(1947) Tapuscrits divers (1936-1947) « Le miracle suisse (1942) » pp. 1-14

Le miracle suisse (1942)m

Au centre d’un cyclone, il y a toujours un espace circulaire où règne un calme étrange. C’est le cœur du cataclysme, et les oiseaux chassés par la furie de l’air battant les flots s’y posent épuisés sur une mer étale. La Suisse, cœur du cyclone européen, sait que le moindre déplacement du phénomène risquerait de la balayer. Depuis trois ans elle veille, elle surveille, elle accueille ; et chaque jour prête au pire, elle survit. Ce miracle n’est pas spectaculaire. Mais aussitôt qu’on y prend garde, il n’en est que plus étonnant. Au centre d’un bouleversement qui fait apprendre au monde entier la géographie de tant de petits pays, ou d’îles perdues dans l’océan, la Suisse a réussi ce tour de force qui consiste, tout simplement, à ne pas faire parler de soi. Elle vit. Vivre fait moins de bruit que mourir, dans ce siècle. Mais plus que jamais, vivre est miraculeux.

Si le secret de la vie d’un peuple peut intéresser aujourd’hui, interrogeons le mystère suisse. La formule politique incarnée par la Suisse depuis des siècles sera peut-être utile, demain, lorsqu’il s’agira moins de mourir ou de tuer que de reconstruire, pour notre Europe, un ordre humain.

On demande parfois : — Comment se fait-il que la Suisse soit le seul pays épargné par la guerre, au centre de l’Europe ? À quoi le business man répond, l’air entendu : — C’est bien simple ! Les fonds secrets de Goering sont à l’abri dans les banques de Zurich et de Genève.

Je voudrais indiquer une réponse moins naïve et plus conforme aux réalités de notre siècle.

Si la Suisse a été épargnée par la guerre, cela tient à quatre facteurs fondamentaux : la prévoyance de l’état-major et du gouvernement fédéral ; la qualité de l’armée suisse et du terrain qu’elle doit défendre ; l’importance du col du Gothard ; et enfin l’idée suisse, ou pour reprendre un des mots clés de notre époque, le mythe suisse.

Depuis 15 ans au moins, la Suisse a prévu le Blietzkrieg. Il y a quinze ans, l’auteur faisait en Suisse son école d’officier. La doctrine militaire qu’on inculquait alors aux élèves officiers était la suivante : la prochaine guerre ne sera pas une guerre de tranchées, mais de pénétrations rapides en profondeur ; toute notre défense reposera donc sur des nids de résistance isolés et autonomes, disposés dans toute la profondeur du pays, munis dès le temps de paix d’armes automatiques, de munitions et de vivres, enfin, défendus par des hommes habitant la région et capables de s’y rendre en quelques heures ; vous laisserez passer l’infanterie, et vous tirerez sur les états-majors, les chevaux, les camions et les tanks.

Ce système de défense par foyers locaux était l’exacte réplique défensive, en blanc pour noir, du Blitzkrieg hitlérien. Mais il faut souligner surtout que cette tactique traduisait tout naturellement la structure et l’esprit fédéralistes qui qualifient depuis six siècles et demi la Confédération helvétique.

De son côté, le gouvernement n’avait pas moins précisément prévu les mesures propres à parer au Blitzkrieg. Pour ne donner que deux exemples : il avait ordonné à chaque famille suisse de conserver en tout temps des provisions pour deux mois, et cela dès le début de 1939 ; et, par ailleurs, il avait officiellement averti les États voisins qu’en cas de violation de la neutralité helvétique, les ressortissants de l’État agresseur habitant la Suisse seraient immédiatement arrêtés et placés dans les greniers des édifices publics, où ils seraient les premières victimes des bombardements. (Il y a plus de cent mille Allemands en Suisse.)

