1
st peut-être prématuré, tout au plus peut-on dire
qu’
à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès, nous offre
2
son œuvre, comme celle de Barrès, nous offre plus
qu’
un agrément purement littéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de
3
’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice
que
produit la recherche de la vérité. Dès son premier livre, il s’est mo
4
donné le coup de grâce à cet esthétisme énervant
qu’
on appelle symbolisme ; et elle a donné naissance à la doctrine de M.
5
pour M. de Montherlant comme pour Maurras, est ce
qu’
il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, rien
6
rançaise ; remarquons toutefois cette séparation,
que
Maurras n’a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christ
7
ianisme, le christianisme étant dans le même camp
que
la Réforme. M. de Montherlant n’est décidément pas philosophe. Peut-ê
8
e. Peut-être ne lui a-t-il manqué pour le devenir
que
le temps de méditer : il a quitté le collège jésuite pour la tranchée
9
libres. Et cela me semble d’autant plus paradoxal
que
M. de Montherlant est justement un des premiers Français qui ait comp
10
ustement un des premiers Français qui ait compris
que
le but du sport n’est pas la performance, mais le style et la méthode
11
s indispensable : « Ces simplifications valent ce
que
valent toutes les simplifications, qu’on les appelle ou non idées gén
12
valent ce que valent toutes les simplifications,
qu’
on les appelle ou non idées générales, et j’avoue bien volontiers qu’i
13
u non idées générales, et j’avoue bien volontiers
qu’
il n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le mond
14
resque brutale parfois, un style de sportif, mais
qu’
on sent humaniste et poète, un style à la fois bref et chaud, imagé et
15
naît de l’ordre », et aussi parfois, de la pensée
que
« sur ces corps de l’entre-deux-guerres, … cinq sur dix sont désignés
16
é la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque
qu’
infuse à son corps la douce matière. L’air et le sol, dieux rivaux, se
17
ine du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique
que
je n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en mouvement, c’est la
18
une musique que je n’entends pas ? » — Mais plus
que
le corps en mouvement, c’est la domination de la raison sur ce corps
19
On accepte une règle ; on l’assimile, à tel point
qu’
elle n’est plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le co
20
t insiste plutôt sur le sentiment des hiérarchies
que
sur celui de la solidarité, comme bien l’on pense). Enfin, enseigneme
21
verna le monde ancien : La moitié est plus grande
que
le tout ». Le sport comme un apprentissage de la vie : tout servira p
22
dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas
qu’
on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es not
23
it : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande
qu’
on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces chose
24
e. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades
que
parcourent de jeunes et purs courages, donnez-moi votre silence jusqu
25
urages, donnez-moi votre silence jusqu’à l’heure.
Que
je taise votre mot de ralliement, paradis à l’ombre des épées. Rien
26
es épées. Rien de moins artificiellement moderne
que
ce lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe, s’échauffer sur d
27
tera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien ce
qu’
on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’apprentissage de la
28
ce qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus
que
l’apprentissage de la vie, est l’apprentissage de la guerre, dira-t-o
29
combat. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé
que
nous conduirait cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’
30
cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce
qu’
on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux
31
n en peut retenir, c’est la méthode, car je crois
qu’
elle sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’en pense M
32
de, car je crois qu’elle sert mieux la démocratie
que
l’Église romaine, quoi qu’en pense M. de Montherlant. Et voici, ô par
33
en pense M. de Montherlant. Et voici, ô paradoxe,
qu’
il rejoint Kant, Kant qui écrit : « C’est sur des maximes, non sur la
34
: « C’est sur des maximes, non sur la discipline,
qu’
il faut fonder la conduite des jeunes gens : celle-ci empêche les abus
35
aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce
qu’
on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort sur
36
st bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce
qu’
il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais enf
37
et la retenue de l’âge mûr, cette « limitation »
que
lui ont enseigné le sport et les anciens. J’admets que ses « idées gé
38
ui ont enseigné le sport et les anciens. J’admets
que
ses « idées générales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous est
39
; sa morale virile nous est néanmoins plus proche
que
la sensualité vaguement chrétienne de tel autre écrivain catholique.
40
anc jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons
qu’
il observera les règles. Saluons-le donc du salut des équipes avant le
41
rès maîtres de leur technique (contrairement à ce
que
pense souvent le public), ils préparent l’avènement d’un classicisme
42
un relief remarquable. Les œuvres de cet artiste,
qu’
on a pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car l
43
Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore
que
pour celles de l’adversaire, ce qui est beaucoup dire. Il y avait dan
44
urifié dans le Chant funèbre. Et une phrase telle
que
« … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de fai
45
t, puis tablent sur eux, et d’autres qui tiennent
qu’
une telle attitude est responsable de ces carnages ». Naguère il était
46
légendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie »
qu’
ils trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranim
47
s contraires s’unissent dans la grandeur. La paix
qu’
il appelle, c’est autre chose que l’absence de guerre, c’est une paix
48
randeur. La paix qu’il appelle, c’est autre chose
que
l’absence de guerre, c’est une paix que travaillerait le levain des v
49
tre chose que l’absence de guerre, c’est une paix
que
travaillerait le levain des vertus guerrières. « Il faut que la paix,
50
lerait le levain des vertus guerrières. « Il faut
que
la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroï
51
la paix, c’est vers de plus sereines exaltations
qu’
il va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure anti
52
e soumission au réel durement consentie, voilà ce
que
nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souve
53
de plain-pied, en même temps que dans la guerre.
Que
de sacrifices ne lui devra-t-il pas offrir ainsi les romans « intéres
54
briand, voire à la Barrès, dont il est capable et
qu’
il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple in
55
sse, flamme d’une pureté si rare en notre siècle,
qu’
elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la moleste ni ne
56
aison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce
que
proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous reti
57
ste dont la pseudo-nouveauté nous retiendra moins
que
la significative pauvreté idéologique et morale qu’il révèle. Le styl
58
e la significative pauvreté idéologique et morale
qu’
il révèle. Le style brillant et elliptique qui tend à devenir notre po
59
à masquer la banalité de la pensée. D’autant plus
que
les rares passages où il expose directement les principes de sa « rév
60
rale. » (p. 42). Le surréalisme ne serait-il donc
qu’
une sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tout ! Il paraî
61
es textes généralisée ? Point du tout ! Il paraît
qu’
il est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable. Mais par q
62
Dans le monde du Rêve autant de cellules isolées
que
de rêveurs. Toute poésie est incommunicable, le poète étant un simple
63
s hommes se comprendront-ils individuellement ? »
Que
M. Breton donne des « recettes pour faire un poème » cette mystificat
64
ation à sa défense de la poésie pure. Les beautés
que
j’y vois ne me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fort
65
és que j’y vois ne me seraient-elles perceptibles
que
par le fait d’une fortuite coïncidence entre l’univers du poète et le
66
re parfaitement impénétrables. Je crois même voir
que
M. Breton serait un très curieux poète s’il ne s’efforçait de donner
67
r raison aux 75 pages où il voulut nous persuader
que
tout poème doit être une dictée non corrigée du Rêve. Je reconnais à
68
ents. Plaisante ironie, si cette attitude n’était
qu’
une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle risque bi
69
dont ils se réclament imprudemment, — on sait ce
que
c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surréali
70
se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est
que
la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surréalisme S.A.,
71
ition abandonnés par Dada S.A. Ce n’est pas ainsi
que
nous sortirons d’une anarchie dont les causes semblent avant tout mor
72
es tendances encore un peu vagues d’un groupe tel
que
Philosophies laissent pressentir des révolutions plus réelles. On sou
73
ssentir des révolutions plus réelles. On souhaite
qu’
après faillite faite, les surréalistes trouvent à montrer leur talent
74
ympathie. L’agaçant, avec les surréalistes, c’est
que
— pour reprendre un mot de Cocteau — ils « embaument de vieilles anar
75
ts de la vie de Vincent, mais d’une telle manière
que
des conclusions critiques s’en dégagent avec évidence. Van Gogh fut u
76
nce. Van Gogh fut une proie du génie. L’homme tel
que
nous le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’a
77
fondent des groupes dissidents. Le miracle, c’est
que
le plus sauvage génie ait choisi un être de cette espèce pour le tour
78
i-même : « Il y a quelque chose au-dedans de moi.
Qu’
est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies
79
Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est-ce
que
c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Millet.
80
e terrassant un corps minable, il ne restera plus
que
les flammes, les soleils et aussi les grimaces de douleur de ses tabl
81
phie fournissent un meilleur motif à l’admiration
que
tout le lyrisme dont on a voulu charger la « vie héroïque » de Vincen
82
apide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce
que
Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonnants
83
ouvenir des luttes religieuses encore vivace fait
que
les paysans gardent une méfiance frondeuse vis-à-vis du gouvernement,
84
ue. En fermant le livre on a presque l’impression
qu’
il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de
85
esque l’impression qu’il a réussi ce grand roman…
Qu’
y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-ce pas le meilleu
86
dans la première partie, qui est confuse. Non pas
que
le roman soit mal construit, au contraire. Mais le tissu des faits se
87
-d’œuvre ou pas chef-d’œuvre d’ailleurs, il reste
que
le Tarramagnou est un livre émouvant, d’une saine puissance. Il reste
88
n livre émouvant, d’une saine puissance. Il reste
que
Lucien Fabre a tenté, et en somme, réussi, une entreprise bien téméra
89
de nos jours : un roman à thèse aussi intelligent
que
vivant. d. « Lucien Fabre : Le Tarramagnou (NRF, Paris) », Biblioth
90
nts. La littérature de ces dernières années n’est
qu’
une forme de reportage international. L’Europe menant cette immense en
91
cher dans une confrontation avec l’Orient, plutôt
qu’
une réelle connaissance de l’Orient, une conscience d’elle-même. C’est
92
être pour provoquer cette confrontation seulement
qu’
on a imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine
93
e dans le domaine de la culture le péril n’existe
que
pour autant qu’on en parle, la vraie « question asiatique » étant une
94
e » étant une question politique. On peut prévoir
que
si le bouddhisme jouit un jour d’un renouveau, c’est à quelques savan
95
’un renouveau, c’est à quelques savants européens
qu’
il le devra, tandis que d’un mouvement inverse, le christianisme débar
96
les Guénon, qui les font entendre, autant et plus
que
les Tagore et les Gandhi, demi-européanisés. Ceci convenu, il faut re
97
i-européanisés. Ceci convenu, il faut reconnaître
que
l’enquête des Cahiers du Mois donne un fort intéressant tableau des m
98
suite, renseignent mieux sur l’esprit occidental
que
sur l’oriental, en sorte que cette enquête rejoint parfois celle qu’o
99
en sorte que cette enquête rejoint parfois celle
qu’
ouvrit la Revue de Genève sur « l’Avenir de l’Europe. » (Cf. les deu
100
tation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’as
qu’
une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il s’
101
e symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient
qu’
il s’agit, et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui es
102
es et Chine sous une dénomination qui n’a de sens
que
par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un classement parmi
103
s conclusions tirées de points de vue semblables,
qu’
un esprit analytique et organisateur d’occidental se perdra ici dans u
104
inisme, et la déplorent. Plusieurs jeunes songent
que
dans une Europe vieillie, les parfums puissants de l’Asie sauront enc
105
qui pensent inévitable le choc de deux mondes, et
que
seule une intime connaissance mutuelle l’adoucira. Il y a ceux qui à
106
a. Il y a ceux qui à la suite de Claudel estiment
que
la question ne se pose pas, puisque nous sommes chrétiens. (Mais le c
107
nisme, religion missionnaire, ne peut nous donner
qu’
une supériorité provisoire et qui porte en son principe le germe de sa
108
s et des documents. Pour beaucoup, l’Orient n’est
qu’
un prétexte à variations sur le thème favori. M. Massis, par exemple,
109
M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit ce
que
les autres entendent vaguement par Orient : l’Asie est le subconscien
110
des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue
que
soutenu par le contrôle que les autres nous imposent », dit un héros
111
de nous-mêmes ne joue que soutenu par le contrôle
que
les autres nous imposent », dit un héros de Mauriac. C’est un « homme
112
dit un héros de Mauriac. C’est un « homme seul »
qu’
a peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci
113
ut ce qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou
que
nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. P
114
elle n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art
que
ce petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante
115
s sentences : « C’est de la faiblesse de nos yeux
que
frissonnent les étoiles. » f. « Jean Prévost : Tentative de solitud
116
ù l’on avait concentré la dynamite internationale
qu’
Ibsen voulait placer sous les arches de la vieille société », pour rep
117
t l’Almanach Fischer donnent une juste idée de ce
que
fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la maiso
118
paraît s’être un peu embourgeoisée… Disons plutôt
que
voici venu le temps de la moisson, — le temps des éditions d’œuvres c
119
si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe
qu’
il vient de parcourir quelque superficialité, du moins faut-il le loue
120
r roman sans exposer et discuter toutes les idées
qu’
elles illustrent. Les personnages discutent certes, mais leurs actions
121
chemin » de la santé et de la raison. C’est à lui
que
va la sympathie de l’auteur et la nôtre. h. « Otto Flake : Der Gute
122
te œuvre « d’importance européenne », croyez-vous
qu’
il aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un som
123
, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’est
que
dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mesure
124
t que dans sa discrétion à louer une grande œuvre
qu’
on trouvera la mesure de son admiration et le gage de sa légitimité. N
125
admiration et le gage de sa légitimité. Nul doute
que
les Trois nouvelles exemplaires ne suscitent un intérêt très profond
126
lui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-il pas
que
les personnages des trois nouvelles « sont réels, très réels, de la r
127
rès réels, de la réalité la plus intime, de celle
qu’
ils se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas êt
128
ro Gomez cynique et puissant de confiance en soi,
qu’
une volonté presque inhumaine torture et conduit au crime. Et s’ils s’
129
es, laisse la même impression de grandeur désolée
qu’
un Greco. Mais il n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des forme
130
du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre
qu’
il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme
131
sticisme naturiste ». Il ne pouvait trouver mieux
que
Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseu
132
e corps de doctrines critiques. Dirai-je pourtant
que
je crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment,
133
trines critiques. Dirai-je pourtant que je crains
qu’
il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légè
134
. C’est peut-être pourquoi il insiste sur le fait
que
Vinet se déclarait « un chrétien sans épithète ». Croit-il éluder ain
135
ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas
que
rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves
136
t ? Ne voit-il pas que rien n’est plus protestant
qu’
une telle attitude ? Mais ces réserves sont de peu d’importance si l’o
137
sont de peu d’importance si l’on songe au service
que
M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brû
138
it M. Seillière — me paraît infiniment plus forte
que
celle d’un Maurras ou que celle d’un Maritain. Son unité est plus rée
139
t infiniment plus forte que celle d’un Maurras ou
que
celle d’un Maritain. Son unité est plus réellement profonde, son poin
140
re pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique
que
celle de ce « Pascal protestant ». k. « Ernest Seillière : Alexandr
141
les morts… « … Cette chose haute à la voix grave
qu’
on appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « d
142
tuer une anecdote purement poétique dans un monde
qu’
il s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du
143
, il est parfois facile : la description du monde
qu’
il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pour
144
l influence ou seulement co-génération ? Pour peu
qu’
ils sortent des cafés littéraires, nos poètes respirent le même air du
145
mpté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue
que
l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble mieux que
146
eur où il lui arrive de graviter me trouble mieux
que
son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini au fond de soi qu’
147
ique. On est plus près de l’infini au fond de soi
qu’
au fond du ciel. l. « Jules Supervielle : Gravitations (NRF, Paris)
148
ssé, révolution tout de même, ne pouvait produire
qu’
une littérature très neuve de forme et traditionaliste d’inspiration,
149
arler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce
que
d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’embal
150
n, un Kessel ont donné de beaux exemples du parti
que
peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’e
151
e sinistre, et s’arrête au moment où l’on est sûr
que
ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait-on rêver pour un psychol
152
r pour un psychologue de la puissance de Walpole,
que
l’âme russe — cette âme russe qui pour le Parisien restera toujours «
153
me, dans le détail de la vie d’une ville. Il sait
qu’
un grand mouvement est la résultante de millions de petits. Voici naît
154
nt pour en préciser les conséquences. C’est ainsi
qu’
interviennent les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur a dévo
155
un foyer, tantôt dans une église, pour constater
que
la foule ne réagit pas autrement que les individus. L’auteur, qui est
156
ur constater que la foule ne réagit pas autrement
que
les individus. L’auteur, qui est l’un de ces Anglais, tombe malade av
157
fois que le récit doit sauter quelques semaines.
Qu’
on veuille bien ne voir autre chose dans ces « procédés », d’ailleurs
158
ces « procédés », d’ailleurs assez peu choquants,
que
le revers de grandes qualités de réalisation d’idées en faits ou en s
159
Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort
qu’
il avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est l
160
re du monde dans l’appartement. Il avait si froid
que
ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna jusqu’à l’angle
161
onnages le suggèrent de toute la force du trouble
qu’
ils créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique s
162
un très nombreux public, la série des conférences
que
nous promet le groupe neuchâtelois des « Amis de la pensée protestant
163
des siècles. Primitivement, le Saint est un homme
que
Dieu a mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend
164
à faire des saints, tandis que ce terme n’a plus
qu’
un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ? Les cath
165
hent d’avoir méconnu l’élément de grandeur morale
que
les saints maintiennent dans l’Église. M. Guisan va très loin dans se
166
s c’est pour affirmer avec d’autant plus de force
que
« en situant tout le devoir chrétien dans l’accomplissement scrupuleu
167
fidèle de la vocation, le protestantisme affirme
qu’
il existe divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’est sacrifiée
168
œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence
qu’
aux limites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exis
169
est l’enseignement de Jésus, telle est la pensée
qu’
a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer c
170
erse avec autant de compréhension et de sympathie
que
le sien propre. Cela donne à ses conclusions cette sécurité dont trop
171
un brillant appareil dialectique ne sait produire
que
l’illusion. C’est la revanche du fameux scrupule protestant, qui ne p
172
e peut être un danger lorsqu’il n’est, comme ici,
que
la loyauté d’un esprit animé par une foi agissante. c. « Conférence
173
nt profond et la ruine. Mais certes, il est temps
qu’
une lueur de conscience inquiète quelques chefs, montre à quelques men
174
mes politiques, mais on a si souvent l’impression
qu’
ils battent la mesure devant un orchestre qui, sans eux, jouerait auss
175
de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce
que
je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos p
176
révélation ou quel oubli. C’est un dilettantisme
qu’
ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude fon
177
rquoi ils ne peuvent prétendre à l’action sociale
que
l’époque réclame 1. C’est aussi pourquoi l’on ne saurait accorder tro
178
on efficace de servir. ⁂ On se complaît à répéter
que
nous vivons dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il n’exis
179
vons dans le chaos des idées et des doctrines, et
qu’
il n’existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme »
180
r vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont
que
les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardi
181
t ici la conception même de la littérature, telle
qu’
elle apparaît chez les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’il
182
hez les émules de Barrès comme chez ceux de Gide,
qu’
il faut préciser. L’éthique et l’esthétique convergent dans la littéra
183
de tout le « mal », le romantisme — et c’est plus
que
probable. Mais il en tirait une raison nouvelle de le condamner, et n
184
pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire
qu’
une époque s’est trompée, puisqu’elle seule permet la suivante qui peu
185
é essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et
que
plus rien ne retient. (Or on ne crée que contre quelque chose, contre
186
trop, et que plus rien ne retient. (Or on ne crée
que
contre quelque chose, contre soi, contre une difficulté.) Dégoût de l
187
, Breton, de crier « Révolution toujours » — tant
qu’
il y a des gens pour vous faire du pain ; et c’est très beau, Aragon,
188
ne plus rien attendre du monde, mais on voudrait
que
de moins de gloriole s’accompagnât votre ultimatum à Dieu. Mais, seco
189
attend en vain sa Révélation : « C’est peut-être
que
je suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop atta
190
je suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt
qu’
il est trop attaché encore à se regarder chercher, absorbant son atten
191
orbant son attention dans une sincérité si voulue
qu’
elle va parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes
192
nt isolé, commenté par ceux qui le portent en eux
qu’
il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pas de pei
193
itique des méthodes et des façons de vivre autant
que
de penser qui les ont amenés aux positions qu’on vient d’esquisser. M
194
nt que de penser qui les ont amenés aux positions
qu’
on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dans les livres des jeunes,
195
éléments mêlés de la personnalité. Toute tendance
qu’
ils découvrent en eux est non seulement légitime à leurs yeux, mais «
196
ime à leurs yeux, mais « tabou » ; et c’est vertu
que
de favoriser son expansion. — Mais je trouve en moi ordre et désordre
197
etc. Si je les cultive simultanément il est clair
que
les tendances négatives l’emportent, il est plus facile et plus enivr
198
lus facile et plus enivrant de se laisser glisser
que
de construire. Et l’on y prend vite goût. Cela tourne alors en passi
199
té à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce
que
nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureuses
200
us apprîmes à mépriser les longues vies heureuses
que
nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de
201
dominés par le sens d’une réalité morale absolue
que
certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lass
202
lassitude facile à juger du dehors n’était pas ce
qu’
il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais
203
t commis par un héros de roman, à la vie gratuite
que
prétendent mener les surréalistes, il n’a fallu que le temps pour une
204
e prétendent mener les surréalistes, il n’a fallu
que
le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des romans de jeune
205
chose ; à la merci des circonstances extérieures
qu’
il méprise toutes également ; n’attendant rien que de ses impulsions e
206
qu’il méprise toutes également ; n’attendant rien
que
de ses impulsions et contemplant avec une lucidité parfois douloureus
207
uloureuse ses propres actes dont il s’étonne mais
qu’
il se garde de juger5. Il y a véritablement une littérature de l’acte
208
roi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce
que
je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si forte,
209
ront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien
que
l’orgueil, sachant une chose si forte, de me sentir plus fort encore
210
e — n’est pas si douce encore, n’est pas si bonne
que
de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans bataille. On voit asse
211
ce mouvement de l’esprit qui n’utilise une borne
que
pour sauter plus loin. Ainsi, c’est par humilité qu’on renoncera à la
212
pour sauter plus loin. Ainsi, c’est par humilité
qu’
on renoncera à la vertu, sous prétexte qu’elle pousse à l’orgueil ; c’
213
umilité qu’on renoncera à la vertu, sous prétexte
qu’
elle pousse à l’orgueil ; c’est par sincérité qu’on mentira, puisque p
214
qu’elle pousse à l’orgueil ; c’est par sincérité
qu’
on mentira, puisque parfois nous sommes spontanément portés à mentir.
