(1951) Demain l’Europe ! (1949-1951) « Demain l’Europe ! — Le Conseil international du Mouvement européen (25 février 1949) » pp. fº 1

Demain l’Europe ! — Le Conseil international du Mouvement européenc (25 février 1949)d

Bruxelles a pavoisé au signe de l’Europe : sur toutes les places et les palais des drapeaux flottent, portant la grande lettre E — E pour Europe — couleur d’émeraude sur fond blanc, couleur d’espérance sur fond de paix. C’est qu’aujourd’hui notre Mouvement européen réunit pour la première fois son conseil international.

Vous allez dire peut-être : un congrès de plus ! Et oui, il y a beaucoup de congrès depuis deux ans. Ils se succèdent avec la même cadence que les batailles pendant la guerre, — et cette comparaison peut nous donner à réfléchir.

Car chacun de nos congrès européens est une bataille, un bombardement de l’opinion — pour faire la paix. Une bataille contre l’inertie, le scepticisme, le découragement, une bataille contre les égoïsmes nationaux, une bataille, enfin et surtout, contre toutes les fatalités qui nous préparent irrésistiblement une nouvelle guerre si personne ne fait rien, si personne ne se dresse avec passion pour affirmer que l’Europe fédérée non seulement doit mais peut fonder la paix.

De quoi s’agit-il à Bruxelles ?

Au Congrès de l’Europe à La Haye, nous étions 800 délégués représentant une quantité de mouvements sans liens solides. C’était une première tentative pour faire entendre au monde entier « la voix de l’Europe ». Vous savez quel fut son succès : l’idée de Parlement européen en est sortie, elle est en voie de réalisation. Depuis lors, nous avons travaillé à fédérer tous nos mouvements, à leur donner l’unité nécessaire pour que leurs dirigeants puissent agir et peser sur les décisions des États, sur l’opinion publique des pays libres, sur l’opinion secrète ou clandestine, l’opinion chuchotée d’autres pays…

Dans toute l’Europe, nous avons constitué des conseils nationaux du Mouvement. Et chacun a délégué aujourd’hui quelques-uns de ses membres à Bruxelles : neuf pour les grands pays, quatre pour les petits, conformément à la coutume fédéraliste.

Ces délégués de 22 peuples, auxquels s’ajoute le comité exécutif, viennent de se rassembler, cet après-midi même, sous le nom de Conseil international du Mouvement européen.

C’est donc d’un conseil qu’il s’agit, et non plus d’un congrès comme les autres, d’un conseil beaucoup plus restreint — nous ne sommes que 30 délégués — , d’un conseil qui sera désormais l’organe officiel d’un Mouvement bien solidement articulé, prêt à l’action.

Quelles sont les forces politiques que représente un tel conseil ? Quatre noms suffiront pour répondre. Ce sont les noms des quatre présidents que s’est donné notre Mouvement européen : Winston Churchill, Léon Blum, Paul-Henri Spaak, Alcide de Gasperi.

C’est-à-dire un conservateur, un socialiste, un démocrate-chrétien et M. Spaak, qui est un socialiste lui aussi, mais qui est surtout Paul-Henri Spaak — le nouveau type de l’homme d’État européen, le réaliste qu’il fallait pour défendre notre idéal. Vous allez entendre, dans quelques instants, en quels termes le Premier [ministre] belge a inauguré les travaux de notre conseil.