L’armée suisse compte 600 000 hommes, sur pied de guerre, c’est-à-dire un soldat pour sept habitants. Elle peut être mobilisée en 48 heures, comme on le vit, en fait, au début de septembre 1939. Bien plus, l’occupation des nids de résistance sur les frontières, assurée par des brigades spéciales dont les hommes habitent la région, s’opère pratiquement en quelques heures. Chaque soldat suisse a dans son armoire en temps de paix, son fusil, ses cartouches et son uniforme. C’est le suprême achèvement de la démocratie armée. À pied, en bicyclette ou à cheval, il peut gagner son poste de combat par ses propres moyens. La mobilisation suisse est invisible, insaisissable, presque instantanée. Elle échappe à l’aviation ennemie. Elle déjoue toute surprise.

À cela s’ajoute que le terrain de la Suisse offre tous les avantages à la défense. La guerre actuelle a révélé que les meilleurs obstacles antichars sont les forêts et les villages ; ce sont aussi les meilleurs couverts contre l’aviation ; or, vous en trouvez en Suisse, tous les deux kilomètres. Chaque village suisse est une forteresse, dont les abords sont interdits de tous les côtés par des murs de béton de plusieurs mètres d’épaisseur. Vous poussez la porte d’une grande [sic] et vous vous trouvez devant un canon antichar.

La doctrine défensive adoptée par la Suisse, et qui consiste à substituer des foyers de résistance aux fronts rigides, a trouvé sa réalisation exemplaire dans le plan dit du « Réduit national ». Je ne trahis aucun secret militaire en l’exposant ici, très brièvement. Car ce plan a reçu, en Suisse, la plus large publicité, non sans une intention bien définie.

Le Réduit national de la Suisse, c’est le massif du Saint-Gothard. Au Saint-Gothard, les deux chaînes parallèles des Alpes se nouent en un plexus de granit et de glaciers qui non seulement marque le centre de la Suisse, mais aussi le centre de l’Europe, puisque c’est là que prennent naissance le Rhin, le Rhône, et les principaux affluents du Danube et du Pô. Or cette croix de hautes chaînes et de fleuves, ce carrefour des civilisations et des langues de l’Europe, est aussi géographiquement le seul endroit des Alpes où un seul col permet de passer au Nord et au Sud. Ce col, ouvert au xii e siècle, a joué un rôle capital dans l’histoire du Saint-Empire romain germanique, dont il permit de relier les deux moitiés. Il fallait que ce col restât libre pour tous. Et c’est pourquoi l’empereur conféra des droits spéciaux aux Suisses qui habitaient alentour. Il les libéra des seigneurs locaux pour faire d’eux les gardiens du col. Ces droits d’empire furent l’origine précise de la Confédération helvétique. La Suisse est née pour garder le centre de l’empire, au nom de l’empereur — on dirait aujourd’hui : au nom de l’Europe — elle s’est constituée pour protéger le col contre les entreprises des seigneurs féodaux — on dirait aujourd’hui : des États. Ainsi, terre d’empire au Moyen Âge, terre d’Europe au xx e siècle, la Suisse se distingue de toutes les autres nations par cette mission spéciale et supranationale, qui lui confère un statut comparable à celui d’un « district fédéral » du continent.

C’est ce double caractère, pratique et symbolique du Gothard, qui donne au plan du Réduit national toute sa portée. Sous la menace qui la cernait de tous côtés, la Suisse a retrouvé sa fonction primitive de gardienne du cœur de l’Europe. Les quatre cinquièmes du trafic entre l’Allemagne et l’Italie passent par le tunnel du Gothard. Si les Suisses font sauter le tunnel, ils coupent les communications intérieures de l’Axe. En même temps, le massif du Gothard est un bastion réellement imprenable. Le plan du Réduit national prévoit qu’en cas d’agression contre la Suisse, le gros de l’armée se retirerait dans ce massif, où des vivres ont été accumulés pour plus d’une année, tandis que des fabriques de munitions sont prêtes à fonctionner dans des cavernes taillées au flanc du roc et protégées par mille mètres de granit et de glace. En cas d’agression, la majeure partie du pays serait livrée à l’occupation étrangère. Elle le sait, elle l’accepte. Mais au Gothard, le canon suisse ne cesserait de tonner comme la voix même de l’invincible liberté européenne.