215
oute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y a
que
les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur qui
216
ulière jusqu’à ses dernières conséquences suppose
qu’
on ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus pa
217
fausser le rythme des jours et des nuits à mesure
que
se développe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’ont pas b
218
par des générations qui ne lèguent aux suivantes
que
leur lassitude : sachons au contraire profiter des démonstrations par
219
tes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent
que
pour lutter il faut des armes et ne méprisent pas la culture ; sans a
220
méprisent pas la culture ; sans autre parti pris
que
celui de vivre, c’est-à-dire de construire ; sobres de langage et maî
221
age et maîtres de leurs corps exercés, ils savent
qu’
il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de l
222
exercés, ils savent qu’il n’y a de pensée valable
qu’
assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté que dans la soumission
223
’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet,
qu’
il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et le
224
qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté
que
dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effort est de retrou
225
de leur misère. Pareils à ceux dont Vinet disait
qu’
ils s’en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multiplian
226
nt dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais
qu’
ils sachent, quand viendra le moment, détourner les yeux de leur reche
227
eux de leur recherche pour contempler un absolu ;
qu’
ils osent se faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut
228
Il vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord
que
les grands traits de sa nature, ne connaître que les grands mots de l
229
que les grands traits de sa nature, ne connaître
que
les grands mots de la langue morale, suivre à l’égard de soi-même la
230
Dieu. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes
qu’
ils écrivent des odes civiques. Mais que nos moralistes — presque tous
231
es poètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mais
que
nos moralistes — presque tous les jeunes écrivains — se souviennent d
232
nent de penser en fonction du temps présent, soit
qu’
ils veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer totaleme
233
ains ? Peut-être. En tout cas je vois bien le mal
qu’
ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une
234
n tout cas je vois bien le mal qu’ils ont fait et
qu’
au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière d’agir cont
235
de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle. Je ne cite
que
les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût du désas
236
nes expériences littéraires sont plus dangereuses
que
des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce serait au moins la
237
surréalistes. Voire. On est moins libre à Moscou
qu’
à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories nous ramèneraient vite l’âge
238
up d’intelligence l’avocat du diable, en montrant
que
tous les faits religieux admettent à côté de l’explication mystique u
239
e la « réalité prolétarienne ». « Cercles vicieux
que
nos syndicats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que no
240
. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce
que
nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradante co
241
plus dégradante condition, et nous n’y arriverons
que
par un travail d’éducation lent et souvent dangereux. Vous, étudiants
242
s aéré, au moral comme au physique. Chacun dit ce
qu’
il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands recouvr
243
ce assez piquante de ses péripéties. Quel dommage
que
l’auteur l’ait alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse que ne
244
t alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse
que
neuve, et qui eût gagné à être mise en action plutôt qu’en commentair
245
ve, et qui eût gagné à être mise en action plutôt
qu’
en commentaires. Le talent de Mme de Watteville paraît mieux à l’aise
246
à l’aise dans la description du milieu patricien
que
dans la création d’un caractère de grand peintre. Pourtant, malgré de
247
e, parce que c’est dimanche, parce qu’il pleut et
qu’
on s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire est moins fatigant.
248
utôt une argumentation à coups d’exemples vivants
qu’
un véritable roman. La profusion souvent facile des incidents et le st
249
t un peu théorique mais intelligent d’un problème
que
l’on pressent trop complètement résolu dès les premières pages, mais
250
complètement résolu dès les premières pages, mais
qu’
il faut louer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-je que l’a
251
Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-je
que
l’abus des points d’exclamation — trait commun à presque toutes les f
252
26)t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être
qu’
il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de so
253
sionnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce
qu’
il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il
254
il préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer
que
si cet ordre l’écarte de Dada, il ne le conduit pas pour autant à l’A
255
pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite
que
sa recherche de l’ordre révèle simplement une volonté de construire j
256
une volonté de construire jusque dans le grabuge,
qu’
il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Coctea
257
ue dans le grabuge, qu’il aime pour les matériaux
qu’
on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète.
258
qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est
qu’
il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus inco
259
qu’il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins
qu’
en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est le Secret profes
260
épasse de beaucoup les limites de cette école, et
qu’
il eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices
261
ce, et dont l’audace est de se vouloir plus juste
que
bizarre. Il sait bien d’ailleurs que les miracles les plus étonnants
262
r plus juste que bizarre. Il sait bien d’ailleurs
que
les miracles les plus étonnants sont ceux de la lumière. « Le mystère
263
est bien la nouveauté de son théâtre et de l’art
qu’
il défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de l
264
ont la triste profession est de détruire le désir
qu’
elle excite par curiosité passagère, il monologue. « Oui, je le redira
265
ues dont la pauvreté le rejette dans une angoisse
qu’
il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est construct
266
nt où elle « ne semble avoir rien d’autre à faire
que
son propre procès », une intelligence qui se dégoûte, tel est le spe
267
intelligence qui se dégoûte, tel est le spectacle
que
nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu de plus effrayant
268
1926)e Cette conférence s’ouvrit par une bise
qu’
on peut bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de
269
telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à ce
que
la bise tombée permît à « l’atmosphère » de s’établir. Alors le mirac
270
’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout ce
qu’
il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas
271
stant — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas
qu’
il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de
272
je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs
qu’
en terre romande. C’est l’esprit de liberté, tout simplement. Mais pré
273
tout simplement. Mais précisons : c’est bien plus
que
la liberté de défendre sa petite hérésie personnelle et de s’affirmer
274
est la liberté dans la recherche. Chose plus rare
qu’
on ne pense, à Aubonne on se sent prêt à tout lâcher pour une vérité n
275
une vérité nouvelle, on tient moins à convaincre
qu’
à se convaincre. Après les exposés de Janson, de Brémond, j’en sais pl
276
nt les discussions entre de Saussure et Bertrand,
que
les orateurs exprimaient tour à tour les objections que chacun se fai
277
s orateurs exprimaient tour à tour les objections
que
chacun se faisait à part soi, qu’ils incarnaient les voix contradicto
278
les objections que chacun se faisait à part soi,
qu’
ils incarnaient les voix contradictoires d’un débat que tous menaient
279
s incarnaient les voix contradictoires d’un débat
que
tous menaient en eux-mêmes loyalement. Et ce désir d’arriver à quelqu
280
moins platonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit
qu’
on ne peut juger les Associations qu’à leur façon de jouer le volley-b
281
ui prétendit qu’on ne peut juger les Associations
qu’
à leur façon de jouer le volley-ball ? Le Casino offrit pendant quelqu
282
Richardot, entrant par la fenêtre, vint annoncer
qu’
on était libre — comme si on l’avait attendu pour le manifester ! — et
283
e si on l’avait attendu pour le manifester ! — et
qu’
il suffisait de souscrire à la brochure de la conférence3 pour savoir
284
la brochure de la conférence3 pour savoir tout ce
que
je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.
285
été créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi
que
le problème de l’Urbanisme se place au croisement des préoccupations
286
aspect comme sous les autres, il nous faut mieux
que
des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et de la matière. Si Le
287
Le Corbusier réalise son plan, ce sera plus fort
que
Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux dis
288
eure des autos. Les maisons habitées ne sont plus
que
des enceintes transparentes, et minces en regard de leur hauteur, ent
289
nous déformer artificiellement : nous comprenons
que
nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui
290
el est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages
que
je puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses, les faits,
291
u hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre
qu’
il n’est que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre.
292
squ’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’est
que
le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. Il ne me re
293
ent d’une habitude dans une autre. Il ne me resta
qu’
une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni, livré aux regard
294
tis nu, tout le monde devait voir en moi une tare
que
j’étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait
295
tion, je la soupçonnais si grave, si fondamentale
que
je préférais me leurrer à combattre des imperfections de détail dont
296
xagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes
que
je progressais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me ref
297
gressais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble
que
je me refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond
298
nt brusquement les éléments désaccordés de ce moi
que
j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premie
299
ute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare
que
j’aimais dans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’allais
300
. Me voici devant quelques problèmes dont je sais
qu’
il est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois fei
301
t absolument vain de prétendre les résoudre, mais
que
je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Probl
302
de de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a
que
ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’ar
303
foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois
qu’
il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vie
304
’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière,
qu’
une révélation vienne chercher l’âme qui se sent misérable. Je ne rece
305
une révélation, c’est en me rendant plus parfait
que
je lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus
306
es voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus
que
je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis deve
307
lus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne
que
par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrou
308
respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce
que
je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’insti
309
’homme, la vertu conservatrice qui ne peut dicter
que
les gestes les plus favorables. J’ai d’autres instincts et je n’enten
310
je n’entends pas tous les cultiver pour cela seul
qu’
ils sont naturels : la nature est un champ de luttes, de tendances ver
311
rfectionnement de l’esprit, puisqu’elle ne permet
que
des associations suivant les directions de moindre résistance. Mais j
312
pres records. De ce lent effort naît une modestie
que
je m’enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meil
313
cesse renaissant, comment m’adapter à l’existence
que
m’imposent mon corps et les lois du monde, et comment augmenter ma pu
314
de jouir, en même temps que ma puissance d’agir.
Que
tout cela s’agite sur fond de néant, je le comprends par éclairs, mai
315
sens un sourire — en songeant à ces raisonnements
que
je me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que j
316
plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure
que
je le décris. Mais comme un écho profond, une attirance aussi d’ancie
317
rait s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs.
Qu’
ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou
318
s désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste,
qu’
ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens,
319
mages qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose
que
moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’e
320
Créer, c’est se surpasser). J’entends des phrases
qu’
il ne faut pas encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais
321
et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins
que
je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô
322
objet vivant. Pour moi, la sincérité ne peut être
que
spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées qui m’aid
323
écrites elles prennent un caractère de certitude
qu’
elles n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tend
324
, ce me semble une dérision complète. Je m’étonne
qu’
après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuader de la vé
325
e paraissent légitimes chez d’autres, même celles
que
je juge bon d’éliminer de moi. Chacun son équilibre, ou plutôt, son «
326
e me sens envahi par un rythme impérieux au point
qu’
il faut que certaines voix en moi taisent leur protestation, étouffées
327
nvahi par un rythme impérieux au point qu’il faut
que
certaines voix en moi taisent leur protestation, étouffées par des fo
328
ui se lèvent. Car telle est la vertu de ce livre,
qu’
on l’éprouve d’abord trop vivement pour le juger. L’auteur l’appelle u
329
xquels Montherlant n’a pas toujours échappé, mais
qu’
il domine dans l’ensemble et entraîne dans l’allure puissante à la foi
330
. Et n’est-ce pas justement parce qu’il est poète
qu’
il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle pa
331
de vie anime ce livre et lui donne un rythme tel
qu’
il s’accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; e
332
ne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce
qu’
il y a de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre énergie
333
le suppose entre l’homme et la bête une sympathie
que
Montherlant note à plusieurs reprises. C’est « par la divination de c
334
reprises. C’est « par la divination de cet amour
qu’
Alban (le jeune héros du récit) sent ce que sent la bête en même temps
335
amour qu’Alban (le jeune héros du récit) sent ce
que
sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va
336
ête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce
qu’
elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on
337
faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment
que
ce qu’on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais enve
338
il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce
qu’
on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais envers les
339
table horreur sacrée. Voici Alban devant une bête
qu’
il devra combattre le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! » Il l
340
ètes à l’approche de l’inconnu. Nulle part mieux
que
dans la description des taureaux ne se manifeste ce passage du réalis
341
ses pattes se tendirent peu à peu, comme un corps
qu’
on gonflerait à la pompe, tandis que dans cet agrandissement les artic
342
ns grinçaient, avec le bruit d’un câble de navire
qu’
on serre sur un treuil. Elle arriva avec emphase à la cime de son spas
343
cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce
qu’
on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrifices s
344
pour fonder une religion. Mais ce n’est peut-être
qu’
un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plutôt stoïcien, celui-
345
evient naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : «
Qu’
avons-nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il
346
illeuse : « Qu’avons-nous besoin d’un autre amour
que
celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Be
347
« Qu’avons-nous besoin d’un autre amour que celui
que
nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires q
348
Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires
qu’
une évocation de l’Espagne et du génie taurin. Ce qui perce à chaque p
349
aire oublier des défauts qui tueraient tout autre
que
lui. Certes, il ne soulève directement aucun des grands problèmes de
350
« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux,
que
ce soit l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et
351
tiques, sociaux, etc., et il ne met de la gravité
que
dans les choses voluptueuses, je n’ai pas dit les choses sentimentale
352
e : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend
qu’
une telle attitude agace des gens qui se soucient avant tout de trouve
353
ndeur. N’est-ce point une solution aussi ? Plutôt
que
d’oublier de vivre à force d’y vouloir trouver un sens, ne vaudrait-i
354
de l’éternel Désir ? 6. Il est curieux de noter
que
de tels passages viennent à l’appui de la théorie de l’instinct de Be
355
re de M. de Traz1, par les précisions importantes
qu’
il apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît dest
356
coups d’œil aigus sur l’âme orientale de l’islam,
que
nous l’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à ce
357
testante — si passionné. Nul n’est moins oriental
que
de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles
358
lui-ci est plus dans l’opposition des deux mondes
que
dans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’accumulent les t
359
uteur : car il n’est guère de comparaison valable
qu’
entre individus, et comme type d’individu européen Robert de Traz ne p
360
européen Robert de Traz ne pouvait trouver mieux
que
lui-même. S’il dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une polit
361
e. S’il dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant
qu’
une politesse, leur paraît une beauté », c’est pour affirmer par contr
362
Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam
qu’
il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéf
363
l’attrait du christianisme est dans l’inquiétude
qu’
il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêv
364
qu’à leur mysticisme, partout c’est une démission
qu’
ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu
365
acile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci
que
je trouve si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’Occident
366
es et le mènent à cette constatation fondamentale
que
« notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables
367
mpossible, pourra-t-on du moins éviter le conflit
que
certains prétendent menaçant ? Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’i
368
dent menaçant ? Malgré l’« anxiété mélancolique »
qu’
il éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de
369
ntal, les conclusions de M. de Traz — si tant est
qu’
on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes.
370
ire à un péril oriental très pressant, ni surtout
que
nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre
371
« La seule leçon à attendre des musulmans, c’est
que
le spectacle de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre.
372
ertaine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré
qu’
il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cett
373
n mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue
que
m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir p
374
m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort
qu’
il fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prin
375
es où naquit la religion du « Prince de la vie »…
Qu’
on ne croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critiq
376
ince de la vie »… Qu’on ne croie pas, d’ailleurs,
que
l’attitude presque constamment critique de M. de Traz diminue l’intér
377
en elles, révèle sa personnalité peut-être mieux
que
ne le feraient une suite de pages lyriques toujours un peu stylisées.
378
voyageur intelligent, qui n’accepte d’être séduit
que
pour « mieux comprendre », assez « fidèle » à ses origines pour garde
379
juillet 1926)w Je ne crois pas exagéré de dire
qu’
en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvr
380
ains d’aujourd’hui. La « critique philosophique »
qu’
il voudrait inaugurer « ne se contenterait pas d’étudier les œuvres po
381
, mais tâcherait d’épouser le dynamisme spirituel
qu’
elle révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez
382
l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent
qu’
il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voici enfin un critique
383
Proust, Pater et Stendhal. Certes, il était temps
que
l’on dénonce la confusion romantique de l’art avec la vie, qui empois
384
tique modernes. Et à ce propos, il faut souhaiter
que
M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune
385
dez aborde par ce biais l’œuvre de Gide, qui plus
qu’
aucune autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’il est bien étab
386
liée à cette confusion. Mais s’il est bien établi
que
les lois de la vie sont essentiellement différentes des lois de l’œuv
387
s de l’œuvre d’art, il ne s’en suit pas forcément
que
l’on doit nier toute communication directe entre l’œuvre et le moi, c
388
solues. M. Fernandez tente de prouver par exemple
que
l’œuvre d’art ne peut être un moyen de connaissance personnelle. Aprè
389
u s’il la condamne plutôt, à cause des confusions
qu’
il y décèle. Le meilleur morceau du livre est l’essai sur Proust et sa
390
nalité — « mosaïque de sensations juxtaposées » —
qu’
il définit sa propre théorie de la « garantie des sentiments », où l’o
391
personnalité moins le « principe unificateur » —
que
la psychologie freudienne et proustienne a porté à un point si danger
392
ne théorie assez proche du cubisme littéraire, et
qu’
il serait bien utile d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui
393
ique pratiqué par Fernandez. Périlleuse situation
que
la sienne, en effet, où l’on court le double risque de paraître trop
394
encore dans les positions conquises. Il n’empêche
que
son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il propose quelq
395
son livre manifeste une belle unité de pensée, et
qu’
il propose quelques directions très nettes de synthèse. Avec une œuvre
396
moires de Montherlant : dans ce récit plus encore
que
dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup moins l’œuvre d’art que
397
précédentes, on voit beaucoup moins l’œuvre d’art
que
l’auteur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est
398
or, à 16 ans, c’est surtout le Montherlant actuel
que
l’on sent. C’est dire que le livre vaut par son allure plus que par d
399
t le Montherlant actuel que l’on sent. C’est dire
que
le livre vaut par son allure plus que par des qualités de composition
400
C’est dire que le livre vaut par son allure plus
que
par des qualités de composition ou de perfection formelle. Pour quelq
401
spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout
que
j’admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittores
402
délité aux taureaux braves et simplets d’esprit !
Qu’
ils paissent éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donn
403
vec la nonchalance des vrais puissants, je compte
qu’
il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humaines. x. «
404
s du fleuve jaune, entre les deux façades longues
que
la ville présente au couchant, dans ce corridor de lumière où elle ac
405
maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas
que
la Promenade désertée. Sur les eaux, comme immobiles, des nuages roug
406
êtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’elle
que
vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un mom
407
es… Mais ce pays tout entier pâmé dans une beauté
que
saluent tant de souvenirs n’a d’autre nom que celui de l’instant, ô m
408
uté que saluent tant de souvenirs n’a d’autre nom
que
celui de l’instant, ô mélodieuse lassitude. Vivre ainsi simplement. S
409
presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est
qu’
odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sourdes. Pense
410
s — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce
que
les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide, par
411
dieux, ô joies pour notre joie mesurées, courbes
qu’
épousent nos ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui s’appuie sur
412
nheur par personne et les devantures ne cherchent
qu’
à vous plaire. Chaque ruelle croisée propose un mystère qu’on oublie p
413
plaire. Chaque ruelle croisée propose un mystère
qu’
on oublie pour celui des regards étrangers. Et voici la place régulièr
414
ndividu. C’est pour traiter ce sujet pirandellien
qu’
on s’embarque dans une croisière de vacances, qui finit par un naufrag
415
succombant sous les allégories. L’étonnant, c’est
que
le livre soit réellement amusant, et qu’il trouve une sorte d’unité v
416
t, c’est que le livre soit réellement amusant, et
qu’
il trouve une sorte d’unité vivante dans le rythme des désirs jamais s
417
sent ; pourtant l’on sourit : il faut bien croire
qu’
il y a là un talent, charmant, glacé, spirituellement « poétique ».
418
igres et les couleurs fluides. Toute la tendresse
que
ranime un soleil lointain va tourner en cruelle mélancolie. Pourquoi,
419
e, qui transparaît parfois et nous fait regretter
que
l’auteur ne se soit pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique
420
fice. Sans doute, cette « absurdité essentielle »
que
le Chinois distingue au cœur de la vie occidentale apparaît mieux par
421
de l’idéal asiatique avec le nôtre. Mais je crois
que
toute intelligence européenne libre peut souscrire aux critiques du C
422
Malraux a fait parler son Chinois de telle façon
qu’
ils ne le paraissent point. Et alors le relativisme angoissant qui sem
423
en plutôt une unité supérieure de l’esprit humain
que
nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaine
424
uisqu’elle risque de ne laisser subsister en nous
qu’
un « étrange goût de la destruction et de l’anarchie, exempt de passio
425
e vertu d’une anarchie dont on ne veut pas avouer
qu’
elle est plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’e
426
er qu’elle est plus nécessaire — provisoirement —
que
satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que nous trompant nous-mêmes
427
nt — que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi
que
nous trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intell
428
pour excuser sa petite faiblesse originale : tant
qu’
à la fin la notion concrète de sincérité s’évanouit en mille définitio
429
), ou « perpétuel effort pour créer son âme telle
qu’
elle est » (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout cons
430
ntéressée, de naturaliste de l’âme ? Heureusement
que
M. Brémond ne s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pa
431
s du subtil abbé pour n’y plus rien comprendre. ⁂
Qu’
on imagine un personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’il voit
432
e un personnage de tableau se mettre à décrire ce
qu’
il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pour pa
433
s une certaine mesure — parce que nécessaire — ce
qu’
il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de conf
434
n peut tirer par une sorte de passage à la limite
que
les faits justifient : sincérité = spontanéité. Mais la morale est ce
435
ussant Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas
qu’
il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché
436
ongeait pas qu’il allait faire école. Le fait est
que
ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-l
437
. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais
que
le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur du personnag
438
nisme inconscient, aussi révélateur du personnage
que
ses actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit que relativement
439
actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit
que
relativement à un système restreint de références. Il résulte de sem
440
les considérations, dans le domaine de la morale,
que
le meilleur moyen de se livrer à ses déterminants, c’est de mener la
441
ses déterminants, c’est de mener la vie gratuite
que
réclament les surréalistes. Le contraire de la liberté. D’autre part,
442
nner à l’acte gratuit une valeur morale en disant
qu’
il révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait
443
atuit une valeur morale en disant qu’il révèle ce
qu’
il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de conn
444
isme », la décision réfléchie, aussi peu gratuite
que
possible, d’un Julien Sorel, est-elle moins révélatrice du fond de l’
445
elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ?
