Appendice i
Instruction spirituelle donnée aux étudiants hitlériens
(Extrait de▶ lettre ◀d’▶un étudiant allemand)
« J’ai été convoqué par ma corporation à un camp ◀d’▶instruction ◀de▶ deux semaines organisé à X. par le NSDStB19, du… au… Les cours ne commencèrent que le second jour, avec une conférence ◀de▶ Y. chargé ◀de▶ l’instruction ◀de▶ la province. Sujet : “Notre sang, notre conception du monde.” Il débuta en rappelant les présuppositions sur lesquelles les participants doivent évidemment être au clair. Il s’exprima comme il suit — je sténographiai les formules marquantes.
Il importe ◀de▶ distinguer entre les membres du parti et les nationaux-socialistes ou porteurs ◀de▶ notre conception du monde… Le Führer en effet a déclaré à la journée du Parti ◀de▶ 1935 : « Le national-socialisme est une conception du monde. » Cette conception du monde est décrite dans Le Mythe du xxe siècle ◀de▶ Rosenberg… Dans les camps du NSDStB il s’agit ◀de▶ forger une troupe ◀d’▶assaut pour Rosenberg, en vue de la lutte qui s’engagera sans doute l’hiver prochain, lutte pour l’âme allemande dans l’esprit et selon la volonté du Führer… Le Führer au cours ◀d’▶une séance spéciale, qui n’a pas duré moins ◀de▶ 7 heures, a chargé le camarade Derichsweiler, chef ◀d’▶empire du NSDStB, ◀de▶ faire ◀de▶ cette organisation une troupe ◀de▶ choc culturelle (einen weltanschaulichen Stosstrupp).
La conception chrétienne et la marxiste sont l’une et l’autre libérales, parce qu’individualistes… La piété germanique n’est qu’une attitude ◀de▶ profond respect en face des lois ◀de▶ l’Harmonie et du Beau… Les hommes qui n’ont pas notre foi, ou ne peuvent l’avoir à cause de leur infériorité raciale, doivent être rejetés, ce qui se produit en partie grâce aux mesures ◀de▶ stérilisation… La conception nationale-socialiste n’est destinée qu’à la race germanique, et non pas à toutes les races, comme le christianisme…
Le 24e point du programme du Parti n’entend parler que ◀de▶ « religiosité positive ». C’est uniquement parce que la religiosité courante en ce pays était le christianisme, et pour plus ◀de▶ clarté, qu’on a utilisé le terme ◀de▶ « christianisme positif ».
La formation politico-culturelle consiste dans une prise de conscience ◀de▶ l’âme raciale inconsciente et endormie… Il faudra en venir à une lutte ouverte avec les diverses confessions ; mais non pas à une lutte par la violence, car les confessions mourront ◀d’▶elles-mêmes, ◀de▶ toute façon… Nous ne rejetons pas seulement les cent formes diverses ◀de▶ christianisme, mais le christianisme en soi… Tous les membres des diverses confessions sont plus ou moins des trafiquants ◀de▶ devises et des traîtres au peuple… Même les chrétiens qui ont le loyal désir ◀de▶ servir le peuple — et il y en a — doivent être combattus, car leur erreur est préjudiciable à la communauté populaire, et antinaturelle puisqu’elle est ◀d’▶origine raciale étrangère. Ce qu’il faut attaquer dans le christianisme : les obscènes contes juifs, le dogme du péché originel (né ◀de▶ la volonté ◀de▶ domination mondiale des juifs) ; le dualisme ◀de▶ l’âme et du corps, ◀d’▶origine juive ; la négation ◀de▶ la vie ; l’immoralité ◀de▶ l’amour du prochain sans choix préalable ; l’internationalisme, etc.
Toutefois l’orateur s’efforce ◀d’▶être objectif. L’essentiel est qu’il affirme sans cesse que ce n’est pas une opinion personnelle qu’il expose, mais la position officielle du Parti et du Führer. »
À la suite de ce discours, l’étudiant et deux ◀de▶ ses camarades allèrent trouver le chef du camp et demandèrent l’autorisation ◀de▶ se retirer, étant chrétiens. Suit le récit ◀de▶ plusieurs entrevues prolongées avec les responsables, qui essaient ◀de▶ les persuader non ◀de▶ la vérité en soi ◀de▶ leur point de vue, mais bien ◀de▶ son orthodoxie nationale-socialiste. Ils insistent surtout sur le fait qu’Hitler soutient Rosenberg sans réserve. Ils font remarquer en outre que le point 24 du programme n’est pas une hypocrisie, comme le prétendait l’étudiant, mais qu’il témoigne ◀d’▶une grande sagesse : « Il arrive qu’on soit obligé ◀de▶ ne pas dire la vérité à un grand malade, de peur de lui ôter sa dernière volonté ◀de▶ vivre. Le peuple n’est pas encore mûr pour la nouvelle conception du monde, et une guerre ◀de▶ religion lui serait fatale. »
Finalement le chef des étudiants du Reich arrive au camp. Il déclare que « le temps vient où beaucoup de camarades du Parti seront désillusionnés, qui avaient cru mener un combat purement politique. Ils auront à se décider ! Certains cercles protestants, ajoute-t-il avec un sourire, paraissent n’avoir point encore remarqué la nature essentielle ◀de▶ l’opposition entre le national-socialisme et le christianisme… Il fait évidemment allusion aux Deutsche Christen. » Finalement les étudiants récalcitrants reçoivent l’autorisation ◀de quitter le camp.
Ils ont dû émigrer tôt après pour échapper à la prison ou à la mort.