débrouillez-vous. Et puis, vous êtes trop nombreux, on ne peut pas s’occuper de chacun de vous. Et c’
759 p nombreux, on ne peut pas s’occuper de chacun de vous . Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombreux. En France, en Suisse
760 it, il y en a toujours trop. Cependant notre sort vous paraissait enviable, à juste titre. Les pires tourments de l’esprit e
761 une place plantée d’arbres et déserte, aux rendez- vous manqués où je me retrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit. L
762 on se sent bien. Ses défauts crèvent les yeux, il vous a fait souffrir, on vous démontrera qu’il n’est pas fait pour vous, m
763 uts crèvent les yeux, il vous a fait souffrir, on vous démontrera qu’il n’est pas fait pour vous, mais près de lui vous épro
764 rir, on vous démontrera qu’il n’est pas fait pour vous , mais près de lui vous éprouvez une liberté. Et cette constatation, b
765 qu’il n’est pas fait pour vous, mais près de lui vous éprouvez une liberté. Et cette constatation, bien entendu, ne signifi
766 signifie rien sur sa valeur « en soi » ni sur la vôtre que personne ne peut mesurer. Mais dans cette relation, vous existez.
767 rsonne ne peut mesurer. Mais dans cette relation, vous existez. J’aurai beau faire, ils me diront encore : « Vous estimez vr
768 tez. J’aurai beau faire, ils me diront encore : «  Vous estimez vraiment que l’Amérique est si bien ? Vous préférez y vivre ?
769 ous estimez vraiment que l’Amérique est si bien ? Vous préférez y vivre ? Vous reniez l’Europe ? » Mais je ne sais pas du to
770 l’Amérique est si bien ? Vous préférez y vivre ? Vous reniez l’Europe ? » Mais je ne sais pas du tout si l’Amérique est bie
771 it par les Américains pendant la guerre… — Taisez- vous , me crie-t-elle, je retrouve l’Europe ! Ce n’est pas le moment d’être
772 -ils non sans inquiétude. — Et New York donc ? Si vous y connaissez des chambres libres, faites-moi signe. (Comme les Améric
773 ment dormirais-je cette nuit ? J’arrive au rendez- vous après sept ans, furtivement, à la faveur d’une nuit déserte. Un rende
774 vement, à la faveur d’une nuit déserte. Un rendez- vous dont j’avais bien souvent désespéré, après cet au revoir en juin 1940
775 règlements « pareils pour tous », non point avec votre situation d’usager perplexe ou anxieux. La bonhomie des mêmes employé
776 es corps et pour les esprits. Ne comptez plus sur vos épargnes, ni sur la seule valeur de l’inertie pour sauver ce qui tien
90 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — I
777 , que jamais je n’ai su regarder ? On lui dit : —  Vous êtes Suisse ? Vous en avez de la chance ! Mais vous avez si peu l’air
778 i su regarder ? On lui dit : — Vous êtes Suisse ? Vous en avez de la chance ! Mais vous avez si peu l’air suisse. — C’est qu
779 us êtes Suisse ? Vous en avez de la chance ! Mais vous avez si peu l’air suisse. — C’est qu’il n’y a pas d’air suisse, ou qu
780 vingt-deux. — De quelle région de la Suisse êtes- vous  ? De Neuchâtel ? Attendez, Neuchâtel, rappelez-moi… Ainsi je me dema
781 urs, en grandes lettres de tuiles blanches : êtes- vous sauvés du péché ? Tout de suite les questions personnelles, et ce bes
91 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — III
782 s, divisés en un Grand et un Petit Conseil. Je ne vous occuperai point du détail des diverses subdivisions de ces deux Tribu
783 lation dans les termes qui l’honorent le plus, je vous dirai que la liberté des individus est protégée par les lois de ce pa
92 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VI
784 éraire se borne à mentionner chez nous des rendez- vous de voyageurs discrets, inaperçus et bientôt disparus. Un seul s’est f
93 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VII
785 rouver jamais, bien au contraire, avant un rendez- vous  ? Cette envie de crier : « J’accours ! Attends !… » Ah ! mais qu’est-
786 ers obscurs, vers les roseaux, qu’avant le rendez- vous ce qui l’avait rejoint, c’était cette chose absurde et magnifique, en
94 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VIII
787 urait meilleur temps, on veut d’jà bien ça faire, vous voyez pas jour, ils n’en peuvent rien ; dans lequel s’encoubler est p
95 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
788 « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)p Le lecteur moderne est, paraît-il, un ho
789 tgeschichte gefälligst », Histoire du monde, s’il vous plaît ! ⁂ Retour à l’essai rendu nécessaire par le besoin de mettre e
790 lant et séduisant. p. « Histoires du monde, s’il vous plaît ! », Foi et Vie, Paris, n° 45-46, janvier-février 1933, p. 134-
96 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
791 pas, Nizan, une querelle de personnes que je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne, et vous n’att
792 une querelle de personnes que je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez qu’au
793 eux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez qu’au pluriel les « sergents recruteurs 
794 us parlez au pluriel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez qu’au pluriel les « sergents recruteurs » et les « ramasse
795 s épithètes passe-partout. Je voudrais simplement vous rendre attentif à ceci : que ces généreux pluriels n’ont pas empêché
796 eçu maints témoignages — de voir dans le début de votre article du 15 janvier une mise en question de ma bonne foi. Vous parl
797 15 janvier une mise en question de ma bonne foi. Vous parlez en effet d’une « manœuvre trop claire… qui vise à établir… une
798 nfusion propice, etc. ». Ces termes, venant après votre solennelle répudiation de toute solidarité entre « vous » et « nous »
799 olennelle répudiation de toute solidarité entre «  vous  » et « nous », sont de nature à induire en erreur un lecteur qui igno