Que
si l’on s’étonne de me voir donner ici la préférence à l’acte volonta
446
littérature je défends l’acte gratuit, je réponds
que
la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à
447
ntense et plus émouvante ; mais la morale, plutôt
que
de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre
448
je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
que
je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésita
449
élans, hésitations, obscurités, etc.). Supposons
que
j’éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. O
450
onséquences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur
que
je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-
451
fatalement c’est à la découverte d’une faiblesse
que
j’aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan
452
: ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce
que
l’élan appelait. Second exemple. — J’éprouve le besoin de faire le
453
, je revis plus ou moins fortement des sentiments
que
je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement
454
e, c’est bien le second. La qualité des souvenirs
qu’
il me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur
455
exactement, non sur mon passé, mais sur le moment
que
je vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur
456
mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair
qu’
on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se servant de la méth
457
l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue
qu’
un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en m
458
irs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru
que
je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’as
459
René Crevel, est la démonstration la plus cynique
que
je connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’a
460
se de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude
qu’
il s’acharne à approfondir — il était venu y chercher quelque raison d
461
e comme raison d’une perpétuelle attente »), — ce
que
l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vital
462
’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vital
qu’
il nomme élan mortel — générateur de l’incurable tristesse qui rôde da
463
ges du sincérisme. C’est plus exactement faillite
qu’
il faudrait. Faillite de toute introspection, en littérature et en mor
464
mon autoportrait moral : je me compose plus laid
que
nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analyse psychologique a perd
465
pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé
que
l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer qu
466
u jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce
qu’
il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée,
467
e qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer
que
l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais se
468
retrouve notre individualité. Elle nous crée tels
que
nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précéd
469
me « un perpétuel effort pour créer son âme telle
qu’
elle est ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissem
470
re. Cependant, n’est-ce pas lui-même qui ajoutait
que
l’homme sincère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’être di
471
, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce
qu’
il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites ass
472
assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas
que
contenue dans des limites assez étroites empiriquement fournies par l
473
les bénéfices sont maigres en regard des dangers
que
la sincérité du noli me tangere fait courir, tant dans le domaine lit
474
gere fait courir, tant dans le domaine littéraire
que
dans celui de l’action. En littérature : refus de construire, de comp
475
La fonction de l’homme est aussi bien de croire
que
de constater. F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière n’a plus
476
rop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on prétend
que
la sincérité est la recherche, puis l’acceptation de toute tendance d
477
’acceptation de toute tendance du moi, je réponds
que
le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il de
478
ident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité
qu’
on désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, ma
479
amais au point d’oublier la vérité qu’on désirait
qu’
ils cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, mais un bon artis
480
essaire à la vie, n’est-ce pas être sincère aussi
que
de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indétermination violen
481
vous tire aussitôt de l’indétermination violente
qu’
est la sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à f
482
éritable vous pousse à faire le saut dans le vide
qu’
exige toute foi ; c’est la volonté de sincérité, c’est-à-dire une sinc
483
e, qui retient de l’oser. Petite anthologie ou
que
le « style » est de l’homme même J’en étais à peu près à ce point
484
t de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce
que
beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inintell
485
ntion qui altérerait leur moi ; ils ne souhaitent
que
d’être leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mê
486
ale de M. Godeau serait définie par l’aspect seul
qu’
il souffrirait de garder lui-même à son propre regard. Ainsi la valeur
487
ur morale d’un homme équivalait-elle à l’illusion
qu’
il était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu
488
’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce
qu’
on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de force
489
olescence où l’on soupçonne pour la première fois
que
certains, peut-être, jouent leur vie. Rien ne paraît plus sinistre à
490
s l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal
que
j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une
491
appelle en chaque minute de ma joie est plus réel
que
celui qu’une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est
492
chaque minute de ma joie est plus réel que celui
qu’
une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est pas lâcher
493
s lors, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre
que
de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller
494
r l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-je
que
c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais
495
rêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi
que
la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Ma
496
sion particulière, ne pouvait non plus s’imaginer
qu’
elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je
497
re privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite
que
je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’
498
a plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie
qu’
elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanémen
499
m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce
que
momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous les v
500
is de laisser — et des baisers à tous les vents —
qu’
il eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas c
501
e portais, mais bien ces figurants de mon bonheur
que
je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à
502
onciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
que
fidèle à soi-même au plus profond de l’être, on entretient comme une
503
e. Mais c’est une honnêteté peut-être plus réelle
que
l’autre. Et l’on conçoit que ce constant et secret assujettissement a
504
eut-être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit
que
ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politiq
505
timents plus subtile et, je pense, moins vulgaire
que
cette agilité offensive qu’on appelle dans la vie publique arrivisme,
506
pense, moins vulgaire que cette agilité offensive
qu’
on appelle dans la vie publique arrivisme, et séduction dans les salon
507
ocrisie envers soi-même une volonté — si profonde
qu’
elle n’a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdi
508
je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être
qu’
une espèce de souffrance véritablement insupportable, c’est celle qu’o
509
uffrance véritablement insupportable, c’est celle
qu’
on tire de soi-même.) Hypocrisie, ce sourire des sphinx ; hypocrisie,
510
risie, masque ambigu d’une liberté plus précieuse
que
toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce
511
toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce
que
je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La vérita
512
érité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce
que
de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’
513
le premier exemple, ce serait le récit des gestes
qu’
il m’aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser.
514
urait fait commettre. Manifester est plus sincère
qu’
analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne souligne la quas
515
criture, l’affirmation prouve moins une certitude
qu’
un désir de certitude né de quelque doute au fond. » (René Crevel) b.
516
u temps, en général, et sur celles en particulier
qu’
implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M
517
otre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué,
que
ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadon
518
méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons
que
tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ailleurs, plus que
519
en. Les circonstances l’exigent, d’ailleurs, plus
que
jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison
520
s l’exigent, d’ailleurs, plus que jamais, et plus
que
jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’au
521
tre parfois quelque peu impertinente. Le fait est
que
nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, d
522
ite, c’est en cela uniquement — être nous-mêmes —
que
consistera notre programme. Sans doute, les différences s’accusent :
523
bénéfice en retour. Certes, nous ne demandons pas
qu’
on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons
524
ationnelle révision des valeurs. Nous savons bien
que
nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres.
525
des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons
que
passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce sont les
526
, mais seulement de retenir sa place au spectacle
qu’
ils offrent et de les considérer avec sympathie. Il est bien facile de
527
près moi, le déluge ! », et de se détourner de ce
qu’
on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fil
528
iens » — prétention éminemment peu bellettrienne.
Que
sommes-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saure
529
peu bellettrienne. Que sommes-nous donc ? Le plus
qu’
on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez
530
mmes-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est
que
vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il
531
eux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut
que
notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute c
532
de fleurs disparates, aux tiges divergentes, mais
qu’
un ruban rouge et vert lie par la grâce d’une volonté sans doute divin
533
an de Paris (janvier 1927)ab « Je n’admets pas
qu’
on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les terme
534
« Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles,
qu’
on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre
535
nces pittoresques de ce petit livre. Quant à ceux
que
certaines envolées magnifiques et hagardes pourraient enthousiasmer i
536
et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce
que
je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se cher
537
es sombres délires, des pages d’un lyrisme inouï.
Que
Louis Aragon ne se croie pas tenu de justifier ses visions par le moy
538
ar le moyen d’une métaphysique aussi prétentieuse
qu’
incertaine. Son affaire, c’est l’amour, et certain désespoir vaste et
539
rs. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt
que
jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’autres rêves Où so
540
els anges fous. L’horaire dicte un adieu, La mode
qu’
on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux n
541
ns de chasse gardée du ci-devant soleil. C’est là
qu’
Urbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’avait compté jusqu’
542
ts et un chapelier dont tous s’accordaient à dire
qu’
il ne péchait que par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc,
543
r dont tous s’accordaient à dire qu’il ne péchait
que
par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc, premier mauvais g
544
rbain ouvrit les yeux et ne vit rien. On rappelle
que
les étoiles s’étaient décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éte
545
ité judiciaire et française, dédaigna des avances
que
la perte de son sens de l’éternel rendait pourtant considérables, au
546
vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants
qu’
il jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des
547
ide symbolique des systèmes, sortit, c’est-à-dire
qu’
il fit un pas dans une direction quelconque. L’étoile pleurait, sentim
548
l’édit de Nantes » (16 février 1927)i Le sujet
que
M. Esmonin, professeur à la Faculté des lettres de Grenoble, traita m
549
n système préconçu. (Cette attitude est plus rare
qu’
on ne le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clar
550
Louis XIV commit un des actes les plus vexatoires
que
l’histoire ait enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France
551
eur désir de gagner le ciel, persuadent Louis XIV
que
la révocation serait une œuvre digne du Roi-Soleil et capable de lui
552
d’eux s’indigne, dans une lettre à Louvois, de ce
que
« les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ».
553
utions contre ceux qui n’ont commis d’autre crime
que
de « déplaire au roi » vont reprendre de plus belle : la guerre civil
554
ades. M. Esmonin s’abstient d’en faire un tableau
qu’
il suppose présent à l’esprit de ses auditeurs. Il termine en citant l
555
histoire de la France. Déviation telle, en effet,
que
nous en sentons les conséquences de nos jours encore, ajoute M. Esmon
556
urs encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons
que
nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacrer à
557
nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage
qu’
il va consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti pris, si libre
558
rogressive et réciproque des conjoints. » On sait
que
Beyle appelait cristallisation une fièvre d’imagination qui orne de b
559
le ne sait plus leur imposer de feindre encore ce
que
le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes époux
560
l’un l’autre. Pourtant, jusqu’au bout, il semble
qu’
un mot, un geste décisif, ou certaine amitié de la saison suffirait à
561
rfide qui les tourmente. Mais il faudrait d’abord
qu’
ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient p
562
geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout
qu’
on les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait ce qui la retient
563
nt par un geste, une nuance du paysage, une image
qu’
on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dan
564
mage qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’est
qu’
à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une certaine pu
565
Ce n’est qu’à force de discrétion dans les moyens
qu’
il parvient à une certaine puissance de l’effet, aux dernières pages.
566
êtres dont la détresse est d’autant plus cruelle
qu’
elle est contenue sous des dehors trop polis. Une fois fermé le livre
567
ie la justesse de son analyse pour n’évoquer plus
que
des visions où se condense le sentiment du récit. Dans le Cœur gros,
568
Pourtalès, Montclar (février 1927)ad L’on aime
que
, pour certains hommes, écrire ne soit que le recensement passionné de
569
on aime que, pour certains hommes, écrire ne soit
que
le recensement passionné de leur vie, ou l’aveu déguisé d’une insatis
570
leur vie, ou l’aveu déguisé d’une insatisfaction
qu’
elle leur laisse. Montclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels i
571
esse auxquels il ne tient guère, et l’on comprend
que
ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette
572
ire aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir,
qu’
il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le
573
e complot de la commodité ». Mais plus voluptueux
que
philosophe, c’est à l’amour qu’il ira demander la souffrance indispen
574
s plus voluptueux que philosophe, c’est à l’amour
qu’
il ira demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son
575
indispensable au perfectionnement de son âme. Et
qu’
importe si les Allemands qui, fréquente sontae, pour notre plaisir, un
576
sontae, pour notre plaisir, un peu plus viennois
que
naturel s’il parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les
577
d’art comme on fait dans Proust, si les passions
qu’
il nous peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se c
578
-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur
que
l’on dirait désintéressée si elle n’avait pour effet de souligner, pl
579
sée si elle n’avait pour effet de souligner, plus
que
ses succès, certaines faiblesses qu’il recherche secrètement, parce q
580
ligner, plus que ses succès, certaines faiblesses
qu’
il recherche secrètement, parce que de ces « ratages » naît le perpétu
581
st la condition de son progrès moral. C’est ainsi
qu’
il consent, non sans une imperceptible satisfaction, l’aveu d’une fond
582
’on finit. Et peut-être l’amour n’est-il possible
qu’
entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténués. Mais alors
583
tre l’amour n’est-il possible qu’entre deux cœurs
que
l’épreuve du plaisir n’a pas exténués. Mais alors quelle avidité crue
584
un peu sombre qui s’en dégage, sagesse qui veut «
que
nous appelions les âmes à la vie après seulement toutes les morts du
585
nt toutes les morts du plaisir », car elle sait «
qu’
entre les êtres, le bonheur est un lien sans durée. Seules la souffran
586
e une arrière-pensée inquiète et un peu hautaine.
Que
la composition de cette réminiscence soit assez facile et « artiste »
587
te espèce de modestie de l’allure est rare autant
que
sympathique, dans le temps que sévit l’inflation littéraire la plus r
588
re est rare autant que sympathique, dans le temps
que
sévit l’inflation littéraire la plus ridicule. Pourtant, qu’elle ne l
589
’inflation littéraire la plus ridicule. Pourtant,
qu’
elle ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine,
590
dicule. Pourtant, qu’elle ne laisse point oublier
que
ce livre d’une résonance si humaine, est mieux que charmant, — doulou
591
ue ce livre d’une résonance si humaine, est mieux
que
charmant, — douloureux et désinvolte, glacé, passionné. ad. « Guy d
592
» (Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord
que
je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je
593
e au moment où je vais me suicider, d’autant plus
que
vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu
594
vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi
que
je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas p
595
pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise
qu’
il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleur
596
isir, comme on dit, sans doute parce que c’est là
que
se nouent les douleurs les plus atrocement inutiles. La première fois
597
drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut
que
plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous
598
. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là
que
j’ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’
599
evue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert
que
vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus de vous voir si
600
t que vous existiez en moi, à certain désagrément
que
j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courag
601
èrent les miens plus d’une fois pendant une danse
qu’
il fit avec vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arr
602
e obsession secrètement attirante ; et je pensais
que
la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la
603
je pensais que la force de mon désir était telle
que
vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes a
604
mes airs sombres vous effrayaient sans doute plus
qu’
ils ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards cro
605
ls ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense
que
ces regards croisés n’avaient aucune signification et que mon anxiété
606
regards croisés n’avaient aucune signification et
que
mon anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orche
607
douleurs. Même, je fus obligé de confier à un ami
que
j’en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz marte
608
t la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots
que
j’écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smo
609
sur l’orchestre pensif. Ton regard est plus grand
que
le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton souvenir, comme
610
lui dire très vite quelques mots si bouleversants
qu’
avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais que le
611
er étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais
que
les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devai
612
me disais encore : Si je prends cet ascenseur et
que
je la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu mo
613
se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y avait
que
des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’était penchée vo
614
issés, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes
que
j’ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, te
615
long regard de damné. À minuit, tellement épuisé
que
je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des
616
a fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse
que
je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais
617
de la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis
que
je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’
618
er seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois
que
j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être
619
s appels d’autos dans la ville, mais il me semble
que
toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cette aube inc
620
e ne correspond à rien dans mon esprit. Peut-être
que
j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette dé
621
perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus
que
de cette déception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vo
622
. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais voici
que
ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne
623
i que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image
que
je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pour
624
rquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce
que
c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu,
625
evrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est
que
la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a p
626
oi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce
que
c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement g
627
fre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est
que
ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans
628
’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus
qu’
un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y aurait
629
plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait
que
je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je
630
Et une note d’Orphée précise : « Inutile de dire
qu’
il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant,
631
». Sa femme l’accuse de « vouloir faire admettre
que
la poésie consiste à écrire une phrase ». Et cette phrase, c’est un c
632
e la mort. » Or, on découvre à la fin de la pièce
que
c’est une anagramme un peu ordurière. Ainsi les rêves publiés par les
633
nsait à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers
qu’
on peut lire plus haut : Les anges véritables qui connaissent les sig
634
vant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr
qu’
il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scénique
635
ue qui cerne le mystère d’un trait pur. Il semble
que
Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette
636
l semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce
qu’
il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guère :
637
e admirable machine ne m’inquiète guère : je sais
qu’
elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me
638
’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce
qu’
il faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une piè
639
complètement une pièce, prouvant une fois de plus
que
l’atmosphère de l’« art pur » n’est pas respirable. Il ne manque rien
640
al taillé, selon toutes les règles de l’art, mais
que
l’essence obtenue, si elle est de rose, est sans parfum. (Tout de m
641
verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait
que
je ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimme
642
ns le fait que je ne sais parler de lui autrement
que
par métaphores.) 5. M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et mê
643
e. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose.
Que
diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces
644
ciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient
que
2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme et Jean Tharaud ! » Il y a d
645
esponsabilité s’empare de nous. Et nous calculons
qu’
il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occupe
646
là, bas-toi là ! »… Est-il plus atroce spectacle
que
celui d’une maîtresse jadis belle et diserte qui tombe au ruisseau en
647
n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate
que
jamais « la Montagne » ne saura venir au prophète, même s’il se nomme
648
u mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi
que
le disait si poétiquement le programme. Un peu d’histoire (erratum de
649
à Mossoul de se perdre dans des jupons autrement
que
par métaphore. À La Chaux-de-Fonds, il y eut trente membres et cent d
650
s’éteignit dans les neiges. Un jour, on s’aperçut
que
cette chose avait recommencé, qu’on appelle, sans doute par antiphras
651
r, on s’aperçut que cette chose avait recommencé,
qu’
on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. Revue ou prologue
652
Edmond Jaloux, Ô toi
que
j’eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare
653
M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un homme
que
son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes gén
654
ver les indices chez ses jeunes contemporains, et
qu’
il vient appuyer de son autorité de critique et surtout de son expérie
655
nnages pour remercier ; (pouvait-il mieux trouver
qu’
un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois l’on se demande si l’
656
é en face des personnages de Jaloux. Et peut-être
que
la comtesse Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le
657
’aura pas été tentée de lui faire ces confidences
qu’
elle livre si facilement au héros plus confiant et secrètement incerta
658
une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce
qu’
il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la reverra j
659
lettres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, et
qu’
elle l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans
660
un réalisme discret mais précis et le sens de ce
qu’
il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la
661
t un système de valeurs lyriques et sentimentales
que
la raison ignore ou tyrannise aveuglément, car « nous avons dressé no
662
p amer et celui du roman lyrique, par l’équilibre
qu’
il maintient entre ces deux inconscients : l’époque et l’être secret d
663
l’époque et l’être secret du héros. Il sait mieux
que
quiconque aujourd’hui faire éclater dans un cadre très moderne où s’a
664
t pas la fin ni le sens véritable, mais seulement
qu’
elles ont fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux i
665
up d’amis inconnus. af. « Edmond Jaloux : Ô toi
que
j’eusse aimée… (Plon, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de
666
haud ». Affreux. Aussi : « Elle mourut. » On voit
que
cette bande est antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. L
667
ilm japonais : une historiette un peu plus banale
que
nature, très bien photographiée. C’est le film du type « Jeux de sole
668
aisons obliques, montagnes russes. (J’ai regretté
que
René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil ro
669
grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr
que
le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Les gens rient
670
sûr que le plaisir du public fût de même essence
que
le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement d
671
cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent
que
le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’que c’est cochon
672
essous mais accueille le résultat avec la naïveté
qu’
il faut, approuve et dit : « C’est bien ça, c’est comme quand on rêve.
673
e imaginaire en montre (beaucoup trop à mon gré).
Qu’
une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’étonnant au
674
photographie d’une chose qui ne serait étonnante
que
dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées pa
675
s quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle
que
celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible.