Le Gothard est le grand mythe suisse. Il symbolise la fonction politique de la Confédération, mais il est en même temps le bastion le plus formidable de l’Europe. Les Allemands savent que le tunnel sauterait dans la minute ou leur premier soldat aurait mis le pied sur le sol suisse.

Et c’est pourquoi, lorsque la presse allemande et M. Goebbels se laissent aller, périodiquement, a des explosions de rage et de menaces contre la Suisse, le Suisse moyen ne perd pas son calme. Il ne s’étonne pas du ton courtois et retenu des réponses de son gouvernement. Il ne dit rien : il pense au Gothard.

La Suisse subsiste donc, et l’on vient de voir que ce n’est point par accident. Mais si profondes que soient ses racines dans l’histoire, si forte sa position militaire, et si sûr son instinct civique, la Suisse n’en est pas moins cernée par l’Axe. C’est un fait. L’Axe pourrait l’affamer à la longue. Les remous imprévisibles que produirait un second front en Europe pourraient empiéter sur son territoire. Une crise sociale et politique pourrait naître de l’action combinée de la famine et de la propagande brutale des nazis, restée jusqu’ici sans aucun effet. Si la Suisse échappe à tout cela, ne sera-t-on pas tenté de croire que la Providence l’a réservée pour une mission particulière ? Mais le Ciel n’aide que ceux qui s’aident eux-mêmes, dit le proverbe. La sécurité de la Suisse jusqu’ici a été due à sa sagesse politique et civique, qui a procédé elle-même de sa fidélité a une idée bien définie : l’idée fédéraliste. Une leçon ne s’en dégage-t-elle pas ?

Après la guerre, la Suisse sera sans doute le seul pays intact du continent, le seul qui sera resté totalement démocratique, le seul, enfin, que les questions de langue et de race n’auront pas pu troubler un seul instant. L’Europe regardera ce petit peuple étonnant et lui demandera le secret de sa réussite. Que dira-t-il ?

Les Suisses se méfient profondément des utopies politiques et ils répugnent aux plans hâtifs des soi-disant réalistes. Telle que je la connais, la Suisse n’élèvera guère la voix. Mais son exemple sera suffisamment éloquent. Il parlera pour elle. Il nous dira deux choses très simples et fondamentales : préférez le divers à l’homogène et méfiez-vous des solutions générales et rapides.

Politiquement, la guerre actuelle est née d’un conflit de races et de nationalités. Les minorités allemandes en Tchécoslovaquie, à Dantzig et en Pologne ont fourni à Hitler des prétextes qui paraissaient sérieux à des millions d’Européens par ailleurs démocrates et pas du tout racistes. C’est qu’en effet, tous ces Européens avaient été élevés dans l’idée suivante, qui leur paraissait aller de soi : il est nécessaire que les populations de même race et de même langue soient unifiées dans un même État et encadrées dans les mêmes frontières. Les minorités n’ont donc de choix qu’entre la suppression plus ou moins brutale par la majorité, ou l’annexion par le voisin. Cette conception nationaliste et unitaire a dominé le xix e siècle. Mais toute l’histoire de la Suisse la réfute.

Car, si la Suisse avait cru un seul jour à cette idée, elle aurait cessé d’exister. La Suisse est un complexe de quatre langues et de je ne sais combien de races inextricablement enchevêtrées. C’est un pays tout composé de minorités, pourrait-on dire. Une sorte de comprimé de toutes les causes d’aigreurs, de rivalités et d’injustices qui ont provoqué la plupart des guerres modernes. Mais, de ce qui était ailleurs causes de guerre, la Suisse a tiré précisément son principe d’union le plus inébranlable. Placez les minorités dans un cadre rigide et considérez-les dans un esprit unitaire, vous aurez la guerre. Placez ces mêmes minorités dans le jeu de relations souples du fédéralisme, et pensez-les dans un esprit respectueux de la diversité, vous aurez la paix.