800 ire en erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous vous souvenez sans doute aussi bien que moi — que la composition et l
801 n erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous vous souvenez sans doute aussi bien que moi — que la composition et l’espr
802 mposition et l’esprit du Cahier de revendications vous furent exposés par moi le jour même où nous convînmes de votre collab
803 exposés par moi le jour même où nous convînmes de votre collaboration. (Le « certain front unique » semblait alors vous souri
804 tion. (Le « certain front unique » semblait alors vous sourire plus qu’à moi, je l’avoue, et je n’en persistai pas moins à s
805 s conclusions. NRF p. 838). Bref, s’il y eut, à votre sens, « manœuvre » elle fut, comme vous le dites, « trop claire » pou
806 y eut, à votre sens, « manœuvre » elle fut, comme vous le dites, « trop claire » pour qu’un esprit tel que le vôtre pût un s
807 dites, « trop claire » pour qu’un esprit tel que le vôtre pût un seul instant s’y tromper : c’est en pleine connaissance de cau
808 omper : c’est en pleine connaissance de cause que vous avez collaboré avec les révolutionnaires dont vous répudiez aujourd’h
809 ous avez collaboré avec les révolutionnaires dont vous répudiez aujourd’hui avec horreur la prétendue « solidarité ». Je cro
810 ésirable qu’impossible. Je ne répondrai pas ici à votre accusation de fascisme, je sais trop bien que, sous la plume d’un sta
811 que je veux dissiper, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, — que vous l’ayez ou non voulu, par la première partie de v
812 r, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, — que vous l’ayez ou non voulu, par la première partie de votre étude. Pour le r
813 us l’ayez ou non voulu, par la première partie de votre étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire que de renvoyer ces lect
814 ichard Bloch, que l’on trouvera vingt pages avant le vôtre , et qui sauvegarde dans ce numéro à la fois la précédence et la prima
815 éritable réalisme révolutionnaire. Cordialement à vous , Denis de Rougemont. d. « Sur un certain front unique », Europe, n°
97 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
816 illeurs essentiellement chrétienne : « Quelle est votre attitude vis-à-vis de votre prochain ? Lui laissez-vous ce qui lui re
817 tienne : « Quelle est votre attitude vis-à-vis de votre prochain ? Lui laissez-vous ce qui lui revient, ou l’en privez-vous ?
818 ttitude vis-à-vis de votre prochain ? Lui laissez- vous ce qui lui revient, ou l’en privez-vous ? » ⁂ La caractéristique des
819 i laissez-vous ce qui lui revient, ou l’en privez- vous  ? » ⁂ La caractéristique des mouvements américains de rénovation rési
98 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
820 u’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte est
99 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
821 rit ceci : « Quelles solutions pratiques apportez- vous  ? On voudrait quelque chose de positif… » Nous avons accueilli cette
822 mais des malades Doctrine désespérante, dites- vous . Oui, et plus encore que vous ne l’imaginez peut-être, car si vous de
823 désespérante, dites-vous. Oui, et plus encore que vous ne l’imaginez peut-être, car si vous demandez des solutions pratiques
824 s encore que vous ne l’imaginez peut-être, car si vous demandez des solutions pratiques, vous n’avez pas compris la gravité
825 re, car si vous demandez des solutions pratiques, vous n’avez pas compris la gravité du cas humain. Nous n’avons à guérir pe
826 ous ne pouvons que mettre et remettre en question vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes.
827 e mettre et remettre en question vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvons q
828 re en question vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos y
829 s sécurités et vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal. No
830 os questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal. Nous ne pouvons rien vous apporter d’autre que l’injo
831 ons mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal. Nous ne pouvons rien vous apporter d’autre que l’injonction de p
832 graver à vos yeux votre mal. Nous ne pouvons rien vous apporter d’autre que l’injonction de prendre vous-mêmes au sérieux vo
833 que l’injonction de prendre vous-mêmes au sérieux vos questions. Car alors, vous approcheriez de la réponse, vous y offrant
834 e vous-mêmes au sérieux vos questions. Car alors, vous approcheriez de la réponse, vous y offrant sans défenses humaines. No
835 ions. Car alors, vous approcheriez de la réponse, vous y offrant sans défenses humaines. Nous avons aussi, à ce moment, à mo
100 1933, Le Semeur, articles (1933–1949). Humanisme et christianisme (mars 1933)
836 tianisme (mars 1933)a Je ne suis pas venu pour vous apporter un exposé systématique ou historique, mais bien pour poser d
837 atique ou historique, mais bien pour poser devant vous quelques questions, définir à grands traits des antithèses à dessein
838 ts des antithèses à dessein forcées, et provoquer vos objections, plutôt qu’une adhésion muette à des constatations prudemm
839 e nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réellement, vous cherc
840 s, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de venir ici, et à laquelle, réellement, vous cherchez à
841 ez avant de venir ici, et à laquelle, réellement, vous cherchez à répondre ? En un mot, est-ce une question existentielle —
842 c’est exprimer un vœu, un vœu d’humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provoquer quelques réactio
843 quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une simple c