676
aussi réelle que celle dont nous avons convenu et
que
nous pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît al
677
aît alors comme l’une seulement des mille figures
que
peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encor
678
e, non Madame, car alors quoi de plus surréaliste
que
le film 1905. Ce n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il r
679
surréaliste que le film 1905. Ce n’est peut-être
qu’
une question d’imagination ; il reste qu’un film comme Entr’acte est u
680
eut-être qu’une question d’imagination ; il reste
qu’
un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premi
681
urés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges
que
déclenche René Clair, verrons-nous, pris par surprise dans l’explorat
682
re inquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter
que
ce témoignage sur les générations nouvelles et leurs maîtres soit lu
683
unit en lui à l’état de velléités contradictoires
que
son intelligence très nuancée maintient en une sorte d’instable équil
684
en une sorte d’instable équilibre, les tendances
que
ses contemporains ont poussées à l’extrême avec moins de prudence mai
685
ui fait la grandeur et la misère de l’époque — et
qu’
il avoue préférer à une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse n
686
ude trop vite atteinte, où sa jeunesse ne verrait
qu’
une abdication. Il décrit la « génération nouvelle » avec une intellig
687
aigu d’analyse qui conduit à la dispersion autant
qu’
à l’approfondissement du moi, soif de tout et pourtant mépris de tout,
688
re M. Rops a-t-il trop négligé le rôle extérieur,
que
je crois décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défi
689
ffrent aux jeunes gens d’aujourd’hui. Il constate
que
l’une (celle de Gide) ne fait que différer notre inquiétude, tandis q
690
ui. Il constate que l’une (celle de Gide) ne fait
que
différer notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine notre angois
691
ude, tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse
qu’
en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la
692
otre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient
que
de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix presque impossibl
693
iment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant
que
le chemin qui mène à l’autre ? Car la foi naît de l’inquiétude autant
694
l’autre ? Car la foi naît de l’inquiétude autant
que
de la grâce, et régénère sans cesse l’inquiétude autant que la séréni
695
grâce, et régénère sans cesse l’inquiétude autant
que
la sérénité… Au reste, n’est-elle pas de M. Rops lui-même, cette phra
696
, le beau prétexte (avril 1927)j Ah ! je sens
qu’
une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les corde
697
a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme,
qu’
elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’a
698
Il n’existe pas de théorie du salut. Il n’existe
que
des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux du Silence.
699
ux, mais c’est pour détourner nos regards de cela
qu’
il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tenté
700
rtant si éprouvées par le repas dont vous sortez,
que
ces trois mots où se résume la défense de la loi sociale, patriotique
701
vous rallumez votre cigare. Vous vous êtes assuré
que
la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce côté. Retourn
702
et d’autres, à travers les déserts de la sainteté
que
hantent les fantômes adorables du désir, — quelques hommes y pénètren
703
aibles s’efforcent — mais déjà c’est de plus loin
qu’
il les nargue. Il connaît enfin une solitude défendue de tous côtés pa
704
igneuses, de bravades et de faciles tricheries8 —
qu’
ait connue l’esprit humain. Sens de l’Absolu, sens de la pureté ou fan
705
dominés par le sens d’une réalité morale absolue
que
certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugeme
706
n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi
que
plus rien ne peut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’
707
ine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire
qu’
elle est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n
708
arbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique.
Que
si l’on vient nous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’es
709
à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte
qu’
elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nou
710
clues toutes grandeurs au profit de fuites lâches
qu’
on veut nommer renoncements ! Jouant tout sur une révélation possible,
711
enne comment aimer un Dieu. Ce n’est pas à genoux
qu’
on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’avo
712
e encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est
qu’
il lui faut atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon. II No
713
ce. Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragique
qu’
il trouverait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi que l’on arrive
714
rouverait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi
que
l’on arrive à croire, pour un autre, que c’est arrivé, ajoutant foi,
715
st ainsi que l’on arrive à croire, pour un autre,
que
c’est arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet ce terme, à d
716
ue c’est arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens
qu’
admet ce terme, à des exaltations que leur lyrisme rendait seules cont
717
ous les sens qu’admet ce terme, à des exaltations
que
leur lyrisme rendait seules contagieuses. Comment, en effet, ne pas v
718
ent, en effet, ne pas voir la part de littérature
que
renferme cette œuvre, et qui fait, en dépit des prétentions désoblige
719
le pour le scandale qui a le mérite de n’être pas
qu’
un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seulement trans
720
ts. » Une belle phrase, n’est-ce pas ? Je ne sais
qu’
un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et
721
ait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce
que
je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte
722
possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs »
que
sur ce « globe d’attente » comme dit Crevel. Pourtant, le plus irrévo
723
rtant, le plus irrévocable désespoir n’est encore
qu’
un appel à la foi la plus haute. 1er mai 1927. Mieux vaut pécher pa
724
. 1er mai 1927. Mieux vaut pécher par ridicule
que
par scepticisme ; par excès que par défaut. L’enthousiasme trompe moi
725
cher par ridicule que par scepticisme ; par excès
que
par défaut. L’enthousiasme trompe moins que le bon sens. Don Quichott
726
excès que par défaut. L’enthousiasme trompe moins
que
le bon sens. Don Quichotte est tout de même moins misérable que Cléme
727
s. Don Quichotte est tout de même moins misérable
que
Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche
728
si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche
qu’
on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier
729
sser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup
qu’
on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’il symbolise tout cet ét
730
oup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est
qu’
il symbolise tout cet état d’esprit « bien Parisien » dont de récentes
731
ibrairie montrèrent les ravages bien plus étendus
qu’
on n’osait le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soute
732
1. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soutenu
qu’
une introspection immobile ne retient rien de la réalité vivante ; si
733
récuse ici certain sens critique dont on voudrait
que
soient justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pen
734
é notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce
qu’
il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré.
735
Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
que
nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et
736
je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru
que
depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je
737
e temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit
que
je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. —
738
op d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce
que
cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le Sens Critiqu
739
’aurais en quelque manière la prétention… Moi. —
Que
voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant :) Cro
740
ne peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas
que
« l’artiste serait peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain »,
741
ar enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains
qu’
est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd
742
is. » Alors la voix de Rimbardk à la cantonade :
Qu’
il vienne, qu’il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les
743
voix de Rimbardk à la cantonade : Qu’il vienne,
qu’
il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les plus significa
744
s en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité
que
l’on fait à la littérature moderne n’est qu’une manifestation de ce d
745
rité que l’on fait à la littérature moderne n’est
qu’
une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quelques
746
tion à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci
que
je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier a
747
ceci que je ne puis pardonner aux surréalistes :
qu’
ils aient voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai
748
extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a fait,
que
c’est très joli de crier merde pour Horace, Montaigne, Descartes, Sch
749
une révolution en fonction du capitalisme. Est-ce
que
vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la pol
750
nie française, la politique, et ne voyez-vous pas
que
c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans leur lang
751
ur langue et de crier rouge pour la simple raison
qu’
ils ont dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français »
752
otre mépris, en prenant le contre-pied de tout ce
qu’
il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus fr
753
il inspire ? Alors que cette réaction même est ce
qu’
il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme ce p
754
réaction même est ce qu’il y a de plus français ;
que
c’est elle qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authenti
755
aurait trop à dire, et puis l’on croirait encore
que
je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternati
756
s ont tort, envers et contre toutes les critiques
qu’
on pourrait leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, par
757
n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions
que
nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de
758
haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce
qu’
en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous s
759
magnifique perdition dans des choses plus grandes
que
nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui
760
les aspects irrévocablement prévus de nous-mêmes
que
faisaient paraître les petits faits de nos longues journées. Nous aim
761
olution ; parce que cette révolution ne demandait
qu’
à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qu
762
e cette révolution ne demandait qu’à s’asseoir et
que
son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait co
763
, la révolution-vice. Mais on ne vit, on ne meurt
que
de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il s’y retrouve. » Il pense
764
lecteur se rassure. « Il s’y retrouve. » Il pense
que
c’est bien jeune. Et : encore un qui rue dans les brancards, c’est tr
765
inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-ce
que
vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes. R
766
lerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus
que
des valeurs de passion. Balayez ces douanes de l’esprit, proclamez le
767
rannie des souvenirs ; et ce n’est pas se libérer
que
de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Claudel. 10. Musse
768
que de tels soupirs, d’ailleurs invraisemblables,
qu’
à leurs reflets se fussent évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans
769
ec maîtresse. École savait le mythe du voyage, et
qu’
on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il l
770
jusqu’au soleil toujours de face. Il ne vit plus
que
la foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain la voici, elle de
771
ais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa
que
c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âmes. Aussitôt i
772
chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid
que
cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en di
773
s de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant
que
ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du
774
évaporait aux caresses des flocons, plus perfides
que
des murmures d’adieu. Il tomba parmi les statues, dans l’amitié pensi
775
ment vers le soleil du haut-lac. Justement, voici
que
tout va s’ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est
776
haut-lac. Justement, voici que tout va s’ouvrir,
qu’
un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse.
777
moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe
qu’
il est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et l
778
euchâtel va-t-elle redevenir le centre artistique
qu’
elle fut au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de s
779
stion est peut-être prématurée. Mais le seul fait
qu’
elle se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments né
780
s le seul fait qu’elle se pose me paraît indiquer
que
l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce regroupement existe
781
s modernes, et sont bien situés pour n’en prendre
que
le meilleur ; mais l’émulation, l’atmosphère de combat nécessaire au
782
le peintre se trouve placé d’emblée en face de ce
qu’
on nomme le gros public. L’épreuve est pénible, énervante, souvent fat
783
écration étrangère. Un jour en effet l’on apprend
que
tel tableau de jeune est « coté » chez un gros marchand. Aussitôt, le
784
ouchants échos : « C’est avec un légitime orgueil
que
notre petit pays accueillera cette consécration bien méritée du talen
785
et fortune faite, tout le monde s’accorde à dire
qu’
on n’attendait pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train du mo
786
ère. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas
qu’
il en faille gémir. Une certaine résistance est nécessaire pour que la
787
s, sachons le reconnaître, il y a moins de malice
que
de paresse dans les jugements du public, et moins d’incompréhension q
788
s jugements du public, et moins d’incompréhension
que
de timidité. ⁂ On ne m’en voudra pas de ne citer ni dates de naissanc
789
aux crayons de fard. C’était un peu plus Blanchet
que
Barraud, plus Picasso que Matisse ; mais il y avait encore du flou, d
790
it un peu plus Blanchet que Barraud, plus Picasso
que
Matisse ; mais il y avait encore du flou, des courbes complaisantes.
791
À Marin, près Neuchâtel, dans cette petite maison
qu’
on reconnaissait entre trente pareilles, aux cactus qui ornaient les f
792
rre, cette tête prisonnière qui regarde ailleurs…
Qu’
il sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’il voit dans la peti
793
Qu’il sorte enfin et se mette à graver les scènes
qu’
il voit dans la petite cité ouvrière, et c’est merveille de constater
794
de la vie. La série de gravures sur bois colorées
qu’
il intitule la cité est un petit chef-d’œuvre de réalisme stylisé. C’e
795
licité précieuse », il sait la conférer à tout ce
qu’
il touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose une
796
se », il sait la conférer à tout ce qu’il touche,
qu’
il décore une bannière, fabrique une poupée, compose une affiche ou un
797
uvres. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre
qu’
il glisse si souvent là où on l’attend le moins. Conrad Meili apporte
798
leux, mais les autres sont soulagés. Et ne fût-ce
qu’
en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien
799
tel en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru
que
ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais aux exigen
800
pinceau la palpe, la presse, la réduit à la forme
qu’
il voit. Il y a de la sensualité dans l’écrasement de ses couleurs, un
801
tout leur amour à la peinture pure. Je crois même
que
, Paul Donzé touché à son tour par la grâce décorative, il n’en reste
802
à son tour par la grâce décorative, il n’en reste
qu’
un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garçon aux allures
803
d’une ironie mélancolique et qui voient plus loin
qu’
on ne croit, mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seco
804
ut-être se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ;
que
l’on consente en effet à telle déformation, et tout devient satisfais
805
e sentiments ou d’état d’âme. Je ne verrais guère
que
Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce
806
sent sur les toiles de Meuron. Il semble toujours
qu’
il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêl
807
s où ciel et onde se mêlent, et sait rendre mieux
que
personne la liquidité d’un lac, certaines atmosphères délavées et sou
808
re à Rubens. Il fut un temps où l’on put craindre
que
Charles Humbert ne devînt le chef d’une école du gris-noir neurasthén
809
araissaient dans les Voix (cette courageuse revue
qu’
il avait fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impé
810
harmonies funèbres, comme un qui n’attendrait pas
que
l’enterrement s’éloigne pour entonner une chanson à boire. Et sa tech
811
Si la couleur n’est pas encore aussi plantureuse
que
les formes, il y a une belle richesse de lueurs sur une matière trait
812
d’une abondance très sûrement ordonnée. Je crois
qu’
on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lui sa
813
qui semble se faire une volupté de la discipline
qu’
elle s’impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le cost
814
e tient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense
qu’
il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lu
815
e qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure
qu’
il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens an
816
leurs, à encadrer des glaces. Et plaise aux dieux
que
les visages qui s’y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’il pei
817
es visages qui s’y reflèteront soient aussi beaux
que
ceux qu’il peint ou modèle, le soir, à la lampe, en compagnie de sa f
818
s qui s’y reflèteront soient aussi beaux que ceux
qu’
il peint ou modèle, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (ell
819
aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce
qu’
en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune des f
820
aissant un moment ce trésor du meilleur réalisme,
que
nous saurons désormais retrouver, allons errer un peu dans le royaume
821
ivait son petit bonhomme de chemin sans se douter
qu’
il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour
822
Les jeunes peintres. — Vous suivez la même route
que
nous ? À la bonne heure ! ». Et l’on repart bras dessus, bras dessous
823
pte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure
qu’
il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieu
824
ieuse. Il déniche à Paris des tableaux mystérieux
qu’
il relègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez
825
sité, l’objet le plus banal se charge de mystère.
Que
va-t-il se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occu
826
quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce
que
vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte ». P
827
ntrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être
qu’
une épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourquoi pas naissance d’
828
possibles sont des pièges à chimères. C’est ainsi
qu’
on fait une découverte. Attention qu’André Evard n’aille trouver une d
829
C’est ainsi qu’on fait une découverte. Attention
qu’
André Evard n’aille trouver une de ces machines à explorer l’au-delà.
830
raditionnelle, d’un style pourtant assez large et
que
n’entravait pas son scrupule réaliste. ⁂ Mais voici dans son costume
831
ra s’imposer. Léon Perrin a compris tout le parti
qu’
on pouvait tirer des principes cubistes dans un art dont la genèse mêm
832
une décomposition primitive en plans. C’est ainsi
qu’
il atteint d’emblée dans ses statues à un beau style dépouillé et hard
833
eur de rugby. C’était le poids de la pierre, plus
que
celui du corps de l’athlète ; l’œuvre n’atteignait pas encore pleinem
834
e théorique. C’est dans la manière cubiste encore
que
Perrin décora naguère fort plaisamment une pendule de Ditisheim ; que
835
guère fort plaisamment une pendule de Ditisheim ;
que
Vincent Vincent, peintre, romancier et critique d’art, compose des co
836
res, des étoffes, d’une somptueuse fantaisie ; et
qu’
Alice Perrenoud combine de petits tableaux en papiers découpés, avec u
837
qui, par le fait des circonstances peut-être plus
que
par de naturelles affinités, se trouvent former un mouvement actif dé
838
ar leur objet et le domaine où elles se réalisent
que
celles de Le Corbusier8, Meili, Evard, Perrin, manifestent toutes une
839
serait suffisamment atteint si nous n’avions fait
qu’
affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune peinture originale dan
840
alité d’une jeune peinture originale dans un pays
qu’
on s’est trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’une maigre vé
841
’harmonie des lignes ; où la lumière éclaire plus
qu’
elle ne caresse ; où pourtant les hivers les plus durs réservent des d
842
r, biblique, austère et probe, qui n’a d’ambition
que
pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité, intelligence,
843
dans son avidité de puissance. C’est par l’argent
qu’
on domine notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune a
844
ût, le père ajoute : « Notre sang sera vainqueur…
Qu’
ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leu
845
: « Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient,
qu’
ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit g
846
orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort
que
cette bourgeoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’avez as
847
ette bourgeoisie fatiguée, et de suivre le destin
que
vous m’avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah.
848
démasquer l’humain, et par l’acharnement angoissé
qu’
on y apporte, l’on en vient à une conception de la sincérité qui me pa
849
vre l’individu pieds et poings liés à l’obsession
qu’
il voulait avouer pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne ser
850
t-être. Cette sincérité ne serait-elle à son tour
que
le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’o
851
r, sa « maladie », c’est encore l’« élan mortel »
que
décrivait Mon Corps et Moi. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille
852
ce de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais
qu’
elle s’acharne sur le détail dégoûtant et mesquin de certain milieu bo
853
un élixir dont il voudrait bien nous faire croire
que
le diable est l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent, se balancent au
854
e « bien français » ; et le mot sang n’évoque ici
qu’
une tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’ai la beauté fac
855
que ici qu’une tache de couleur, plus sentimental
que
cruel. « J’ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un ce
856
aussi un certain tragique, mais au filet si acéré
qu’
on ne sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne
857
n ne sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici
qu’
il s’agit de ne pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj
858
Entre ces deux tentations, cédant à l’une autant
qu’
à l’autre, Drieu s’examine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres
859
l s’examine jusqu’au ventre de sa mère et cognoit
que
dès lors il a esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le
860
de redressement où je distingue bien autre chose
que
les « éclats de l’impuissance ». Un plus délicat eut compris que cert
861
s de l’impuissance ». Un plus délicat eut compris
que
certains des morceaux très divers qui composent ce livre sont bien ma
862
’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est
que
le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su en garder u
863
vitalité à notre civilisation, — et je sais bien
que
c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez ce
864
m … et je jure par Mercure, dieu du commerce,
qu’
on m’a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on e
865
c’est un long adieu et le corps se fige à mesure
que
l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je
866
car ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu
que
je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de ce
867
nai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur
qu’
elle ne souffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embras
868
peur qu’elle ne souffrît à cause de moi. Un soir
qu’
elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connais
869
un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce
qu’
il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le l
870
partais dans une direction quelconque. Il advint
que
ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’a
871
Je vécus d’articles sur la mode et la politique,
que
j’envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon
872
ans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
qu’
un bouquet transfiguré par la lumière et que reflétaient de nombreuses
873
abord qu’un bouquet transfiguré par la lumière et
que
reflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que j’ouvris firent to
874
ue reflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres
que
j’ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon
875
e un avenir de bonheur fiévreux — celui justement
que
j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne t
876
e se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai
que
100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’en
877
— je découvris une nuit, au moment de m’endormir,
que
ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas
878
ment de m’endormir, que ma passion du vol n’était
qu’
une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie au p
879
s dérobé des années de joie au profit d’une vertu
que
tout en moi reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secre
880
s capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce
que
vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compe
881
Je sais bien ce que vous me direz : Les millions
que
je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie
882
ais être engagé, du plan moral avec l’économique,
qu’
une expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce
883
le, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce
qu’
ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. » C’e
884
est avec le produit du vol d’un tronc de chapelle
que
j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté —
885
de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore
que
… Bref, depuis quelques mois, je m’amuse à jouer le pickpocket. Cela p
886
der au moindre vol. » J’ajouterai, cher Monsieur,
que
l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelque
887
e me contente de quelques observations théoriques
que
je tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes ave
888
s le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire
que
seule une certaine caresse de l’événement naissant peut encore m’émou
889
coup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût
que
j’ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on m
890
poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire
qu’
on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce s
891
qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point
que
l’on considère ce saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien
892
e, sur cette vie dont le récit n’avait pas laissé
que
de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout me frappe — dit-
893
Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
que
je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de
894
suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce
qu’
on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une
895
e tirer de votre conduite les conclusions morales
qu’
elle paraît impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-je…, de ju
896
quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne sont
que
la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » — Je v
897
. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire
que
si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le
898
rouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là
que
le potache n’ait point raison. Mais justement je n’éprouve aucun dési
899
ir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
que
mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et,
900
t, pour quiconque est aussi profondément persuadé
que
moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindr
901
ertaines de mes plaisanteries la dérision secrète
qu’
elles masquent par caprice. ..........................................
902
de bas de page indique : « La rédaction rappelle
que
les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres sont propres à leur
903
e de Belles-Lettres sont propres à leur auteur et
qu’
elles n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
904
Bertrand. Est-ce vraiment aux romantiques de 1830
que
ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire — aux
905
ou deux petits phénomènes sociaux de notre temps
que
cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent e
906
s ». — Citez-m’en de ces phénomènes ! — Mon Dieu,
que
dire… Il y aurait, par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; c
907
, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil
que
vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’est besoin de
908
t n’est besoin de rappeler Candide : nous pensons
que
bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseigner cette mét
909
é. Ah ! comme vous sauriez lui plaire, maintenant
qu’
une si triomphante tendresse vous possède ! Justement, voici Pierre Gi
910
la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites
que
, « d’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez qu
911
livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez
que
le lyrisme des noms géographiques vous fatigue ; que c’est une vraie
912
le lyrisme des noms géographiques vous fatigue ;
que
c’est une vraie manie de nommer à tout propos d’Annunzio, Pola Negri,
913
entôt vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui
que
ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y
914
l’éther où il y a du bonheur ». Vous reconnaissez
que
Pierre Girard est un peu responsable de cette douceur de vivre. Déjà
915
niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez
que
s’il force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par excès de fac
916
de fantaisie, c’est plutôt par excès de facilité
que
par recherche. Vous voilà même tenté de l’en féliciter. Bien plus, vo
917
nuis nous seraient épargnés si nous ne regardions
que
les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendre ! — sans se dout
918
», dit-il, pour vous apprendre ! — sans se douter
que
rien ne saurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment
919
s se douter que rien ne saurait vous ravir autant
que
ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui
920
roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût
qu’
on aurait pour Nietzsche : que c’est de la littérature. Alors, quelque
921
ous dites d’un goût qu’on aurait pour Nietzsche :
que
c’est de la littérature. Alors, quelque paysan du Danube survenant :
922
peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin
que
leurs sincérités gardent au moins l’excuse d’une audace qu’ils escomp
923
sincérités gardent au moins l’excuse d’une audace
qu’
ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y
924
aussi qui posent pour le diable et ne se baignent
que
dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent ça pittoresque. Et
925
se baignent que dans des bénitiers : on voit trop
qu’
ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’être nu devant un public
926
Littérateur, va ! qui ne pouvez pas même admettre
que
la simplicité est simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous
927
révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire
que
nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de l
928
e la littérature qui est en nous (dangereuse tant
que
vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d
929
imiter le mal. Je vous vois envahi par des démons
que
vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certai
930
nom du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse,
que
j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes.