La première solution, qui est le nationalisme, flatte la paresse et l’impatience d’esprit. D’où son succès dans notre époque. Broyer ensemble toutes les couleurs de la palette — ou toutes les minorités — est plus facile que de les composer suivant les lois complexes des complémentaires. L’impatience nationaliste et l’esprit unitaire broyent ainsi les couleurs, et cela donne une sorte de brun sale et uniforme, — le brun de l’uniforme hitlérien, précisément. La méthode fédéraliste est beaucoup plus difficile et plus lente. Elle tient compte de toutes les nuances. Elle se réjouit de leur multiplicité et des problèmes délicats qui en résultent, — elle en compose finalement, non pas une unité, mais une union vivante, une harmonie. L’harmonie est le contraire de l’uniformité, aussi vrai que la paix est le contraire de la guerre. Si nos contemporains n’arrivent pas à saisir toute la portée de cette vérité, ils finiront dans le régime du brun, que la guerre soit gagnée ou perdue.

L’exemple suisse illustre depuis des siècles une philosophie de la diversité, qui me paraît seule capable de nous guérir de notre goût de l’homogène, de l’uniforme, des simplifications en apparence claires, mais qui ne sont acquises qu’au prix de mille désordres particuliers, de mille violences intimes, de mille lésions vitales. Si nous voulons une paix vivante, un ordre politique humain, il nous faut transformer profondément notre attitude de pensée. Qu’est-ce en effet que le totalitarisme ? C’est l’application logique et nécessaire d’une philosophie de l’homogène, laquelle domine en fait nos habitudes intellectuelles. Il est incontestable que le totalitarisme est infiniment plus simple que les régimes démocratiques, comme la guerre est plus simple que la paix, la mort que la vie. Si nous ne voulons pas devenir totalitaires malgré nous, il faut donc nous persuader, par un renversement complet de nos préjugés et de nos maximes d’hommes pressés, qu’une solution complexe vaut mieux qu’une solution simple en politique. (À condition, bien entendu, que le but final soit clairement défini et affirmé, sinon, l’on ouvrirait la porte aux Machiavels de la confusion.) La guerre est devenue mécanique et la machine est toujours une solution simplifiée. Mais la paix est un phénomène organique et tout organisme est par définition complexe, compliqué, diversifié. Il ne peut être compris d’un seul coup d’œil. Il est lent à se composer. Or, tout cela s’applique au fédéralisme tel que la Suisse l’incarne et tel qu’elle lui doit de subsister.

Le fédéralisme est la seule doctrine politique qui s’oppose radicalement au totalitarisme, et qui s’y oppose avec efficacité. La démocratie de demain sera fédéraliste, — ou ne sera plus qu’un mot recouvrant une pratique plus ou moins totalitaire.

J’ai dit que la Suisse s’est toujours méfiée des plans. Elle se méfie des réformes schématiques de la carte, ou des solutions uniformes appliquées à des groupes divers. Elle est donc en garde, mieux qu’aucun autre pays, non seulement contre l’utopie forcenée du nouvel ordre européen, mais encore contre les tentations qui guettent les démocrates organisateurs de l’Europe future.

Contrairement à l’Amérique, melting pot de toutes les nationalités européennes émigrées, la Suisse s’est constituée au cœur même des diversités irréductibles de l’Europe. Elle ne pouvait pas les supprimer ou les mélanger. Elle a donc dû trouver le moyen de les composer. C’est le problème qui se posera demain.

Par son origine et par sa situation, la Suisse a toujours été contrainte de tenir compte des qualités et des idiosyncrasies des races diverses qui l’entourent et dont elle se compose. Elle avait un intérêt vital à les connaître. Elle a donc acquis la connaissance la plus intime de leurs querelles de famille depuis des siècles. Cette connaissance fait nécessairement défaut à la majorité des Américains, puisqu’ils sont devenus de bons Américains, dans la mesure même où ils oubliaient ces querelles. C’est pourquoi l’Amérique sera exposée, plus qu’aucune autre puissance, à la tentation de négliger certaines différences, certaines traditions, certaines bizarreries politiques auxquelles les Européens tiennent comme à leur vie et qui peuvent paraître, vues d’ici, les fruits d’une mentalité rétrograde et probablement perverse… Je voudrais que la Suisse ait sa place aux conférences de la paix, à titre d’experte en complexité européenne, et qu’on lui accorde un droit de veto sur certains projets et plans dangereusement « réalistes », qui ne manqueront pas de s’improviser sur les ruines de l’Europe.