931
rprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas
que
je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur
932
ux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce
que
le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature
933
re On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce
qu’
il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépris q
934
n écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas
qu’
on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui sont de sournoise
935
mour. Tel qui raille l’Église et les curés, c’est
qu’
il se fait une très haute idée de la religion. Ainsi, de la littératur
936
ses réalisations actuelles donne la mesure de ce
que
vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mép
937
cette attente également exagérés. Vous savez bien
que
nous cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nou
938
s. Vous savez bien que nous cherchons autre chose
que
la littérature. Que la littérature nous est un moyen seulement d’atte
939
ue nous cherchons autre chose que la littérature.
Que
la littérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer
940
vous renversent. Des présences tellement intenses
que
tout se fond catastrophiquement dans l’infini de la seconde. Des peur
941
i de la seconde. Des peurs sans cause, plus vides
que
la mort. Toutes ces choses mystiques, c’est-à-dire réelles, c’est-à-d
942
s, c’est-à-dire réelles, c’est-à-dire agissantes,
que
nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe
943
rte véritablement n’est dicible. (Depuis le temps
qu’
on sait que la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temp
944
lement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait
que
la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’o
945
(Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce
qu’
elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz
946
tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps
qu’
on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre
947
; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz
que
la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connaissance conc
948
issance concrète du monde. Mais c’est à condition
qu’
on ne l’écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite est inconcev
949
ndividuelle. Elle serait tellement incommunicable
qu’
il deviendrait inutile de la publier. Et même, en passant à la limite,
950
Et même, en passant à la limite, on peut imaginer
que
si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encor
951
cette esthétique ou de ce sens social, — et voilà
qu’
ils perdent même la problématique utilité de liaison qui était leur ex
952
ait leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce
qu’
on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous ba
953
crivain, est un besoin organique, un peu anormal,
que
l’on satisfait dans certains états de crise afin de retrouver son équ
954
maladie ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude
que
vous la guérirez. Au contraire, il s’agit de l’envisager sans fièvre,
955
n ridicule écrasant : mais rien n’est plus facile
que
d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature Montherlant m
956
peu les pieds dans le plat, de dire de ces choses
qu’
entre gens du métier l’on a convenu de passer sous silence. C’est asse
957
pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse
qu’
ils n’ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mo
958
de savantes séductions. On sait bien, d’ailleurs,
qu’
elle les entretient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on puisse
959
entretient. Bande de gigolos de la littérature !
Qu’
on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que j
960
de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme
que
je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille
961
e que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et
qu’
un beau soir il faille écrire pour vivre, possible ; mais, pour sûr, j
962
jamais vivre pour écrire16. De tous les prétextes
que
l’on a pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satis
963
oursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce
qu’
elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de
964
de tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y voir
que
révoltes contre leurs morales, ou menaces pour leurs instables certit
965
Quand bien même elle n’aurait plus d’autre excuse
que
celle-là, la littérature mériterait d’exister : qu’elle soit le langa
966
e celle-là, la littérature mériterait d’exister :
qu’
elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes
967
miraculeuses. Voici donc les seules révélations
que
j’attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre c
968
les révélations que j’attende de la littérature :
que
celle des autres m’aide à prendre conscience de moi-même ; que la mie
969
autres m’aide à prendre conscience de moi-même ;
que
la mienne m’aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agi
970
er quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins
qu’
elle exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits q
971
lle exige me coûteront des sacrifices plus grands
que
les bienfaits que j’en escompte, il sera temps de songer sérieusement
972
ront des sacrifices plus grands que les bienfaits
que
j’en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vo
973
nt à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce
que
j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympa
974
répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault,
que
« ceci, c’est une autre histoire, une autre belle histoire, une autre
975
servir, une citation.) Mais non, cher ami, voici
qu’
une envie me prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, al
976
is certains qui arrangent leur vie de telle sorte
que
leurs mémoires seront des romans « bien modernes ». Leurs amours sont
977
rand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus
qu’
à les écrire ». o. « La part du feu. Lettres sur le mépris de la litt
978
regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place,
que
ces quelques phrases de Drieu : « On voit déjà éclater dans les sing
979
later dans les singuliers mouvements de sympathie
qu’
a provoqués l’infortune de l’Action française la fraternité qui existe
980
ci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas
que
nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoqué
981
as que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni
que
l’indignation provoquée sur tous les bancs par certains de nos articl
982
souciez vraiment trop peu des conséquences de ce
que
vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attendent
983
e que vous écrivez ! ») En définitive, il semble
que
certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou bien de ces
984
itive, il semble que certains n’attendent de nous
que
d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité l’on
985
stifs. Il y a des gens qui n’ont pas encore admis
que
jeunesse = révolution Tous les malentendus viennent de là. Nous somme
986
es conséquences. Et puis, de temps à autre, voici
que
nous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots
987
trompe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris.
Que
pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nou
988
un an dans une direction absolument imprévisible.
Que
nous apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre e
989
trois nouvelles n’ont guère de commun entre elles
que
la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intérieure
990
à côté du corps de son ami suicidé pour une femme
qu’
ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un é
991
site rare par la justesse de l’observation autant
que
par la sympathie de l’auteur pour ses héros. Indulgence et regrets, u
992
cat et d’une si subtile convenance avec son objet
qu’
il en saisit sans mièvrerie ni vulgarité la grâce un peu trouble et l’
993
et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce
que
l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, intermit
994
ontaire, intermittente, un peu émiettée, éventée,
que
je trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. V
995
illeur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux
que
personne des poètes scandinaves et des romantiques allemands parce qu
996
avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce
qu’
on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, trace
997
ré plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait
qu’
on dirait, en peinture, très « interprété ». Non pas une photographie
998
omme dans son œuvre, qui est peut-être plus vraie
que
le vrai, je veux dire, plus rilkienne que ne fut Rilke. Rilke y appar
999
s vraie que le vrai, je veux dire, plus rilkienne
que
ne fut Rilke. Rilke y apparaît comme une de ces âmes mystiques et raf
1000
mme une de ces âmes mystiques et raffinées telles
qu’
on en découvre chez certaines femmes et l’on y voit une préciosité sen
1001
mplement une clairvoyance exceptionnelle, suivant
que
l’on juge au nom d’une science ou au nom de l’esprit. « Pour moi qui
1002
e ou au nom de l’esprit. « Pour moi qui aime plus
que
tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke, je compris q
1003
e plus que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt
que
je vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas u
1004
rit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke, je compris
que
cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe mais d’expér
1005
e « expérience », je crois, ne peut être sensible
qu’
à des êtres pour qui elle est en somme inutile : parce qu’ils possèden
1006
es s’opère l’expérience. On ne prouve la religion
qu’
aux convertis — qui n’ont plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre
1007
rtis — qui n’ont plus besoin de preuves. Il reste
qu’
un livre comme celui-ci tend un merveilleux piège sentimental à la rai
1008
eux piège sentimental à la raison raisonnante. Et
qu’
il nous mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littéra
1009
raisonnante. Et qu’il nous mène un peu plus loin
que
la sempiternelle « stratégie littéraire », de gazetiers ; au cœur de
1010
voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de ce
que
son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitraire
1011
», « si arbitraire et si facultative », je me dis
qu’
il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude sc
1012
je me dis qu’il n’en saurait être autrement tant
qu’
on se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vis du phénomène litt
1013
à la sécurité de cette sorte d’analyse, — encore
que
Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’au
1014
lyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel
qu’
il était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre
1015
tres dédales ! Mais il a su mettre plus de choses
qu’
il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et
1016
afé est un lieu anonyme bien plus propice au rêve
que
ma chambre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, l
1017
ci dans le jardin des songeries les plus étranges
qu’
appelle la musique. Je me gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites
1018
les ont un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non
que
cela m’intéresse au fond : les faits-divers, rien de moins divers. Ma
1019
rtant la main à son gilet, il en retira trois dés
qu’
il jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indécision pa
1020
onnue. Et je me refusais sans cesse aux questions
qu’
en moi-même posait ma raison effarée. L’étranger s’animait aussi : une
1021
in. Ce soir-là, une confiance me possédait, telle
que
je savais très clairement que je gagnerais à tout coup. L’étranger se
1022
me possédait, telle que je savais très clairement
que
je gagnerais à tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon
1023
parce que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et
que
tu es un pauvre vaudevilliste qui use à tort et à travers de situatio
1024
à la corde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais
que
j’allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à
1025
j’allais me cramponner à cette espèce de bonheur
qu’
ils croient lié à la possession, et que j’allais vivre aussi sur le do
1026
de bonheur qu’ils croient lié à la possession, et
que
j’allais vivre aussi sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme,
1027
me l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais
que
j’allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je
1028
mmédiatement supérieure à la leur. Ils voudraient
que
leur vie garantît un 5 % régulier de plaisirs, avec assurance contre
1029
de leur impuissance à concevoir un autre bonheur
que
celui qu’ils ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux
1030
mpuissance à concevoir un autre bonheur que celui
qu’
ils ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaun
1031
cheval fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt
que
je vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y compre
1032
des soirs si doux aux amants quand ils n’ont plus
que
des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incertaines, un
1033
e fumée, et la musique noyait mes pensées. Je vis
qu’
une femme était assise à notre table, en robe rouge, et très fardée. E
1034
nuit peut-être, je ne saurai jamais rien… (sinon
qu’
au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger.
1035
e songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-ce
que
celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suffit
1036
pur ; la tournée des cours de l’Europe centrale,
qu’
elle subit comme jeune épouse d’un comte polonais, grand seigneur médi
1037
e qui étonnent de la part d’une femme aussi femme
que
l’auteur du Perroquet Vert. Mais là-dessus, le roman repart dans une
1038
elles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas
qu’
il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles ma
1039
même ne manque pas de naturel… On peut regretter
que
ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des m
1040
des mémoires. Mais si son début permet de croire
que
le Perroquet Vert ne restera pas une réussite isolée dans l’œuvre pur
1041
Le péril Ford (février 1928)a On a trop dit
que
notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoi
1042
poque est chaotique. Je crois bien, au contraire,
que
l’histoire n’a pas connu de période où les directions d’une civilisat
1043
du temps y concourent obscurément ; et, pour peu
que
cela continue, pour peu que la bourgeoisie intellectuelle persiste à
1044
rément ; et, pour peu que cela continue, pour peu
que
la bourgeoisie intellectuelle persiste à jouer l’autruche aux yeux cl
1045
de cette organisation toute-puissante n’est plus
qu’
une question de quelques années. Mais peut-être est-il temps encore. I
1046
onnée par l’Esprit. À l’heure de toucher aux buts
que
sa civilisation poursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental es
1047
d’un étrange malaise. Il soupçonne, par éclairs,
qu’
il y avait peut-être dans ces buts une absurdité fondamentale. L’infai
1048
peur de certaines évidences, on préfère affirmer
que
tout est incompréhensible. L’homme moderne recule devant l’évidence d
1049
ochaine de sa civilisation. Il répugne à admettre
qu’
une époque entière ait pu se tromper, et se tromper mortellement. Il s
1050
illeur, parce que personne ne s’est approché plus
que
lui du type idéal de l’industriel et du capitaliste. Le succès immens
1051
es livres1, sa popularité universelle sont signes
que
l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’
1052
a senti en lui son incarnation la plus parfaite.
Qu’
on ne m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour fac
1053
ciliter l’accusation : je prends pour la juger ce
que
l’époque m’offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’il l
1054
ffre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle
qu’
il la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il pas
1055
jouer avec des outils, « et c’est avec des outils
qu’
il joue encore à présent », dit‑il. Le plus mémorable événement de ces
1056
urrait ajouter à ces chiffres celui des milliards
qu’
il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résulta
1057
fres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt
qu’
il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activ
1058
ède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui
qu’
un résultat secondaire de son activité. Le but de sa vie n’a jamais ét
1059
ant industriel du monde ; le plus riche, au point
qu’
il peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait a
1060
s salaires, des conditions de travail et de repos
qu’
il offre à ses ouvriers semblent bien apporter une solution définitive
1061
du surmenage et du paupérisme. C’est un résultat
qu’
on n’a pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les so
1062
le droit humainement de sous-estimer. Les griefs
que
les socialistes font aux capitalistes européens ne sauraient l’attein
1063
té, de propreté. Si l’on ajoute à cela le plaisir
qu’
on éprouve toujours au récit de succès mirobolants, et le charme un pe
1064
d et des livres qui les répandent. L’on ne pourra
qu’
y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels européens
1065
pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant
que
les industriels européens s’en inspirent toujours plus. Ford leur mon
1066
spirent toujours plus. Ford leur montre le chemin
qu’
ils seront bien obligés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’i
1067
obligés de prendre tôt ou tard. Il est préférable
qu’
ils s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu’il reste quelq
1068
éussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question
qu’
on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philo
1069
d, sa « grande et constante ambition ». Il semble
que
toute sa carrière — pensée, méthode, technique — soit conditionnée ju
1070
production, avec cette netteté et cette décision
qu’
une passion contenue peut donner à l’homme d’action. Enfin, le voici e
1071
simple de la répétition, on fait croire aux gens
qu’
ils ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. L
1072
e donne libre cours. Il ne s’agit plus maintenant
que
de lui donner une apparence d’utilité publique. À chaque page de ses
1073
hrase qui n’a l’air de rien : « Nul ne contestera
que
, si l’on abaisse suffisamment les prix, on ne trouve toujours des cli
1074
les prix, on ne trouve toujours des clients, quel
que
soit l’état du marché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage du
1075
ents, quel que soit l’état du marché. » Il semble
que
cela soit tout à l’avantage du client. Mais cherchons un peu les caus
1076
ent de prix — la concurrence n’étant bien entendu
qu’
une cause accessoire. Dire que l’état du marché est tel que le client
1077
’étant bien entendu qu’une cause accessoire. Dire
que
l’état du marché est tel que le client n’achète plus, cela signifie p
1078
use accessoire. Dire que l’état du marché est tel
que
le client n’achète plus, cela signifie parfois que la marchandise est
1079
ue le client n’achète plus, cela signifie parfois
que
la marchandise est momentanément trop chère ; mais surtout que le bes
1080
ndise est momentanément trop chère ; mais surtout
que
le besoin qu’on a de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble
1081
ntanément trop chère ; mais surtout que le besoin
qu’
on a de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’in
1082
paru. Il semble alors que l’industriel n’ait plus
qu’
à plier bagage. Mais c’est ici que Ford montre le bout de l’oreille, e
1083
riel n’ait plus qu’à plier bagage. Mais c’est ici
que
Ford montre le bout de l’oreille, et que son but réel est la producti
1084
’est ici que Ford montre le bout de l’oreille, et
que
son but réel est la production pour elle-même, non pas le plaisir ou
1085
paru, la production devant se maintenir, il n’y a
qu’
une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les prix. Le c
1086
ison. Il est impressionné par la baisse, au point
qu’
il en oublie que cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il v
1087
ressionné par la baisse, au point qu’il en oublie
que
cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 franc
1088
que cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit
qu’
il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, s
1089
francs en achetant 5 francs moins chers un objet
que
, sans cette baisse, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il es
1090
préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’est pas
que
l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à faire une dépe
1091
t à faire une dépense superflue ; le scandale est
qu’
il l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus prof
1092
itulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce
qu’
il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de l’oi
1093
l est déterminé par la réclame, les produits Ford
qu’
il faut user, etc. Il a pour but véritable d’augmenter la consommation
1094
et de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsister
qu’
en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et le temps appr
1095
l’avenir de son effort. Pour mon compte, je crois
que
l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau moderne au
1096
rouages, n’est-ce pas charmant et prometteur ? Et
que
dire de cette admirable simplification : « Sur quoi repose la société
1097
te notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix
que
nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se mo
1098
d se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher
que
son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au plus pur, au pl
1099
ue : c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste
que
nous avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changer
1100
r, le salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce
que
j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en p
1101
que j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer
que
les idées mises en pratique chez nous ne concernent pas particulièrem
1102
sel ! » Réjouissons-nous… Mais, comment expliquer
que
des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne »
1103
ent résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce
que
nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le
1104
nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons
que
nous avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre
1105
iscuter des points de technique. Il n’a pas senti
qu’
il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’ailleurs, les idée
1106
même la plus perfectionnée mérite les sacrifices
qu’
elle exige de l’homme moderne. Paradoxes plus ou moins intéressés, opt
1107
n du gros public : telle est l’idéologie de celui
que
M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus grands esprits de tous les
1108
plus grands esprits de tous les temps. On me dira
que
Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’insist
1109
us les temps. On me dira que Ford a mieux à faire
que
de philosopher. Je le veux. Mais si j’insiste un peu sur ses « idées
1110
c’est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme
qu’
on pourrait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent
1111
erreur de la bourgeoisie moderne c’est de croire
que
les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’id
1112
refuse à l’idée d’une catastrophe, pourtant plus
que
probable, par crainte de se voir obligé à la révision des valeurs, la
1113
leurs, la plus difficile et la plus grave : celle
qu’
on ne peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le «
1114
cile et la plus grave : celle qu’on ne peut faire
qu’
au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien de nouveau sous
1115
pour l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est
que
nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratu
1116
que nous avons voulu tenter sans lui une aventure
que
nous pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le dévelo
1117
ppement matériel, avec l’arrière-pensée sournoise
que
, si cela ratait, on gardait toutes les autres chances. J’accorderai q
1118
n gardait toutes les autres chances. J’accorderai
que
le progrès matériel n’est pas mauvais en soi. Mais par l’importance q
1119
l n’est pas mauvais en soi. Mais par l’importance
qu’
il a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véri
1120
l’âme, inutilisées, s’atrophient. Pourvu, dit-on,
que
subsiste le peu de morale nécessaire aux affaires, tout ira bien. (On
1121
nécessaire aux affaires, tout ira bien. (On pense
que
les formes de la morale peuvent exister sans leur substance religieus
1122
e mécanique bien huilée, au mouvement si régulier
qu’
il en devient insensible et que la fatigue semble disparaître, l’homme
1123
vement si régulier qu’il en devient insensible et
que
la fatigue semble disparaître, l’homme s’abandonne à des lois géométr
1124
fres d’horlogerie calculé une fois pour toutes et
qu’
il sent immuable comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du s
1125
ait oublier jusqu’à l’existence, et à une liberté
qu’
il s’empresse d’aliéner au profit de plaisirs tarifés, soumis plus sub
1126
plaisirs tarifés, soumis plus subtilement encore
que
son travail aux lois d’une offre et d’une demande sans rapport avec s
1127
en ressent une vague et intermittente détresse, —
qu’
il met d’ailleurs sur le compte de sa fatigue. Neurasthénie. La conquê
1128
a laissé oublier les valeurs de l’esprit au point
qu’
il n’éprouve plus même cette carence ; seulement, peu à peu, il découv
1129
cette carence ; seulement, peu à peu, il découvre
qu’
il s’ennuie profondément ; fatigué de trop de satisfactions matérielle
1130
9 heures : vraiment, il ne lui manque plus rien —
que
l’envie. Mauvais travail. Il a perdu le sens religieux, cosmique, de
1131
ttribuer sa véritable valeur. Il sent obscurément
que
son travail est antinaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque
1132
re de la nature, il est condamné à ne plus saisir
que
des rapports abstraits entre les choses. Il ne comprend presque plus
1133
e. Or, la technique a révélé des exigences telles
que
l’Esprit ne peut les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’es
1134
2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis
que
les êtres encore doués de quelque sensibilité spirituelle deviennent
1135
t ces exigences sont en contradiction avec celles
que
le développement de la technique impose au monde moderne. Ces êtres,
1136
âce ? un peu de cette connaissance active de Dieu
que
nos savants nomment mysticisme et considèrent comme un « cas » très s
1137
de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce
qu’
on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortunes oi
1138
u et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas
qu’
une attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir en revenir à la
1139
nir à la période préindustrielle soit autre chose
qu’
une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’est plus tem
1140
avec netteté et courage. Pour le reste, je pense
que
c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève a révélé
1141
de foi. 1. Une enquête faite à Genève a révélé
que
les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon œuvre, de
1142
ennois avaient fui dans les opérettes de Strauss,
qu’
on ne trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple de fêtards
1143
our essayer de se prendre encore au rêve de valse
qu’
on était venu chercher parce que cela vaudrait bien d’autres stupéfian
1144
t cette Vienne tout occupée à ressembler à l’idée
qu’
on s’en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour
1145
ants pour qu’on la sentît déserte ne me proposait
qu’
une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser de cette duperie,
1146
inon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe
qu’
un désir vraiment pur parvient toujours à créer son objet, de même qu’
1147
pense généralement le contraire. Il est très vrai
que
les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont séparées que par u
1148
s réaliste et idéaliste du monde ne sont séparées
que
par un léger décalage dans la chronologie de nos sentiments et de nos
1149
actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée
que
j’avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de co
1150
it le souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense
que
je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis
1151
trouver à côté d’une place vide : la jolie femme
qu’
on attend dans ces circonstances, une fois de plus manquait le rendez-
1152
stances, une fois de plus manquait le rendez-vous
que
j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle
1153
ilitaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde
que
suscite en moi seul peut-être cette plainte heureuse des violons. Le
1154
surnaturelle. Et tout cela chanté dans une langue
que
je comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne
1155
ans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus loin
que
moi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoind
1156
ci comme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus
que
l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans
1157
autres plus beaux peut-être, mais inconnus. Voilà
que
la forme blanche, sous un brusque faisceau de lumière m’apparaît avec
1158
e voix, à côté de moi, c’est une chose singulière
que
le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de compren
1159
singulière que le pouvoir de cette musique. Voici
que
vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ;
1160
seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il,
que
seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous
1161
, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis
que
je l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode d
1162
e des amis qui se connaissent depuis si longtemps
qu’
un échange tacite suffit aux petites décisions de la vie quotidienne.
1163
a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose
que
je comprends assez bien, ajouta-t-il, mais pour d’autres raisons qu’e
1164
sez bien, ajouta-t-il, mais pour d’autres raisons
qu’
eux, probablement… À ce moment, comme nous traversions une rue sillonn
1165
ance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé
qu’
une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-être étai
1166
, dès qu’on aime… Oh ! cette femme ! elle n’était
qu’
un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la sensation j
1167
je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire
que
c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si longtemps.
1168
ui paya quelques œillets rouges en lui expliquant
qu’
elle devait les donner à la première jolie femme qui passerait seule.
1169
er le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt
que
nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accept
1170
tes bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus
qu’
à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux hommes — et ce fut b
1171
e sont presque toutes dans cette ville, — du type
que
Gérard et Théo nommaient « biondo et grassotto », et qu’avec mes amis
1172
ard et Théo nommaient « biondo et grassotto », et
qu’
avec mes amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schl
1173
iennois « Mehlspeis-Schlagobers »10. Heureusement
qu’
au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand br
1174
la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce
que
c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens très bi
1175
es danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est
que
de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nou
1176
lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit
que
j’ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qu
1177
parler. On dit que j’ai vécu d’illusions, avouez
que
les miennes étaient de meilleure qualité : car c’est une pauvre illus
1178
meilleure qualité : car c’est une pauvre illusion
que
le plaisir qu’on vient chercher ici avec le premier être venu. — Cert
1179
té : car c’est une pauvre illusion que le plaisir
qu’
on vient chercher ici avec le premier être venu. — Certes, je comprend
1180
avec le premier être venu. — Certes, je comprends
que
l’Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se pe
1181
Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement
que
des barbares, ils s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie a
1182
istributeurs automatiques de plaisir. Autant dire
que
ceux qui les fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir.
1183
re que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce
que
c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont p
1184
x qui les fréquentent ne savent plus ce que c’est
que
le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été pré
1185
sère est de voir ici des femmes aussi ravissantes
que
celle-là qui danse en robe mauve, avec tant de gravité et de détachem
1186
a, parce que cela lui va. Mais comme c’est odieux
qu’
une créature aussi parfaite soit touchée par les mains outrageusement
1187
ent on en ferait une chose extrêmement précieuse,
qu’
on n’approcherait qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je
1188
chose extrêmement précieuse, qu’on n’approcherait
qu’
avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je crois que l’Orient e
1189
n sentiment religieux de la beauté. Mais je crois
que
l’Orient est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles agoni
1190
’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite, je pensai
qu’
il arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la première fois
1191
nsai qu’il arrive aux meilleurs de se répéter, et
que
c’était la première fois de la soirée que Gérard « faisait du Gérard
1192
ter, et que c’était la première fois de la soirée
que
Gérard « faisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge avaient p
1193
aquarium de rêves, discourt et décrit les images
qu’
il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de
1194
eurs illusions, — illusions des formes passagères
que
nous croyons seules réelles, illusions des reflets qui ne livrent que
1195
les réelles, illusions des reflets qui ne livrent
que
le côté terrestre des choses dont l’autre moitié sera toujours cachée
1196
chose d’éternel. Tous les drames du monde ne sont
que
décors mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne sont qu
1197
ans la lueur bariolée des sentiments, ils ne sont
que
reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin est ailleur
1198
es animales. Pour lui, les choses n’ont d’intérêt
que
par les rapports qu’il leur devine avec la réalité extra-terrestre. I
1199
, les choses n’ont d’intérêt que par les rapports
qu’
il leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il m’enseigne que la p
1200
ne avec la réalité extra-terrestre. Il m’enseigne
que
la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le
1201
’enseigne que la passion seule, par la souffrance
qu’
elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de
1202
conte de ces superstitions qui ne sont enfantines
que
pour nos savants retombés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisant
1203
pleine barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit
que
la vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’appellent par le
1204
sume cette vie entière et fait allusion à tout ce
qu’
il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faudrait
1205
sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce
qu’
il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendrait
1206
de gaz sans manchon qui éclairait la boutique, et
que
le vent menaçait d’éteindre à chaque instant, le homard se réveilla.
1207
instant, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua
qu’
il en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et que de
1208
rard m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit,
que
l’animal devenait nerveux et que depuis quelques semaines, il avait d
1209
nsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et
que
depuis quelques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en dema
1210
ut en croquant une de ces saucisses à la moutarde
qu’
on appelle ici « Frankfurter » et ailleurs « Wienerli ». Soudain les a
1211
eyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus
que
j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silencieuse, abso
1212
(juin 1928)ar Livre passionnant pour tous ceux
que
Jules Verne passionne. Pour les autres, divertissant et spirituel. Po
1213
pirituel. Pourquoi ne veut-on voir en Jules Verne
qu’
un précurseur ? Jules Verne est un créateur, dont les inventions se su
1214
vent se perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse
que
d’avoir emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de
1215
umis la science à la poésie. Et l’on ne veut voir
que
jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand créateur de myt
1216
t comparable à celle du cinéma ! Claretie raconte
que
les détenus des maisons de correction se jetaient sur ces volumes « a
1217
monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés
que
nous sommes dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Ve
1218
pes d’une conception de la littérature si pédante
qu’
elle exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est s
1219
clut un de nos plus grands conteurs sous prétexte
qu’
il n’est styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enf
1220
s-nous Jules Verne aux enfants ? J’allais oublier
que
la littérature enfantine est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà q
1221
oilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit
que
cet obsédant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n
1222
obsédant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne
que
ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. « M. Allotte De La Fuye :
1223
it à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre
que
La Liberté. ar. « M. Allotte De La Fuye : Jules Verne, sa vie, son
1224
dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains
que
des révélations, ou mieux, qu’ils les favorisent par leurs écrits. Ar
1225
ande aux écrivains que des révélations, ou mieux,
qu’
ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour,
1226
les qui méritent de l’être. Et l’on voit bien ici
qu’
Aragon dépasse ces surréalistes, ces orthodoxes de l’absurde confondu
1227
doute son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais
qu’
on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à de
1228
justement détesté, mais dont ils participent plus
qu’
ils ne le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « ce
1229
oin et de prendre une connaissance positive de ce
qu’
il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le courage
1230
e ce qu’il y a sous cette réalité. Il est certain
que
s’ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils
1231
mettre au concret de l’esprit, ils comprendraient
que
le « service dans le temple » s’accommode mal de tant de gesticulatio
1232
u Pacifique. On retrouvera ici beaucoup des idées
que
la Tentation de l’Occident exprimait sous une forme abstraite et poét
1233
st concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets.
Qu’
il décrive la vie intense et instable des acteurs du drame, l’aspect q
1234
ées. Il est surtout la description d’une angoisse
que
le nihilisme de M. Malraux veut sans issues : l’angoisse que fait naî
1235
lisme de M. Malraux veut sans issues : l’angoisse
que
fait naître au cœur du monde contemporain l’absurdité de ses ambition
1236
le au nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble
que
je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’
1237
e je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce
que
je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — r
1238
a Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire
qu’
elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’est ainsi q
1239
faite, l’absurde retrouve ses droits. C’est ainsi
que
, masqué par l’enchaînement passionnant de l’action, il se dégage de c
1240
nt quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais
qu’
elles s’appliquent à distinguer les forces déterminantes de l’heure, à
1241
is II exalte et déçoit l’imagination. On comprend
que
ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec s
1242
oint trop demander à une existence bien indécise,
que
son échec même ne relève pas, et qui tire sa grandeur de celle du déc
1243
ourrit Louis II n’est ni aussi pure ni aussi rare
qu’
on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a p
1244
ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste
qu’
il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image
1245
it l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et
qu’
il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez mor
1246
ens d’action puissants : s’il les a gâchés, c’est
qu’
il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet
1247
s, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est
qu’
il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour,
1248
l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce
qu’
il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient de mo
1249
Français par ces évocations et l’espèce de fièvre
qu’
il y apporte. Mais plusieurs incidents éveillent les soupçons du « pet
1250
nts éveillent les soupçons du « petit-bourgeois »
qu’
il a choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Fein
1251
ui doit expliquer sa mort et qui est aussi fausse
que
le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonne
1252
cas méritait d’être exposé. Je regrette seulement
que
Daniel-Rops se soit borné à une courte nouvelle, d’ailleurs assez den
1253
thologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie
qu’
on a vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez
1254
ion pour tous les poètes. Le désir de « plus vrai
que
le vrai » surexcité par l’insolence d’une psychologie qui rabaisse to
1255
conduire à préférer un mensonge qui n’est, hélas,
qu’
une déformation de cette réalité détestée. Le mythomane brouille les c
1256
artes mais reste dans le jeu. Jusque dans la ruse
que
ses mensonges exigent, il se reconnaît tributaire de la « vérité trop
1257
st-il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus
qu’
ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ?
1258
’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage
que
le monde lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué q
1259
, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué
qu’
il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En d’autres term
1260
as encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce
qu’
il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se s
1261
re froidement ne pas exister. Non : il a remarqué
que
l’époque peut être définie par l’abondance des autobiographies, mais
1262
séances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu
qu’
il en consent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons
1263
e coiffeur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse
qu’
il la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais
1264
’angoisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel
qu’
il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pou
1265
et si profondément différent de cette apparence,
qu’
il doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y
1266
uvante. Il y cherche une révélation et n’y trouve
que
le désir d’une révélation. Peut-on s’hypnotiser avec son propre regar
1267
hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus
que
cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude d’ê
1268
avoir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi
qu’
on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour
1269
stater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend
que
ce qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a
1270
Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce
qu’
on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l
1271
aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et
qu’
il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’homme moderne un b
1272
de vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant
qu’
il se traduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu c
1273
ité est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce
qu’
il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veul
1274
ure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il est bon
que
le lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’avoir pas saisi
1275
vante aux considérations précédentes lui échappe,
qu’
il y voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière
1276
visage me cache tous les miroirs » — à une femme
qu’
il aimait. m. « Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même »,
1277
grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur
que
c’est bien composé. J’avoue prendre cette autobiographie tellement au
1278
prendre cette autobiographie tellement au sérieux
que
j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’u
1279
ue j’ai été bien étonné du passage où il rappelle
qu’
il écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne le voit pas e
1280
vant tout un poète, un homme qui aime inventer et
que
cela console des nécessités modernes, dégradantes. Cet amour de l’inv
1281
, c’est un Américain qui viennent nous rapprendre
que
les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici un de ces pass
1282
des moments où j’arrivais presque à me convaincre
que
si je m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme
1283
t disais “houu !” il ou elle se secouerait enfin,
que
moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, b
1284
ouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et
que
nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes
1285
ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus
que
leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie des formes
1286
mme nommé Ford, de Détroit, a contribué davantage
que
n’importe quel autre de mon temps à faire aboutir la standardization
1287
rle de l’élever à la présidence de la République.
Qu’
un tel acte serait adéquat ! Tamerlan, dont la spécialité était l’assa
1288
humain, mais qui raconte dans son autobiographie
que
son désir constant était que tous les hommes vivant sous lui conserva
1289
s son autobiographie que son désir constant était
que
tous les hommes vivant sous lui conservassent la virilité et le respe
1290
. Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime
que
dans la mesure où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je sui
1291
’est besoin de formuler cette ivresse ; autrement
que
par des cris. 5. Avec toutes les erreurs et turpitudes que cela compo
1292
es cris. 5. Avec toutes les erreurs et turpitudes
que
cela comporte, Belles-Lettres est une liberté. Une rude épreuve : on
1293
est une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort
que
pour mourir ou pour entrer en religion : rond de cuir ou poète (au se
1294
on. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est
qu’
ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne
1295
deur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux
qu’
elle enivre entrent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce q
1296
Prison Prisonnier de la nuit mais plus libre
qu’
un ange prisonnier dans ta tête mais libre comme avant cette naissance
1297
es des mains de mon amour écloses voyageuses ah !
que
d’aucun retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il e
1298
ntes de mon cœur il est d’autres rivages où mieux
qu’
ici l’on meurt. Étoile de jour Il naissait à son destin des ra
1299
onvaincu l’on a répété dans une ballade fameuse «
Que
voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques m
1300
, quelques jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré
que
l’on est désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des
1301
a l’un des rares qui ont réussi à se connaître et
que
cela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu c
1302
-delà ». C’est le comble de l’économie bourgeoise
que
cette administration exacte d’un petit capital. Le contraire de la po
1303
is on n’en demande pas tant dans les familles. Et
qu’
importe si la perspective manque souvent à ces récits : ce n’est point
1304
nt à ces récits : ce n’est point un paysage d’âme
qu’
on y cherche, mais l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout est
1305
mme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce
qu’
en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’espr
1306
e qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment
que
de petits mots d’esprit et de malices ? Noisettes et cornichons ? t
1307
pitales suffit à vous en donner la sensation : ce
que
vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirm
1308
rrez voir durant le reste de votre séjour ne fera
que
confirmer cette première impression. Vienne : assis sur les banquette
1309
t des cafés débordants de crème, avec une apathie
qu’
aucun orchestre ne vient troubler, aucune voix haute, aucune couleur v
1310
une voix haute, aucune couleur vive. Les journaux
qu’
ils lisent annoncent chaque jour quelque catastrophe imminente, une ré
1311
s après-midi entiers devant les deux verres d’eau
que
le garçon renouvelle de temps à autre, à lire des potins tout en essu
1312
portant, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous
qu’
on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La
1313
eige (une boue ocre, épaisse, on envie les bottes
que
portent les femmes), encombrée de piétons qui traversent en tous sens
1314
idylles démodées… Rentrons dans la ville un soir
qu’
elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reç
1315
c’est leur formule de salutation — vous constatez
que
cette profusion de liqueurs légères facilite singulièrement les rappo
1316
n silence particulier avant d’entendre les signes
qu’
il nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à
1317
l nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens
que
peu d’images (à peine quelques « motifs », objets usuels et usés, sur
1318
és, sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce
qu’
elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou
1319
lle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus
que
de l’esprit ou des sens. « Reste immobile et sache attendre que ton c
1320
t ou des sens. « Reste immobile et sache attendre
que
ton cœur se détache de toi comme une lourde pierre. » Le corps, que l
1321
tache de toi comme une lourde pierre. » Le corps,
que
l’âme quitte, redevient minéral, statue dans le silence « aux yeux ge
1322
eur réalité les choses dont elle s’est dégagée et
qu’
elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un
1323
lderlin (15 juillet 1929)n « Je lui ai raconté
qu’
il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort les portes o
1324
qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau,
qu’
il dort les portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes gre
1325
sieurs touches sonnent encore, et c’est là-dessus
qu’
il improvise, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaî
1326
plus difficile de se faire comprendre par un sot
que
par un fou. » L’hiver dernier, m’occupant assez longuement d’un des p
1327
ible dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être
que
le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas
1328
derlin signe maintenant Scardanelli des quatrains
qu’
il donne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’un miracle.
1329
igne familièrement l’image d’une femme par le nom
qu’
elle portait au mystère de l’amour… Trois petites fenêtres ornées de c
1330
e la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps
qu’
elles ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plu
1331
’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix
que
maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas, en face, ni les
1332
ale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-ce
que
tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de
1333
e, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu
qu’
un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu t
1334
uis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. —
Qu’
en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde
1335
ver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut
que
mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase la pl
1336
’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc
que
l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultan
1337
simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est
qu’
elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établi
1338
Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’est
qu’
un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, triomphante
1339
ux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce
qu’
ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand
1340
stement, nous fait comprendre, dans le temps même
qu’
il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais q
1341
dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel,
qu’
il est bon qu’il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par
1342
même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon
qu’
il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par quel hasard, d
1343
le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais
que
cette musique vulgaire, par quel hasard, donne l’accord qui m’ouvre u
1344
ru l’année dernière — un livre assez troublant et
qu’
on a trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notr
1345
s ce monde un peu plus léger, un peu plus profond
que
le vrai, où l’Éloge de la folie nous entraînait naguère. Jean Cassou
1346
es, des bonheurs qui signifient plus de désespoir
qu’
ils ne s’en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malic
1347
n de malices et d’envies de pleurer. Quel dommage
qu’
il s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, sou
1348
le de n’importe quoi, cet air dangereux et tendre
que
prennent les hommes en liberté. Mais ils ne sont jamais méchants, et
1349
On voudrait un livre de Cassou qui ne serait fait
que
de ces intermèdes ; pur de tout souci de vraisemblance extérieure ; q
1350
souci de vraisemblance extérieure ; qui ne serait
qu’
invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles de
1351
les de liberté dont nous avons besoin pour croire
que
le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œu
1352
1929)ba À lire ce petit livre et le parallèle
qu’
il établit entre le yogabb telle que l’enseignaient les upanishads et
1353
le parallèle qu’il établit entre le yogabb telle
que
l’enseignaient les upanishads et la tentative poétique de Rimbaud, l’
1354
t la tentative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne
qu’
il ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation vo
1355
ittérature la plus spirituelle du monde. La thèse
que
défend l’auteur de cet essai — la voyance de Rimbaud — est une de ces
1356
la voyance de Rimbaud — est une de ces évidences
qu’
il est bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que po
1357
proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce
que
pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle honte, d
1358
démarche, mais inspiré par cet enthousiasme sacré
que
requiert l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement qu’il n’élargisse p
1359
requiert l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement
qu’
il n’élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on
1360
ris pour la révélation évangélique. Je ne vois là
que
l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba. « André Rolland
1361
n débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce
qu’
elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue con
1362
Clercs 11, thèse dont la Fin de l’Éternel ne fait
que
reprendre la défense contre ses adversaires de tous bords. Je voudrai
1363
ù je me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel,
qu’
il attaque. (M. Benda trahit à son tour quand il tire argument contre
1364
tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce
qu’
elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-
1365
e trahit pas.) D’autre part, de plus impertinents
que
moi ne manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel »,
1366
nents que moi ne manqueront pas de faire observer
que
la « fin de l’éternel », la chute de l’idée dans la matière, est un p
1367
matière, est un phénomène exactement aussi vieux
que
le monde. Mais M. Benda distinguera, et ils seront confondus. Car il
1368
s le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux
que
lui ne s’entend définir et classer choses et idées en catégories « ra
1369
non de la difficulté elle-même. Mais pour gênante
que
soit souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l
1370
ement, la gloire de M. Benda sera d’avoir soutenu
que
l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et quand bien mêm
1371
enda sera d’avoir soutenu que l’humanité a besoin
qu’
on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croirait n’en avo
1372
extrémistes de droite et de gauche, n’en apparaît
que
plus pur. « Noms de clowns qui me viennent l’esprit : Julien Benda… »
1373
en Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous apprend
que
« le petit Benda est un fameux serin ». Mais ces affirmations sont ex
1374
n ». Mais ces affirmations sont exactement celles
qu’
il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à
1375
celles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce
qu’
on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la vérit
1376
quelque chose, où rien plus n’est tenu pour vrai
que
relativement à un rendement. Rien, pas même la religion. 11. Cf. l’
1377
et sont en scandale aux meilleurs esprits ? Voici
que
tu t’apprêtes visiblement à t’envoler, laissant des parents inconsola
1378
stre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir
qu’
il était devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes se
1379
amaient-ils, combien complexes sont les problèmes
que
vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié,
1380
aient la Démocratie outragée, les autres disaient
qu’
il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher
1381
rancher les questions qui vous désarme. Craignant
qu’
on ne lui fît un mauvais parti, l’ange trouva son salut dans un subter
1382
trouva son salut dans un subterfuge : il insinua
qu’
il parlait au nom d’une secte orientale. Aussitôt la discussion de rep
1383
oute, d’inspiration. Je trouve dans une enveloppe
qu’
hier vous m’adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme bl
1384
t suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre
qu’
elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que
1385
lle attend votre lettre depuis des mois. Je pense
que
ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre
1386
manuscrit et conclut : « L’inspiration est le nom
qu’
on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement enchaînés.