Il se peut que la Suisse, demeurée neutre militairement, n’ait pas le droit de se faire entendre au conseil des vainqueurs. Toutefois, dans sa neutralité, elle aura remporté une victoire très réelle.

Elle aura préservé dans son sein la continuité de quelques-unes des valeurs les plus authentiques de l’Europe ancienne. (La Suisse allemande, pour ne citer qu’un exemple, est le dernier refuge de la culture germanique saccagée par Hitler en Allemagne.) Elle aura préservé la liberté d’opinion, et d’une opinion unanimement hostile à l’Axe, en dépit des menaces furieuses de Goebbels et d’un chantage économique permanent. Elle aura sauvé le trésor de la sagesse civique de l’Occident, le trésor même de la démocratie, qui est le sens des responsabilités personnelles, condition de l’ordre dans la liberté.

Constellation de minorités, mais sans problème minoritaire ; dépourvue de colonies et d’accès à la mer, mais ne réclamant aucun espace vital ; fédéraliste en pleine tourmente nationaliste, unie dans ses diversités et forte dans sa liberté, la Suisse aura été, au cœur même de l’Axe, la réfutation la plus concrète et la plus indiscutable des théories totalitaires.

Montant sa garde séculaire autour de la croix de fleuves du Gothard, elle aura protégé en même temps le dernier organisme international vivant : le comité de la Croix-Rouge. Et conformément à sa mission supranationale, elle aura représenté dans le monde en guerre les intérêts de trente-cinq pays différents.

D’autres auront gagné la guerre, certes. Mais elle, pour son compte, aura gagné la paix. C’est un titre qui l’autorise, qui l’oblige même à dire son mot, demain, quand il faudra savoir comment une paix se bâtit.

J’imagine le discours du délégué de la Suisse à une hypothétique conférence pour organiser notre Europe.

Après avoir rappelé comment la Suisse s’est constituée au cours des âges, et comment elle a survécu au cyclone totalitaire, notre délégué s’écrierait :

« Messieurs, si vous souhaitez que notre histoire ait préfiguré, sur une petite échelle, l’histoire de l’Europe à venir, il faut choisir. Certains d’entre vous tiennent encore au système des frontières rigides entre les nations. Ce système simple me paraît absurde. Je ne vois aucune raison pour que la frontière de deux langues soit aussi la frontière de deux économies, alors qu’elle passe au beau milieu d’un bassin de houille et de minerai formant un tout. Au reste, ce système a fonctionné pendant tout un siècle. Il nous a conduits à ce que vous savez. Seuls, les 25 petits États de notre confédération l’ont toujours refusé. Les frontières de nos cantons sont ouvertes ; elles ne limitent qu’une administration locale. Et pourtant, nos cantons ont su garder leur culture et leurs coutumes propres, en mettant en commun leurs armées et une bonne part de leur économie. Notre fédéralisme a duré, il a réussi. Le système des frontières rigides a échoué. Il rend le problème des minorités insoluble, sauf déportations en masse. Concluez.

« Messieurs, si vous voulez faire des États-Unis d’Europe, cessez de penser en termes de nations, pensez Europe. Cessez de penser au “bloc allemand”, il n’y a qu’une mosaïque de langues allemandes. Cessez de penser balance de pouvoirs, pensez collaboration des économies, parente des cultures, habitudes politiques, religions, langues : leurs frontières ne sont pas les mêmes. Cessez de penser cadres, pensez foyers rayonnants. Cessez enfin de penser qu’une solution simple coûtera moins cher qu’une solution complexe. Perdez une année de réflexions, sauvez un siècle de paix et des millions de vies. »