1387
as les enfants, d’Henri Roorda. Le premier montre
que
la science apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ign
1388
ce apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce
que
son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laideurs
1389
ignorance respectait, et ne lui donne à la place
que
des laideurs et de la prétention. L’autre, avec l’ironie tranquille d
1390
moque, décrit la stupidité de l’enseignement tel
qu’
il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, mo
1391
on socialiste qui a été établi par coup de force,
que
les libéraux ont admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgr
1392
e donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais
qu’
à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceu
1393
u’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux
qu’
on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à
1394
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine
qu’
est en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamente
1395
e forme politique. Je me contente de vitupérer ce
que
je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même
1396
rousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce
que
je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-l
1397
ici même ; mais — gain de temps — je n’aurai plus
qu’
à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut
1398
ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1°
qu’
ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne pe
1399
euvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2°
qu’
ils ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur ré
1400
s, m’accuser de faire une critique dangereuse. 3°
que
néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions,
1401
pitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème
que
l’on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent to
1402
érité sans égard aux dérangements, même violents,
que
cela ne manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la d
1403
ttendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est
qu’
ils les confondent avec ceux de leur enfance et les font indûment part
1404
Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire
qu’
« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de c
1405
e tapissier par le prix du mètre courant. Encore
que
je prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment,
1406
s’emmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ?
Qu’
est-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? M
1407
et le monsieur qui racontait gravement des choses
qu’
on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Mi
1408
un peu divine, baignée d’une très vague angoisse
que
l’on fuyait avec des bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien c
1409
ers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est
qu’
une dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent mon enfance : les
1410
chante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense
que
tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais ap
1411
s, et naturellement, la phrase sacrée : « Il faut
que
tous fassent la même chose, ici ! » Dans la suite, on se chargea d’il
1412
alité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en fut
que
plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, c
1413
ètes pour nous faire comprendre avec enthousiasme
que
ces vérités-là n’ont aucune importance.) Quant à l’autre « évidence »
1414
aucune importance.) Quant à l’autre « évidence »
que
je viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause dét
1415
nce » que je viens de citer, je découvris un jour
qu’
elle contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un
1416
certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire
que
je me posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent êtr
1417
-à-dire que je me posai la question : est-ce vrai
que
tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première réponse f
1418
ux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut
que
ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes
1419
n de la règle de trois, aussi profondément certes
qu’
un Voltaire le fut par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-
1420
u’à les mettre en doute : mais un jour je compris
que
ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce
1421
doute : mais un jour je compris que ce n’étaient
que
des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié,
1422
acquis le respect des statistiques. Nous savions
que
les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il convient de s’
1423
tiques. Nous savions que les miracles ne trompent
que
les illettrés, mais qu’il convient de s’incliner devant les miracles
1424
les miracles ne trompent que les illettrés, mais
qu’
il convient de s’incliner devant les miracles de la science appliquée.
1425
ncrédulité et le bien-être matériel. Nous savions
qu’
un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouv
1426
et même nous ne pouvions nous empêcher de croire
que
le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de choses d
1427
sservissement de l’esprit et ces mythes stériles,
que
je les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités l
1428
ls avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux
qu’
on était devenus plus différents. Car ces différences sont les premièr
1429
fraternité véritable. Mais c’est en caserne aussi
que
je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et
1430
de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève
qu’
un instituteur : de l’un à l’autre il n’y a pas de solution de continu
1431
de solution de continuité, la différence n’étant
qu’
une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sa
1432
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce
que
je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre
1433
odique des hommes et son mépris pour les paysans.
Qu’
il soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’êt
1434
e responsable, cela se voit de loin. Il faut dire
que
ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils aur
1435
Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux
qu’
ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en dout
1436
inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois
que
je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés cau
1437
je crois que je m’oublierais au point d’insinuer
que
les instituteurs galonnés causent autant de tort à l’armée que les in
1438
tuteurs galonnés causent autant de tort à l’armée
que
les instituteurs antimilitaristes qui signent des manifestes en mauva
1439
môssieu très instruit, vous êtes presque certain
qu’
il s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on aime rencontrer dans des
1440
certain qu’il s’agit d’un de ces cuistres pédants
qu’
on aime rencontrer dans des farces où ils sont drôles, mais non point
1441
inimitable sérieux, avec un P majuscule. On sent
que
c’est là son affaire : Monsieur en un mot est M’sieu l’Instituteur. S
1442
classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est-ce
que
l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire constit
1443
s bourgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques
que
n’importe quelle autre classe de la société. Mais l’esprit petit-bour
1444
’esprit petit-bourgeois pris abstraitement et tel
qu’
il se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesqui
1445
mesquinerie, et devrait être soigné au même titre
que
certaines autres maladies dites « sociales ». Je reviendrai peut-être
1446
peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux
que
décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes, le décor. L
1447
ur l’instant je ne veux que décrire l’école telle
qu’
on la voit. Après les personnes, le décor. La laideur des collèges n’e
1448
s scolaires ». symbolise d’une façon frappante ce
qu’
il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratique d
1449
s — c’était pourtant un refuge pour l’imagination
que
ces initiales, ces signes, ces devises… —, les estampes piquées, Numa
1450
it années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
que
c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu
1451
lieu, moral et matériel ? L’école publique, telle
que
nous la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise ép
1452
ni à l’utilité, et ils sont déjà démodés. On dit
que
le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un
1453
s puisqu’elles me sont absolument personnelles et
qu’
elles ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps q
1454
d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps
que
je fasse passer un petit examen aux principes de cette institution pa
1455
aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce
que
ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que
1456
nt les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
que
la passion n’a qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là sont l
1457
. Il serait plus juste de dire que la passion n’a
qu’
une clairvoyance intéressée : mais celles-là sont les plus vives. Enfi
1458
ont les plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître
qu’
ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de pa
1459
. Pas plus que vous qui défendez de parti pris ce
que
j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas to
1460
sur les bras. L’écheveau est tellement embrouillé
que
déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je me bornerai à l’exam
1461
les plus généraux de l’instruction publique, ceux
que
n’atteignent dans leur principe ni les réformes de détail ni les moda
1462
cessaire à tout citoyen, dans une vue aussi large
que
simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir ce programme de disp
1463
ns une vue aussi large que simplifiée. Remarquons
qu’
il suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles
1464
s dont on écrit les noms dans les casiers. Est-ce
que
l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer les
1465
seuse et saugrenue, — naïve. Le bon sens voudrait
que
l’on tînt compte des possibilités d’adaptation de l’enfant ; de la va
1466
; enfin des rythmes naturels de l’esprit humain,
qu’
il se trouve que le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division
1467
hmes naturels de l’esprit humain, qu’il se trouve
que
le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division horaire des jour
1468
ionnaires responsables, vous savez par expérience
que
nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieu
1469
nce que nous ne comprenons pas la plaisanterie et
que
notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas
1470
en principe des « contrôles » comparables à ceux
que
l’on établit lors des grandes épreuves cyclistes. Les participants du
1471
« fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’a
qu’
un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « fourn
1472
hologie de l’enfant dont je disais tout à l’heure
que
la connaissance n’est pas exigée de ceux qui établissent les programm
1473
calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner
qu’
il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons
1474
dans le même temps. Contentons-nous de remarquer
que
ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranqu
1475
ises de cette épaisseur, mais il faut reconnaître
que
jamais on n’avait songé à leur donner une extension universelle et un
1476
e et un caractère obligatoire. L’école exige donc
que
les meilleurs ralentissent et que les plus faibles se forcent. Elle n
1477
cole exige donc que les meilleurs ralentissent et
que
les plus faibles se forcent. Elle ne convient qu’aux médiocres, dont
1478
que les plus faibles se forcent. Elle ne convient
qu’
aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école s’attaque impitoy
1479
Mais ils se fâchent tout rouge quand on leur dit
que
la Suisse est caractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa
1480
ltats actuels d’une science. Le bon sens voudrait
qu’
on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au
1481
n étudie d’abord la science dans sa réalité, puis
qu’
on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’o
1482
résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut
qu’
on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle s’arrête là. Les
1483
ent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît
qu’
à celui qui entre en commerce intime avec elles. On apprend plus de de
1484
mmerce intime avec elles. On apprend plus de deux
que
de mille, dit un sage oriental dont j’ai oublié le nom. Une autre con
1485
ié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est
qu’
on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu
1486
, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps
qu’
il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher
1487
aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce
qu’
ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail
1488
forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a
qu’
une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où
1489
absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce
qu’
on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de
1490
s de calligraphie. La discipline On conçoit
que
la réalisation d’un programme entièrement contre nature exige une dis
1491
t muets 6 heures par jour durant 8 ans. Il paraît
que
cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’
1492
travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce
qu’
on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’é
1493
dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute
qu’
il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à c
1494
soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort
qu’
on demande à ces petits. Là encore il y a une exagération absurde, une
1495
ne généralisation si schématique et superficielle
que
la discipline perd tout son sens éducatif et n’est plus qu’une entrav
1496
cipline perd tout son sens éducatif et n’est plus
qu’
une entrave énervante, un système de vexations mesquines, propres à ét
1497
ne école de Démocratie. Ils insistent sur le fait
que
les leçons d’instruction civique sont insuffisantes pour former le pe
1498
uffisantes pour former le petit citoyen : il faut
que
l’enseignement tout entier soit occasion de développer les vertus soc
1499
ucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est
que
le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on oblige les enfa
1500
que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
que
l’on oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de 6 ans, favorise
1501
arisme. La culture de l’esprit démocratique telle
qu’
elle est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise
1502
onsiste à persécuter ceux qui, en quelque manière
que
ce soit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple me
1503
ce soit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris
que
notre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire d
1504
e peuple met dans cette expression !) Pour moi ce
que
je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une gross
1505
mon expérience scolaire, c’est une grosse vérité
que
le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité rée
1506
oir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
que
la loi est la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire,
1507
uels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
qu’
ils donnent une image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du pe
1508
? L’idéal du bon élève Le bon sens voudrait
que
le bon élève soit celui qui sait utiliser pour son profit humain la p
1509
n la petite somme de connaissances indispensables
qu’
on lui donne à l’école. (Cet argent de poche, ni plus ni moins.) Ou en
1510
t argent de poche, ni plus ni moins.) Ou encore :
que
le bon élève soit celui qui supporte le mieux le traitement scolaire
1511
il est même tout contraire. On ne peut pas exiger
qu’
il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’éton
1512
tu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir
qu’
il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de m
1513
ndeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est
que
ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médiocrité qu
1514
inerie. Il y a là une préméditation de médiocrité
que
je ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui
1515
e des petits morceaux de vouate. » Il est évident
que
Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est su
1516
élève est aussi l’élève discipliné. L’école veut
que
partout la valeur cède le pas à la règle. Elle cherche à développer c
1517
les ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut être
qu’
à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera sans
1518
ion d’un grand nombre de régents, ne laissent pas
que
d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grrr
1519
as que d’être assez spéciales. Il arrive en effet
que
nos petits futurs grrrands citoyens ayant accompli de « fortes études
1520
uie quoique énergique d’un de ces coqs de village
qu’
on vient de jucher sur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est
1521
classes d’un collège ont été frappés de constater
que
la force et l’originalité de leur jugement sont en raison inverse du
1522
inverse du nombre d’années d’instruction publique
qu’
ils ont subies. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’i
1523
qu’ils ont subies. Le dilemme J’ai indiqué
que
les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’accidentelle
1524
principes de l’instruction publique ne coïncident
qu’
accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant
1525
our cette fois à démontrer, ce qui serait facile,
qu’
ils constituent une inversion méthodique de toutes les lois divines et
1526
ent de la race. D’autre part, il est aisé de voir
que
tous ces principes dérivent nécessairement du fait que l’école est pu
1527
ous ces principes dérivent nécessairement du fait
que
l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État.
1528
lement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce
que
M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines scolai
1529
principe de l’instruction publique. Les réformes
qu’
ils ont proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par l
1530
édantisme inhérent à toute science. On a constaté
que
l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignorance de la psych
1531
a voulu apporter de la science. Mais c’est un art
qu’
il faudrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par e
1532
conception du pratique prévaut, il est à craindre
que
l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationnelle pour appren
1533
dira : je lève la main, — au lieu de demander ce
qu’
on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’au
1534
de demander ce qu’on croit. Tout porte à craindre
qu’
à la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne tradu
1535
rcice ; car il ne manque à ce système, avouez-le,
que
juste la spontanéité nécessaire pour que ça ne soit pas une lourde fa
1536
issant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce
qu’
ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquement or
1537
r par eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais
qu’
est-ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amuse
1538
mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce
qu’
une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a pou
1539
se plus des résultats, on les fait trouver. Notez
que
cela revient au même, sauf que par la méthode nouvelle on atteint l’e
1540
ait trouver. Notez que cela revient au même, sauf
que
par la méthode nouvelle on atteint l’enfant plus profondément, on se
1541
la formule d’une tromperie subtile et plus grave
que
la brutalité primaire, parce qu’elle n’excite pas de réaction vive de
1542
ive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas
qu’
on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obtenir le rend
1543
ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais
que
les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifiques, et désin
1544
Moi je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît
que
c’est très dangereux. Néanmoins je soupçonne dans tous ces mouvements
1545
n un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce
que
cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanit
1546
t de leur faire remarquer d’autant plus librement
qu’
ils trahissent le dessein profond de l’instruction publique, qu’ils tr
1547
ent le dessein profond de l’instruction publique,
qu’
ils trahissent leur mission officielle. Ils éduquent de futurs anarchi
1548
éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce
qu’
on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits démocr
1549
its démocrates conscients et organisés. Je crains
que
ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtem
1550
Je le crains, dis-je ; car le monde ne progresse
qu’
à la faveur de malentendus (si tant est qu’il progresse). L’école nouv
1551
gresse qu’à la faveur de malentendus (si tant est
qu’
il progresse). L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire qu’à
1552
L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire
qu’
à la faveur d’une équivoque. Cette équivoque frappe tout essai de réfo
1553
ue. Cette équivoque frappe tout essai de réforme.
Qu’
il y ait là cependant une possibilité pratique d’en sortir, je ne le n
1554
e vue de la vérité, force nous est de reconnaître
que
notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des
1555
en tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens
que
je donne à ce mot.
1556
de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
qu’
on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique p
1557
ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement
qu’
on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il n
1558
ner l’une c’est faire pleurer l’autre. Écouter ce
que
dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront qu’en
1559
’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce
que
l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une orai
1560
st savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront
qu’
ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me co
1561
pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura
qu’
une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. E
1562
le. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends
qu’
on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les ba
1563
t des idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée
que
j’ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondr
1564
r eux si rare. Un fait simple, par exemple, c’est
que
la Démocratie sans l’instruction publique est pratiquement irréalisab
1565
n certain nombre de vérités tellement évidentes —
que
cela n’irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir
1566
pour qu’on n’ait pas le temps de se rendre compte
que
tout cela est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps d’écouter la nat
1567
ète par toutes ses voix, d’un milliard de façons,
que
c’est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps de découvrir la Liberté9
1568
l’a embrassée une fois, une seule fois, sait bien
que
tout le reste est absurde. Et voilà pour les sœurs siamoises. Continu
1569
e. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice
qu’
un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme ils disent avec
1570
ide et mal dissimulée. Certes, je ne prétends pas
que
les créateurs de l’instruction publique aient eu pleine conscience de
1571
ruction publique aient eu pleine conscience de ce
qu’
ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci
1572
dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible
que
parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocratie. Car il faut b
1573
de la démocratie. Car il faut bien se représenter
qu’
elle n’était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il n
1574
résenter qu’elle n’était encore au xviiie siècle
qu’
une utopie de partisans. Il ne serait guère plus fou de proposer aujou
1575
ne serait guère plus fou de proposer aujourd’hui
qu’
on répande universellement et obligatoirement l’art du saxophone ou de
1576
t du saxophone ou de la balalaïka. Soyez certains
qu’
il ne manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, que l’appui int
1577
manque à cette plaisanterie, pour prendre corps,
que
l’appui intéressé d’un groupement politico-financier. Et il y aurait
1578
des députés pour célébrer les bienfaits sociaux,
que
dis-je, la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoi
1579
suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve
que
l’état grotesquement arriéré de notre instrument de progrès par excel
1580
nstrument de progrès par excellence. Car il n’est
qu’
une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, sous sa form
1581
age inappréciable sur le cerveau naturel explique
que
les autorités compétentes n’aient point hésité à l’adopter, malgré se
1582
, politiquement, n’est pas rentable. Il est clair
que
si le but principal de l’instruction publique était d’éduquer le peup
1583
ssée, les gouvernements seraient un peu plus fous
qu’
on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable
1584
ttrape l’époque… Mais les gouvernements savent ce
qu’
ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’en
1585
e gens qui font confiance à leur sensibilité plus
qu’
aux idées des autres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui me d
1586
re l’École. Mes arguments ne se mettent en branle
qu’
après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas
1587
t les idéologies politiques, et peu m’importerait
que
l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sent
1588
enture des valeurs d’âme auxquelles je tiens plus
qu’
à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution d
1589
arche nécessaire11. On ne manquera pas d’insinuer
qu’
à l’origine de tout ceci il y a surtout de la nervosité, de petites do
1590
je participais de l’écœurant optimisme bourgeois
que
je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiq
1591
e je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce
qu’
il y a d’authentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peuple
1592
du peuple souffrent moins d’un tel régime, c’est
qu’
ils n’ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignoren
1593
une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce
qu’
étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-uns
1594
cle printanière. Il n’y a de révolution véritable
que
de la sensibilité. (Le jour où l’on culbutera ces Messieurs de leurs
1595
p de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce
que
cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il bes
1596
hier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement
qu’
une telle attitude n’est en aucune façon tributaire de l’idéologie réa
1597
aire de l’idéologie réactionnaire à la mode. Mais
que
deux critiques de la Démocratie partant de points de vue presque oppo
1598
crime contre la civilisation. Elle ne croit plus
qu’
au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle apprendra que le seu
1599
ontre les lois sociales, eh bien ! elle apprendra
que
le seul péché qui n’a pas de pardon c’est le péché contre l’Esprit. A
1600
ardon c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui
qu’
il suffit d’un peu de bon sens et d’information pour jouer au prophète
1601
tion. Le culte des valeurs désintéressées ne peut
que
diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne
1602
extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi
que
la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le collège
1603
est un milieu antinaturel, et les normes sociales
qu’
on prétend y substituer à celles de la famille sont falsifiées. Non se
1604
son —, mais encore elle tend à développer tout ce
qu’
il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est sa fa
1605
! On parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai
qu’
elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’
1606
rai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois
qu’
elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire
1607
aire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré
que
les besoins de l’époque exigent une organisation à outrance du monde,
1608
ne organisation à outrance du monde, je répondrai
que
dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un nouveau besoi
1609
, des esclaves du mot. Il est clair, par exemple,
que
seules les victimes de l’instruction helvétique sont capables d’absor
1610
nt de travaux forcés. L’école donne à l’enfant ce
qu’
il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est pro
1611
illerie d’ennui, c’est-à-dire de démoralisation —
qu’
on se le dise ! —, puissance de crétinisation lente, standardisation d
1612
relles (je ne fais le procès de la bêtise humaine
qu’
en tant qu’elle est cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîn
1613
l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce
qu’
elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à connaî
1614
faim. Par ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus
que
par ce qu’elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande fo
1615
e qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce
qu’
elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force antirel
1616
arrive trop tard. Le pasteur sème dans un terrain
que
l’instituteur a méthodiquement desséché.
1617
progrès Un beau titre. Et qui a meilleure façon
que
le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de d
1618
e façon que le reste, pensez-vous. Il faut avouer
qu’
avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonn
1619
’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur
que
mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne
1620
eur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même
que
sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée. C’est très m
1621
tout empester. Et peu à peu le public s’aperçoit
que
« l’instrument de progrès » n’est qu’un camouflage à l’abri duquel on
1622
s’aperçoit que « l’instrument de progrès » n’est
qu’
un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral. On
1623
ille du radicalisme intégral. On me fera observer
que
beaucoup des servants de la machine sont socialistes : voilà qui ne c
1624
es questions aussi bien que les réponses. J’avoue
que
je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité.
1625
btenu un conformisme de la curiosité. Il est vrai
qu’
il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi da
1626
ndre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends
que
l’instruction publique est une puissance conservatrice. — Pas moins !
1627
eut se conserver des siècles encore… Or si je dis
que
l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste à dépass
1628
i je dis que l’École est contre le progrès, c’est
que
le progrès consiste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne va pa
1629
suite, préparer le terrain pour les jeux nouveaux
que
l’humanité de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis m’empêche
1630
dans cet amour de la destruction et de l’anarchie
que
les génies directeurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous
1631
emps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore
que
peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des signes dans le vi
1632
tiquer le présent au nom du passé ne signifie pas
que
l’on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes anci
1633
anciens peut nous amener à constater, sans plus,
que
notre soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exe
1634
à un recul humain. Par exemple, est-ce un progrès
que
d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec tout le vaste arr
1635
ut le vaste arrière-fond de poésie et de grandeur
que
ce mot comporte — quelles qu’en soient d’ailleurs les réalisations —,
1636
ésie et de grandeur que ce mot comporte — quelles
qu’
en soient d’ailleurs les réalisations —, par des hiérarchies rond-de-c
1637
ux communs. Mais il s’en faut, hélas, de beaucoup
que
la majorité des électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me tie
1638
rai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer
que
la plupart des intellectuels sont convertis depuis longtemps à ces id
1639
emps à ces idées antidémocratiques : il est temps
qu’
elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balaya
1640
ïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse
que
je lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune
1641
u la notion de démocratie, vous trouvez bien vite
qu’
elle repose sur des postulats rationalistes. En vérité, démocratie et
1642
es. En vérité, démocratie et rationalisme ne sont
que
deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une même mental
1643
pée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait
qu’
un jeu. Durant tout le xixe elle est descendue dans la bourgeoisie et
1644
nos utopies et les empêche de devenir autre chose
que
des utopies. Il s’agit donc en premier lieu de le démasquer et de le
1645
te première tâche constitue un programme si riche
qu’
il est superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des gén
1646
l tue les existences particulières, ou bien c’est
qu’
elles sont déjà mortes. Mais le temps vient où elles renaîtront à une
1647
tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois
que
nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s
1648
son. Je crois que nous approchons de ce temps. Et
que
le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui entrave cet a
1649
ons de ce temps. Et que le véritable progrès veut
qu’
on s’attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je ré
1650
adicale des instituteurs. On me demande encore ce
que
je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien préci
1651
ulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce
qu’
il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes une
1652
, à la veille de la Révolution, soupçonnaient-ils
que
la république qu’ils appelaient serait livrée cent ans plus tard à pe
1653
a Révolution, soupçonnaient-ils que la république
qu’
ils appelaient serait livrée cent ans plus tard à peine à la folie dém
1654
de cette similitude les possibilités formidables
que
nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que
1655
siècle à venir, et vous commencerez à comprendre
que
votre scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons s
1656
votre scepticisme à l’endroit de la forme sociale
que
nous appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, qu
1657
s la connaître et qui s’élabore déjà secrètement,
que
ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel
1658
r. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’a
que
de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé Rati
1659
dice. Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous
que
j’ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rass
1660
e nouvelle attitude de l’âme. Ceci revient à dire
que
seule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler l
1661
cidental. Un nouvel état d’esprit : voilà bien ce
que
l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’anti-ir
1662
l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce
qu’
il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit froide
1663
es seront matériellement catastrophiques pour peu
que
cela continue. Qu’on ne s’y trompe pas : le sens technique qui tient
1664
ement catastrophiques pour peu que cela continue.
Qu’
on ne s’y trompe pas : le sens technique qui tient lieu d’imagination
1665
promet des grabuges inouïs. Il ne tient peut-être
qu’
à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en faire sortir le beau mi
1666
lisation aux ordres de l’Esprit. Mais il faudrait
que
dès maintenant se constituent ces élites, et cela ne se peut que si l
1667
ant se constituent ces élites, et cela ne se peut
que
si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être, mal
1668
ise espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste
que
j’aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et q
1669
lors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée
que
vous vous dites : c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne s
1670
fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce
que
c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les sot
1671
— Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est
que
libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les sots vont rép
1672
opiste, c’est l’inventeur. Les sots vont répétant
que
c’est un être qui ignore le réel. C’est justement parce qu’il le conn
1673
éel. C’est justement parce qu’il le connaît mieux
qu’
eux qu’il y a vu des fissures et des possibilités nouvelles. Tenir com
1674
est justement parce qu’il le connaît mieux qu’eux
qu’
il y a vu des fissures et des possibilités nouvelles. Tenir compte du
1675
s’avachirait totalement. Mais il est dans l’ordre
qu’
elle beugle longuement tout en le suivant. Que faire, diront les gens
1676
dre qu’elle beugle longuement tout en le suivant.
Que
faire, diront les gens de bonne volonté dont mon imagination romantiq
1677
t mon imagination romantique suppose l’existence.
Que
faire ? Voir et penser juste d’abord. Simplement. Ensuite, soutenir c
1678
e plus dangereusement plat qui soit. (Il est plus
que
plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui, cela fi
1679
publique mène le monde, paraît-il. À ce propos :
que
les journalistes s’engagent désormais à ne publier plus un seul artic
1680
pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce
qu’
ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils auraient
1681
racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins
qu’
une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu
1682
ien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce
que
je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invrais
1683
journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi
qu’
on peut imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais
1684
té d’une réforme suffisante. C’est une révolution
qu’
il faut. Alors, supprimer les écoles, raser les collèges, renvoyer les
1685
l’en empêcher. Il s’agit de lui faire comprendre
que
l’école est le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, prépar
1686
n imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce
que
son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un ent
1687
ances mortes. Une technique spirituelle. Et puis,
qu’
il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette cultur
1688
technique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse ce
qu’
il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés phy
1689
résulte d’une concentration, dans quelque domaine
que
ce soit. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tira
1690
cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure
que
je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : tout
1691
dans le plan physique, aux exercices élémentaires
que
l’on exige d’un initié. Le fameux arrêt de la pensée dont on sait l’i
1692
bsolue. L’un et l’autre de ces exercices montrent
que
le candidat possède une énergie suffisante pour aller plus loin, — et
1693
rporel, le yoga est un drill de l’esprit. Je sais
que
ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’i
1694
ont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce
qu’
ils désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne p
1695
es on l’applique généralement. Ces gens-là diront
que
je veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en cou
1696
agités ; la nature par exemple. Je ne demande pas
qu’
on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps
1697
as qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais
qu’
on nous laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne s
1698
issance. Je ne sais s’il est très exagéré de dire
que
tout homme gagnerait à posséder une plus grande puissance intellectue
1699
out cas, c’est à cultiver ces facultés atrophiées
que
devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffe
1700
ées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu
qu’
elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon q
1701
préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas
qu’
il soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un système d
1702
ouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon
que
tous progressent de la même manière. Dans un système de culture spiri
1703
ient du même coup ; car sur ce plan elles ne font
que
traduire la diversité des besoins individuels. Méditez un peu ces tru
1704
On apprend plus d’une chose longuement contemplée
que
de mille aperçues au passage. Ab uno disce omnes. Une minute de conce
1705
ion intense dégage dans l’individu plus d’énergie
que
des heures d’exercices gémissants. De même, le bien supérieur de quel
1706
n supérieur de quelques-uns est plus utile à tous
que
le bien médiocre de beaucoup. La valeur vaut mieux que le nombre parc
1707
e bien médiocre de beaucoup. La valeur vaut mieux
que
le nombre parce qu’elle le contient en puissance. Et c’est pourquoi l
1708
ccords imitent la blancheur éclatante de l’amour…
Que
dirons-nous ?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t
1709
sses de parlements et autres potinières ne vivent
que
de semblables accusations. Du moment que n’importe qui juge et contrô
1710
e vivent que de semblables accusations. Du moment
que
n’importe qui juge et contrôle n’importe quoi, il faut bien inventer
1711
s viennent vous dire : « Mais Monsieur, M. Machin
que
vous attaquez est pourtant un très brave homme, il fait partie du con
1712
tie du conseil de la paroisse, etc. » — Il semble
qu’
en attaquant ses idées et leurs réalisations ont ait porté atteinte à
1713
, mais ils sont les premières victimes du système
qu’
il propagent et qui les fait vivre. La question se complique dès que l
1714
sont-ils dans la même mesure conscients des fins
qu’
on assigne à leur activité ? Un peu de rigueur dans la pensée empêcher
1715
ns la pensée empêcherait souvent des catastrophes
que
beaucoup de rigueur morale ne saurait même pas prévoir. NOTE B La cul
1716
prendraient tout leur sens et toute leur efficace
que
dans un système religieux. Pour quiconque a une foi et la conscience
1717
e de cette foi, il n’est d’enseignement véritable
que
religieux. Mais les questions confessionnelles enrayent et faussent t
1718
et philosophes : ces Messieurs n’apparaissent ici
que
pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin de leurs attendus po
1719
s en effet, terrorisent à tel point les bourgeois
qu’
ils n’en distinguent plus même le sens. Ils les lancent à la tête de t
1720
es pavés, ou plutôt des grenades, avec la frousse
que
ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette
1721
e que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce
que
dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pédago
1722
rticles pédagogiques encore très actuels, du fait
que
l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfan
1723
fant, s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime
que
la liberté.
1724
as les enfants, d’Henri Roorda. Le premier montre
que
la science apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ign
1725
ce apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce
que
son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laideurs
1726
ignorance respectait, et ne lui donne à la place
que
des laideurs et de la prétention. L’autre, avec l’ironie tranquille d
1727
moque, décrit la stupidité de l’enseignement tel
qu’
il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, mo
1728
n socialiste, qui a été établi par coup de force,
que
les libéraux ont admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgr
1729
me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais
qu’
à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceu
1730
u’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux
qu’
on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à
1731
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine
qu’
est en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamente
1732
e forme politique. Je me contente de vitupérer ce
que
je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même
1733
rousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce
que
je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-l
1734
ici même ; mais — gain de temps — je n’aurai plus
qu’
à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut
1735
ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1°
qu’
ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne pe
1736
euvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2°
qu’
ils ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur ré
1737
, m’accuser de faire une critique dangereuse ; 3°
que
néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions,
1738
pitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème
que
l’on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent to
1739
rité sans égards aux dérangements, même violents,
que
cela ne manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la d
1740
ttendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est
qu’
ils les confondent avec ceux de leur enfance et les font indûment part
1741
Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire
qu’
« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de
1742
e tapissier par le prix du mètre courant. Encore
que
je prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment,
1743
s’emmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ?
Qu’
est-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? M
1744
et le monsieur qui racontait gravement des choses
qu’
on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Mi
1745
un peu divine, baignée d’une très vague angoisse
que
l’on fuyait avec des bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien d
1746
ers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est
qu’
une dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfance : le
1747
chante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense
que
tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais ap
1748
s, et naturellement, la phrase sacrée : « Il faut
que
tous fassent la même chose ici ! » Dans la suite, on se chargea d’ill
1749
lité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en fut
que
plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, c
1750
ètes pour nous faire comprendre avec enthousiasme
que
ces vérités-là n’ont aucune importance.) Quant à l’autre « évidence »
1751
aucune importance.) Quant à l’autre « évidence »
que
je viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause dét
1752
nce » que je viens de citer, je découvris un jour
qu’
elle contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un
1753
certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire
que
je me posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent êt
1754
à-dire que je me posais la question : est-ce vrai
que
tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première réponse f
1755
ux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut
que
ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes
1756
n de la règle de trois, aussi profondément certes
qu’
un Voltaire le fut par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-
1757
u’à les mettre en doute : mais un jour je compris
que
ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce
1758
doute : mais un jour je compris que ce n’étaient
que
des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié,
1759
acquis le respect des statistiques. Nous savions
que
les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il convient de s’
1760
tiques. Nous savions que les miracles ne trompent
que
les illettrés, mais qu’il convient de s’incliner devant les miracles
1761
les miracles ne trompent que les illettrés, mais
qu’
il convient de s’incliner devant les miracles de la science appliquée.
1762
ncrédulité et le bien-être matériel. Nous savions
qu’
un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouv
1763
et même nous ne pouvions nous empêcher de croire
que
le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de choses d
1764
sservissement de l’esprit et ces mythes stériles,
que
je les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités l
1765
ls avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux
qu’
on était devenu plus différents. Car ces différences sont les première
1766
fraternité véritable. Mais c’est en caserne aussi
que
je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et
1767
de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève
qu’
un instituteur : de l’un à l’autre, il n’y a pas de solution de contin
1768
de solution de continuité, la différence n’était
qu’
une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sa
1769
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce
que
je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre
1770
odique des hommes et son mépris pour les paysans.
Qu’
il soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’êt
1771
e responsable, cela se voit de loin. Il faut dire
que
ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils aur
1772
Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux
qu’
ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en dout
1773
inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois
que
je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés cau
1774
je crois que je m’oublierais au point d’insinuer
que
les instituteurs galonnés causent autant de tort à l’armée que les in
1775
tuteurs galonnés causent autant de tort à l’armée
que
les instituteurs antimilitaristes qui signent des manifestes en mauva
1776
classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est-ce
que
l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire constit
1777
s-bourgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques
que
n’importe quelle autre classe de la société. Mais l’esprit petit-bour
1778
’esprit petit-bourgeois pris abstraitement et tel
qu’
il se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesqui
1779
mesquinerie, et devrait être soigné au même titre
que
certaines autres maladies dites « sociales ». Je reviendrai peut-être
1780
peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux
que
décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes, le décor. L
1781
ur l’instant je ne veux que décrire l’école telle
qu’
on la voit. Après les personnes, le décor. La laideur des « collèges »
1782
is scolaires » symbolise d’une façon frappante ce
qu’
il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratique d
1783
s — c’était pourtant un refuge pour l’imagination
que
ces initiales, ces signes, ces devises… —, les estampes piquées, Numa
1784
it années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
que
c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu
1785
lieu, moral et matériel ? L’école publique, telle
que
nous la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise ép
1786
ni à l’utilité, et ils sont déjà démodés. On dit
que
le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un
1787
s puisqu’elles me sont absolument personnelles et
qu’
elles ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps q
1788
d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps
que
je fasse passer un petit examen aux principes de cette institution pa
1789
aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce
que
ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que
1790
nt les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
que
la passion n’a qu’une clairvoyance intéressée : mais celle-là est la
1791
. Il serait plus juste de dire que la passion n’a
qu’
une clairvoyance intéressée : mais celle-là est la plus vive. Enfin, j
1792
à est la plus vive. Enfin, je tiens à reconnaître
qu’
ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous, qui défendez de p
1793
Pas plus que vous, qui défendez de parti pris ce
que
j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas to
1794
sur les bras. L’écheveau est tellement embrouillé
que
déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je me bornerai à l’exam
1795
les plus généraux de l’instruction publique, ceux
que
n’atteignent dans leur principe ni les réformes de détail ni les moda
1796
cessaire à tout citoyen, dans une vue aussi large
que
simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir ce programme de disp
1797
ns une vue aussi large que simplifiée. Remarquons
qu’
il suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles
1798
ces dont on écrit le nom dans les casiers. Est-ce
que
l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer les
1799
seuse et saugrenue, — naïve. Le bon sens voudrait
que
l’on tînt compte des possibilités d’adaptation de l’enfant ; de la va
1800
; enfin des rythmes naturels de l’esprit humain,
qu’
il se trouve que le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division
1801
hmes naturels de l’esprit humain, qu’il se trouve
que
le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division horaire des jour
1802
ionnaires responsables, vous savez par expérience
que
nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieu
1803
nce que nous ne comprenons pas la plaisanterie et
que
notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas
1804
en principe des « contrôles » comparables à ceux
que
l’on établit lors des grandes épreuves cyclistes. Les participants du
1805
« fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’a
qu’
un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « fourn
1806
hologie de l’enfant dont je disais tout à l’heure
que
la connaissance n’est pas exigée de ceux qui établissent les programm
1807
calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner
qu’
il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons
1808
dans le même temps. Contentons-nous de remarquer
que
ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranqu
1809
ises de cette épaisseur, mais il faut reconnaître
que
jamais on n’avait songé à leur donner une extension universelle et un
1810
e et un caractère obligatoire. L’école exige donc
que
les meilleurs ralentissent et que les plus faibles se forcent. Elle n
1811
cole exige donc que les meilleurs ralentissent et
que
les plus faibles se forcent. Elle ne convient donc qu’aux médiocres,
1812
es plus faibles se forcent. Elle ne convient donc
qu’
aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école s’attaque impitoy
1813
Mais ils se fâchent tout rouge quand on leur dit
que
la Suisse est caractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa
1814
ltats actuels d’une science. Le bon sens voudrait
qu’
on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au
1815
n étudie d’abord la science dans sa réalité, puis
qu’
on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’o
1816
résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut
qu’
on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle s’arrête là. Les
1817
ent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît
qu’
à celui qui entre en commerce intime avec elles. On apprend plus de de
1818
mmerce intime avec elles. On apprend plus de deux
que
de mille, dit un sage oriental dont j’ai oublié le nom. Une autre con
1819
ié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est
qu’
on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu
1820
, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps
qu’
il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher
1821
aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce
qu’
ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail
1822
forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a
qu’
une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où
1823
absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce
qu’
on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de
1824
calligraphie. 3.e. La discipline On conçoit
que
la réalisation d’un programme entièrement contre nature exige une dis
1825
t muets 6 heures par jour durant 8 ans. Il paraît
que
cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’
1826
travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce
qu’
on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’é
1827
dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute
qu’
il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à c
1828
soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort
qu’
on demande à ces petits. Là encore, il y a une exagération absurde, un
1829
ne généralisation si schématique et superficielle
que
la discipline perd tout son sens éducatif et n’est plus qu’une entrav
1830
cipline perd tout son sens éducatif et n’est plus
qu’
une entrave énervante, un système de vexations mesquines, propres à ét
1831
ne école de Démocratie. Ils insistent sur le fait
que
les leçons d’instruction civique sont insuffisantes pour former le pe
1832
uffisantes pour former le petit citoyen : il faut
que
l’enseignement tout entier soit occasion de développer les vertus soc
1833
ucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est
que
le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on oblige les enfa
1834
que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
que
l’on oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de 5 ans, favorise
1835
arisme. La culture de l’esprit démocratique telle
qu’
elle est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise
1836
onsiste à persécuter ceux qui, en quelque manière
que
ce soit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que notre peuple me
1837
ce soit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris
que
notre peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire
1838
peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce
que
je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une gross
1839
mon expérience scolaire, c’est une grosse vérité
que
le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité rée
1840
oir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
que
la loi est la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire,
1841
uels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
qu’
ils donnent une image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du pe
1842
3.g. L’idéal du bon élève Le bon sens voudrait
que
le bon élève soit celui qui sait utiliser pour son profit humain la p
1843
n la petite somme de connaissances indispensables
qu’
on lui donne à l’école. (Cet argent de poche, ni plus ni moins). Ou en
1844
t argent de poche, ni plus ni moins). Ou encore :
que
le bon élève soit celui qui supporte le mieux le traitement scolaire
1845
il est même tout contraire. On ne peut pas exiger
qu’
il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’éton
1846
tu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir
qu’
il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de m
1847
ndeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est
que
ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médiocrité qu
1848
inerie. Il y a là une préméditation de médiocrité
que
je ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qu
1849
e des petits morceaux de vouate. » Il est évident
que
Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est su
1850
élève est aussi l’élève discipliné. L’école veut
que
partout la valeur cède le pas à la règle. Elle cherche à développer c
1851
les ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut être
qu’
à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera sans
1852
ion d’un grand nombre de régents, ne laissent pas
que
d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs gran
1853
as que d’être assez spéciales. Il arrive en effet
que
nos petits futurs grands citoyens ayant accompli de « fortes études p
1854
uie quoique énergique d’un de ces coqs de village
qu’
on vient de jucher sur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est
1855
classes d’un collège ont été frappés de constater
que
la force et l’originalité de leur jugement sont en raison inverse du
1856
inverse du nombre d’années d’instruction publique
qu’
ils ont subies. 3.h. Le dilemme J’ai indiqué que les principes d
1857
ls ont subies. 3.h. Le dilemme J’ai indiqué
que
les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’accidentelle
1858
principes de l’instruction publique ne coïncident
qu’
accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant
1859
our cette fois à démontrer, ce qui serait facile,
qu’
ils constituent une inversion méthodique de toutes les lois divines et
1860
ment du peuple. D’autre part, il est aisé de voir
que
tous ces principes dérivent nécessairement du fait que l’école est pu
1861
ous ces principes dérivent nécessairement du fait
que
l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État.
1862
lement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce
que
M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines scolai
1863
principe de l’instruction publique. Les réformes
qu’
ils ont proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par l
1864
édantisme inhérent à toute science. On a constaté
que
l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignorance de la psych
1865
a voulu apporter de la science. Mais c’est un art
qu’
il faudrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par
1866
conception du pratique prévaut, il est à craindre
que
l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationnelle pour appren
1867
dira : je lève la main, — au lieu de demander ce
qu’
on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou l’au
1868
de demander ce qu’on croit. Tout porte à craindre
qu’
à la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne tradu
1869
rcice ; car il ne manque à ce système, avouez-le,
que
juste la spontanéité nécessaire pour que ça ne soit pas une lourde fa
1870
issant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce
qu’
ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquement or
1871
r par eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais
qu’
est-ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amuse
1872
mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce
qu’
une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a pou
1873
ose plus de résultats, on les fait trouver. Notez
que
cela revient au même, sauf que par la méthode nouvelle, on atteint un
1874
ait trouver. Notez que cela revient au même, sauf
que
par la méthode nouvelle, on atteint un enfant plus profondément, on s
1875
la formule d’une tromperie subtile et plus grave
que
la brutalité primaire, parce qu’elle n’excite pas de réaction vive de
1876
ive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas
qu’
on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obtenir le rend
1877
ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais
que
les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifiques, et désin
1878
oi, je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît
que
c’est très dangereux. Néanmoins, je soupçonne dans tous ces mouvement
1879
n un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce
que
cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanit
1880
t de leur faire remarquer d’autant plus librement
qu’
ils trahissent le destin profond de l’instruction publique, qu’ils tra
1881
sent le destin profond de l’instruction publique,
qu’
ils trahissent leur mission officielle. Ils éduquent de futurs anarchi
1882
éduquent de futurs anarchistes 8, bravo ! Mais ce
qu’
on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits démocr
1883
its démocrates conscients et organisés. Je crains
que
ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtem
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Je le crains, dis-je ; car le monde ne progresse
qu’
à la faveur de malentendus (si tant est qu’il progresse.) L’école nouv
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gresse qu’à la faveur de malentendus (si tant est
qu’
il progresse.) L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire qu’à
1886
L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire
qu’
à la faveur d’une équivoque. Cette équivoque frappe tout essai de réfo
1887
ue. Cette équivoque frappe tout essai de réforme.
Qu’
il y ait là cependant une possibilité pratique d’en sortir, je ne le n
1888
e vue de la vérité, force nous est de reconnaître
que
notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des
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en tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens
que
je donne à ce mot, p. 57.